En débutant la photographie, l’un des premiers sujets qui nous intéressent souvent est la nature. Paysages mais surtout faune et flore, la nature nous fascine et constitue une ressource intarissable de sujets photographiques exceptionnels. Si vous vous êtes déjà essayés à la photo de fleurs, d’insectes, ou d’oiseaux, avez-vous déjà été déçus par le résultat ? Découvrez le piège dans lequel il est trop facile de tomber lorsqu’on s’intéresse à ce sujet.

Après quelques premiers essais infructueux et quelques critiques de personnes éclairées (ou de soi-même), la première chose qu’on va rechercher en photo naturaliste est d’améliorer la technique. Plus de netteté, mise au point exactement là où on veut, meilleure gestion de la profondeur de champ, et pourquoi pas trépied, objectif macro, etc… Améliorer l’aspect technique est une bonne chose, mais même une photo techniquement bonne peut être décevante.

Je prends l’exemple d’une photo que j’ai réalisée en juin, lors d’une sortie dans ma région à la recherche d’une libellule rare par chez nous, et qui m’a d’ailleurs valu de me retrouver dans la vase jusqu’à la taille 😀 (mais c’est une autre histoire). Bref, au cours de la journée les libellules étaient nombreuses. La lumière un peu dure, mais il faut bien faire avec les conditions météo. J’ai donc pris pas mal de clichés de libellules techniquement bons, parmi lesquels celui-ci :

photo naturaliste documentaire libellule profondeur de champ
Techniquement pas mauvaise, mais il lui manque ce petit quelque chose, non ? (Pour l’info, c’est une femelle de Libellule déprimée 😉 )

Certes, techniquement elle est plutôt bonne. Mais en ce qui me concerne, je trouve qu’il lui manque ce petit supplément d’âme. C’est juste une photo de libellule. Une jolie photo de libellule, à la limite. Si c’était une espèce rare, elle ferait tout au plus l’extase des naturalistes (moi y compris), tout simplement pour sa rareté. Mais c’est tout.

Ce jour-là j’en ai pris quelques autres de bonne qualité, même beaucoup plus près des bestioles. Mais dans tous les cas, je n’étais jamais réellement satisfait du résultat, parce que je ne ressentais aucune émotion en regardant la photo. Et pourtant, je suis un grand admirateur de la nature.

En y réfléchissant, je me suis dit que la photo naturaliste recelait un très grand piège : celui de tomber dans le documentaire. C’est-à-dire la simple représentation de la réalité. Ça peut être un but, et on a besoin de ces photos, notamment comme document pour Wikipédia par exemple. D’ailleurs c’est très honorable, et les excellents photographes documentaires sont rares tant l’exercice est difficile. Seulement, ce que je cherche en photographie, c’est apporter ma propre vision, quelque chose de plus. Que mes images reproduisent mes émotions plus que ce que je vois.

J’ai donc cherché parmi mes photos celles qui me faisaient un petit quelque chose, et j’ai choisi ces deux-là :

photo naturaliste documentaire papillons Gammas jumeaux
Gammas jumeaux
photo naturaliste documentaire fleur plante Anémones pulsatilles
Anémones pulsatilles

A première vue, ces deux photos n’ont pas grand chose en commun, à part leur sujet vivant. Mais je pense que ce qui fait qu’elles sont bonnes (à mon avis), c’est qu’elles apportent quelque chose en plus par rapport au simple cliché d’une fleur ou d’un papillon.

La photo de l’anémone apporte un point de vue assez différent : j’étais couché à terre, presque en contre-plongée, volontairement à contre-jour, et j’ai cherché à mettre en valeur ces fleurs qui ressemblaient un peu à des cheveux de fées.

Les deux papillons, je les ai eus par hasard, vous vous en doutez. Ils font partie d’une série de plusieurs centaines de clichés que j’ai pris pendant environ 1 heure, et quand je les ai vus j’ai déclenché en rafale en essayant de cadrer le mieux possible. J’ai eu la chance d’avoir cette douce lumière rasante qui souligne la fleur et les insectes, alors qu’il était environ 12h.

Vous allez me dire “c’est bien joli, mais ça ne nous dit pas comment sortir de ce piège !”. Et vous avez raison. J’ai moi-même encore du mal à en sortir, mais voici les quelques pistes que je peux vous donner, et que je développerai sans doute par la suite :

  • Connaître ce que vous photographiez. Sans forcément devenir un expert, essayez d’apprendre sur les sujets qui vous intéressent : leur comportement, les meilleures heures pour les photographier, … Saviez-vous que les insectes s’envolent quand on leur fait de l’ombre ? Ou que certaines libellules se posent sur la main si on s’y prend bien ? Avoir quelques connaissances dans le domaine servira autant pour faire de bonnes photos que pour respecter la nature (ne pas s’approcher trop près des nids d’oiseaux pour éviter qu’ils les abandonnent, par exemple)
  • Prendre beaucoup de clichés : Par définition, les animaux sauvages sont imprévisibles. Prendre des rafales et d’une manière générale beaucoup de clichés est souvent le meilleur moyen de s’assurer de capturer la bonne posture, la bonne composition, bref le “moment“. N’ayez pas peur de remplir des cartes mémoires, vous n’aurez souvent qu’un ou deux bons clichés sur plusieurs centaines. C’est normal.
  • Les règles classiques s’appliquent : Ce n’est parce que ce sont des animaux que les règles de la photo ne s’appliquent plus (qu’elles soient d’exposition ou de composition) . Pensez à la règle des tiers, à laisser de l’espace à votre sujet, à faire la mise au point sur l’œil (toujours !), ou à photographier pendant les golden hours. On oublie facilement tout ça dans le feu de l’action, enthousiasmé par une rencontre impromptue, et c’est une erreur.
  • Créez. Cherchez l’originalité. N’ayez pas peur de photographier des sujets qui ne vous attirent pas au premier coup d’œil (des moustiques par exemple). Sortez des sentiers battus. Je me répète peut-être, mais en photo naturaliste peut-être plus qu’ailleurs, c’est extrêmement important !

J’espère que ces conseils vous aideront à mieux mettre en valeur la nature et à créer de belles images ! Si vous en voulez plus sur le sujet, laissez un commentaire, et pensez à vous abonner gratuitement à la newsletter pour être tenu au courant des nouveaux articles.
 
Et n’oubliez pas de partager l’article ! 🙂

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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