Si vous faites de la photo depuis quelque temps, vous avez sans doute déjà obtenu une photo dont vous êtes content (ou alors, c’est que vous ne photographiez sans doute pas assez souvent, ou depuis assez longtemps;) ). Mais est-ce que c’était vraiment volontaire, ou était-ce un coup de chance ?
Et oui, nous en avons tous pris : de bonnes images, mais sans savoir le moins du monde comment on a fait pour les obtenir. Par exemple, cette photo de coquelicot à gauche est une de mes 1ères images que j’ai appréciée. Pourtant, le haut du pétale est coupé, la photo est floue (1/25ème à 250mm, faut pas s’étonner…), et je peux même vous avouer que j’avais shooté en JPEG ! (oui, moi aussi, qu’est-ce que vous croyez ? :P) Pourtant, j’aime assez ce flou qui donne presque un effet de peinture, et j’ai même une certaine affection pour cette imperfection de débutant.
Si je voulais reproduire cet effet maintenant, je saurais techniquement comment le faire, et je le ferais mieux. Seulement, en prenant la photo, je n’ai juste pas vraiment contrôlé mes réglages, et c’était un pur coup de chance que d’obtenir cet effet (j’avais juste pensé à réduire la profondeur de champ).
Est-ce que vous vous basez sur la chance ?
Avoir parfois de la chance, ce n’est pas Le Mal. Il faut savoir accepter que malgré toutes nos connaissances et notre pratique, on peut parfois saisir une bonne image uniquement par chance. Seulement, si on compte tout le temps sur la chance, on obtiendra peu de bonnes images, et on ne progressera pas.
Vous vous basez principalement sur la chance si :
- Vous prenez beaucoup (trop) de photos. Une heure de photo et vous avez 500 photos en plus sur votre disque dur.
- Vous n’avez pas la moindre idée de comment reproduire une photo que vous avez prise.
- Vous ne vous sentez pas à l’aise, un peu nerveux et sans contrôle sur ce que vous faites quand vous photographiez.
- Vous prenez la même photo 10 fois avec des réglages différents, « juste au cas où ».
Ne vous inquiétez pas, je suis passé par toutes ces étapes aussi. C’est bien normal. Le tout est de savoir comment en sortir pour arrêter de prendre de bonnes photos sur un coup de chance, et commencer à les prendre de façon réfléchie et volontaire.
Comment prendre des photos de façon volontaire ?
1. Apprenez les bases de votre appareil photo
Ça va sans dire, mais ça va mieux en le disant : il vous faut comprendre comment votre appareil détermine l’exposition notamment. Ça tombe bien, je vous explique déjà ça dans plusieurs articles :
Si vous voulez aller plus loin, vous pouvez aussi lire les articles sur les modes créatifs, la correction d’exposition, et les modes de mesure de la luminosité.
Si vous arrivez à comprendre et intégrer tout ça, vous verrez que vous saurez comment contrôler l’exposition d’une photo. Et c’est la base de la base !
2. Apprenez comment fonctionne la lumière
En tant que photographe, la lumière est à la fois notre meilleure amie et notre pire ennemie. J’avais déjà écrit un article sur la lumière (mon humour était particulièrement douteux ce jour-là :P), mais après l’avoir lu et intégré, il va vous falloir expérimenter.
Au quotidien, analysez les sources de lumière (même si vous n’avez pas d’appareil sur vous) : est-elle forte ou faible, très directionnelle ou non, douce ou dure, chaude ou froide ? Vous pouvez réellement faire ça partout ! Dans les transports, en pause au travail, dans la rue, … Un excellent moyen de le faire est en regardant un film : les lumières sont souvent très caractéristiques dans les films, car elles sont contrôlées de façon à donner un sentiment précis, et sont donc presque caricaturales. Mais il est très facile de les analyser.
En plus de ça, pensez-y quand vous photographiez, évidemment. Jouez avec la lumière telle qu’elle est, essayez de renforcer encore ses caractéristiques grâce à ce que vous savez de l’exposition.
