Si vous faites un peu (ou beaucoup) de post-traitement comme je vous le recommande, vous êtes forcément attaché aux contrastes et aux couleurs de vos images : vous avez travaillé dessus pour avoir exactement le résultat que vous souhaitiez, allant ainsi au bout de la démarche photographique. Mais il peut vous arriver que vos couleurs chéries s’affichent mal après l’export, sur d’autres écrans ou à l’impression. Voyons comment gérer ce problème.

Le calibrage de l’écran est une opération qui consiste à mesurer l’écart entre les couleurs qui sont effectivement affichées sur l’écran et celles qui sont censées être affichées. Grâce au calibrage, l’écran affiche un rendu fidèle des couleurs et de la luminosité des images. Le calibrage est important pour faire les bonnes corrections au post-traitement et pour imprimer son travail.


Je n’écris évidemment pas cet article par hasard, puisque je reçois beaucoup de mails de lecteurs un peu désemparés de voir leurs photos mal s’afficher. La plupart du temps, comme je l’écris plus haut, vous vous en rendez compte quand vous imprimez vos images pour la première fois.

La mauvaise nouvelle, c’est que ce problème est très courant. La bonne, c’est qu’il n’est pas si difficile à résoudre.

La gestion des couleurs

calibrage écran couleurs adobe RGB AdobeRGB photo photographie
Ça a l’air compliqué ? Ça tombe bien, je n’en parle pas aujourd’hui ! 😛

Ce type de problème a une cause très courante : une mauvaise gestion des couleurs, et le plus souvent pas de gestion des couleurs du tout. Pour faire simple, le but de la gestion des couleurs est que votre intention photographique soit rendue le mieux possible sur un maximum de supports (écrans des internautes qui visitent votre galerie, à l’impression, etc.).

Alors pourquoi ça ne se fait pas tout seul ? Je ne vais pas vous expliquer en long, en large et en travers toute la théorie là-dessus : c’est long, complexe, et pas forcément utile à connaître en détail.

Pour faire très simple, les périphériques (écrans, imprimantes, etc.) n’ont pas tous les mêmes capacités à rendre les couleurs. Et en plus de ça, ils ne les rendent pas toujours comme on leur demande. En fait, ils ne rendront jamais exactement les couleurs comme il faut, si vous ne faites rien pour les y aider, c’est-à-dire si vous ne gérez pas les couleurs. On y revient.

Si vous souhaitez en savoir plus, il existe de nombreuses ressources, et notamment :

  • l’excellent guide de la gestion des couleurs d’Arnaud Frich, très complet, pertinent, rigoureux
  • Le non moins excellent dossier sur le sujet par Patrick Moll, qui s’étale sur 3 numéros de Compétence Photo, à commencer par les numéros 27 et 28. Comme d’habitude, rigoureux, détaillé, et d’une pédagogie exemplaire pour un sujet aussi complexe. A réserver quand même à ceux vraiment intéressés par les détails 😉 (malheureusement un peu ancien, mais si vous êtes motivé vous pouvez peut-être le trouver !)

Il y a en théorie beaucoup de choses à faire, mais aujourd’hui je vais traiter de la plus importante, qui résoudra la grande majorité de vos problèmes, les 20% d’action qui donnent 80% des résultats : le calibrage de l’écran (qu’on appelle aussi l’étalonnage).

En effet, pour que les couleurs soient bien rendues ailleurs, la première étape est déjà qu’elles soient bien rendues chez vous, c’est-à-dire que votre développement RAW s’effectue sur un écran qui rend bien les couleurs. Ce ne sera jamais le cas par défaut. Pour ça, il va falloir calibrer votre écran. Voyons comment faire et avec quoi.

Calibrer son écran en pratique

Autant annoncer la couleur tout de suite, la seule et unique solution crédible pour étalonner votre écran, c’est d’utiliser une sonde de calibrage. Il existe des sites qui vont vous proposer de calibrer à l’oeil, mais c’est trop aléatoire, et vous pourriez même empirer le résultat. Il y a également parfois un profil générique disponible avec l’écran, ou téléchargeable sur internet. C’est mieux que rien, mais ça reste un peu trop imprécis, et je ne peux que vous conseiller d’utiliser une sonde.

Alors certains se diront (je le sais, je l’ai fait aussi à mes débuts) que ce n’est pas utile de calibrer leur écran car de toute façon il est trop mauvais. C’est complètement faux. Pour vous dire, j’avais même calibré un vieil écran cathodique pourri (oui, ça date !), et bien le résultat était quand même impressionnant.

Autant vous dire que même avec un écran LCD d’entrée de gamme, vous aurez déjà un résultat plus que correct, surtout pour un usage amateur. Etalonnez même l’écran de votre portable, même s’ils ne sont en général pas les meilleurs écrans en termes de couleurs, ça vaut quand même le coup.

Quelle sonde de calibrage choisir ?

Si vous avez déjà fait une ou deux recherches sur le sujet, vous avez dû tomber sur les sondes Spyder de Datacolor, qui sont les plus connues. Le plus gros avantage pour vous, c’est qu’il y a 2 modèles différents, et donc 2 prix :

  • La Spyder X Pro (environ 140€), qui permet de mesurer la lumière ambiante, un choix plus étendu des valeurs cibles, et une fonction de vérification du calibrage (qui vous évite de recalibrer si ce n’est pas nécessaire)
  • La Spyder X Elite (environ 200€), qui en plus des fonctions de la Pro, permet de fixer le point blanc et le point noir de l’écran.

