Après des heures de lecture sur ce blog et ailleurs, ça y est, vous maîtrisez à peu près les notions techniques fondamentales. Vous constatez bien que vos photos s’améliorent, surtout au début, mais rapidement, vous stagnez. C’est peut-être parce que vous commettez l’une de ces 5 erreurs qui sont toutes simples à corriger.

Forcément, comme dans mon entourage je suis un peu « Monsieur Photo » (toutes proportions gardées), on me demande souvent conseil. Et je dois dire que je constate souvent ces mêmes erreurs chez beaucoup de personnes qui veulent « faire de jolies photos ».

1. Vous n’avez pas votre appareil avec vous

Pour les lecteurs réguliers, je pense que vous avez dû lire ça environ 12 fois 😛 C’est tout bête, mais si vous n’utilisez pas votre appareil photo, vous ne serez pas vraiment à même d’améliorer votre compréhension et vos compétences en photo, sans parler de votre œil. Or si vous n’avez pas votre appareil avec vous, vous allez avoir un peu de mal à pratiquer, forcément.

Cela dit, je suis comme vous, et il n’est pas toujours facile de trimbaler votre reflex avec vous tout le temps. Mais relativisez quand même : un petit reflex d’entrée de gamme (comme la majorité d’entre vous possèdent je pense) muni d’un 50mm f/1.8, ou même du 18-55mm du kit, ce n’est pas très encombrant, et vous pouvez le glisser dans un tout petit sac photo fait exprès pour ça.

Si vraiment vous ne pouvez pas le prendre avec vous, prenez le petit compact avec lequel vous avez débuté, votre téléphone, bref n’importe quoi qui fasse des photos. Au moins vous exercerez votre œil, votre composition, la manière dont vous voyez la lumière, etc…

2. Vous ne réfléchissez pas assez avant

Une des questions qu’on me pose le plus souvent, en parlant avec des amis ou par mail sur ce blog, ressemble à « comment faire pour prendre une photo de telle chose » ou encore « quels sont les bons réglages pour […] ». Ce n’est pas la bonne question. En effet, le problème, ce ne sont pas les réglages, c’est l’intention.

Et comme ce n’est pas la bonne question, j’y réponds toujours par 2 autres questions : « Qu’est-ce que tu veux faire ressortir ? » et « Quelles sont les contraintes ? » J’ai bien conscience qu’il n’est pas toujours facile de répondre à ces questions quand on débute, mais ce sont celles dont les réponses sont importantes. Les réglages en découlent.

Votre intention, c’est le résultat que vous souhaitez obtenir : vous devez imaginer la photo finale avant même d’avoir l’œil dans le viseur. Ça vous donnera déjà des infos importantes sur les réglages (si vous voulez une faible profondeur de champ pour faire ressortir le sujet, il est évident que vous n’allez pas fermer à f/11).

Les contraintes, ce sont par exemple les conditions de lumière : s’il n’y en a pas beaucoup, vous allez devoir augmenter les ISO par exemple. Ou alors la limitation du flou de bougé : déclencher à plus de 1/200ème si on est à 200mm. Souvent, elles découlent de votre intention : si vous souhaitez saisir le mouvement d’un sujet rapide, vous allez devoir choisir une vitesse d’obturation rapide.

Si vous connaissez les bases de la photo, en raisonnant ainsi, il est réellement possible de déterminer des réglages qui fonctionnent pour n’importe qui. C’est pour ça que je refuse systématiquement de « régler l’appareil photo » de quelqu’un pour une situation donnée. A la place, je pose des questions, je guide le raisonnement.

Exemple pratique (si vous ne comprenez pas tout, les liens expliquent les différents concepts de cette conversation 😉 ) :

– Est-ce qu’il y a beaucoup de lumière ? (nous sommes dans un bar sombre où un concert s’apprête à se tenir)
– Non, vraiment pas.
– Qu’est-ce que tu peux faire pour « faire rentrer » plus de lumière ?
– Augmenter les ISO ! [augmente ses ISO au maximum de son boîtier]
– Oui, bien, et quoi d’autre ?
– Ouvrir plus ou diminuer la vitesse d’obturation !
– Qu’est-ce qui se passe si tu diminues trop la vitesse ?
– J’ai du flou de bougé !
– Oui, donc tu vas la limiter à combien, sachant que tu shootes à 50mm sur un capteur APS-C ?
– A 1/80ème minimum ! Je mets en priorité vitesse donc ?
– Oui. Prends un cliché test pour voir à combien il ouvre.
– [Prends son cliché] A f/1.8 !
– Parfait, c’est le maximum de ton optique, donc tu ne pourras pas avoir mieux.
Parlons de ton sujet maintenant : est-ce qu’il y a des contraintes liées à ce sujet ?
– Heu, c’est du rock, ils bougent vite.
– Oui, et qu’est-ce que tu peux faire pour avoir plus de chances d’avoir des photos bien nettes ?
– Mettre en mode autofocus continu ?
– Voilà !

