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Bonjour à toutes et à tous, ici Laurent Breillat pour Apprendre la Photo et bienvenue dans cette nouvelle vidéo sur les appareils d’occasion !

Dans ma dernière vidéo “Un appareil pro pour le prix d’un smartphone”, on a déjà un peu parlé des appareils d’occasion, et surtout on a vu que ce sont des choix tout à fait crédibles pour s’équiper à notre époque sans vider son Livret A.

Et un choix écologique aussi vu l’impact de la fabrication d’un nouvel appareil photo.

Acheter d’occasion a donc beaucoup d’avantages, je vais juste rapidement vous en rappeler 2 très concrets :

Premier avantage : c’est moins cher que le même appareil neuf.
(je sais, je suis un génie :D)

C’est évident, mais pas anecdotique du tout, car vous pouvez vous payer un appareil récent semi-pro voire pro, pour le prix du neuf.
C’est souvent le cas pour les modèles qui précèdent le dernier modèle au catalogue. Prenez le Sony A7 III. Le Sony A7 IV est le dernier modèle sorti.

Eh bien, si on fait un petit tour sur la plateforme de vente d’occasion MPB dont je vous avais parlé dans la précédente vidéo :


Donc là, vous voyez que le Sony A7 III est 1740 euros en état “presque neuf” avec 6 mois de garantie, alors même qu’il est toujours vendu neuf chez Miss Numérique à 2 150 €.

Et de ce que j’ai entendu, l’état “presque neuf” veut vraiment dire “presque neuf”, il n’y a pas d’entourloupe là-dessus 😉
Pour vous dire, j’ai eu des commentaires de gens qui avaient l’impression d’avoir reçu un appareil neuf alors que l’état était marqué “très bon”.
Donc, voilà, vous voyez que sans effort et sans aucun risque de votre côté, vous pouvez facilement économiser 20 % sur le prix d’un appareil !

On pourrait résumer ça à “payer moins cher pour quasiment la même chose” 🙂

• Le deuxième avantage d’acheter d’occasion est en fait un corollaire du précédent.

Pour un budget donné, vous pouvez avoir accès à un appareil plus haut de gamme d’occasion, qui serait hors budget pour vous en neuf.
Par exemple, si on reprend le cas précédent : vous avez 2 150 € de budget pour un boîtier. Si vous aimez bien recadrer beaucoup vos photos, vous pouvez vous prendre un A7 R III d’occasion en excellent état qui coûterait 2 800 € neuf. Allez hop, 23 % d’économie, c’est cadeau 😉

Avouez que c’est quand même pas mal !

Bon, si après ça vous n’êtes toujours pas convaincu pourquoi acheter d’occasion, moi les bras m’en tombent, je sais pas quoi faire, à part aller me refaire un thé. Au revoir.

C’est bon je me suis calmé, reprenons.

Mais il faut être honnête, avec l’achat d’occasion, tout n’est pas tout rose dans le meilleur des mondes, bien évidemment, car sinon ça se saurait et tout le monde achèterait d’occasion.
Et tous les fabricants d’appareils photo feraient faillite, il n’y aurait plus de tests matos et on parlerait enfin de photographie. En tout cas tant que nos appareils fonctionnent.

Donc bon, quand on achète d’occasion, il faut savoir quoi regarder, quoi vérifier pour éviter de se faire pigeonner par des vendeurs peu scrupuleux. C’est justement l’objet de cette vidéo !
Et on va pas se mentir, je pense que c’est vraiment ce “risque” qui fait peur à beaucoup d’acheteurs et les dissuade de se lancer dans la démarche.
Donc la première étape, pour acheter d’occasion, c’est de vérifier le prix argus.

ÉTAPE 1 : VÉRIFIER LE PRIX DU MARCHÉ

Alors évidemment, comme je vous disais tout à l’heure, si vous passez par une entreprise de vente d’occasion comme MPB, toutes ces craintes n’existent plus vraiment, vu que le matériel est inspecté minutieusement et testé par des professionnels.

L’inconvénient de ça, forcément, c’est comme tout le monde, ils ne vivent pas que d’amour et d’eau fraîche, et ils prennent une commission pour se rémunérer.

Regardez, je vais faire un petit test justement sur le Sony A7III dont je vous parlais tout à l’heure.

