La macro est un domaine assez couru, et vient souvent le moment où le photographe se demande quel objectif macro acheter. Un 100 mm semble être un bon début, mais entre tous ces modèles, comment savoir lequel est le meilleur ? C’est que j’ai cherché à savoir en partenariat avec Geek Trend.

En effet, je me posais moi aussi cette question. J’avais envie de m’essayer à la macro, et parmi les objectifs Macro Canon j’hésitais entre les différents 100mm (ou presque) macro qui existent. L’excellent Canon 100mm f/2.8 Macro L IS USM étant clairement hors de portée de ma bourse, même s’il reste à un prix relativement raisonnable vu la qualité du caillou, si on en croit tous les tests.

J’ai donc pris contact avec Geek Trend (que je remercie chaleureusement pour leur confiance), qui m’ont donc très sympathiquement proposé de me prêter à la fois le Canon EF 100mm f2.8 Macro USM et le Tamron 90mm, sérieux concurrent pour un prix tout de même nettement inférieur. Après un très bon contact avec l’équipe de Geek Trend et une livraison éclair, me voici avec ces deux optiques entre les mains.

Logo Geek Trend

Le but n’est pas de faire des tests poussés sur la qualité optique des deux cailloux, ce qui nécessite des moyens techniques particuliers, et existe de toute façon déjà (résultat général : il n’y a pas de différence significative de qualité entre les 2 objectifs). Bref, je m’attacherai plus à un ressenti général, à une vision un peu plus subjective, tout en essayant de faire ressortir les qualités et les défauts de chaque optique. Précision : tous les tests ont été effectués avec mon Canon EOS 450D.

Tamron 90mm f2.8 Di Macro objectifs macro
Tamron 90mm f2.8 Di Macro
Canon 100mm f2.8 Macro USM objectifs macro ultrasonic
Canon 100mm f2.8 Macro USM

Qualité de fabrication, ergonomie, etc…

Quand j’ai déballé les 2 optiques (en tout cas si je les avais achetées :P), j’ai quand même eu une légère sensation que Canon se moque un peu de ses clients. Tamron propose une optique bien au chaud dans une housse et avec un pare-soleil, tandis que Canon nous l’emballe un peu à l’arrache dans du polystyrène, et bien sûr sans pare-soleil. Après tout pour 100€ de plus hein…

Bon, passons outre cette propension de la marque rouge à gratter le prix d’un pare-soleil sur des optiques à 500€ 😛

Ce sont deux optiques qui proposent un rapport de grandissement de 1:1, c’est-à-dire que les objets ont la même taille sur le capteur que dans la réalité. Exemple : si vous photographiez une fleur qui fait 5mm de large en réalité, elle fera 5mm sur votre capteur.

Les deux objectifs paraissent réellement bien construits, solides, et tiennent bien en main. Le Canon est légèrement plus lourd (600g contre 405g quand même), ce qu’on peut voir comme un avantage ou un inconvénient. Le poids procure un peu plus de stabilité en main et une impression générale de solidité (on lui fait plus “confiance”), mais en même temps pèse plus dans le sac. Mais la différence n’est pas non plus flagrante à chaque instant, relativisons.

La lentille frontale est plus exposée sur le Canon (pour le coup un pare-soleil aurait été utile), et plus renfoncée sur le Tamron (à tel point qu’on peut se demander l’utilité du pare-soleil justement :P).

Par contre, défaut d’ergonomie que je trouve un peu limite sur le Tamron : quand le pare-soleil est monté mais “à l’envers” (c’est-à-dire juste pour le maintenir sur l’optique) et que la mise au point est proche de l’infini, la bague de mise au point est tout simplement inaccessible, en particulier si on veut repasser en mise au point manuelle. Bon, on est rarement dans cette situation et il suffit d’enlever le pare-soleil, mais bon c’est le genre de chose auxquelles on fait attention non ?

Concernant les bagues de mise au point justement, elles sont toutes deux réellement excellentes : douces, précises, tiennent bien en main. Sur ce point, Tamron se débrouille aussi bien que Canon.

Par contre, Canon propose une mise au point manuelle constante (“Full Time Manual”), c’est-à-dire que même en AutoFocus, vous pouvez reprendre la mise au point manuellement constamment. Ça augmente réellement le confort d’utilisation ! Cela dit, Tamron propose de passer en mise au point manuelle très simplement en tirant vers soi la bague de mise au point : système plutôt efficace et intuitif que je ne connaissais pas.

