En été 2014, je suis parti faire un road trip de 5 semaines au Royaume-Uni et en Irlande ; j’aurais dû revenir avec plein de photos magnifiques, mais ça s’est passé un peu différemment.



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Bonjour à tous, ici Laurent Breillat pour Apprendre la Photo, et bienvenue dans cette vidéo où je vais vous parler de ce que je considère comme l’un de mes échecs photographiques.

En été 2014, je suis parti faire un road trip de 5 semaines au Royaume-Uni et en Irlande. Cinq semaines sur la route à découvrir des paysages magnifiques et des villes vibrantes.

Pour vous donner une idée, nous sommes passés par : Londres, Oxford, les Cornouailles et le Parc National du Dartmoor, St Ives, Bristol, Bath, Cardiff, le Pembrokeshire Coast National Park, Snowdonia National Park (qui est HYPER beau, on dirait la Nouvelle-Zélande et c’est à 4 heures de Londres, je ne sais pas pourquoi personne n’y va), Liverpool, Manchester, le Peak District National Park, York, le Lake District National Park, Edimbourg, le Cairngorns National Park, Inverness, la fuckin Île de Skye (même s’il y avait une fin d’ouragan dessus et donc on n’a littéralement RIEN vu), Glasgow, Belfast, la Chaussée des Géants, le Connemara [TERRES ! BRULÉES !], Galway, les falaises du Moher, la péninsule de Dingle en MG B, Killarney, Cork, et enfin Dublin !

Eh oui, tout ça ! Donc avec ça, j’aurais dû revenir avec plein de photos magnifiques, non ?

Eh bien, ça s’est passé un peu différemment, mais je vais y revenir.

Pour ce voyage, j’étais parti avec tout l’attirail que vous conseillent plus ou moins directement tous les youtubeurs qui font de la photo de voyage : appareil avec plusieurs objectifs, trépied, filtres à densité neutre et filtres gradués, etc. Heureusement, j’étais déjà passé à l’hybride à l’époque, et puis comme c’était un road trip, ça ne pesait pas trop sur les épaules.

Mais j’ai fait plusieurs erreurs qui font que le résultat n’en a été que plus frustrant.

La première, c’est qu’un voyage et un voyage photo, c’est différent.
Quand je suis parti en voyage seul dans l’unique but de faire des photos, j’ai toujours ramené des résultats qui me satisfaisaient à l’époque.
Ça a pu être le cas quand je suis allé à New York par exemple (même si aujourd’hui ce n’est plus trop ce que j’aime, je suis rentré content à l’époque), et évidemment lors de mes voyages à Venise, Rome ou Varanasi avec David DuChemin pour créer les séries que je vous ai présentées précédemment, et qui constituent toujours aujourd’hui mon meilleur travail photographique selon moi.

Donc dans un voyage photo, vous partez, et votre but, c’est de faire des photos. Vous le savez, je vous encourage à réaliser une série créative, et j’ai même édité en français Regard Nomade, la formation de David qui vous enseigne comment faire.

Mais c’est aussi valable si vous faites des photos de voyage plus “classiques”. Votre but est la photo, et du coup vous vous organisez librement autour de ça. Vos lieux de voyage, le temps que vous restez quelque part, et même votre emploi du temps de la journée peuvent être influencés par la photographie, pour choper la bonne lumière ou la bonne météo par exemple (et quand je dis “bonne”, je veux dire “souhaitée” : la pluie, c’est bien aussi).

Au Kenya par exemple, nous partons tous les matins avant le lever du soleil, puis nous rentrons vers 11 h, et repartons vers 16 h pour une deuxième sortie. Ça nous permet d’être dehors aux heures les moins chaudes, où les animaux sont le plus actifs et où la lumière est meilleure. Et le milieu de la journée, bah, on fait la sieste. 😀

Évidemment, faire un voyage POUR la photo, ça crée toutes les conditions pour obtenir les images dont vous rêvez, et il ne reste plus qu’à bosser, au final. Ça peut même stimuler votre créativité comme vous ne l’imaginiez pas, car vous pourriez atteindre un état de flow créatif. Le fait de photographier tout le temps, vous allez devenir plus créatif, vous allez voir de nouvelles choses, parce que vous allez être vraiment dedans.

Un voyage pas photo, par contre, c’est fait pour profiter. Profiter dépend beaucoup des personnes, évidemment. Certains vont vouloir voir le maximum de choses possibles, d’autres rester longtemps au même endroit pour avoir un petit goût de ce que c’est que d’y VIVRE, d’autres passer beaucoup de temps sur la route dans des paysages magnifiques, d’autres faire de la randonnée, etc. Ce sont les goûts de chacun. Mais le but premier d’un voyage “tout court”, c’est de profiter.

Et ça, ça ne se marie pas toujours très bien avec la photo. D’autant plus si vous n’êtes pas tout seul. À la limite, tout seul, vous pouvez facilement vous faire 3 jours de rando où la photo est accessoire, et 3 jours de photo de rue dans la ville suivante où c’est votre objectif principal et vous ne faites pratiquement rien d’autre. Vous compartimentez, en gros.