Je vais regarder les côtes Argus sur Chasseur d’images pour avoir un ordre de grandeur du prix du Sony A7III d’occasion en état exceptionnel, et on voit ici qu’on est à 1 450 € à la louche.

Le Sony A7III en état excellent de MPB est à 1 650 €, donc on peut imaginer probablement que leur commission serait aux alentours de 200 € sur ce produit. Voilà, vous avez un ordre de grandeur du prix qu’ils font payer pour vérifier le bon fonctionnement du matos et vous faire gagner du temps et de la tranquillité d’esprit. Bon, moi je trouve que ça ne semble pas déconnant quand même.

Ceci étant dit, on va supposer dans la suite que vous vouliez quand même acheter en direct sans intermédiaire, donc vous vérifiez le prix Argus de votre matériel.

Notez tout de même que ce prix Argus n’est pas exactement la parole de Dieu. Je vous explique.

Par exemple, un jour j’ai revendu un objectif 24-120 mm f/4 pour reflex dont la côte Argus était annoncée à 590 € en état “exceptionnel”, et je voyais sur les forums et groupe Facebook qu’il était pourtant toujours proposé à un tarif inférieur.
J’ai fini par découvrir que cet objectif était couramment inclus en kit avec un boîtier, et donc ça tirait vers le bas sa côte argus.

D’ailleurs ça m’intéresse d’avoir vos retours d’expérience là-dessus en commentaires, si vous avez vous aussi galéré à revendre un appareil ou objectif à sa côte argus, je veux bien le savoir.

Je pense par exemple à l’objectif 18-55 f2.8-4 de chez Fuji, qui est très très bon pour un objectif de kit, donc peut-être que du coup, il est dévalué par rapport à sa côte argus comme l’était mon 24-120 mm f/4 🙂

Notez aussi que ça peut arriver dans l’autre sens, par exemple quand une star du showbiz touche un appareil argentique rétro, il peut arriver que le prix de celui-ci bondisse soudainement.

Bref, on n’est pas là pour parler de Kim Kardashian, mais en substance, retenez juste que la côte “Argus” est loin d’être l’alpha et l’oméga en matière de prix d’occasion.

Je ne sais pas comment ils font les calculs précisément, mais s’il y a ce genre de décalage avec la réalité, c’est sans doute que ça doit être théorique. C’est-à-dire qu’ils se disent : OK, tel appareil a tel âge, dans tel état, on met une décote de x % sur son prix neuf. Sauf que dans la vraie vie, ça ne marche pas vraiment comme ça.

Pour déterminer la vraie valeur d’occasion, je préfère personnellement me baser sur les ventes qui ont été vraiment effectuées. Ça permet de voir la valeur qu’un objectif ou un appareil a réellement sur le marché. Et le seul endroit où on peut voir ça, c’est sur eBay !

Il suffit de faire une recherche sur le modèle que vous cherchez. Reprenons “Sony A7 III” par exemple, pour rester sur le même, et de filtrer pour n’afficher que les ventes réussies.
C’est tout en bas des filtres à gauche, dans “afficher uniquement”.

Ici on voit que, globalement, les A7 III avec une optique se sont vendus environ 1 000 € ces derniers temps. Faites gaffe : parfois ça inclut des modèles différents, parce que le nom, c’est A7RIII, ils ont mis une espace et du coup eBay considère que c’est les mêmes, donc faites quand même gaffe à ça, regardez bien le titre de l’annonce.

Et puis, évidemment, les états varient beaucoup : si vous avez une vente particulièrement chère ou peu chère, pensez à aller lire l’annonce pour voir ce qui a fait la différence. Ici, l’appareil est vendu pour pièces, c’est-à-dire qu’il ne fonctionne pas ! Donc, évidemment, ça explique son prix qui est très bas.

ÉTAPE 2 : FAIRE VOS RECHERCHES

Maintenant que vous avez la cote d’occasion, il est temps de faire des recherches ! Je vous conseille deux sites, que j’utilise personnellement. Il en existe d’autres, et donc si vous avez eu des expériences, partagez-les en commentaires pour aider d’autres personnes.

• Le premier lieu, c’est évidemment Leboncoin. Alors, si vous êtes Belge ou Québécois, vous avez l’équivalent chez vous, qui sont Deuxième main en Belgique et je ne me souviens plus de l’équivalent québécois, mais vous savez sur quel genre de site vous pouvez avoir des petites annonces entre particuliers.

