Quand on apprend la photo, on est vite confronté au concept de l’exposition, puisque c’est la base de la technique photo. Et on comprend qu’une photo peut être sous-exposée (trop sombre) ou surexposée (trop claire). Mais par rapport à QUOI ?

Découvrez avec moi des cas dans lesquels il faut faire attention à ce concept !


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Bonjour à tous, et bienvenue dans cette nouvelle vidéo sur Apprendre la Photo !

Normalement, le titre a dû un peu vous étonner, parce que si vous avez juste les bases en photo, vous devez connaître la notion de surexposition, ou de sous-exposition.

Petit rappel quand même : l’exposition, en gros, c’est la quantité de lumière reçue par le capteur, ou la pellicule. Traditionnellement, on dit qu’une photo est “surexposée” quand elle a reçu trop de lumière, et “sous-exposée” quand elle n’en a pas reçu assez.

Mais je voudrais vous ouvrir un peu l’esprit par rapport à ça aujourd’hui : trop ou pas assez, PAR RAPPORT À QUOI ?

En effet, pour la majorité d’entre vous, vous vous fiez à la mesure d’exposition de votre appareil. Même les irréductibles qui bossent en mode Manuel, vous vous fiez à l’indicateur d’exposition sur votre appareil (ce qui revient donc exactement à la même chose qu’utiliser un mode de priorité, mais en plus long, mais bon je l’ai déjà dit par le passé 😉 ).

La mesure d’exposition de votre appareil est calée sur une norme, qu’on appelle le “gris moyen”. Ce dispositif va faire en sorte que la luminosité moyenne de la scène photographiée par votre appareil soit celle d’un gris moyen.

Pourquoi ? Et bien parce que dans la plupart des cas, ça marche pas mal. Si vous souhaitez photographier un paysage, une scène de vie, un portrait, dans la plupart des cas vous allez obtenir un truc correct.

Parenthèse quand même : je trouve que les appareils photo numériques ont une tendance systématique à la sous-exposition. C’est-à-dire qui font des photos qui, par rapport à ce qu’on peut attendre d’un truc normal, sont plus sombres. Ça se voit beaucoup sur les photos des grands débutants : un des gros problèmes que je vois SANS ARRÊT dans mon groupe Facebook ou parmi mes élèves débutants, c’est des photos trop sombres.

Je pense que la cause est simple : en numérique, une photo avec des blancs complètement cramés n’est pas récupérable. Donc les constructeurs ont préféré viser la prudence, en conservant les informations des hautes lumières, quitte à devoir faire un peu de post-traitement. D’où son importance ! Le souci c’est que quand on ne fait pas encore de traitement, ça fait des photos un peu grises.
Mais bon, refermons cette parenthèse 🙂

Mon point, dans cette vidéo, c’est qu’en réalité, la surexposition et la sous-exposition n’existent pas. Enfin si, mais disons qu’elles ne sont déterminées que par une norme. Et en soi, cette norme ne fait pas une bonne photo.

Je vais revenir là-dessus juste après avec quelques exemples, mais avant tout, je fais une deuxième parenthèse : si vous souhaitez avoir une photo avec une “bonne exposition”, c’est-à-dire des tonalités bien réparties entre les tons sombres et les tons clairs, je vous recommande d’apprendre à utiliser l’histogramme sur votre appareil. C’est vraiment LE meilleur outil pour maîtriser son exposition, et c’est en réalité facile à utiliser. Je vous recommande de regarder mon épisode sur l’histogramme pour bien comprendre (et rire un peu 😉 ).

Mais aujourd’hui, je veux vous inciter à aller plus loin. En effet, vous n’êtes pas du tout obligé d’exposer comme la mesure vous le dit. Vous pouvez faire n’importe quoi d’autre, tant que ça correspond à ce que vous voulez faire.

Je vais commencer par prendre des exemples de cas courants avec quelques-unes de mes photos, histoire d’aborder le côté plus pratique des choses, les situations dans lesquelles vous pourriez commencer par tester. Et ensuite, je vais vous montrer quelques artistes qui n’exposent pas du tout comme la cellule leur dit. 😉

Commençons donc par quelques cas classiques où on peut exposer différemment (le meilleur outil pour moi reste la correction d’exposition pour faire ça, sur lequel j’ai aussi fait une vidéo, que je vous mets en description).

Le premier cas, et le plus évident, c’est quand vous êtes en contre-jour : vous avez le soleil ou autre source de lumière en pleine face, et votre sujet est un peu à l’ombre. Le plus souvent, si vous laissez faire la mesure d’exposition, vous allez vous retrouver avec un sujet complètement dans l’ombre, et un ciel “bien” exposé. Ce qui n’a aucun intérêt si vous cherchez à bien voir votre sujet.
Techniquement, vous pouvez utiliser une mesure spot sur votre sujet, ou la correction d’exposition (perso je préfère cette option, mais c’est vous qui voyez).

Voici donc quelques photos où j’ai dû corriger l’exposition proposée par défaut par l’appareil pour avoir le résultat que je voulais.

La plus récente date de cette année au Kenya, où ce léopard était invisible dans l’arbre sans correction d’exposition. En l’occurrence, avoir des détails dans le ciel n’était pas important, et je trouve que le blanc donne même une dimension esthétique intéressante.

Ça peut évidemment arriver avec une fenêtre, en portrait par exemple. Dans ce cas, ce qui est le plus important c’est le visage de votre sujet.

Parfois vous devrez faire des compromis pour avoir un visage un peu dans l’ombre et ne pas trop cramer le reste, comme ici.

Vous remarquerez que je ne montre que des photos en noir et blanc, parce que je trouve que les grands aplats blancs fonctionnent mieux qu’en couleur. Vous avez le droit de faire autrement, hein, c’est juste ma préférence.