Je simplifie évidemment à l’extrême, mais vous pouvez faire la même chose en vous posant vous-même ces questions. A chaque fois que vous apprenez quelque chose sur ce blog, que vous comprenez un nouvel élément technique, ça devient un outil supplémentaire pour faire face à une contrainte technique ou répondre à une intention photographique (ou les 2).

Ça peut paraître fastidieux, mais avec la pratique vous aurez ce raisonnement très rapidement, et vous pourrez adapter vos réglages en temps réel à la situation photographique, selon les changements de la lumière par exemple.

3. Vous ne prenez pas assez le temps de regarder

Soyons réalistes, la plupart d’entre nous avons une vie de gens pressés, occidentaux salariés que nous sommes. Ce qui laisse peu de place à la photo, y compris en trimbalant son appareil avec soi tout le temps. Si vous n’apprenez pas à ralentir un peu, et à prendre le temps de regarder autour de vous, vous finirez par le laisser à la maison en vous disant que de toute façon, il n’y a rien à photographier. Ce qui est faux.

Ce n’est évidemment pas évident, mais il faut intégrer la photo à votre rythme de vie, et toujours toujours regarder les choses avec un œil photographique. C’est difficile au début, mais une fois l’habitude prise, c’est littéralement comme si vous aviez un appareil vissé à l’oeil en permanence 😉

Mais dans tous les cas, vous pouvez prendre du temps temporairement. Partez vous promener avec pour seul objectif de faire de la photo. Ou partez en week-end photo. Ou faites un stage photo (c’est une excellente solution pour être forcés de vous concentrer uniquement sur la photo pendant quelques heures).

4. Vous ne prenez pas assez le temps de prendre la photo

J’aurais presque pu regrouper les paragraphes 2, 3 et 4, car il s’agit toujours de prendre son temps. Outre le fait de réfléchir avant pour déterminer facilement ses réglages, je vois aussi trop souvent des gens s’arrêter devant quelque chose, cadrer vite fait bien fait, déclencher, et repartir illico. Prendre un cliché plutôt que construire une image. Si un jour vous avez un excellent œil et une maîtrise parfaite de la technique, vous pourrez sans doute vous le permettre, mais si je peux me permettre, il est sans doute trop tôt pour ça 😉

Allez jusqu’au bout de la démarche : vous avez pris votre appareil avec vous, vous avez regardé le monde d’un œil nouveau, vous avez bien réfléchi à votre intention et aux contraintes, alors pourquoi tout gâcher à la fin ? Prenez le temps de chercher la composition précise qui plaît à votre œil, et d’obtenir exactement ce que vous voulez.

L’image mentale que vous vous faites avant de prendre la photo a ses limites : on découvre d’autres possibilités une fois l’oeil dans le viseur, qu’il faut explorer !

5. Vous vous préoccupez de ce que les autres vont penser

photo rue pieds Dublin

Pour prendre cette photo, j’étais allongé par terre ! Et je suis bien content de l’avoir fait 😀

C’est quelque chose qui m’a un peu étonné au début, mais c’est apparemment très courant. Je n’en souffre pas du tout, car en fait j’adore me mettre dans des positions pas possibles pour avoir le cliché que je veux, me traîner par terre en pleine rue parce que j’ai en tête telle composition et pas une autre 😛

Mais je peux comprendre que le regard des autres fasse peur. Sans forcément aller jusqu’à se traîner par terre (bien que je vous encourage à le faire, c’est rigolo :P), c’est vraiment dommage, surtout si vous avez toutes les cartes en main : votre appareil photo avec vous, vous voyez une opportunité, vous savez comment faire techniquement pour réussir votre cliché, mais vous n’osez pas.

Parce que vous pensez que vous allez avoir l’air bête. Ou que les gens vont se demander ce que vous pouvez bien avoir envie de photographier. Ou que les gens vont penser que vous les photographiez.

Et vous savez quoi ? C’est faux. Les gens s’en foutent complètement de vous, en particulier dans les grandes villes. Vous pouvez sauter sur place dans la rue, vous aurez à peine quelques regards amusés. Sans rire : essayez, vous verrez ! Alors photographier dans la rue, même par terre, personne n’y prêtera la moindre attention.

Malgré tout, nous ne sommes pas tous égaux face à la timidité. Je pense que ça s’atténue avec votre confiance en vous en tant que photographe : si vous voyez que vous prenez de bonnes images, vous aurez moins peur, parce que vous saurez que vous aurez raison. Vous pouvez aussi trouver quelqu’un pour vous accompagner lors de vos sorties photo (quelqu’un qui ne s’ennuiera pas, donc préférez les clubs photo plutôt que de traîner votre conjoint(e) dehors 😉 )

Vous voyez, ce sont finalement des choses toutes bêtes qui bloquent votre progression en photo. Et vous, faites-vous face aux mêmes problèmes ? Quelles solutions avez-vous trouvées ? Laissez un commentaire pour nous le dire ! 😉

 
Et n’oubliez pas de partager l’article ! 🙂

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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