Vous savez peut-être que je n’aime pas trop cette option du Boncoin, car honnêtement c’est le repère des arnaqueurs en tout genre. Quasiment impossible d’y mettre une annonce sans recevoir des tonnes de messages qui essaient de vous escroquer avec diverses techniques, notamment en vous envoyant un faux mail de paiement PayPal, ou un faux dépôt d’un mandat cash.

D’ailleurs, dites-moi si ça vous intéresse que je vous fasse une vidéo sur les méthodes d’arnaques courantes sur les sites d’annonce, je pourrais peut-être vous détailler ça plus précisément.

En tant qu’acheteur, honnêtement, c’est un peu moins pénible, mais le souci, c’est que les vendeurs sont méfiants (à raison), et vont donc rarement accepter des méthodes de paiements sécurisées, comme PayPal, ou même le système de paiement sécurisé mis en place par Leboncoin (que personnellement aucun vendeur n’a accepté d’utiliser…)

C’est dommage car ce système est en théorie très bien : l’argent sera bloqué tant que vous n’avez pas validé que le colis reçu est bien conforme. Dans le cas contraire, vous pouvez renvoyer le colis et on vous rembourse. Ce serait parfait si les vendeurs étaient OK pour l’utiliser, mais bon, ce n’est pas le cas…

Le souci, c’est qu’il y a tellement d’arnaques autour de ces moyens de paiement sécurisés, qui sont tout à fait sécurisés quand on les utilise bien, mais les gens ne savent pas forcément comment faire, que du coup, les vendeurs refusent d’utiliser ça, et vous en êtes réduit, en tant qu’acheteur, à n’avoir aucune sécurité pour votre achat, et du coup à ne pas du tout savoir si la personne derrière va être honnête, etc.

Je vous mets un lien ICI pour vous expliquer comment marche le système de paiement du Boncoin, si jamais quelqu’un voulait bien l’utiliser.

Mais, voilà, dans le cas de ce site, le plus simple est sans doute de n’accepter QUE la remise en mains propres. Vous pouvez facilement le faire en indiquant un rayon de distance autour de votre ville, pour voir ce qui est accessible.

L’idée est que vous puissiez vraiment voir le matériel et l’inspecter avec minutie avant de vous décider, et au moins être sûr que vous ayez bien quelque chose une fois que vous avez donné votre argent !

L’inconvénient, c’est évidemment que ça vous limite aux vendeurs autour de chez vous, que ça vous oblige à vous déplacer, bref… bienvenue dans les années 90 quoi.

Mais si vous le pouvez, c’est une solution qui marche, et pour les points à vérifier, ne vous inquiétez pas, on y revient dans la suite de la vidéo !

• le deuxième site que je vous conseille, c’est eBay. Alors oui, je sais que Leboncoin est beaucoup plus utilisé que eBay en France, pour une raison qui m’échappe un peu, puisque c’est littéralement mieux sur absolument tous les points.

Déjà on y trouve plus de choix, notamment les appareils un peu plus rares, et aussi plus de qualité (ceux qui ont déjà acheté un appareil argentique d’occasion en provenance du Japon connaissent le soin qu’ils apportent à leurs appareils par rapport aux Européens ou aux Américains…).

Le fait d’avoir accès aux vendeurs du monde entier peut être un gros avantage. Faites quand même gaffe aux frais de port (indiqués sur l’annonce), et aussi à la TVA et aux frais de douane (qui ne le sont pas parce que, ben, ce n’est pas de la responsabilité du vendeur), qui sont maintenant systématiques. C’est quasiment impossible d’acheter un appareil à l’étranger et de ne pas avoir de frais de douane quand il arrive en France.

Je vous mets un lien ICI pour les calculer à l’avance selon le prix que vous avez payé, pour savoir quel sera le coût réel de l’appareil.

Notez que malgré ça, ça peut rester avantageux si, par exemple, on est à un moment où le taux de change est à votre avantage contre l’euro. Si le dollar est bas ou si la livre est basse, eh bien, ça peut aider.

Et dans tous les cas, il y a aussi plein de vendeurs français ou dans l’Union européenne, pour lesquels vous ne paierez ni TVA ni frais de douane supplémentaires. On est quand même un continent avec 500 millions d’habitants, donc il y a un petit peu de quoi faire.