La mise au point rapprochée qu’implique la macro pose souvent le problème d’avoir l’autofocus qui “patine”, c’est-à-dire qu’il va essayer de mettre au point jusqu’à l’infini puis revenir à la distance minimale plusieurs fois, ce qui prend clairement des plombes. Les deux objectifs posent ce problème qui est de toute façon inhérent à la macro si vous n’avez pas un système d’autofocus très performant, si vous manquez un peu de lumière, etc…

Les deux marques proposent un système différent pour aider l’objectif : Canon propose un bouton qui permet de régler la distance de mise au point sur 0,31 m à l’infini (c’est-à-dire sur toute la plage de mise au point), ou au contraire de 0,48m à l’infini (si votre sujet est plus éloigné). Seul problème : ça n’aide pas sur les sujets proches 😛

Tamron propose un système différent que je trouve plus intelligent pour le coup : un curseur “Limit” ou “Full“. Sur Full, vous pouvez mettre au point de 0,29m à l’infini, et sur Limit c’est selon l’endroit où est fait la mise au point. Si elle est faite entre 0,29 et 0,4m et que vous mettez le curseur sur Limit vous serez limité à cette plage de mise au point, et idem pour une distance entre 0,45 et l’infini. Donc il faut repasser en Full (ou en mise au point manuelle) pour passer d’une plage à l’autre. Ça paraît peut-être peu intuitif comme ça, mais je trouve que c’est un excellent système une fois qu’on y est habitué (et qui était présent sur le prédécesseur du Canon d’ailleurs).

Le comportement en macro

Les deux optiques sont réellement excellentes. La qualité optique est clairement au rendez-vous, avec un excellent piqué et un joli bokeh (respectivement 8 et 9 lames de diaphragme pour le Canon et le Tamron ). Regardez les 2 photos ci-dessous, toutes les deux prises au rapport 1/1. Ce ne sont certes pas des optiques professionnelles (quoiqu’on en soit pas si loin), mais ça va vous changer de votre 18-55 😉

Jack avec le Tamron 90mm exemple macro objectif
Jack avec le Tamron 90mm (cliquez sur l’image pour agrandir)
Jack avec le Canon 100mm exemple macro objectif
Jack avec le Canon 100mm (cliquez sur l’image pour agrandir)

L’autofocus est rapide, avec cependant un léger avantage sur ce point pour le Canon à courte distance (à plus d’1m je n’ai pas vu de différence flagrante), sans doute grâce à la motorisation ultra-sonique.

Mais de toute manière, vu la profondeur de champ extrêmement réduite en macro (rappelez-vous que celle-ci diminue avec la distance au sujet), il est rigoureusement impossible de produire des clichés nets sans trépied. En effet, dès que vous bougez, votre sujet se retrouve très facilement en dehors de la zone de netteté, qui peut être inférieure à 1mm à pleine ouverture et à la distance minimale de mise au point !

On travaille donc sur trépied, en mise au point manuelle le plus souvent, en particulier sur des sujets mouvants, et la plupart du temps on ferme à f/8 au moins (bien qu’il soit très amusant de jouer avec les profondeurs de champ ridicules produites à f/2.8).

Branche de frêne photo macro objectif
C’est joli une branche de frêne en fait 😀 (cliquez sur l’image pour agrandir)
Coccinelle à 7 points photo macro objectif
Et une coccinelle à 7 points aussi ! 🙂 (cliquez sur l’image pour agrandir)

(Ces deux photos ont été prises à f/4, et on voit bien qu’à ces ouvertures, la profondeur de champ est très faible ! Au passage, ces deux images ont évidemment subi un certain post-traitement, tout n’est pas dû à la magie de l’objectif hein :P)

Il y a quand même 2 différences fondamentales qui doivent justifier le prix supérieur du Canon :

  • celui-ci ne s’allonge pas à la mise au point, tandis que le Tamron si. Ceci pourrait clairement effrayer des insectes par exemple, ce qui est embêtant pour un objectif macro, vous me l’avouerez 😛

    Cela dit, on pourrait facilement me rétorquer que nos mouvements sont sans doute plus effrayants, et que pour photographier des insectes, il faut soit choisir une plus longue focale (le Sigma 150mm macro par exemple) ou alors choisir un moment où ils sont immobilisés (le matin tôt par exemple)

  • La mise au point ultra-sonique (et donc silencieuse) du Canon. Là aussi, le bruit peut effaroucher les bestioles. Mais même contre-arguments que précédemment 😉
Différences de longueur entre le Tamron 90mm macro et le Canon 100mm macro
On voit que le Tamron est nettement plus long que le Canon à la distance de mise au point minimale, puisqu’il n’a pas la mise au point interne.

