Voici 3 livres photo que j’ai achetés récemment et que j’ai trouvés incroyables. Ils ont pour point commun d’être par des photographes que je ne connaissais pas, et dont j’ai décidé d’acheter le livre quasi sur un coup de tête.
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Aujourd’hui, je vais vous parler de 3 livres photo que j’ai achetés récemment et que j’ai trouvés incroyables. Ils ont pour point commun d’être par des photographes que je ne connaissais pas, et dont j’ai décidé d’acheter le livre quasi sur un coup de tête. Peut-être que je reparlerai plus en détail de leurs auteurs dans le futur, mais je ne pouvais pas attendre de les partager avec vous tellement j’ai adoré.
Je vais vous les présenter par ordre de préférence personnelle, pour ceux qui ne restent pas jusqu’au bout de la vidéo.
[je vous vois ^^] Mais bon, je leur mets tous plus de 9/10, hein 🙂
Le premier c’est Des Oiseaux de Pentti Sammallahti, que j’ai découvert à Arles. Il est paru l’année dernière aux éditions Xavier Barral, ce qui n’est pas étonnant vu la qualité de leur collection.
Parce que chez Xavier Barral, c’est de la balle ! 😄
Pentti Sammallahti est un photographe finlandais né en 1950. Il commence la photo à 11 ans, fait sa première expo personnelle à 21 ans, et expose au musée finlandais de la photographie à 24 ans. Il reçoit également le prix national finlandais de photographie en 1975, 1979, 1992 et 2009.
Il est passionné par le tirage argentique, et passe énormément de temps sur cette partie du processus dans le labo qu’il a installé dans sa cave. Ça se voit tout de suite dans le livre, tant les images ont des tonalités subtiles dans les nuances de gris chaud qui le caractérisent.
Ce livre réunit donc 66 photographies en noir et blanc, prises dans le monde entier, au cours d’une période qui s’étale de 1969 à 2016, soit 47 ans ! Autrement dit, Pentti Sammallahti a photographié des oiseaux toute sa vie, a sélectionné une toute petite partie de ses prises de vues (moins de 2 photos par an !) pour nous gratifier aujourd’hui d’une œuvre magistrale (et je pèse mes mots).
Évidemment il a produit d’autres œuvres pendant cette période, mais je pense que c’est un excellent exemple de la portée que peut avoir un projet photographique qui met presque un demi-siècle à aboutir.
Je ne me lasse pas de ce livre. Les photographies sont toutes d’une grande poésie : la figure de l’oiseau est toujours présente, souvent petite dans l’image, parfois à peine distinguable, mais qui lui donne tout son sens. Il joue avec les contrastes d’une manière magistrale, et les photos sont composées avec brio. Tout est très équilibré, subtil, bref c’est vraiment un livre que je pourrais regarder tous les jours sans me lasser.
Honnêtement, il est rentré direct dans mes livres photo préférés.
Si jamais quelqu’un m’écoute chez Xavier Barral, arrangez-moi une interview et je prends le prochain vol pour la Finlande sans la moindre hésitation 😀
Ensuite, je voudrais vous parler d’un autre livre découvert à Arles, dans un genre tout à fait différent : Inside Japan de Roberto Badin, édité chez Benjamin Blanck.
Je l’ai ouvert car la photo de couverture m’a intrigué, notamment car elle présente une lumière qui ressemble beaucoup à ce que je recherche dans un de mes projets photographiques en cours. Et forcément, quand j’ai le sentiment qu’on a un œil un peu attiré par les mêmes choses avec un autre photographe, ça me rend curieux.
Et je n’ai pas été déçu : j’ai adoré chaque image du livre.
Roberto Badin rêve du Japon depuis son enfance au Brésil, et il est fasciné par son esthétique particulière, d’où ce projet. Il est photographe de mode et de « nature morte », et on sent bien cette influence dans son travail ici : les compositions sont travaillées au millimètre, et ses images sont très structurées, souvent avec un cadrage très frontal qui utilise beaucoup la géométrie. C’est quelque chose que je recherche beaucoup dans ma pratique photo personnelle, donc vous imaginez bien que ça m’a marqué.
Le plus fascinant, c’est que malgré cette apparence très structurée, Badin travaille sans trépied ni lumières.
Donc vous l’avez compris, j’ai adoré la qualité de l’œuvre en termes de construction des images, mais ça va plus loin que ça. Badin nous donne une image du Japon qu’on ne voit pas souvent : les images sont souvent sans humains (même si on sent toujours sa présence), ou avec des personnages prenant peu de place dans l’image. Il en ressort un vrai sentiment de solitude et de vide, d’un quotidien calme et serein, ce qui est inhabituel dans la représentation d’un pays qu’on perçoit souvent comme densément peuplé et en constante effervescence.
Je trouve que Roberto Badin montre très intelligemment le contraste du Japon : il y a la tradition et l’esthétique japonaise très minimaliste et les grandes métropoles modernes aux tours de verre, et c’est comme s’il arrivait à mixer les deux. Ou plutôt, à nous montrer comment l’esthétique traditionnelle japonaise s’exprime encore, même dans l’architecture moderne.