Alors sur eBay, il y a plusieurs bonnes pratiques à connaître pour avoir une bonne expérience :

1- limitez-vous aux vendeurs qui ont une note au-dessus de 98 % et aussi beaucoup de commentaires (pas juste 2 personnes). Aussi, regardez la teneur des commentaires, ça vous donnera une idée du sérieux du vendeur, regardez un peu ce que les gens disent dedans.

Globalement vous prenez un risque quasi zéro avec ce type de vendeur. S’il vend beaucoup, il a une réputation à protéger, aucun intérêt à vous arnaquer, et de plus s’il a été correct avant, il le sera sans doute ensuite. Les gens ne deviennent pas malhonnêtes du jour au lendemain.

2- vérifiez que le produit a bien la garantie client eBay pour facilement vous faire rembourser si l’objet reçu n’est pas conforme. Ceci implique de payer par PayPal, qui vous le savez peut-être, est la même entreprise qu’eBay, d’où le fait que ça fonctionne très bien ensemble.

Si vous payez directement par le lien eBay (vous cliquez sur le bouton pour acheter maintenant), vous n’aurez aucun souci. Notez que ça marche tellement bien que personnellement, je n’hésiterais pas à prendre le risque d’un vendeur avec peu de notes : dans le pire des cas, ça me coûtera un déplacement à la Poste pour faire un retour. Mais si vous n’êtes pas trop rassuré, ne prenez que les vendeurs dont j’ai décrit le profil avant.

Attention : ne SURTOUT PAS payer en mode ”paiement à un ami” par PayPal. Si la personne vous dit : voici mon email PayPal, envoyez-moi un paiement à cette adresse en utilisant le paiement à un ami, ne faites absolument pas ça. Parce que, le problème, c’est que la protection des acheteurs ne s’applique pas pour ça, puisque… PayPal ne prendra pas de frais au vendeur : ils ne sont pas payés pour ces transactions, donc ils ne gèrent pas les litiges. Normal (ils ne vont pas faire un travail sans être payés pour, personne ne fait ça). Donc si vous faites ça, vous n’aurez absolument aucune protection en tant qu’acheteur si vous recevez un appareil qui ne fonctionne pas.

Donc voilà, passez simplement par le paiement eBay en cliquant sur le bouton “acheter” et en suivant le processus, la garantie eBay est hyper fiable, j’ai déjà eu l’occasion de la tester plusieurs fois. Même une fois le colis s’est perdu et eBay m’a remboursé directement. Donc il n’y a pas de débat là-dessus, allez-y tranquille.

Notez que quand une annonce affiche “retours non acceptés”, on parle bien de “retours de confort” (vous avez reçu l’appareil, vous l’avez essayé un peu, vous vous dites : en fait j’aime pas trop, j’en veux pas). Ça, vous pouvez le faire pour les achats en ligne chez des vendeurs pro, etc., parce que c’est la loi : vous avez un délai de rétractation de 14 jours (en tout cas en France et dans l’Union européenne), mais sur un particulier qui vend d’occasion, vous ne l’avez pas, de base. Alors, lui peut l’offrir, mais vous ne l’avez pas.

Mais cette absence de retours de confort, ça ne veut PAS dire que vous ne pouvez pas retourner en cas de non-conformité avec l’annonce (par exemple un appareil qui ne marche pas, qui a un impact non visible sur les photos, bref un appareil où il y a un défaut que vous ne pouviez pas connaître avant de l’acheter). Là vous avez le droit de le renvoyer.

Parfois, les vendeurs ne vont pas être OK, vont dire : ah non, moi j’accepte pas les retours, mais en fait ils n’ont pas compris que les retours, c’est uniquement les retours de confort qu’ils n’acceptent pas. Donc les retours pour non-conformité ils sont obligés de les accepter, les conditions eBay sont très claires là-dessus.

Et si jamais le vendeur ne veut pas, vous pouvez tout à fait vous retourner vers eBay qui va gérer le litige et qui va expliquer la vie au vendeur.

3e bonne pratique : même si tout va bien, que l’annonce est bien, que le vendeur est bien, je vous conseille de contacter le vendeur et de poser des questions sur le produit. On y vient tout de suite !

