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Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue dans cette nouvelle vidéo sur Apprendre la Photo !

Aujourd’hui, on va parler d’un livre que j’ai beaucoup aimé, alors que je ne suis pas hyper fan de ce genre de bouquin habituellement.
Je l’ai découvert via la chaîne YouTube de Alec Soth, un photographe que j’aime énormément et dont j’aurai sans doute l’occasion de vous parler.

Mais pour le moment, parlons du livre que j’ai acheté après avoir vu sa vidéo : Encampment, Wyoming par Lora Nichols.

C’est un livre de photographie historique, genre que je n’aime pas si souvent, car je trouve le contenu un peu descriptif. C’est toujours intéressant de voir des photographies d’une période qu’on n’a pas connue, en particulier si c’est un sujet qui nous est particulièrement étranger, mais le plus souvent ça manque un peu d’âme pour moi qui aime davantage les livres d’artiste avec une vision.

Mais là, justement, je trouve que ce livre tranche beaucoup avec le genre : c’est à la fois un témoignage extraordinaire des États-Unis au début du 20e siècle, période largement romancée dans la culture populaire, mais aussi un témoignage très personnel.

Avant de vous parler des photos, il faut d’abord replacer ça dans le contexte, et notamment parler de la photographe. Lora Nichols, née en 1886 (soit 102 ans avant moi :P), reçoit son premier appareil photo pour ses 16 ans, en 1899. Oui, au 19e siècle, ça paraît presque fou.

À sa mort en 1962, elle laissera derrière elle pas moins de 24 000 négatifs, qui témoignent de la vie sociale, économique et politique dans le sud du Wyoming, aux États-Unis. Ces négatifs s’accompagnent de 65 ans de journaux dans lesquels elle décrit sa vie, et ses difficultés.

L’intérêt historique est extrêmement important pour plusieurs raisons :

• Tout d’abord, purement en termes de la période historique que son témoignage couvre : cette région des USA a connu des transformations énormes pendant la vie de Lora Nichols, qui a notamment connu l’explosion et le déclin du minage du cuivre et la Grande Dépression.
• Ensuite, parce que c’est la vision d’une femme, ce qui n’est pas très commun à l’époque.
Et également par son statut particulier : la plupart des photos qu’on a de femmes photographes de l’époque viennent plutôt de femmes aisées qui font de la photo comme passe-temps, mais Lora Nichols n’est pas du tout née dans la richesse, et a utilisé la photographie comme un moyen d’assurer un revenu à sa famille.

Ça fait partie des aspects fascinants de sa vie, d’ailleurs : elle a un parcours incroyable de véritable entrepreneuse, qui a eu beaucoup de bonnes idées pour se créer un revenu avec la photographie et soutenir sa famille financièrement quasiment à elle toute seule, malgré le manque de soutien de son premier mari et les frasques du second qui avait du mal à garder un travail.

Elle a acheté des appareils pour pouvoir les relouer, créé des cartes postales pour les vendre comme souvenirs, y compris en achetant les négatifs d’autres photographes, puis créé un labo photo sous “franchise” de Kodak… bref, elle a vraiment un parcours admirable, en particulier pour l’époque, que je vous laisserai découvrir dans l’excellent texte à la fin du livre.
Il est en anglais, mais maintenant avec l’appli Google Traduction sur votre smartphone, vous pouvez facilement traduire une page en la photographiant, ça marche très bien 🙂

En parlant de l’objet livre, je le trouve vraiment très beau, tout en sobriété. On a une couverture en tissu grise, avec simplement une photo embossée et le titre “Encampment, Wyoming“, qui est la ville où a vécu Lora Nichols. Seule la tranche précise “Selections from the Lora Webb Nichols Archive, 1899-1948”.

Le livre présente les photos de manière très sobre, sans commentaire, avant de finir par une très belle section finale imprimée à l’encre argentée sur papier noir, dans laquelle on nous donne les explications sur ce livre, la vie de Lora Nichols, agrémentées de quelques photos d’illustrations.

Mais parlons de ce qui nous intéresse le plus : les photos !

Ce qui me marque le plus, c’est d’abord l’humanité dans les photos. Le livre s’ouvre d’ailleurs par un moment très humain, une femme qui a l’air de gronder son chien, et qui je pense est un excellent choix pour démarrer.


Le livre est essentiellement composé de portraits posés, mais je trouve qu’ils ont toujours un grand naturel, une grande humanité, peut-être dus à la proximité qu’elle pouvait avoir avec ses sujets ? C’est une petite ville, et Lora Nichols est proche socialement de ses sujets, ce n’est pas quelqu’un qui vient de loin, qui est riche, etc., et j’imagine que ça a dû jouer.

Au-delà de ces scènes posées, il y a aussi beaucoup de photos très spontanées, de vrais instantanés de la vie de l’époque, ce qui est très étonnant pour la période. Gardez en tête qu’à l’époque, une sensibilité de 100 ISO pour le film était quelque part entre “très sensible” et “de la complète science-fiction”. Donc la photo sur le vif n’était pas forcément évidente, et du coup pas dans les habitudes.

C’est plutôt inhabituel de voir des photos aussi spontanées de l’époque, et ça offre une vision très intéressante d’une période qu’on connaît en général via des images un peu différentes.

Je vous laisse quelques minutes avec le livre pour que vous voyiez bien de quoi je parle.

 

 

Voilà, j’espère que ça vous aura intéressé. Pensez à mettre un pouce bleu et à partager cette vidéo si vous voulez m’encourager à en refaire à propos d’autres livres de ma bibliothèque, et évidemment à vous abonner et activer la cloche pour ne pas rater les prochaines !

Et n’oubliez pas que vous pouvez aussi télécharger mon guide “Osez Composer” pour améliorer la composition de vos images, et qui sait, peut-être que dans 100 ans quelqu’un parlera de votre livre photo sur YouTube ! 🙂

Je vous dis à plus dans la prochaine vidéo, et d’ici là à bientôt, et bonnes photos !

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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