Un beau jour de fin de printemps, je sors avec mon appareil dans l’intention de faire des photos de ma chère ville. Histoire d’une séance photo qui s’avérera décevante, et décryptage.
Lille est une belle ville, riche en magnifiques bâtiments de style flamand, riche en histoire, aux quartiers diversifiés, riche en petites rues pleines de charme. Petites rues qu’il est bon de parcourir avec Summertime dans les oreilles, chanson qui, portée par la voix de Janis Joplin, fait battre le cœur un peu plus vite, même quand ce n’est pas encore l’été 😉
Je me perds en envolées lyriques, mais tout ça pour dire que Lille a du potentiel photographique. Dans mon apprentissage de la photo, je me suis donc dit qu’il serait intéressant de profiter de ma connaissance de la ville pour faire des clichés qui valent le coup. A Lille, je connais un coin (qui restera secret) où l’on peut contempler la plupart des grands bâtiments du centre-ville, d’en haut, et à 360°. C’est un petit bout de paradis au beau milieu de la jungle urbaine, et c’est probablement le meilleur lieu pour faire des photos de la ville.
C’est tout naturellement que j’ai commencé par là. Et voilà ce que ça donne :
Comme vous pouvez le voir, rien d’exceptionnel. Des clichés d’un point de vue assez original, pas moches, mais des clichés d’une banalité affligeante, je dois bien l’avouer. Alors pourquoi ces clichés sont-ils relativement (voire vraiment) mauvais ?
Et bien je suis tombé dans ce que j’appelle le piège de la photo carte postale : c’est typiquement comme ça qu’on cadrerait des photos pour les mettre sur des cartes postales (je ne dis pas qu’elles sont de la même qualité hein ^^). Ce sont des clichés un peu clichés si vous préférez 😉 Le problème, c’est que ce sont les photos que tout le monde fait. Aucune originalité, aucune recherche. Et croyez-moi, on tombe facilement dans ce piège pour des photos de lieux touristiques.
Que photographient les gens en arrivant à Chamonix ? Le Mont Blanc. Alors ok c’est le plus haut sommet d’Europe, tout ça, mais franchement il ne paye pas de mine, en tout cas vu depuis Chamonix. J’irai même jusqu’à dire qu’il ne ressemble à rien à côté de ses copains qui ont l’air plus grands que lui d’ailleurs 😀 Et je suis sûr qu’il y a de bien meilleures photos à faire à Chamonix, mais sûrement d’autre chose que du Mont Blanc.
Et je pense qu’on peut en extraire une règle générale : faites une photo que les gens ne font pas.
J’ai fini par y penser lors de cette journée, ce qui a donné les 2 seuls clichés acceptables de la journée :
Après tout ça, vous allez sans doute me dire deux choses :
- Il existe quand même de bonnes photos de monuments naturels ou humains très connus malgré tout. La Tour Eiffel, le Sacré Coeur, ou le Mont Blanc, tous ont été photographiés de façon magistrale à un moment ou un autre, entre des millions de mauvaises photos.
- Pourquoi les 2 meilleurs clichés de cette séance sont-ils tout juste acceptables alors qu’ils exposent un point de vue original de la ville ?
Et bien on peut répondre à ces deux réflexions par la même chose. Mais nous verrons ça dans un prochain article où je vous parlerai des “golden hours” 😉
Est-ce que vous êtes déjà tombé dans ce piège vous aussi ? Comment en êtes-vous sortis ? Laissez un commentaire pour nous faire part de votre expérience !
Et n’oubliez pas de partager l’article ! 🙂
Bonjour,
Je viens de découvrir votre blog que je trouve très sympa, vous avez un style très agréable à lire et j’aime l’idée que l’on apprenne en même temps que vous 😉
Etant une photographe passionnée également, il m’est arrivé souvent de prendre des vues générales d’un monument de la ville et de les trouver ennuyantes par-après, c’est pourquoi j’essaie de toujours mettre un élément au premier plan ou de ne pas photographier le monument complet, mais une partie, un détail intéressant afin de ne pas tout dévoiler en une seule fois 🙂
Merci pour tous vos conseils, je continue à vous lire 😉
Lynpixx
Oui ça m’est arrivée, quand je suis partie en Italie! C’était mon premier voyage, et je me suis vite rendue compte ue ce n’était pas facile de faire des photos originales! ( D’autant plus que je n’aime pas trop la photo de batiment!) et j’ai donc vite été déçue!