ÉTAPE 3 : POSEZ DES QUESTIONS, FAITES PARLER LE VENDEUR

Quand vous avez trouvé une offre qui vous semble cohérente, contactez le vendeur et posez-lui des questions.

Enfin, d’abord lisez l’annonce et regardez si les réponses n’y sont pas déjà. En tant que vendeur, je peux vous assurer que c’est pénible les gens qui ne savent pas lire et qui posent les questions dont les réponses sont déjà écrites. Y a quand même un minimum de décence à avoir pour ne pas demander aux gens de se répéter.

Mais une fois que vous avez lu et que vous n’avez pas trouvé certaines réponses, eh bien, voici les questions qui peuvent vous aider à vous rassurer sur l’appareil :

1. Depuis combien de temps la personne a cet appareil ? Est-ce le propriétaire original ? Est-ce qu’il a la facture d’achat originale ?
Quelle était l’utilisation principale de l’appareil ? Plutôt photos de famille, de voyages, de paysages ? Est-ce que l’appareil a déjà été réparé, par exemple ? Et la raison de la vente.

Bref, toutes ces questions vont vous donner des infos utiles sur l’état d’usure prévisible de l’appareil – par exemple si le propriétaire a beaucoup voyagé avec, ou si c’était Steve McCurry, il faudra ensuite être particulièrement vigilant à la corrosion sur les parties métalliques, le sable, et les chocs sur le boîtier, ce genre de choses. Ce n’est pas pareil un appareil qui est resté à la maison tranquille ou un appareil qui a voyagé dans le monde entier.

 

2. Demandez également au vendeur une photo à très faible ouverture (genre f/22) du ciel ou d’une page blanche ou d’un mur blanc – l’important c’est que ce soit une surface claire et unie – pour voir l’état du capteur : fermer à f/22 ça va rendre net les poussières et les éventuelles rayures sur le capteur.

Regardez ça tranquillement en détail sur votre ordinateur avec un thé et un carré de chocolat.

Un capteur se nettoie bien sûr, mais s’il est DÉGUEULASSE, ça donne une idée du soin que le propriétaire a pu prendre de son boîtier. Et sachant qu’il y a sans doute d’autres offres… pourquoi prendre le risque ?

Une dernière info importante c’est de demander le nombre de déclenchements de l’appareil.

Je ne vais pas développer beaucoup ici pour éviter de faire trop long, car vous trouverez facilement des infos et des logiciels pour trouver ce nombre de déclenchements.

Mais en deux mots, les appareils photo possèdent un obturateur mécanique avec deux rideaux qui s’ouvrent pour exposer le capteur à la lumière. Cet obturateur est une pièce mécanique et a donc une durée de vie.

C’est important de connaître le nombre de déclenchements pour vous faire une idée de la durée de vie restante de l’appareil. Car remplacer un obturateur peut coûter plusieurs centaines d’euros et donc potentiellement plus cher que le coût de l’appareil d’occasion.

Pour vous donner un ordre de grandeur, la durée de vie estimée d’un obturateur est en général autour de 100 000 déclenchements pour un appareil entrée de gamme, et au-dessus des 150 000 déclenchements pour les modèles semi-pro et pro.

Donc si vous voyez par exemple un reflex Nikon D750 à 70 000 déclenchements, vous savez qu’il est grosso modo à la moitié de sa vie.
Évidemment c’est une estimation, hein, ça ne fait pas tout, c’est comme le nombre de kilomètres d’une voiture.

Mais là encore : si vous avez une autre offre à prix égal avec deux fois moins de déclenchements… pourquoi prendre le risque ? C’est juste une info parmi les autres qui peut peut-être vous décider entre deux annonces. Ça ne doit pas non plus être rédhibitoire.

À noter néanmoins que pour les hybrides, ce paramètre est moins essentiel à connaître, enfin en tout cas moins parlant. Les hybrides ont souvent un obturateur mécanique et un obturateur électronique, ce dernier fonctionnant juste en allumant ou éteignant les pixels grosso modo, et donc il n’y a pas d’usure par des pièces mécaniques en mouvement.

Et donc, apparemment, pour un hybride le nombre de déclenchements mécaniques donnés par un logiciel n’est pas fiable, et le seul moyen d’obtenir le nombre réel de déclenchements est de le renvoyer directement chez le constructeur. Autrement dit, ça ne va pas se passer comme ça.

