De retour des Rencontres de la Photo d’Arles, je vous parle des expos que j’ai préférées de cet événement incontournable.



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Bonjour à tous, ici Laurent Breillat pour Apprendre la Photo. Et aujourd’hui, je vais vous parler des expos que j’ai préférées dans l’événement photo en France qu’il ne faut pas rater : les Rencontres de la Photo à Arles.

Mais avant ça, petit aparté : le nouveau blog est arrivé ce jeudi 2 août. Ça fait un moment que ça se prépare, comme projet, c’est la troisième version du blog en huit ans d’existence. Je ne change pas trop souvent parce que quand je change, je veux que ce soit durable. Et donc, voilà, la troisième version est arrivée il y a très peu de temps. Ça fonctionne bien.

Si vous ne l’avez pas encore vue, je vous invite à y aller, parce que c’est vachement mieux organisé qu’avant, on a vraiment repensé toute l’ergonomie du blog pour que, à la fois les nouveaux visiteurs puissent s’y retrouver facilement, et que vous, vous puissiez retrouver une info facilement. Je pense notamment au champ de recherche en haut qui est plus en évidence, plus pratique qu’avant avec de meilleurs résultats, etc.

Cet aparté étant fait, c’était donc cette année, comme d’habitude, aux Rencontres d’Arles, puisque c’est vraiment l’événement photo en France, de photos artistiques, énormément d’expos là-bas – je ne sais même pas combien il y en a, mais des dizaines et des dizaines.

J’y suis allé quelques jours pour voir tout ça, parce que comme je vous le dis toujours, c’est super important d’aller se soumettre à de la photo artistique et donc d’aller voir des expos.

Alors, l’année dernière j’avais fait directement une vidéo à Arles sur mon balcon, mais là, il faisait trop chaud, franchement je n’ai pas eu le courage, j’ai préféré faire ça à mon retour à Lille – même si, franchement, il fait tout aussi chaud.

Donc je vais vous parler un petit peu des expos qui m’ont inspiré, dans l’ordre dans lequel je les ai vues, il n’y a pas d’ordre particulier, ce n’est pas un ordre de préférence, c’est juste tout ce qui m’a inspiré à Arles en 2018.

Robert Frank

Et la première, c’est évidemment l’expo Robert Frank.

Robert Frank, c’est un photographe qui est parfaitement légendaire, puisqu’il a produit un livre qui s’appelle Les Américains, et c’est probablement le livre qui est le plus cité par les grands photographes contemporains comme inspiration. Quasiment tous les photographes de rue contemporains citent Les Américains de Robert Frank comme une de leurs inspirations.

Donc, évidemment, c’est un photographe qui n’est pas “manquable” ; il y aura sûrement un épisode d’Incroyables Photographes un jour sur lui. Ce n’est pas le cas pour le moment, mais en tout cas, si ça vous intéresse de voir le livre qui a inspiré autant de photographes, allez-y.

Dedans, il y a 72 photographies en noir et blanc sur à peu près 20 000, car il faut savoir que Robert Frank a passé quatre ans, je crois, aux États-Unis – c’est un photographe suisse – pour documenter un peu ce qu’il voyait de la vie des Américains.

Et il a donc sélectionné seulement 72 photos sur 20 000, donc vous imaginez, grosse sélection, surtout qu’il shootait en argentique à l’époque, évidemment.

Et, en gros, l’idée de l’expo à Arles, c’est un petit peu les faces B, si vous voulez, un peu comme les B sides d’un disque, des “Américains”.

C’est-à-dire que c’est “toutes” les photos qu’il n’a pas sélectionnées, mais il n’était pas loin de les mettre dedans.
Du coup, le niveau est super haut et c’est, très franchement, c’est très intéressant.

Il y a également des planches contact qui permettent de voir un petit peu quelles photos il faisait avant et après celles qu’il a sélectionnées, donc c’est très intéressant, parce que parfois il prend un rouleau, deux rouleaux, trois rouleaux pour une seule photo sélectionnée à la fin, parce qu’il teste plein de points de vue différents. Il ne faut pas oublier que même en argentique on faisait ça.

Et puis il y a aussi des images de jeunesse, ce qui fait que c’est quand même intéressant, parce que du coup vous pouvez voir un peu ce qu’il faisait au début.
C’est vraiment une expo qui est super.

