Dans cette vidéo, on va voir ensemble les 7 décisions à prendre à la prise de vue, qui vont changer le rendu de vos photos, et faire qu’une image fonctionne… ou non.

Avant de commencer sur ce sujet, un peu de contexte : dans une semaine, je vais ouvrir les inscriptions à une nouvelle formation de David duChemin (oui encore une, vous verrez le rapport avec la précédente, on en reparlera). Je ne vais pas détailler ça maintenant, c’est pas le sujet aujourd’hui, mais je voulais vous en parler à cause de son nom.

En anglais, c’est “ImageWork”. Work ça veut dire “le travail”, ou “travailler”, mais ça veut aussi dire “qui fonctionne”. Au pluriel ça peut même vouloir dire “les oeuvres”.

Autrement dit, il y a beaucoup de façon d’en interpréter le sujet, et notamment :

  • Comment faire des images qui fonctionnent
  • Comment travailler ses images, ou plutôt les construire.

Je préfère ce terme de construire, car comme on va le voir, faire une photographie consciemment, ça se construit, et on peut utiliser différentes briques pour ça.

En fait, on peut utiliser 7 briques à la prise de vue, 7 décisions qui vont changer le rendu de la photo, et faire qu’elle fonctionne ou non. Et 7 autres briques au traitement.

Bon évidemment ce sont des regroupements d’idées pour vous expliquer d’une manière pédagogique qui vous aide à retenir.

J’ai trouvé cette division très pertinente, et quand j’ai vu les vidéos de David je me suis dit “je pense que la majorité des gens ont besoin de ça, et j’aurais ADORÉ entendre ça dès le début de ma pratique photo”. C’est une clef de lecture hyper intéressante.

Cette semaine, je vais donc publier non pas une mais une série de 4 vidéos, pour vous parler de ces 7+7 décisions : aujourd’hui des 7 décisions de prise de vue, et dans quelques jours des 7 décisions de post-traitement. Et ensuite je vous offrirai une leçon complète de la formation pour que vous voyez concrètement comment David applique ça dans la pratique.

Mon but c’est que vous appreniez quelque chose d’utile pour vous, que vous souhaitiez rejoindre la formation à la fin de la semaine ou non.

On va parler de réglages techniques forcément : pas sous l’angle de la technique du tout, mais sous l’angle de l’EFFET que ça provoque sur vos images. Donc même si vous pensez déjà connaître, je vous conseille d’écouter 🙂

Allez, commençons, sans ordre particulier, car TOUTES ces décisions contribuent à la construction d’une image qui fonctionne.

#1 La vitesse d’obturation

La vitesse d’obturation, ou le temps de pose si vous préférez, va influencer la perception du mouvement sur votre image. Evidemment c’est une décision qui peut être lourde de conséquences dans la construction de votre image.

Une vitesse rapide comme par exemple 1/500 ou 1/2000ème de seconde va permettre de figer les mouvements rapides.

Par exemple ici, si je n’avais pas photographié à plus d’1/1000ème de seconde, les oiseaux auraient été flous, et je n’aurais pas pu saisir leur envol du dos du buffle.

Au contraire ici, si j’avais photographié avec une vitesse plus rapide que le 1/8ème de seconde que j’ai choisi, je n’aurais pas eu les passants flous au premier plan, et donc une photo très différente, qui n’aurais pas séparé aussi bien le chien endormi des gens qui passent sans y prêter attention.

Et notez aussi que parfois, ça ne fera AUCUNE différence. Sur une nature morte par exemple, 1/8 ou 1/1000ème n’aura pas d’influence du tout sur la photo finale. C’est le cas sur presque toutes les décisions que vous pouvez prendre d’ailleurs : parfois peu importe.

#2 L’ouverture

Ensuite, l’ouverture que vous allez choisir est une autre brique. Elle va contribuer à flouter plus ou moins les éléments qui ne sont pas situés sur le même plan que l’endroit où vous avez fait la mise au point. C’est-à-dire devant ou derrière ce point.

Si vous choisissez une grande ouverture comme f/1.8 par exemple, ça va souvent avoir comme effet de mettre en valeur votre sujet par rapport à son environnement. Comme ici avec ce pêcheur, on le voit davantage car il est net alors que le fond de l’image est flou.

A l’inverse, une petite ouverture comme f/16 par exemple rendra l’image nette sur toute sa profondeur, plus ou moins quel que soit l’endroit où vous faites la mise au point (sauf à VRAIMENT se foirer). C’est ce que j’ai fait ici pour avoir les rochers au premier plan nets comme l’arrière-plan.

C’est utile quand tout est important sur la photo.

Tout comme le temps de pose, l’ouverture peut aussi n’avoir aucun effet. Par exemple sur cette photo, je suis à f/2.8, mais comme l’image n’est pas très “profonde” (il n’y a pas vraiment d’arrière-plan ou de premier plan, juste un plan), ça suffit largement à avoir tout net.

#3 L’exposition

L’exposition ensuite, c’est simplement à quel point votre image va être sombre ou claire. Evidemment ça va avoir une grosse influence sur le rendu de l’image. Souvent on veut une exposition “normale”, c’est-à-dire qui conserve plus ou moins tout dans les tons moyens sans avoir de hautes lumières complètement blanches, ni d’ombres complètement noires.

Mais parfois on peut vouloir complètement autre chose pour des raisons créatives, ou même être forcé de choisir parce qu’on est en lumière contrastée.