Bref, j’ai adoré ! Il y a également une interview de l’auteur à la fin du livre qui est très intéressante pour comprendre son processus, et elle est en français (et aussi en anglais et en japonais 🙂 ).
Le dernier livre, je l’ai découvert via… Instagram ! Je pense que c’est via la sélection de Fisheye Magazine, mais je n’en suis plus sûr.
Ce livre, c’est Ganga Ma de Giulio di Sturco, un photographe italien qui a vécu 7 ans en Inde et 7 ans en Thaïlande. Pendant 8 ans, il a suivi les 2 500 km du cours du Gange, le fleuve le plus sacré pour les hindous, pour réaliser une œuvre documentaire qui s’attache aux questions environnementales et sociales autour du fleuve.
Le livre marque d’abord par son esthétique : toutes les images sont comme plongées dans une sorte de brume de couleur sable. Rappelez-vous quand j’ai fait ma série à Varanasi sur les bords du Gange : c’est aussi la couleur qui m’a inspiré, et ce n’est sans doute pas pour rien que ce livre m’a touché. J’ai une histoire particulière avec l’Inde, mon premier grand voyage étant là-bas.
Les photographies sont donc assez minimalistes, et au premier coup d’œil, on n’en voit que la beauté. Je suis sûr qu’en le feuilletant rapidement, on pourrait même ne pas comprendre le propos, car en réalité, il cache un deuxième niveau de lecture : la pollution. Une image qui peut paraître bucolique révèle ici un véritable pont de déchets, là un amas de mousse chimique charrié par le fleuve, ou un tas de déchets des usines de cuir qui le bordent.
C’est une véritable esthétique de la pollution, et en ça c’est un ouvrage très contemporain, et qui je trouve se démarque des travaux photographiques un peu trop premier degré qu’on a désormais beaucoup vus concernant les problèmes environnementaux. Et je trouve que c’est utile d’aller plus loin, de faire quelque chose de visuellement différent, et en ça, il y arrive très bien.
Voilà, ce sont mes 3 achats coups de cœur récents, j’espère que ça vous aura plu ! Je vous mets les liens en dessous pour vous procurer les livres s’ils vous intéressent.
Si vous en voulez plus, j’ai également publié sur le blog ma bibliothèque : vous y trouverez tous les bouquins que je possède, classés par catégorie, avec mes favoris. Le lien est dans la description aussi 🙂
Si vous avez aimé cette vidéo, mettez un pouce bleu et surtout partagez-la, c’est très important pour qu’on parle plus de livres photo et moins du dernier boîtier à la mode, et puis n’hésitez pas à partager vos dernières découvertes en commentaire, ça m’intéresse !
Si vous découvrez la chaîne avec cette vidéo, vous pouvez aussi télécharger l’un de mes guides gratuits, par exemple Osez Composer si vous souhaitez améliorer la composition de vos photos.
Je vous dis à plus dans la prochaine vidéo, et d’ici là à bientôt, et bonnes photos !
Des Oiseaux, Pentti Sammallathi
Inside Japan, Roberto Badin
Ganga Ma, Giulio di Sturco
Ma bibliothèque photo complète : https://apprendre-la-photo.fr/ma-bibliotheque-photo/
Bonjour
Merci pour vos articles, vos vidéos et les livres coup de cœur. Une toute petite remarque concernant Les Oiseaux de P. Sammallahti : plus qu’un projet photographique réfléchi comme tel depuis 50 ans par P.S. (les oiseaux mais aussi les chiens constituent des figures récurrentes dans toute l’œuvre P.S.), je pense qu’il s’agit plutôt d’un projet éditorial (en tout cas c’est comme ça que me l’a décrit pour un article de mon blog Didier Brousse directeur de la galerie Camera Obscura qui représente P.S. à Paris) qui avait germé dans la tête de feu Xavier Barral alors qu’il avait entamé l’édition de l’ouvrage Les Oiseaux de Bernard Plossu. En voyant les images de P.S., il s’est dit qu’il y avait matière à lancer une collection. Et depuis celle-ci s’est enrichie de 2 autres ouvrages. Pour avoir un bon aperçu de toute l’œuvre de P.S., je vous conseille le sublime ouvrage Ici au loin publié en 2012 chez Actes Sud.
Bonne continuation.
FC
Bonjour Laurent,
J’ai 60 ans, je vis à Lunel dans l’Hérault. Je suis un “vieil” inscrit à ton blog et j’avais commencé à suivre ta première formation “devenez un photographe accompli” quand elle était sortie. Malheureusement je me suis détourné de la photo en cours de route pour x raisons. Aujourd’hui je sens mon intérêt reprendre, je suis en train de revisionner ta formation, de me remettre à la photo avec mon Canon EOS 600D et de reparcourir ton blog qui a bien grossi depuis ! Tout çà pour te dire bravo pour ta réussite car je pense que c’est mérité vu le travail fourni, te dire merci pour ton blog qui doit être assez unique dans son genre sur le web et te dire de rien changer, de continuer à nous (me) régaler avec tes articles qui ne sont jamais dénués d’humour, parfois un peu caustique mais j’aime bien 😉
Bien cordialement