Autrement dit, si vous souhaitez faire de la macro, inutile de penser à acheter l’une de ces optiques avant d’avoir un trépied, je vous préviens 😉

Des optiques versatiles

Il ne vous aura pas échappé que ce sont certes des optiques macro, mais aussi des optiques qui ouvrent beaucoup (f/2.8) et d’une assez grande longueur focale, et qui sont donc capables de gérer des situations de basse lumière ou encore d’isoler un sujet (ou les deux). C’était trop tentant, il a fallu que je les teste dans d’autres domaines que la macro 😀

J’ai eu la chance de photographier une compagnie théâtrale comme je l’avais évoqué dans un précédent article, et j’ai donc shooté 2 de leurs représentations. Très peu de lumière (j’ai du shooter sur trépied !), une salle très silencieuse, bref des conditions assez difficiles.

La semaine suivante j’ai également eu l’occasion de me faire la main sur un spectacle de danse, lui aussi relativement silencieux (si vous êtes curieux du rendu, les photos de ces 2 évènements sont sur ma galerie Flickr 😉 )

Et là, je dois avouer que la motorisation ultra-sonique m’a sauvé la vie. Je veux dire, je n’ai même pas osé sortir le Tamron au théâtre, car la mise au point est vraiment bruyante (il faut le dire), tandis qu’elle est réellement inaudible sur le Canon (au début je me suis même demandé si elle fonctionnait bien :P). Bon c’est un cas très particulier que vous n’aurez sans doute pas à affronter, mais je vous en parle quand même 😉

En tout cas, les deux optiques s’en sortent très bien pour faire une mise au point rapide et précise en basse lumière, et isolent très bien le sujet. Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de les tester en portrait, mais ce sont 2 excellentes optiques pour ce domaine, à n’en pas douter (je veux dire, une focale de 100 mm qui ouvre à f/2.8 et de bonne qualité optique, ça fait de jolis portraits, c’est évident).

Mon ressenti général

Je pense que ça paraît évident depuis le début de ce test : les deux optiques se valent sur beaucoup de points :

  • qualité optique
  • qualité de fabrication
  • autofocus
  • bague de mise au point

De façon plus subjective, je me sens un peu plus à l’aise avec le Canon, et j’y prends plus plaisir (ce qui est très important mais totalement subjectif et très différent selon les personnes). En y réfléchissant bien et en éliminant l’effet “c’est un Canon de qualité quasi pro **bave**”, je pense que c’est principalement dû à la motorisation ultra-sonique, très confortable et un peu plus rapide, et à la mise au point manuelle constante (FTM) qui apporte un vrai confort en macro.

Mais très franchement, le Tamron est également une très bonne optique, et s’il vous manque 100€ de budget pour le Canon, n’hésitez pas une seule seconde et courez acheter ce caillou, vous ne le regretterez pas. Et si vous n’êtes pas chez Canon, et bah le choix est fait ! 😛

Mais attention, on s’habitue vite à des optiques de cette qualité ;D

Je n’ai pas testé le Sigma 105mm Macro tout simplement parce que c’est déjà pas mal que Geek Trend m’ait fait confiance en me prêtant 900€ de matériel pour un premier contact ^^

J’en profite pour renouveler mes remerciements à Geek Trend pour m’avoir fait confiance et prêté ces deux optiques !

J’espère que ce test aura su vous guider dans l’achat d’un 100mm (ou presque) macro, et comme je suis amené à tester d’autres optiques, n’hésitez pas à me faire des suggestions dans les commentaires 😉

Précision : tous les liens de cet article pointant vers Geek Trend sont des liens affiliés, c’est-à-dire que si vous achetez du matériel chez eux en suivant ces liens, je toucherai une petite commission qui me permet de continuer à vous proposer du contenu chaque semaine. Par exemple, je n’aurais jamais pu écrire l’article sur les 3 difficultés de la macro sans le prêt de ces objectifs ! Merci à vous 😉

Et n’oubliez pas de partager l’article ! 🙂

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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