Datacolor m’avait gentiment prêté une Spyder 4 Elite à l’époque, l’exemple est donc effectué avec cette sonde, mais le processus de calibrage est de toute manière très simple et se ressemble beaucoup entre les sondes. J’utilise d’ailleurs toujours cette sonde aujourdd’hui.

Cela dit, il vaut mieux calibrer, même avec une sonde entrée de gamme, plutôt que de ne rien faire du tout. Si votre budget est vraiment serré, vous pouvez vous tourner vers des Spyder 4 ou 5 d’occasion, qui restent très correctes. Vous pouvez en trouver d’occasion sur Le Bon Coin, eBay ou ailleurs, mais faites attention à ne pas payer plus de 50€, faut pas déconner, sinon autant prendre une sonde neuve.

Comment étalonner son écran ?

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La première étape est d’installer le logiciel fourni avec la sonde. Si jamais vous n’avez pas de lecteur CD (ce qui arrive de plus en plus avec la disparition progressive de ce support), vous pouvez le télécharger sur le site de Datacolor.

Ensuite, vous allez brancher la sonde à votre ordinateur, démarrer le logiciel, et suivre les instructions. Je pourrais presque m’arrêter là 😛

Essayez de faire le calibrage dans les conditions les plus courantes de travail sur vos images. Par exemple, si vous travaillez souvent vos photos le soir à la lumière artificielle, calibrez à ce moment-là.

Pour que la sonde tienne bien collée à l’écran pendant le processus, il faut souvent pencher un peu l’écran vers l’arrière. La plupart des écrans permettent maintenant de le faire, mais si ce n’est pas le cas, calez simplement un truc en dessous pour le pencher. Pensez également à bouger le petit contrepoids présent sur le câble (il glisse dessus et vous permettra d’équilibrer plus facilement la sonde).

Ensuite, il faut quasiment uniquement cliquer sur suivant. Si le logiciel vous demande de choisir des valeurs cibles (ce qui est le cas dans les version Pro et Elite), choisissez ce qui est recommandé, c’est-à-dire 120cd/m² en luminosité, 6500K en température, et 2,2 en Gamma.

Si vous avez choisi la version Elite, après environ 1 minute, le logiciel vous demandera de régler la luminosité de votre écran. Il suffit d’appuyer sur le bouton consacré sur votre écran (en général ce n’est pas trop dur à trouver, souvent assez évident dans le menu de l’écran), et de faire varier jusqu’à ce que ça atteigne la valeur cible, soit 120 cd/m². Tâtonnez jusqu’à atteindre la bonne valeur, la plupart du temps en dessous de 50% de la luminosité maximale de l’écran, pour vous donner une idée.

Ensuite, le reste du processus est entièrement automatique. Il a pris environ 7 minutes chez moi avec une Spyder 4 Elite, ce qui n’est pas trop long et heureusement, car vous devrez vérifier l’étalonnage et le refaire environ tous les mois, car les écrans ont tendance à avoir des couleurs qui dérivent avec le temps. Cela dit, la vérification est plus courte que le calibrage initial.

Après, il vous reste juste à enlever la sonde de l’écran, et à la placer sur son support devant l’écran, ce qui va lui permettre de mesurer régulièrement la lumière ambiante. Et c’est tout ! Le logiciel s’occupe du reste.

Si vous êtes sous Linux, le logiciel ne fonctionnera pas. Dans ce cas, vous pouvez utiliser l’excellent utilitaire dispcalGUI, qui malgré son nom barbare donne d’excellents résultats, mais prend (beaucoup) plus de temps pour calibrer l’écran. Merci aux développeurs pour leur boulot exceptionnel ! 🙂

Et après ?

Vos couleurs s’afficheront donc maintenant correctement sur votre écran, ce qui est la base de la base ! Alors si vous regardez d’anciennes images, vous pourriez constater des couleurs différentes de celles que vous aviez auparavant, forcément. Mais dites-vous que ce sont maintenant les bonnes couleurs qui sont affichées, et que ça vous évitera tout désagrément à l’avenir ! Vous pouvez reprendre vos anciennes images si vous le désirez 😉

Ça va également tout changer dès que vous aller imprimer 🙂 Si vous voulez devenir un pro de l’impression et faire vos propres tirages chez vous ou chez un prestataire, j’ai tout détaillé dans ma formation Réussir son premier tirage photo en 7 jours chrono. C’est dit ^^

Voilà, quand vous aurez calibré, le plus gros du boulot sera fait. Il y a encore d’autres petits détails à régler, mais calibrer votre écran vous évitera la majorité des problèmes. On verra le reste une prochaine fois, c’est déjà assez pour aujourd’hui ! 😉 Si vous voulez continuer la lecture, jetez un oeil à mon article pour choisir un écran photo, il est dans la suite logique de celui-ci !

Et vous, est-ce que vous l’avez calibré votre écran ? Témoignez du changement que ça fait, ça encouragera les autres à faire de même ! 😀

Avez-vous tout compris ? Testez-vous avec le quizz


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Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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