Je vous parle tout le temps de photo artistique, je vous encourage à faire des photos personnelles, et pourtant, quand je fais de la photo animalière, je fais  “juste” des jolies photos. Est-ce que ce n’est pas un peu contradictoire ?



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Bonjour à tous, ici Laurent Breillat pour Apprendre la Photo, et bienvenue dans cette nouvelle vidéo !

Aujourd’hui je voudrais répondre à une question… qu’on ne m’a pas posée. En effet, je vous parle tout le temps de photo artistique, je vous encourage à faire des photos personnelles, des séries, des projets photo, et à exprimer votre sensibilité plutôt que de “juste” faire des jolies photos.

Et pourtant, quand je fais de la photo animalière, je fais entre guillemets “juste” des jolies photos. Je vais vous faire défiler ici quelques photos qui sont parmi mes meilleurs accumulées après quelques safaris au Kenya, et même si j’en aime beaucoup certaines, et j’en ai même deux accrochées chez moi, je ne les considère pas comme des photos artistiques qui expriment particulièrement ma personnalité.

On peut ressentir une émotion en les regardant,

mais elles ne racontent pas forcément grand-chose de plus que “ceci est un beau léopard avec une belle lumière”.

Alors comment je concilie ça avec mon discours sur la photo artistique ? Est-ce que ce n’est pas un peu contradictoire ?

Eh bien non, dans la mesure où je préfère toujours raisonner en termes de “et” plutôt que de “ou”. Faire un projet photo à vocation artistique ne vous empêche pas de faire des photos de famille ou de vacances qui n’ont pas plus de prétention que ça. Vous n’êtes pas obligés de faire l’un OU l’autre, vous pouvez faire LES DEUX. Je sais, c’est dingue !

J’ai lu parfois des trucs genre “oui, mais les gens ne sont pas obligés de vouloir faire de l’art, ils font ce qu’ils veulent, on peut aussi faire ça juste pour le plaisir, ouin ouin”. ÉVIDEMMENT. Les gens sont libres de faire ce qu’ils veulent, quelle idée révolutionnaire !

Plus sérieusement, tout ce que je fais c’est vous ENCOURAGER à aller plus loin, parce que je sais que beaucoup ont une âme d’artiste qui ne s’exprime pas, et qu’il serait dommage de se limiter à faire “juste” de la photo descriptive quand on a le potentiel d’en faire davantage (et croyez-moi : tout le monde a le potentiel, il suffit de creuser suffisamment et de travailler).

Et donc pour revenir sur mon rapport à la photo animalière, j’en fais simplement parce que je suis fasciné par la nature et notamment la faune. Quand j’étais petit, je passais ma VIE à regarder des documentaires animaliers, et je lisais carrément des encyclopédies sur les animaux (ouais, j’étais hyper populaire à l’école :D).

Encore aujourd’hui je suis plus excité par la sortie d’un nouveau documentaire de la BBC raconté par David Attenborough que par 99% des séries Netflix (désolé Néné).
D’ailleurs ça peut être surprenant si vous ne me connaissez pas personnellement, mais j’ai un master en gestion de la biodiversité et des écosystèmes !

Bref, c’est quelque chose qui me passionne au-delà de la photographie, et si les appareils photo n’existaient pas, j’irais sans doute quand même au Kenya chaque année, juste pour le plaisir d’être dans le silence de ces grands espaces, avec pour seul bruit l’herbe arrachée par un éléphant ou les pas presque silencieux d’un lion qui passe à moins d’un mètre de la voiture.

Cela dit, qu’est-ce qui m’empêche d’en faire un projet artistique ? Eh bien, si vous regardez, tous les photographes animaliers qui font du très bon travail, comme Nick Brandt, Vincent Munier, David Yarrow, ou Paul Nicklen, sont des MALADES. C’est au-delà d’une passion pour eux, c’est carrément un mode de vie. Ils partent TRÈS souvent, dans des coins hyper reculés. Vous avez peut-être entendu parler de Vincent Munier qui est une fois parti plusieurs mois dans l’Himalaya sans voir une seule panthère des neiges.

Bref, ce sont des gens qui travaillent BEAUCOUP. Il faut vraiment pouvoir y consacrer la majorité de sa vie. Et clairement, ce n’est pas un mode de vie que j’ai envie d’avoir. Il faut donc se rendre à l’évidence : il y a de fortes chances que je ne fasse jamais de projet artistique de photo animalière, et c’est OK. Il y a des gens qui font ça mieux que moi.

Pourtant, ça ne m’empêche pas de poursuivre d’autres projets photographiques complètement différents, dont j’espère vous parler d’ici l’année prochaine 🙂

Ce qui m’amène à revenir sur la distinction amateur/pro/artiste développée par Jean-Christophe Béchet, que j’avais évoquée dans la vidéo sur les VRAIES 5 erreurs des débutants en photo. Je vous laisserai aller la voir ou la revoir, mais en substance vous avez :

L’amateur qui s’efface derrière l’objet photographié : c’est ce que je fais en photo animalière, typiquement. Je veux une belle photo d’un léopard, c’est tout.

Le pro qui s’efface au profit du client

Et l’artiste qui place sa singularité en priorité, avant l’objet photographié ou avant le public, la cible de sa photo.

Et donc la bonne nouvelle pour vous, c’est que vous pouvez être 2 ou 3 à la fois. On peut imaginer que vous soyez photographe de mariage de métier, que le week-end vous fassiez des photos amateur de votre famille, et que vous développiez un projet artistique en parallèle.

Bon évidemment, ça prendrait beaucoup de temps, c’est pour ça que rares sont les photographes qui jouent sur les 3 tableaux. Mais c’est possible, et je pense que ça l’est surtout si on a conscience de la distinction et des contraintes des différentes pratiques.

Voilà, j’ai pensé que c’était un exemple utile pour vous faire mieux intégrer ce concept, qui me semble extrêmement utile pour placer votre pratique photo, et choisir dans quoi vous allez investir votre temps et votre argent pour vous améliorer en photo.

Et vous, est-ce que vous avez aussi un pied dans 2 ou 3 de ces cases ? Dites-le-moi en commentaire, ça m’intéresse d’avoir vos expériences.

J’espère que la vidéo vous a plu : si jamais vous découvrez la chaîne, avec cette vidéo, on ne sait jamais, pensez à vous abonner et à cliquer sur la cloche pour ne pas rater les prochaines vidéos, et à télécharger votre guide gratuit Faites-vous plaisir en photographiant pour éviter les 5 erreurs du débutant.

Je vous dis à plus dans la prochaine vidéo, et d’ici là à bientôt, et bonnes photos !

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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