Mais en visitant les églises baroques de Rome, j’ai vite pu m’adapter! Mes photos ont vu un nouveau jour et j’était satisfaite 🙂
Merci Laurent pour cet article et toutes les réactions qu’il a suscitées.
Passionné par les monuments anciens et les ambiances d’époque, je tente depuis des années de “capter” ce supplément d’âme que l’on ressent dans des demeures utilisées depuis plusieurs générations. A l’intérieur et à l’extérieur. Pas de simples photos d’architecture (comme les appelle Tristan), ni des clichés de vacances style “visite culturelle”. Je rêve de faire des photos “habitées”.
Malheureusement, je me retrouve la plupart du temps avec des clichés en deux dimensions, aux lumières ternes, sans émotion, sans profondeur humaine… Parfois, il m’arrive de récolter des photos magiques, lorsque les bonnes conditions sont réunies. Quand je suis parvenu à saisir les détails expressifs, les plans qui entrent en dialogue, les reflets qui font vivre les sources de lumière, les teintes chaudes des éclairages nocturnes, les matériaux bruts en gros plan.
J’ai acheté récemment une petite torche à leds à intensité variable (+ réglage de la température de couleur) qui m’aide beaucoup à adoucir les ombres ou à mettre en évidence un élément signifiant. Il me reste à apprendre à utiliser davantage mon trépied…
Merci pour tous tes conseils !
Hé ! J’étais là ce midi ! Justement pour tester mes réglages ! Je ne trahirai pas le secret, ce petit coin est trop parfait 😉 Tu avais un ciel bleu, c’est mieux. Moi pas… Je crois que je vais aller lire ton article sur comment prendre des photos sous la pluie !!
et puis dans les “cartes postales” il y a celles que l’on déchire et celle que l’on garde…sans vraiment savoir pourquoi.
Bonjour à tous,
Merci, Laurent, pour ce sujet intéressant. Il ne faut cependant pas jeter la photo souvenir à la poubelle sous prétexte qu’elle n’a pas de valeur artistique. Comme son nom l’indique, elle sert à activer les souvenirs quand on la regarde, et elle le fait très bien même si elle est banale. Dans ce cas, elle ne parle le plus souvent qu’à ceux qui étaient présents lors du clic. La photo de tata Paulette faisant la grimace ou du cousin Bertrand posant fièrement dans son jardin restera généralement généralement dans l’album de famille et ne sera proposée qu’au regard des proches qui sauront l’apprécier dans sa banalité.
Mais rien n’interdit de se faire plaisir en réalisant des photos souvenir de bonne qualité, bien exposées et agréables à regarder. Et ça, ça vaut sans doute le coup d’apprendre à photographier !
revenant de Paris, c’est le piège dans lequel je suis tombée, pourtant j’avais bien en tête des conseils comme ceux cités par Tristan mais devant le fait accompli, devant gérer les réglages, la foule de touristes, parfois le manque de recul,… ben j’ai pas fait grand chose de terrible
Quand j’étais sur Paris j’ai aussi pris des choses sous un angle banal alors j’ai essayé de trouvé autre chose, je me suis centré sur autre chose en premier plan laissant la Tour Eiffel dans un flou à l’horizon, ou des bâtiments vu d’en bas. 🙂 (Mais il reste tout de même des photos ”carte postale”)
Ce que tu appelles la “photo carte postale” , quand on est en vacances quelque part, et qu’on est photographe amateur, on en fait tous je pense.
Justement, on est en vacances, on est pas parti UNIQUEMENT pour faire de la photo. Donc fatalement, on fait aussi de la bête photo souvenir, et à un moment le regard accroche, on trouve une idée, une perspective, une lumière qui feront LA photo .
Je suis partager en vue de cette article et du premier commentaire.
Faire de la photo, basique, que tous le monde connais a vue et revue, quel interrer? Sans doute d`y participer? de montrer l` identique, ou de dire, moi aussi je peux le faire.
Par contre, essayer de mieux faire, que ses milliers de clicher, d`immortaliser un paysage urbain, a l` autre baud du monde, donne finalement un interrer photographique.