Dans la même situation, vous pouvez aussi faire tout l’inverse, et choisir de faire un effet de silhouette, en choisissant de plonger votre sujet dans l’ombre (attention : faites gaffe à ce qu’il soit bien reconnaissable, que sa silhouette se détache bien, sinon on ne va pas savoir ce que vous avez photographié).

Là aussi ça se règle à coup de correction d’exposition, ou de mesure spot sur le ciel.

Bon ça, disons que c’est le cas niveau débutant : c’est une situation que vous allez beaucoup rencontrer, et c’est facile à gérer techniquement.

Maintenant je voulais aller un peu plus loin, et aussi vous inciter à ne pas avoir peur des “ombres bouchées” comme on dit (c’est-à-dire de parties de l’image toutes noires). Ce n’est pas obligatoire d’avoir du détail partout dans l’image, contrairement à ce qu’essaye de vous vendre le HDR ^^

Bon, ce sont encore des exemples de photos prises en Afrique, ça doit être le confinement qui me donne envie d’évasion (je tourne cette vidéo après presque deux semaines de confinement, j’espère que quand elle sera publiée on en verra le bout:) ).

Comme vous le voyez, ce sont deux scènes avec des ombres quasiment noires, mais elles ne font que mettre davantage en valeur le sujet. Et pour répondre aux questions que je sais que je vais avoir : oui, il y a eu un peu de retouche, mais pas énorme : la lumière était déjà comme ça, je n’ai fait que renforcer un truc qui était déjà visible sur la prise de vue originale.

Parlons maintenant de quelques artistes qui n’exposent pas forcément comme la cellule leur dit.

Le premier auquel j’ai pensé, c’est Alex Webb, bien connu pour ses scènes de rue très contrastées, aux couleurs vives et aux ombres très denses.

C’est très caractéristique de son style photographique. Alors il a beaucoup shooté à la Kodachrome, un film inversible qui a facilité ce rendu très contrasté, mais ça reste un choix, d’autant plus qu’il n’utilise plus ça aujourd’hui (puisque la Kodachrome n’existe plus) et il conserve quand même un rendu similaire. Donc on sent bien, évidemment, que c’est un truc qu’il veut faire.

Je ne dis pas que sa cellule donnait une expo très différente de ce qu’il a choisi, je n’en sais rien et en fait ce n’est pas ce qui m’intéresse : je veux juste montrer des exemples de photographes qui n’ont pas peur des “ombres bouchées” ou des “blancs cramés”.

Si vous voulez un livre sur son travail, je vous conseille le cultissime The Suffering of Light, sans doute un de mes livres photo préférés.

Dans un style complètement différent, Vincent Munier, sans doute mon photographe animalier préféré juste après Nick Brandt (genre 3 cm derrière) a produit beaucoup de photographies très minimalistes, souvent en grande partie blanches.

Vous retrouverez ça en particulier dans son livre Arctique, et aussi dans Solitudes, que j’adore, mais qui est malheureusement épuisé au moment où je fais cette vidéo.

On peut aussi parler de deux photographes que j’ai évoqués récemment sur la chaîne :

Tout d’abord la série Theaters de Hiroshi Sugimoto, dont on a parlé dans l’épisode de La Photo Aujourd’hui avec Louise Brunnodottir.
Sugimoto a photographié des cinémas pendant toute la durée d’un film. L’écran est donc évidemment complètement blanc (difficile de faire plus surexposé que ça ^^).

Ensuite les noirs et blancs très contrastés d’un autre japonais, Daido Moriyama, dont j’avais parlé dans la vidéo sur la polémique Tatsuo Suzuki.

Bref, les exemples ne manquent pas de photographes qui n’hésitent pas à créer des images qui sont tout le contraire du HDR au final : ce sont presque des LDR, “Low Dynamic Range” !

Leur style est volontairement contrasté, et ils n’ont pas peur qu’un noir profond ou un blanc éblouissant envahissent une grande partie de leur image.

Je voulais vous parler de ça, car mon but maintenant est de vous ouvrir l’esprit, et de vous sortir de l’approche trop technique de la photographie, qui est utile pour apprendre à se servir de son appareil, mais peut vous limiter pour faire des images personnelles, si vous restez dans un carcan de vous dire : il faut que ma photo soit bien exposée, bien nette, bien composée selon la règle des tiers, etc.

Donc si vous deviez vous souvenir d’un seul message dans cette vidéo, c’est celui-ci : prenez une vraie décision sur ce que vous faites des tonalités de votre image. Surexposez ou sous-exposez par rapport à ce que dit la mesure, ajoutez du contraste au post-traitement, bref, vous n’êtes pas obligés de rester dans une exposition “classique”. Ce n’est pas un crime bien sûr, il y a des tas de photographes géniaux qui n’ont pas fait ça, mais je vous encourage à essayer, expérimenter et voir ce que vous pouvez en retirer, ne serait-ce que pour que vous ayez en tête que c’est une possibilité, et un jour ça vous servira peut-être.

Et si vous avez déjà essayé, parlez-en en commentaire, mettez-nous des liens vers des photos où vous l’avez fait, ça peut intéresser tout le monde.

Voilà, c’est la fin de cette vidéo : si elle vous a plu, mettez un pouce vers le haut et partagez-la. Si vous découvrez la chaîne avec cette vidéo, pensez à vous abonner pour ne pas rater les prochaines, et à télécharger votre guide gratuit Osez Composer, pour améliorer la composition de vos images (et c’est garanti sans règle des tiers :D).

Je vous dis à plus dans la prochaine vidéo, et d’ici là à bientôt, et bonnes photos !

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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