Vous êtes déjà demandé comment photographier un sujet en mouvement, que ce soit pour le figer ou au contraire pour créer un effet de mouvement ? En effet, il est souvent bien plus difficile de travailler avec ce type de sujet qu’avec un sujet fixe bien sage, qui laisse tout le temps de composer son image et de régler son appareil. Voyons donc ensemble comment relever ce défi.

Avant d’en arriver aux façons de traiter un sujet en mouvement, faisons le point sur les connaissances à avoir en tête, et ce à quoi vous devez penser. Pas de panique, rien de trop compliqué 😉

Maîtriser la vitesse d’obturation

Indispensable prérequis pour créer des effets de mouvements dans une photo. Je ne fais pas vous refaire tout le topo là-dessus, car j’ai déjà écrit un article sur la vitesse d’obturation. Si vous n’êtes pas au point sur ce sujet, pensez à le lire ou le relire avant de continuer, c’est une base qu’il faut maîtriser pour bien comprendre cet article.

Mais bref, vous avez compris que notre principale préoccupation pour photographier un sujet en mouvement, ce serait la vitesse d’obturation, puisqu’elle influence la manière dont est perçu le mouvement. Nous reviendrons sur les manières dont on peut l’utiliser.

Soyez prêts à tout moment

En photo, un mouvement peut être rapide 🙂 On va parler un peu plus de technique juste après, mais cet article serait incomplet si je ne mettais pas l’accent sur un point : être prêt à tout moment. Tout dépend si vous faites de la photo de sport ou de la photo animalière, mais dans tous les cas, un sujet en mouvement, ça bouge (admirez mon intelligence supérieure :D).

Et donc, par définition, vous n’aurez pas le temps d’y penser à plusieurs fois. Ce qui signifie qu’il faut être prêt à déclencher à tout moment. Ce qui inclut notamment :

  • d’avoir l’appareil prêt : sans cache d’objectif, allumé, et pré-réglé pour la situation de lumière actuelle (ou la plus probable)
  • d’être attentif
  • d’être concentré
  • et on y pense moins souvent : d’observer attentivement son environnement afin d’avoir 1 ou 2 compositions en tête à tout moment. Et oui : si vous êtes assez vifs pour réagir au bon moment, mais que votre photo est mal cadrée ou mal composée, ça fait toujours un mauvais cliché 😉

Définissez la photo que vous souhaitez

Le préalable indispensable pour un effet de mouvement, c’est de savoir ce que vous voulez obtenir comme cliché :

  • un sujet bien net, où le mouvement est figé ?
  • un environnement net mais un sujet légèrement ou fortement flou pour mettre en valeur son mouvement ? (ça peut également être une partie d’un sujet flou, comme les bras d’un batteur par exemple 😉 )
  • un sujet net, mais un environnement avec un flou “directionnel”, selon la technique plus difficile du filé (si vous ne savez pas ce que c’est, je l’explique plus bas, pas de panique 😉 )

Augmentez la vitesse d’obturation pour un sujet bien net

photo mouvement
Ici, les deux oiseaux qui décollent du gnou sont très rapides ! Il m’a fallu une vitesse de 1/1250 pour figer leur mouvement en plein vol.

Vous l’aurez donc compris : plus votre sujet ira vite, plus il faudra augmenter la vitesse d’obturation pour figer son mouvement. Là encore, ça paraît assez intuitif.

Il faut savoir qu’il y a deux paramètres qui vont déterminer si le mouvement de votre sujet va être figé sur l’image ou non : la vitesse d’obturation comme on l’a dit, mais aussi (et on y pense moins) la vitesse à laquelle le sujet se déplace. Je m’explique.

Plus vous allez augmenter votre vitesse d’obturation (c’est-à-dire diminuer le temps de pose), moins votre sujet aura le temps de bouger pendant que votre appareil prend la photo. Et donc, plus vous aurez de chance de figer le mouvement.

Seulement voilà : vous vous doutez bien que pendant le même laps de temps (mettons 1/200ème de seconde), une formule 1 à pleine vitesse parcourt une distance plus importante qu’un sprinter (oui, même Usain Bolt ou Kylian Mbappé 😉 ). Donc si la distance parcourue est plus importante, il y a plus de chance que la formule 1 bouge sensiblement pendant ce laps de temps. Ça paraît assez intuitif.

Ce taxi est déjà bien flou à 1/40ème, alors que de nombreux sujets auraient été nets.

J’entends déjà votre question : et comment on sait quelle vitesse est nécessaire pour saisir Usain Bolt ou une formule 1 ? Et bien il n’y a pas de réponse simple. Il doit bien exister des calculs physiques complexes, mais soyons honnête, on s’en fout 😀

Le seul moyen de déterminer ça, c’est en essayant, et ça viendra de plus en plus intuitivement grâce à l’expérience. Essayez, et si c’est flou, essayez plus rapide la prochaine fois.

Comment faire concrètement ? Le plus simple est de régler votre boitier en mode priorité à la vitesse (Tv ou S), de sélectionner une vitesse qui vous paraît suffisante (en général au minimum plus rapide que 1/100ème, sauf si vous photographiez un escargot :P).