C’est un détail auquel je n’avais pas fait attention jusqu’ici, mais ce qui m’a mis la puce à l’oreille, c’est que cette donnée n’est pas indiquée sur la plateforme MPB pour les hybrides, alors qu’elle est bien là pour les reflex.

Donc voilà, en toute transparence avec vous, j’ai discuté avec l’équipe technique de MPB qui m’a fait cette réponse. S’il y a des ingénieurs en électronique d’appareils photo dans la salle, merci de vous lever et de nous éclairer de votre savoir en commentaires, si vous en savez plus là-dessus, sur le nombre de déclenchements des hybrides.

Toutes ces questions et la cohérence des réponses ont une autre utilité : faire parler le vendeur.

Au fil des échanges, et selon la cohérence de ses réponses, vous allez très vite vous rendre compte s’il est sérieux et digne de confiance.

C’est très important. En cas de dialogue bizarre où la personne répond à moitié et vous presse pour conclure la vente au plus vite, je vous conseille de couper court tout de suite et de renoncer 😉 À mon sens c’est encore la meilleure façon de vous protéger.

ÉTAPE 4 : PRENEZ LE TEMPS DE TESTER LE MATÉRIEL

Il va ensuite falloir tester l’appareil.

Soit vous avez choisi de rencontrer le vendeur pour l’acheter en mains propres, et dans ce cas vous allez le tester avant d’acheter.

Soit vous avez commandé sur eBay auprès d’un vendeur fiable et avec la garantie des achats eBay, et vous allez le tester après l’achat pour vérifier que vous n’avez pas à faire jouer cette garantie.

Évidemment si vous avez choisi la remise en mains propres, évitez d’arriver avec 1 000 balles en cash dans un coupe-gorge isolé, ça va sans dire. Donc au revoir le parking sous-terrain un soir d’orage, bonjour le parking de centre commercial en plein jour, le jardin public, la grand place de la ville… un lieu un peu passant mais pas bondé (évitons la galerie marchande un samedi après-midi quand même, c’est toujours un peu inconfortable pour échanger des sommes importantes).

Ensuite il va falloir vous détendre, vous concentrer et surtout surtout, prendre votre temps. Pas de précipitations, même si vous avez envie de pas trop retenir le vendeur… Vous allez lâcher plusieurs centaines ou milliers d’euros, vous avez tout à fait le droit de prendre le temps de tout bien vérifier. Passons donc en revue les points à regarder :

• Tout d’abord l’inspection visuelle globale : regardez bien de près et dans tous les sens le boîtier : recherchez surtout les traces de choc, les microfentes qui témoignent que l’appareil est tombé. Ça vous permet de mettre en cohérence l’état réel avec ce que le vendeur vous a dit précédemment. S’il y a un décalage, ne pas hésiter à négocier à la baisse.
Ne soyez pas non plus relou, hein : c’est un boîtier d’occasion, une micromarque sur l’attache trépied ne justifie pas 100 € de réduction, calmez-vous.

• Regardez aussi l’état des connecteurs dans le compartiment à batterie, et sur la monture de l’objectif si c’est un appareil à objectif interchangeable 🙂 Vérifiez qu’il n’y a pas d’usure trop avancée des surfaces ou même de rouille ! (en cas de rouille, c’est non bien sûr)

• Ensuite vous allez tester les boutons, les molettes, les prises et les trappes de batterie et de carte mémoire du boîtier ! Est-ce que la course des boutons et des molettes se fait en douceur, sans rigidité ou justement sans manque de rigidité ? Est-ce que les trappes ferment bien ? Allumez l’appareil et testez l’effet de chaque bouton, chaque molette, ouvrez et fermez chaque trappe.

Je me suis fait avoir une fois sur un petit compact, la molette autour de l’objectif était défectueuse, mais je ne l’avais pas testée en allumant l’appareil donc je suis passé à côté ! N’oubliez pas que le vendeur peut être de bonne foi, mais ne pas vous l’avoir dit car il n’utilise pas ce bouton/cette molette, donc il ne l’a juste pas remarqué. C’est possible aussi, ne lui criez pas dessus non plus, mais bon, c’est un truc qui est aussi important.