3. Apprenez la profondeur de champ
La profondeur de champ est un outil important de votre créativité et qui modifie énormément vos photos, et vous devez savoir comment elle fonctionne pour être capable de produire cet effet volontairement, et d’obtenir exactement la profondeur de champ que vous souhaitez de façon volontaire. Ça tombe bien, il y a un cours sur la profondeur de champ déjà tout fait 😉
4. Restreignez-vous
Comme on l’a dit plus haut, une des caractéristiques du photographe « chanceux », c’est qu’il prend beaucoup de photos, pour finalement n’en sélectionner que peu. Donc, forcez vous à ne pas déclencher comme un furieux constamment. Ça vous obligera à penser vos images.
(J’ai d’ailleurs déjà écrit un article entier sur le sujet : Déclenchez moins pour gagner plus)
Composez votre image, analysez la lumière, faites vos réglages en conséquence de votre intention photographique, déclenchez, et passez à l’image suivante. Allez, vous avez le droit de vérifier que le résultat sur votre écran correspond à votre intention avant de passer au cliché suivant 😉
5. Analysez vos images après coup
Malgré toutes ces précautions, il va se passer 2 choses :
- vous allez encore prendre de bonnes images sur un coup de chance
- vous allez encore rater des photos
Dans les 2 cas, prenez le temps d’analyser pourquoi. C’est extrêmement important, et très enrichissant. Vous ne le regretterez pas.
Le meilleur moyen est d’utiliser les données EXIFs pour voir après coup pourquoi vous avez obtenu tel ou tel effet sur votre image sans même le vouloir, ou au contraire pourquoi la photo finale ne correspond pas tout à fait à ce que vous vouliez faire. C’est réellement une des meilleures manières de progresser en photo, j’insiste lourdement là-dessus. Il est normal d’échouer, mais ça ne sert à rien si vous n’analysez pas le pourquoi afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs la prochaine fois.
Personne ne naît bon photographe. Ça s’apprend. Vous aussi vous pouvez apprendre. Mais je ne vais pas vous mentir : vous continuerez à apprendre tout au long de votre vie de photographe, et vous ne saurez jamais tout (et heureusement, il n’y aurait plus d’intérêt;) ). Mais par contre, je suis convaincu que vous pouvez apprendre rapidement à ne plus prendre des photos au hasard et à commencer à les saisir volontairement.
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Bonjour Laurent,
Je reviens sur ton blog qui est décidément une source inépuisable d’informations. Une bonne façon d’analyser ses photos, c’est aussi de les imprimer et les mettre au mur pour les comparer, dégager des lignes de force, des points communs, des séries. Pour cela j’envisage d’imprimer en A4 car le papier photo 10 X 15cm utilisable sur mon imprimante multifonctions est un peu petit pour cet exercice. Il s’agit de copies de travail, non de tirages de haute volée, mais elles doivent quand même être fidèles à ce que je vois sur mon écran. La question, c’est que l’A4 est un assez grand format et que l’encre coûte cher, surtout si je dois imprimer plusieurs fois après d’inévitables corrections en post-traitement. Fais-tu des copies de travail et si oui, comment t’y prends-tu pour que cela ne te coûte pas un bras? Merci d’avance et by the way, j’attends avec impatience de voir le contenu de ton prochain cours avec David Duchemin!
Hello,
Pour imprimer, en général c’est dans l’idée d’avoir un résultat final. Ma méthode permet d’avoir un excellent résultat du premier coup 🙂 (voir le cours sur l’impression dans Sublimez vos Photos, si tu l’as 😉 ).
En général j’imprime en A4 toutes mes meilleures images, et ensuite j’imprime en A3 celles qui sont vraiment au-dessus (le A4 me permet quand même de prendre un risque moins grand au cas où)
Pour le travail de comparaison, en général je fais ça sur écran. Je m’éloigne (je me lève de ma chaise et je vais au fond de la pièce), ce qui aide un peu. Mais si tu veux le faire sur papier, il n’y a pas de solution miracle je pense, ça coûte des sous.
les donnés exifs m’ont beaucoup aidé à m’améliorer dans la photo, mais j’ai commencé avec un reflex entré de gamme pour cobaye.