Mais la plupart d’entre nous ne faisons pas des voyages “tout court” seuls. Et même avec quelqu’un de très compréhensif, si vous êtes un être humain un minimum décent, vous allez chercher à ne pas trop emmerder l’autre en passant 30 minutes sur une pose longue de paysage, toutes les… 30 minutes.

Et l’erreur que j’ai faite, c’est que j’ai voulu faire les deux en même temps. J’ai voulu faire un voyage tout court et un voyage photo. Sauf que ce n’est pas possible. Et le résultat, c’est qu’on finit forcément frustré. Moi j’étais frustré parce que je me retenais toujours un peu pour ne pas trop saouler ma copine de l’époque. Et elle était frustrée parce que… je la saoulais.

Parce qu’il faut bien le dire : faire de la photo de paysage à la mode de ce que vous voyez sur YouTube, en passant 20 minutes à faire un cliché parce qu’il faut installer l’appareil, le trépied, les filtres, et puis au final attendre la bonne lumière, c’est hyper long, et c’est potentiellement un peu chiant pour l’autre, qui vous attend, parfois dans le froid ou au contraire dans la chaleur.

Et ensuite, j’ai fait une seconde erreur, c’est que je n’avais aucun focus sur les photos de ce voyage, pas vraiment de fil rouge (ça ne veut pas dire qu’elles étaient floues). Enfin, il y avait quand même beaucoup de photo de paysage et de pose longue, pour une raison qui m’échappe un peu aujourd’hui 🤷‍♂‍, mais il n’y avait aucune raison derrière, aucun message, aucun propos.

Et qu’est-ce que ça a provoqué chez moi ? Eh bien, simplement une immense lassitude quand on revient à la maison et qu’il faut éditer toutes ces photos. J’ai fait 1 029 photos en Irlande, ce qui n’est pas si énorme (en même temps, si je fais 2 minutes de pose à chaque fois, ça fait long :P), et au final je n’ai passé du temps sur l’éditing et la retouche que de quelques-unes, qui en plus aujourd’hui ne me parlent plus du tout…

Tout ça pour ça ! Et pourquoi ? Parce que ces photos n’avaient rien de personnel, et ça m’a juste ennuyé. C’était plutôt un travail qu’autre chose, au final, de les éditer.

Notez que lors de mes séries dont j’ai déjà parlé sur la chaîne, j’ai souvent fait environ 8 000 photos sur une semaine, et pourtant j’ai fait un éditing sans trop de souci ensuite, sans que ce soit pénible ni difficile. Parce qu’il y avait un objectif précis.

Et peu après ce voyage, j’ai acheté la formation The Created Image de David DuChemin (qui existe en français sous le nom de Révélez votre Âme de Photographe), et après une expo de Nick Brandt à Stockholm l’été suivant, j’ai redécouvert ce qui m’avait amené à la photo à la base, et j’ai pris mon premier safari avec David. La suite, vous la connaissez…

C’est comme ça que j’ai trouvé un nouveau souffle dans ma pratique photo, en allant vers plus de personnalité, de créativité, et en enrichissant constamment ma culture pour me laisser porter par le souffle des grands artistes photographes qui nous ont précédés.

Voilà, je me suis rappelé de cette expérience il y a peu en revenant dans mes photos, et je voulais vous la partager, car je trouve ça important de vous parler également de mes mauvaises expériences photographiques, de mes échecs ou tout au moins mes frustrations, mes hésitations, etc.

Surtout que je suis sûr que parmi vous, il y en a qui ont ressenti des choses similaires par le passé, peut-être même aujourd’hui. Et peut-être que vous vous dites que vous n’êtes pas normal, que vous devriez adorer faire ce que vous faites en photo, et en fait, peut-être que, simplement, vous rencontrez une frustration très similaire à la mienne à l’époque, qui est que faire des photos pas très personnelles, au bout d’un moment, ça vous ennuie.

Partagez vos expériences dans les commentaires, je suis très intéressé de savoir s’il y en a qui ressentent la même chose, certains qui ont trouvé des solutions différentes pour faire face à ce genre de dilemme, ou si au contraire vous n’avez rien compris à ce que je racontais et vous adorez faire ce que vous faites actuellement, vous n’avez pas ressenti ça pour l’instant (peut-être que vous ne le ressentirez jamais),je suis intéressé d’avoir vos expériences.

Si vous avez aimé cette vidéo, pensez à lui mettre un pouce bleu, la partager vos réseaux, et si vous découvrez la chaîne avec cette vidéo, à vous abonner pour ne pas rater les prochaines, et à télécharger votre guide gratuit dont je vous mets le lien là juste autour 🙂

Je vous dis à plus dans la prochaine vidéo, et d’ici là à bientôt, et bonnes photos !

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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