Capter l’infiniment petit, de la fleur de votre jardin à la libellule de la mare trouvée dans la réserve naturelle du coin, ça vous tente. Seulement voilà, après quelques recherches vous réalisez rapidement que ça nécessite un petit” budget.

Alors comment faire si vous avez déjà vendu un rein ou passé de la drogue depuis la Bulgarie pour acheter votre reflex, et que vous mangez des coquillettes depuis maintenant 3 mois ?

Heureusement, il n’y a pas que l’objectif macro qui puisse faire votre bonheur (même si soyons honnête, c’est la solution idéale), et il existe des solutions alternatives bien moins chères qui vous permettront de faire vos premiers pas dans le monde des lilliputiens, en attendant de trouver un nouveau revendeur en Bulgarie.

(amis bulgares qui me lisez, je n’ai rien contre vous, je suis sûr que vos douaniers sont super cools :D)

Je vais donc faire le point sur vos possibilités, les avantages et inconvénients de chacune, et ce que vous pouvez en espérer concrètement, ce qui n’est pas souvent très clair avant d’investir (parce que même si c’est moins cher qu’un rein, ça va quand même vous coûter un peu plus qu’une baguette hein).

Les bonnettes macro

macro filtre bonnettes photo stylo close-up

Playing with the close-up macro filters by Daniele Zanni

Les bonnettes macro sont des lentilles qui se vissent sur la lentille frontale de votre objectif, à la façon d’un filtre. Vous trouverez d’ailleurs souvent l’appellation “filtre close-up”, d’une traduction approximative de l’anglais.

Qu’en espérer ?

La force des bonnettes est exprimée en dioptries (si vous avez déjà entendu votre opticien prononcer ce mot, c’est normal, ne paniquez pas).

C’est en fait la mesure de leur pouvoir de grandissement. Les valeurs courantes que vous pouvez trouver s’étalent le plus souvent de +2 à +8 dioptries.

Vous pouvez cumuler les bonnettes, et leur puissance va s’ajouter. Ainsi, si vous ajoutez une bonnette +8 et une bonnette +4, vous obtenez l’équivalent d’une bonnette +12 (bravo, vous avez bien suivi les cours de CP ! 😀).

Notez qu’il faut toujours placer la bonnette la plus forte en premier, etc. Évitez d’en ajouter trop, ou vous allez sérieusement diminuer la qualité de l’image.

Alors concrètement, de combien ça grossit tout ça ? Et bien ça dépend de la distance focale de votre objectif et de son grandissement initial. Pour rappel, pour faire de la vraie macro on cherche à atteindre le rapport de grandissement de 1:1 (soit 1X). Les optiques non-macro ont souvent des rapports de 0.15X environ.

Il faut savoir que les bonnettes vont d’autant plus fonctionner qu’elles seront montées sur un objectif à longue focale. Par exemple, pour augmenter le grandissement de 0,5X sur un objectif de 50mm, il faut une bonnette de +10 dioptries, tandis que sur un objectif 200mm, il faut seulement +2,5 dioptries pour obtenir le même résultat !

Dans la partie sur les tubes allonges, je vous donnerai un tableau comparatif pour savoir ce que vous espérer obtenir comme grandissement selon la puissance des bonnettes, la longueur focale de votre objectif, et son grandissement initial (que vous pouvez trouver dans la notice de l’objectif que vous avez bêtement jetée à la poubelle, ou encore sur le site du constructeur).

Les avantages et inconvénients

Avantages :

  • Offrent un bon rapport de grandissement sur des téléobjectifs.
  • Ne demandent pas de démonter l’objectif à chaque changement, mais se placent simplement comme un filtre.
  • Ne provoquent pas de perte de lumière.

Inconvénients :

  • Peuvent provoquer du vignettage et une perte de qualité optique (surtout les bonnettes entrée de gamme). Cela dit, les bonnettes à 2 lentilles en provoquent très peu.
  • Empêchent la mise au point sur les objets distants (vous devrez donc l’enlever pour repasser à des photos normales).
  • Sont souvent plus chères que les tubes allonges.

Comment choisir sa bonnette macro ?

Ceci dit, si vous êtes intéressé par la bonnette macro et souhaitez en acheter une ou plusieurs, vous allez probablement vous retrouver comme une poule devant un couteau, vu le choix disponible.

La bonnette est un élément supplémentaire qui se place entre l’objectif et l’image, donc il ne faut pas lésiner sur la qualité si vous ne voulez pas avoir l’impression d’avoir pris une photo avec un cul de bouteille. Je ne dis pas de dépenser des fortunes ou de ne vous préoccuper que du piqué plutôt que de faire de bonnes images en macro (ce n’est pas mon genre), mais il faut bien un minimum.

Olympus 45mm f/1.8 objectif photo
Le diamètre est indiqué sur l’objectif, ici Ø37mm sur la photo (d’ailleurs prise avec une bonnette 😉 )[Cliquez pour agrandir !]

Vous en aurez pour votre argent, donc si vous trouvez un lot de 4 bonnettes chinoises pour 30€, passez votre chemin. Comptez sur les bonnes marques (qui proposent aussi de bons filtres) : Hoya, B+W, Marumi… et aussi Canon, qui propose 2 bonnettes mais très chères (plus de 100€). Pensez évidemment à la choisir du diamètre de la lentille frontale de votre objectif, comme un filtre.