Raymond Depardon

Juste au-dessus, vous avez l’expo avec Raymond Depardon, qui est lui aussi un immense photographe, français celui-ci.
C’est Depardon USA, c’est sur les photos des États-Unis de Depardon.

C’est vraiment une excellente expo. C’est une collection photographique qui est vraiment impressionnante.

Il y en a une en particulier que j’ai vue à la fin, elle est près de la porte, mais on arrive souvent à la fin dessus, avec une statue de Jésus sur une espèce de fond kitch – je vous la montre à l’écran – qui m’a juste scotché.

 

Je suis resté devant 5 minutes pour vraiment bien la retenir.

Ça, c’est à l’espace Van Gogh.

William Wegman

Ensuite il y a une expo que j’ai bien aimée aussi, c’est celle qui fait la couverture des Rencontres d’Arles cette année, avec ce chien dans un décor un peu particulier, c’est l’expo de William Wegman.

C’est assez drôle, il y a un beau travail sur les couleurs, c’est assez minimaliste dans la composition. C’est vraiment un travail de studio très travaillé, etc., avec des chiens.

Et j’ai franchement ri plusieurs fois pendant l’exposition. Donc c’est quand même intéressant à voir, parce que ce n’est pas toujours qu’on rigole dans une expo photo.

Même si ce n’est pas mon photographe préféré du festival, c’est vraiment une expo à voir, et puis ça va vous détendre un petit peu dans votre journée.

Todd Hido

Il y a évidemment l’expo de Todd Hido que ceux qui me suivent savent que j’aime beaucoup.

Il a une petite expo pas loin des arènes. J’aurais préféré en voir plus de celle-ci et peut-être moins d’autres, je ne sais pas, mais Todd Hido, je l’adore tellement que…

 

Il y a quelques portraits pris avec une espèce de lumière d’intérieur très douce. Tod Hiddo dit que ça fait comme les lumières dans les vieilles peintures françaises.

 


C’est beau, c’est doux, il y a une authenticité dedans, il y a quelque chose qui se passe.

 

Il faut aller la voir, c’est très court en plus.

Véronique Ellena

Ensuite, il y a une expo de Véronique Ellena, qui est au musée Réattu. Le musée Réattu, c’est un petit supplément de 3 € par rapport au billet du festival entier.

Et ce qui est intéressant, c’est qu’elle a pris pas mal de photos de la vie quotidienne, mais avec une esthétique et une composition qui sont vraiment travaillées sur des sujets plutôt communs. C’est des gens dans un supermarché, des choses comme ça, donc c’est pas des sujets qui sembleraient très photogéniques, mais en réalité, c’est vraiment très travaillé.

Il y a plusieurs séries, c’est vraiment beaucoup de séries différentes de son travail, c’est vraiment une expo qui est assez profonde, donc je vous conseille d’aller la voir parce que, du coup, ça vous permet de vraiment rentrer dans l’univers d’un artiste avec différents de ses travaux. Un petit peu comme Michael Wolf, l’année dernière.

Du coup, ça permet de voir tout ça. Et il y a vraiment une série qui m’a particulièrement touché, c’est celle qui s’appelle “Invisibles”, c’est sur les sans-abri à Rome – moi, j’ai shooté à Rome et ce n’est pas le sujet que j’ai choisi – et c’est très rare de voir des gens qui font de la photo sur ce sujet-là sans trop mettre de pathos.

J’ai trouvé qu’elle a réussi à faire un contraste entre les sans-abri, ou plutôt leurs traces, souvent, et le côté un peu monumental et historique des bâtiments romains.
C’était vraiment super intéressant.

Le parc des Ateliers

Ensuite, il y a – il faut savoir qu’à Arles, les expos sont réparties un peu dans différentes zones et il y a une zone qui est le parc des Ateliers, qui appartient maintenant plus ou moins totalement à la fondation Luma, qui construit des choses ; il y a une tour en construction là-bas, ils vont faire un étang, un parc, etc., ça va être super.

Pour l’instant, c’est encore plus ou moins le désert, mais il y a beaucoup de trucs sympas là-bas, et pas que de la photo.
Il y a un petit supplément à payer, c’est 10 € pour la fondation Luma et 5 € les Mécaniques générales juste à côté, mais franchement ça les vaut.

D’abord je suis rentré au parc des Ateliers et le premier truc que j’ai vu, c’est une espèce de film de 8 minutes avec des images qui défilent très vite et de la musique un peu stressante. J’étais un peu perplexe, j’avoue, mais par contre, juste après, vraiment, j’ai été assez époustouflé par le reste.