• Vérifier aussi que la batterie est en bon état et surtout qu’elle n’a pas gonflé : si vous pouvez l’enlever et la remettre sans forcer c’est bon. 🙂

• Vérifier le capteur, s’il est visible : ouvrez le boîtier et regardez dedans : est-ce qu’il y a du sable, des champignons ou est-ce qu’il est nickel ? Selon le modèle, le capteur sera protégé ou pas, donc faites en sorte de le rendre visible, en relevant le miroir éventuellement si c’est un reflex, et regardez visuellement de côté s’il est propre, regardez-le un peu de profil pour voir si vous voyez quelque chose.
Évidemment, si le capteur est dans un état dégueulasse ou qu’il y a des champignons, c’est rédhibitoire, n’achetez pas cet appareil.

• Mettez un objectif (à vous de préférence, comme ça vous connaissez l’état), fermez à f/22 et photographiez une surface blanche ou claire (le ciel, une feuille blanche) pour revérifier le capteur sur place. Normalement il n’y aura pas de différence avec la photo que le vendeur vous avait fournie, mais on ne sait jamais.

• Vérifiez si l’autofocus de l’appareil fonctionne en ouvrant beaucoup et en faisant la mise au point sur un objet proche. Vous verrez s’il apparaît bien net dans la photo.

• Vérifiez la cellule d’exposition en vous mettant en mode semi-auto (A ou S) et en faisant alternativement une photo du ciel clair, d’un autre endroit plus sombre (par exemple la boîte à gant de votre voiture) puis à nouveau du ciel clair. Ce qu’on veut vérifier ici, c’est si l’appareil fait une mesure fiable et répétable de la luminosité ambiante pour calculer l’exposition. Si la première photo est toute blanche et la troisième toute noire, il y a du souci à se faire.

• Enfin, testez le mode rafale de l’appareil pour voir si ça fonctionne bien.

 

Voilà, je crois que j’ai tout dit. Vous remarquerez que je me suis limité à l’achat d’un appareil d’occasion ici et que je n’ai pas parlé des objectifs, ça faisait trop long pour une seule vidéo, qui est déjà assez dense.

Il faut bien se dire qu’un appareil possède beaucoup d’électronique à l’intérieur, et donc l’état de fonctionnement est à mon sens plus délicat à évaluer que celui d’un objectif. C’est pour ça que je voulais vous parler en priorité des appareils d’occasion dans cette vidéo.
J’espère que ces petits conseils vous seront utiles.

J’ai un petit cadeau pour vous remercier d’être resté jusqu’au bout :
– un modèle en document d’un certificat de vente que j’utilise, à faire signer par le vendeur, que je vous propose de télécharger en cliquant ici
– et une checklist des points à vérifier si vous achetez en main propre

C’est optionnel, mais disons que ça vous permet d’avoir une trace de votre transaction si dans le futur vous voulez revendre l’appareil. En plus, en demandant préalablement le numéro de série à l’acheteur, vous pouvez vérifier qu’il ne s’agit pas d’un appareil volé sur internet.

Sur le site de Chassimages, j’ai trouvé un outil qui vous permet de vérifier ça.

Comme ça ne m’est encore jamais arrivé… Touchons du bois… dites-moi en commentaires si vous connaissez d’autres sites qui permettent de vérifier les numéros de série. Merci à vous.

Si vous avez eu des mésaventures ou au contraire des bonnes surprises lors de l’achat d’occasion, les commentaires sont à vous. Peut-être que vous aurez des choses à rajouter, n’hésitez pas si ça peut aider des gens à ne pas se faire arnaquer 😉

Comme vous le voyez, acheter par vous-même ça nécessite quand même pas mal de boulot et de vérifications, et même avec tout ça, si l’appareil cesse de fonctionner le mois suivant, vous n’aurez aucun recours.

C’est un appareil d’occasion vendu par un particulier, tant pis pour vous si vous êtes mal tombé et qu’un mois après il se met à ne plus fonctionner, alors que quand vous l’avez acheté, tout allait bien. Ce n’est pas la faute du vendeur.

Si vous achetez via MPB, vous avez 6 mois de garantie, et aucune prise de tête. Donc à vous de voir ce que vous préférez, pour le coup, je peux comprendre les deux options, mais je pense que c’est important de les connaître.

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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