Astuce bonus : réglez votre autofocus en continu ! Parce que figer le mouvement c’est bien, mais votre sujet peut également être flou parce que la mise au point est mal faite.
(Pour en savoir plus, vous pouvez lire mon article sur l’autotofocus)

Flouter le sujet et mettre en valeur le mouvement

photo mouvement flou du sujet
Vous voyez le cycliste au premier plan ? Il est flou, et si vous regardez bien vous verrez des traînées dans le sens de son mouvement : c’est le flou de mouvement du sujet !
Ce qui m’a permis de réaliser cet effet, c’est une vitesse de seulement 1/25 (j’ai du être bien stable pour que l’arrière-plan reste net, et la stabilisation a aidé).

C’est exactement le même principe que pour le point précédent, mais appliqué à l’envers. Il va falloir baisser votre vitesse d’obturation afin de capter le mouvement du sujet. Plus vous la baisserez, et plus le mouvement de celui-ci sera rapide, plus vous capterez une grande partie du mouvement, et donc plus l’effet sera fort.

C’est une autre façon de mettre en valeur un mouvement : un environnement net (arrière-plan et avant-plan), mais un sujet en partie ou totalement flou. Mais pas un flou tout moche comme si vous aviez foiré votre mise au point, ou comme si vous aviez trop bu. Un flou avec de jolies trainées qui montrent bien l’amplitude et la direction du mouvement de votre sujet.

flou de bouge vitesse d'obturation
Cette (très vieille) photo toute moche est prise à 1/5s : la vitesse est insuffisante et mon mouvement se voit sur l’image. C’est du flou de bougé, on ne voit rien, bref : on veut éviter ça.

Cela dit, il faut faire attention à ne pas trop ralentir la vitesse, sous peine de flou de bougé. Voilà donc la méthode que je vous propose :

  • réglez la vitesse au minimum nécessaire pour avoir un environnement net. Ce n’est pas forcément évident à déterminer, donc lisez l’article sur le coefficient de conversion pour bien comprendre).
  • Vous pouvez la diminuer de  1 ou 2 crans si votre objectif est stabilisé
  • Prenez garde à être le plus stable possible

Si lorsque vous déclenchez, votre sujet n’est pas assez flou, c’est qu’il ne bouge pas assez vite. Vous pouvez attendre qu’il bouge plus vite, ou alors diminuer la vitesse. Mais dans ce cas, vous risquez fortement un flou de bougé. Songez donc à vous stabiliser encore plus (en vous appuyant contre un mur par exemple), voire à utiliser un trépied.

S’entraîner au filé : technique avancée mais du plus bel effet

Le filé est une technique photo pour mettre en valeur le mouvement. Quand je dis technique avancée, ça ne veut pas dire qu’elle est incompréhensible du débutant (bien au contraire), mais simplement qu’elle nécessite une certaine habileté, et surtout beaucoup d’entraînement.

Pour faire simple, l’idée de la technique du fond filé est la même qu’au point précédent, sauf qu’à la place de flouter le sujet, on va flouter le fond. Vous allez me dire que le fond ne bouge pas. Certes, mais vous, vous pouvez. Je vais essayer d’expliquer l’idée par écrit, ce qui n’est pas forcément évident.
Le principe est d’utiliser une vitesse d’obturation relativement faible. Pendant le temps de la prise de vue, vous allez suivre votre sujet avec votre appareil, à la même vitesse que lui. C’est-à-dire que le sujet sera net, mais le fond flou (avec des traînées, d’où le nom de fond filé), car il aura bougé par rapport à vous.

C’est un peu comme le Soleil par rapport à la Terre : on a l’impression qu’il bouge, mais en fait c’est nous qui bougeons par rapport à lui (si si, je vous assure ! :D)

C’est une technique difficile à maîtriser car il faut bouger à la même vitesse que votre sujet bouge dans le viseur (non, vous n’êtes pas obligés d’aller à 300km/h pour photographier une formule 1 :P), mais tout en restant assez stable pour qu’il n’y ait pas de flou de bougé (ou tout au moins, pas ailleurs que sur le fond).
Je ne maîtrise pas moi-même cette technique, principalement parce que je n’ai jamais essayé, n’en ayant pas particulièrement l’utilité dans ce que je fais comme photos. Cela dit, il apparaît que la meilleure méthode est de commencer à suivre votre sujet avec l’appareil avant de prendre le cliché, ce qui vous fait prendre le bon rythme, et de déclencher quand vous le souhaitez sans arrêter ce mouvement. L’utilisation d’un monopode peut vous aider, mais il est possible de le faire à main levée.

Comme vous vous en doutez, c’est une technique qui demande de l’entraînement pour être maitrisée, mais qui est du plus bel effet. Et un article sur les sujets en mouvements sans parler de filé aurait été incomplet 😉

Voilà, j’espère que les différentes manières de gérer un sujet en mouvement sont maintenant plus claires, et que vous saurez utiliser ces connaissances pour être créatifs la prochaine fois que vous chercherez à saisir ou à mettre en valeur un mouvement. Laissez un commentaire si vous avez une question ou quelque chose à rajouter !

Si vous lisez cet article, c’est peut-être que vous pratiquez la photo de rue (avec des gens qui bougent 🙂 ), alors laissez-moi vous informer que j’ai co-créé la formation Oser la Photo de Rue avec Philippe Blayo, où on décortique cette discipline dans le moindre détail, ce qui vous fera gagner un temps fou dans votre progression.


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Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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