Lily Gavin

D’abord il y a une expo de Lily Gavin, qui a seulement 22 ans, qui est déjà super douée et qui a pris des photos sur le tournage d’un film sur Van Gogh qui s’est fait à Arles.
Il y a des beaux moments de tournage, il y a aussi des portraits qui sont très vrais.
L’expo est juste à l’entrée, elle n’est pas très longue, allez-y.

Pipilotti Rist

Et puis il y a également deux artistes plasticiennes qui m’ont touché.
Là, ce n’est pas de la photo, pour le coup, mais n’allez pas voir que de la photo, justement, ouvrez-vous à d’autres choses aussi.

La première œuvre est une œuvre qui s’appelle Pixel Forest, de Pipilotti Rist.
Je ne vais pas vous décrire parce que ça se vit plutôt que ça se décrit, mais en gros, c’est une forêt de pixels.

C’est assez féérique, en fait, vous rentrez dedans et c’est une espèce de pièce noire avec plein de lumières partout, et c’est un peu à mi-chemin entre la forêt dans Avatar et un cerveau avec des neurones qui se déclencheraient. Enfin, comme on pourrait l’imaginer, car en réalité c’est noir là-dedans, mais la manière dont vous pourriez imaginer ça visuellement.

Il y a une boucle de musique qui dure 16 minutes, de mémoire. Allez dedans, asseyez-vous par terre, et puis profitez de la boucle pendant 16 minutes. Partez un peu dans un autre monde, je pense que c’est aussi ça s’inspirer, c’est savoir se dire : il n’y a pas que de la photo pour s’inspirer, il y a aussi d’autres œuvres qui peuvent peut-être vous mettre dans un état émotionnel, quand vous y repenserez qui pourrait vous aider en photo.

Prune Nourry

Une autre expo de Prune Nourry, qui est une plasticienne que je découvre, qui est assez incroyable. Elle a eu apparemment carte blanche au musée Guimet l’année dernière, donc, bon, ça va, à 33 ans, je crois.

Et elle bosse notamment sur le choix du sexe de l’enfant en Chine et en Inde, où les parents préfèrent avoir des garçons que des filles. Son boulot est vraiment intéressant.

Je vous laisserai découvrir, il y a des trucs un petit peu flippants, très bizarres, mais franchement…

C’est un très bel exemple de comment un artiste peut exprimer une idée avec son art, en l’occurrence de l’art plastique, mais vous pouvez aussi le faire avec de la photo. C’est vraiment un bel exemple d’expression d’idée en œuvre.

Des Sneakers comme Jay-Z

Dans la même zone, il y a l’expo de tout le festival qui m’a le plus ému. C’est l’expo qui s’appelle “Des Sneakers comme Jay-Z”.
En gros, ce sont deux photographes qui sont allés dans un centre Emmaüs en région parisienne qui file des vêtements aux migrants. Et en fait c’est parti d’une discussion avec l’un deux qui disait que lui, il avait envie d’avoir des Sneakers comme Jay-Z.

Et du coup, ils se sont mis à photographier les migrants dans la tenue qu’ils avaient choisie, en leur demandant pourquoi ils l’avaient choisie.

Vous avez toute une galerie de portraits faits dans cet environnement pas toujours sympathique visuellement, mais qui est très très vrai. Leurs petits témoignages qui font quelques lignes, souvent, sont vraiment super émouvants.

Et juste leur parcours et la manière dont ils parlent d’eux, dont ils parlent de leur vie, et de leurs envies de vêtements, parce qu’ils veulent s’habiller de telle ou telle manière pour certaines raisons, parce que, mine de rien, la tenue ça compte dans l’impression que les gens ont de vous.
C’est vraiment émouvant et tout le monde devrait sans doute aller voir ça, je pense que ça rendrait pas mal de gens un peu plus tolérants.

The Train

Il y a aussi une expo vraiment sympa qui s’appelle “The Train”, qui parle du train funéraire de Robert Kennedy ; quand il s’est fait assassiner, il y a un train funéraire qui a traversé une petite partie des États-Unis.

La manière dont le sujet a été traité photographiquement à l’époque est assez intéressante. Donc je vous conseille d’aller la voir, c’est à côté, ce n’est pas non plus très très long.