Pensez à prendre une (ou des) bonnette qui vous permettra d’obtenir un bon grandissement (proche de 1X), que vous pouvez connaitre via le tableau plus bas. D’expérience, 0,5X est décevant. Vous pouvez prendre une grosse bonnette bien puissante, ou plusieurs qui vous permettront de cumuler (et peut-être plus de flexibilité).

Les bagues allonge (ou tubes allonges)

Une bague allonge (ou tube allonge) est tout simplement un tube creux qui se place entre l’optique et le boîtier. En allongeant la distance, il permet à l’optique de faire la mise au point de plus près, et donc d’augmenter le grandissement.

Si on utilise pas simplement un tube de sopalin, c’est évidemment qu’il permet de conserver des automatismes super utiles, genre l’autofocus ou la mesure de la lumière 😀

Qu’en espérer ?

La “force” des tubes allonges dépend de la distance qu’ils mettent entre l’objectif et l’appareil, c’est pourquoi ils se différencient tout simplement par leur taille en mm. Tout comme les bonnettes macro, vous pouvez cumuler les tubes allonges, dont la longueur s’ajoute.

Pour le coup, c’est très simple de calculer leur gain, ça requiert une division toute simple. Ne partez pas en courant. Surtout toi au fond là !

Gain en grandissement = longueur du tube / longueur focale

Donc par exemple, si vous placez un tube de 25mm sur un objectif de 50mm, vous obtiendrez un gain de 25/50 = 0,5X. Donc si votre grandissement initial était de 0.15X comme sur pas mal d’objectifs, vous allez avoir un grandissement final de 0,15 + 0,5 = 0,65X.

Vous voyez, c’est très simple ! 🙂

Si vous êtes un peu matheux, vous l’avez peut-être deviné, et sinon je vais vous le dire : ceci veut dire qu’à longueur égale, les tubes allonges sont plus efficaces avec des courtes focales qu’avec des longues focales.

Longueur focaleGrandissement initialAvec bonnetteAvec tube
+2+4+812mm25mm50mm
35mm0.24X0.33X0.41X0.59X0.58X0.95X1.67X
50mm0.15X0.27X0.38X0.61X0.39X0.65X1.15X
85mm0.13X0.32X0.51X0.9X0.27X0.42X0.72X
100mm1X1.4X1.8X2.6X1.12X1.25X1.5X
200mm0.16X0.62X1.09X2.02X0.22X0.29X0.41X

(Optiques utilisées en exemple : Canon 35mm f/2 IS USM, Canon 50mm f/1.8 II, Canon 85mm f/1.8 USM, Canon 100mm f/2.8 macro, Canon 200mm f/2.8 II USM)

Les avantages et inconvénients

Avantages :

  • Très peu chers.
  • Ne provoquent pas de diminution de la qualité optique, quelle que soit la marque (puisqu’il n’y a pas de lentille).
  • Permettent une bonne flexibilité dans le grandissement apporté.

Inconvénients :

  • Sont peu efficaces avec les téléobjectifs.
  • Empêchent la mise au point sur les objets distants (vous devrez donc l’enlever pour repasser à des photos normales).
  • Demandent de démonter l’objectif à chaque fois (avec plus de risque de poussières sur le capteur).

Comment choisir son tube allonge ?

Comme il n’y a pas de lentille, vous pouvez choisir des tubes d’entrée de gamme sans qu’il y ait de souci de qualité optique. Votre choix va surtout se faire sur la solidité des bagues (il faut quand même que ça maintienne l’objectif !). Les bagues Canon sont par exemple très chères, et à ce prix-là, achetez d’abord un vrai objectif macro 😉

Vous pouvez trouver des kits de 3 tubes pour moins de 100€ facilement, donc allez-y, vérifier juste que les automatismes soient préservés si vous le voulez.

Les solutions alternatives

Là ce sont les solutions alternatives des solutions alternatives : ce n’est vraiment pas cher, mais ça a un certain côté bricolage quand même. Au prix des bonnettes ou des tubes, c’est vraiment si vous mangez des coquillettes 😉

Inverser un objectif

L’idée est tout simplement de placer la partie qui fait normalement face au capteur à l’extérieur, et inversement. Ça se fait facilement avec une bague d’inversion. Il faut faire attention car l’intérieur est exposé, et aussi savoir que vous allez perdre les automatismes (mesure de la lumière, autofocus, contrôle du diaphragme).

Ce dispositif sera d’autant plus efficace que la focale sera courte.

Coupler deux objectifs

Le principe est simple : vous montez un objectif de longue focale sur le boîtier, et sur sa lentille frontale, vous placez non pas un filtre, mais un objectif de plus courte focale inversé, grâce à une bague de couplage.

Il suffit de diviser la plus longue focale par la plus courte pour obtenir le rapport de grandissement. Donc par exemple un 100mm avec un 50mm retourné donnera un rapport de 2:1 ! Il est donc très facile d’obtenir de très forts rapports de grandissement ! Par contre, vous aurez sans doute besoin d’un trépied vu le rapport de grandissement (pour avoir une mise au point stable vu la profondeur de champ très faible à cette échelle), et vous aurez un certain vignettage, pour ne pas dire un vignettage certain !

Conclusion

Les solutions alternatives à un objectif macro sont donc assez nombreuses, et peuvent vous satisfaire pour vous essayer à la discipline à moindres frais, ou pour un usage occasionnel. Ou si Igor ne vous a pas encore appelé pour la prochaine livraison 😀

Et vous, avez-vous essayé la macro avec ces méthodes ?
 

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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