Par exemple ici, la lumière était très contrastée (en pleine journée au Kenya), et si je voulais que le léopard soit visible dans son arbre, je n’avais d’autre choix que de complètement cramer le ciel. Je savais que le noir et blanc permettrait de faire ça sans souci, et donc j’ai exposé pour le léopard, sans me préoccuper de mon appareil qui clignotait dans tous les sens, sa façon de hurler “YA TROP DE LUMIÈRE QU’EST-CE QUE TU FAIS ?”

A l’inverse, sur ces deux photos, j’ai volontairement fait quelque chose d’assez sombre pour conserver l’ambiance nocturne. Techniquement c’était possible de faire des photos beaucoup plus lumineuses bien sûr, mais j’aurais perdu toute l’ambiance.

Pour le coup, c’est une des seules décisions où ça aura TOUJOURS un effet sur la photo. Mais il y a beaucoup de fois où vous n’allez pas faire un autre choix que “avoir une image à peu près bien exposée”.

#4 La mise au point

Ensuite il y a bien sûr la mise au point. On l’a évoquée avant avec l’ouverture : c’est là que l’image sera la plus nette. Si vous choisissez une faible ouverture, donc une grande profondeur de champ, tant que vous ne faites pas la mise au point à 3cm de l’appareil, ça va être une décision quasiment sans importance.

Si votre but est que tout soit net, en général vous choisissez une faible ouverture comme f/16, vous faites la mise au point sur le sujet évident ou juste au tiers inférieur de l’image, et puis basta. Ca suffit.

Si par contre vous choisissez une grande ouverture et donc une faible profondeur de champ, l’endroit de la mise au point est fondamental et change énormément votre photo.

En général, vous allez simplement choisir de faire la mise au point là où vous voulez amener l’attention.

Ces deux photos sont prises avec exactement les mêmes réglages (et notamment à f/2.8), et la décision sur la mise au point met l’accent sur des choses différentes et donne deux photos qui peuvent être interprétées de manière légèrement différentes (aucune n’est vraiment moins bonne ou meilleure en soi).

#5 La longueur focale

La longueur focale de votre objectif va aussi énormément jouer sur le rendu de la photo.

Une focale plutôt large, plutôt grand-angle, va vous permettre d’inclure davantage du décor, et également de pouvoir vous rapprocher au coeur de l’action tout en voyant quand même davantage que 3cm2 de ce qui se passe.

Ici je suis à 24mm, vous voyez qu’on a l’impression d’être par terre avec les chiens qui se chamaillent (parce que c’était mon cas ^^), et qu’ils sont assez grands dans l’image (plus grand que le bateau en train d’être réparé à l’arrière-plan !), car j’ai pu me rapprocher tout en les ayant en entier.

Ici je suis à 50mm, j’ai un rendu assez naturel, on voit que je suis assez proche de la scène sans être DEDANS non plus, mais il reste un peu de perspective qu’on voit sur les lignes des pavés en bas. Mais les différents personnages ont des tailles assez naturelles.

Et enfin ici je suis à 85mm, et vous voyez que ça compresse pas mal les distances. Par exemple l’homme à l’arrière-plan ou même les poubelles en haut à droit ont presque la même taille que les chiens, alors qu’au grand-angle ils auraient été beaucoup plus petits. Heureusement j’ai utilisé la profondeur de champ pour en diminuer la masse visuelle.

#6 La lumière

La lumière n’est pas souvent un choix (sauf si vous travaillez complètement en lumière artificielle), mais malgré tout vous avez une influence dessus. On en avait parlé dans les premières vidéos offertes de la formation Gérer les lumières difficiles : vous pouvez choisir où vous vous placez par rapport à la lumière déjà, ou le moment de la journée.

Ca va changer beaucoup de choses. Par exemple, entre ces deux photos dont je vous avais déjà parlé, il n’y a pas que des différences de composition, mais également une lumière dans le dos sur la première, et une lumière en contre-jour sur la seconde.

#7 Le point de vue

Et enfin, votre point de vue compte aussi. Est-ce que vous allez plutôt vous placer à la hauteur normale de votre oeil ? Plus bas pour être à la hauteur du sujet ? Très bas pour être carrément en contre-plongée ? Ou au contraire trouver un point de vue surélevé pour avoir un angle différent ?

Cette décision va énormément changer votre photo. On l’a vu avant sur celle-ci bien sûr, où ce n’est pas seulement le grand-angle mais aussi le fait que je me sois placé très bas qui est important dans la construction de la photo.

Et plus tôt j’avais fait l’inverse en me plaçant carrément au-dessus !

Ca peut aussi être plus subtil quand on associe des choses à deux distances différentes, comme ici :

La photo est construite sur l’écho entre la forme de la maman guépard et celle de l’arbre mort, qui se répondent. Ce ne serait pas du tout aussi visible si je n’avais pas travaillé mon point de vue pour qu’ils se touchent presque de cette façon. Ici, la différence est de quelques cm plus haut ou plus bas avec mon appareil.

Voilà, ce sont donc les 7 décisions de prise de vue qui vont avoir une grosse influence sur votre image, et donc que vous pouvez utiliser pour construire une image qui fonctionne.

Si pour le moment ça vous semble beaucoup, c’est normal : ici je voulais simplement vous donner les principes, mais dans la leçon offerte de la formation, vous verrez comment David assemble toutes les pièces du puzzle.

Et vous, est-ce que vous avez des exemples de photo où vous pouvez déjà pointer comment l’une de ces 7 décisions a fait que la photo fonctionne ? Mettez-moi ça en commentaire, je suis curieux de les voir ! 🙂

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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