Jane Evelyn Atwood

Et puis, ensuite, dernière petite partie de la ville, c’est un peu à l’est, vous verrez sur la carte c’est en violet, il y a plusieurs trucs qui m’ont vraiment parlé.

D’abord, il y a une expo sur Jane Evelyn Atwood, qui est une très grande photographe, dont je parlerai sûrement sur la chaîne un jour, elle est sur la liste en tout cas.

Les lauréats du prix Pictet

Il y a également une expo du prix Pictet, qui est un prix très sélectif puisqu’on ne peut pas y candidater, il faut qu’on soit sélectionné par les gens qui s’en occupent.

Du coup, malheureusement, il n’y a que quelques photos de chaque photographe, mais ça permet vraiment d’avoir un aperçu de leur œuvre et, éventuellement, d’aller en rechercher plus si ça vous intéresse.

Arles, le temps d’une immersion

Et puis également il y a une partie, aussi dans ce coin de la ville, qui s’appelle “Arles, le temps d’une immersion”, où vous avez des photos de stagiaires qui ont bossé à Arles. Ce sont de jeunes photographes qui ont produit ce travail sur un temps assez court, en général, et il y a des choses très jolies.
Mention spéciale à Sophie Margue, c’était plein de douceur, c’est un joli petit boulot.

 

Donc, voilà, il y a plein de choses vraiment super à Arles, cette année.
Si je n’ai pas cité certaines expos, c’est parce que, moi, elles ne m’ont pas touché particulièrement, ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas aller les voir.

Ce que je vous conseille vraiment, c’est d’y aller deux ou trois jours et de tout faire. Le pass pour les deux ou trois jours n’est pas extrêmement cher puisqu’il est à, je crois, 35 € si vous le prenez en ligne. Prenez-le en ligne plutôt qu’en boutique, c’est 5 € de moins.

Et je vous conseille également très très fortement d’utiliser l’application Arles 2018. Vous allez sur l’Apple Store ou sur le Google Play Store pour la chercher.

Et c’est vraiment super, parce que vous avez dessus la carte, vous pouvez cliquer sur les différents points pour voir les différentes expos, vous pouvez faire votre propre parcours. Il y a vraiment pas mal de trucs très sympas, c’est super pratique pour s’orienter dans la ville, surtout si vous ne connaissez pas.

Allez-y, ils ont vraiment fait un super boulot. Vous pouvez même avoir votre billet directement dans l’application, et puis voir les expositions, vous voyez les différentes expos et on clique dessus et là vous pouvez voir une petite description, quelques photos pour peut-être vous décider si vous avez envie d’y aller ou pas.

Vous avez quelques petites infos qui sont vraiment sympas, c’est très très bien foutu, et vous pouvez cocher, je pense, l’exposition une fois que vous l’avez faite, en plus ça peut vous aider à vous organiser.

Voilà, cette vidéo était peut-être un chouïa longue, mais il fallait que je vous parle de tous ces artistes.
Donc, je ne ferai pas de vidéo dans les expos comme je l’ai fait l’année dernière, parce que ça prenait trop de temps cette année et qu’en ce moment j’ai plein de choses à faire, notamment remettre à jour tout le contenu du blog.

Mais, je me servirai un peu de ce que j’ai vu pour vous faire des épisodes d’Incroyables Photographes dans le futur, donc je pense que vos aurez droit à Robert Franck, vous aurez droit à Raymond Depardon, vous aurez droit à Jane Evelyn Atwood, à Todd Hido, sans doute, donc ça fait déjà au moins quatre photographes desquels je vais pouvoir m’inspirer pour faire de prochaines vidéos, donc, évidemment, ce n’est pas perdu.

Voilà, donc je vous encourage à aller à Arles avant la fin du mois d’août, si possible. Il y a encore des expos en septembre, mais certaines ferment fin août, donc regardez s’il y en a que vous ne voulez pas rater, regardez sur le site du festival (je vous mets le lien en dessous).

Et puis voilà, n’hésitez pas à me dire dans les commentaires ce que vous, vous avez pensé des expositions, s’il y en a une que je n’ai pas citée et que vous avez aimée, si vous n’avez pas aimé un truc que j’ai cité et que vous voudriez bien des explications, n’hésitez pas à engager la discussion.

Et puis je vous dis à plus dans la prochaine vidéo, et d’ici là à bientôt, et bonnes photos !

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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