La chance ça a du bon bien sûr. Perso, toutes les photos que j’aime bien sont de la pure chance (sauf peut-être le cadrage), parce que je n’y connais rien et je sais bien qu’il faut que j’y remédie…
Merci encore pour cet article !
Je pense me baser bien moins sur la chance aujourd’hui qu’il y a un an. Cependant, même en connaissant la technique, il reste une part de chance assez importante. Mais plus que tout, je pense que je perds un peu mes moyens dès que je suis en public. Sans être parano ni voir du mal partout, il faut avouer que dès qu’on a un reflex autour du cou, les gens nous regardent pas mal dans la rue. Et moi, le regard des autres sur moi à tendance à me crisper e à me faire perdre tous mes moyens, technique acquise ou pas 🙁
C’est marrant, j’écrivais justement en partie sur la peur en préparant l’article de demain 🙂 Je pense que c’est principalement une impression. Ca dépend peut-être de l’endroit où on habite et de la taille de son reflex (beaucoup de gens prennent mon 450D avec 50mm f/1.8 pour un bridge :P), mais je n’ai pas le sentiment d’être réellement regardé quand je sors avec mon appareil. Tout au plus, un petit regard curieux pour voir ce que je photographie, ou alors les gens qui s’écartent pour me laisser prendre une photo ^^ Ce qu’il faut intégrer (et ce n’est pas facile), c’est qu’on est pas le centre du monde, et que la plupart des gens s’en foutent complètement que tu prennes des photos dans la rue. Ils t’auront oublié dans les 2 minutes et ne te reconnaîtront pas s’ils te recroisent demain. Bref, il ne faut surtout pas te laisser paralyser par ça : c’est ta passion, et ça ne dérange personne que tu l’exerces dans la rue 😉
Je sais bien que c’est ma passion, mais je t’assure que ce n’est guère évident, même en ne se prenant pas pour le centre du monde. Il faudrait qu’on fasse un jour une sortie ensemble, tu comprendrais mieux, je crois…et en plus, je suis sûr que j’apprendrais beaucoup de choses sur la photographie ! :p
J’imagine bien que ce n’est pas évident, ça dépend du caractère de chacun. Mais se faire violence vaut la peine, promis ! 🙂
J’organiserai sans doute une rencontre sur Lille au mois de septembre, si jamais tu passes par là… 😉
Depuis le temps que je me dis que je dois aller dans le Nord ! 😉
Bon résumé. Même, si la chance peut toujours aider :).
Pour moi, le point 5 est particulièrement important. Lorsque l’on se retrouve près à appuyer sur bouton, au moment du déclic, on se remémore automatiquement nos réflexions, les bons points et les axes d’amélioration détectés.
Pour moi ce n’est pas grave de faire des photos coup de chance, le tout est de savoir POURQUOI on a eu de la chance : ce qui a fait LA photo.
Bon article résumé comme ça a été dit 🙂
pour le point 5, il est important de faire ce que tu as dit mais j’ajouterai qu’il ne faut pas hésiter a faire ce travail d’analyse suffisamment longtemps après la séance de prise de vues : surtout pas le soir meme ! On est encore dans l’émotion de la séance surtout si elle a été riche et on manque alors beaucoup d’objectivité
Je suis d’accord. Après la part de chance apporte aussi une dimension “magique” à la photo et moins calculé. Cela a du charme.
Bonjour Laurent,
c’est un très bon résumé de ce à quoi il faut penser…
Merci pour ce petit pense bête…
Merci Laurent pour cet article qui contient, c’est inévitable, des choses déjà écrites mais qui constitue un bon rappel et être transmis en lien à des photographes qui débutent.
Cordialement.
bonjour, Laurent !
C’est tout à fait ça : d’un autre côté le ‘coup de chance’, est aussi un coup de pouce et heureusement, sinon j’abandonnerais !
Merci pour vos tutos, très clairs, très pédagogue.