Il y a sans doute un mixage a realiser entre les deux.
Bonsoir, merci encore pour cet article.
Je n’arrive pas à prendre une photo pour son élément principal, je dois toujours rechercher une position de prise qui fera la différence, d’ailleurs on se demande souvent pourquoi je me roule par terre ou que je gigote dans tous les sens avant d’appuyer sur le bouton 🙂 Je cherche THE finition qui fera MA photo. Mais bon, pour le moment encore une fois, j’ai du pain sur la planche avec un matos de très maigre avantage…
Bonjour chers compatriotes Lillois,
J’ai fais quelques photos de Lille la semaine dernière.
N’hésitez pas à commenter 😉
http://photo-dun-jour.blogspot.com
@++
Bonsoir,
Merci Photimage… pour ce partage et je trouve l’idée très sympa. Qui plus est c’est une idée que l’on peut appliquer chez soi (dans sa ville); moi qui ait du mal à trouver un sujet en voilà un qui est excellent.
Bonjour et merci beaucoup Desmarets pour ta réponse !! Effectivement j’encourage tout le monde à faire ce travail de mémoire, à immortaliser son quartier, sa ville afin de laisser une trace aux futures générations et faire découvrir son environnement d’une manière originale.
Génial, si tu te lances sur Brest, je serais ravi de voir ça !! En attendant voici 2 liens sur ta ville :
Atelier (qui a déjà eu lieu j’ai l’impression) « Brest d’hier et d’aujourd’hui en photos » : http://ecm.bibli-brest.infini.fr/?q=content/brest-dhier-et-daujourdhui-en-photos
Dépliant « Brest-Centre, hier, aujourd’hui, demain » : http://www.brest.fr/fileadmin/user_upload/Mediatheque/Fichiers/Quartiers/depliant_brest-centre.pdf
Au plaisir !
Bonjour à tous,
Alors moi je tombe systématiquement dans le piège…faut dire que je le fais un peu exprès en fait….puisque justement je me sers de carte postale…ancienne pour refaire la même photo, le plus fidèlement possible et montrer ainsi l’évolution urbaine, l’avant et l’après.
Concernant Lille, David Betzinger l’a très fait : http://www.davidbetzinger.net/documentaire/Retour_a_Lille.html
À voir aussi les 100 ans du Grand boulevard et sa rubrique « Hier & aujourd’hui » sur http://www.lillemetropole.fr/index.php?p=1348&art_id=
Bonjour,
Hier je suis parti me balader dans cette petite ville de Brest où je vis. Et en revenant chez moi pour visionner mes prises dont j’étais certains que j’allais pouvoir les partager, je me suis aperçu que les photos que j’avais prises ne me parlaient pas vraiment, elles étaient “froides” dans le sens qu’elles ne transmettaient aucune émotion ou “message”, qu’esthétiquement elles n’avaient pas non un réel intérêt… Je me suis alors rappelé de cet article et je l’ai relu; conclusion je suis tombé dans ce fameux piège et je n’ai aucune photo à partager !!
Difficile de ne pas y plonger, mais certainement que je n’ai pas su voir ou regarder autour de moi ce qui pouvait être intéressant d’exprimer, ou tout simplement partager une émotion d’un instant donné.
Ouvrir les yeux de son cœur, c’est ce que je n’ai pas su faire….
C’est sans doute ce que je redoute le plus quand je suis touriste quelque part. Une fois de retour chez moi, au moment de faire le tri et de choisir ce que je vais mettre sur Flickr, je trouve qu’il est très tentant de “montrer” tout ce qu’on a vu d’une ville, ses monuments les plus connus… et c’est là qu’il est le plus difficile de résister à la tentation de mettre une de ses nombreuses photos de la statue de la Liberté dans son album New York.
Je suis récemment partie à Madrid où j’ai du faire plus de 400 photos en 3 jours, avec notamment des tonnes et des tonnes de photos de monuments : au final je n’en ai mis 5 ou 6 sur Flickr et aucun monument (on devinerait même pas qu’il s’agit de Madrid!) car ces photos là n’apportaient rien si ce n’est souligner que j’étais à tel endroit à tel moment, que j’avais vu “ça” et “ça”.
Je pense qu’il faut faire l’effort de ne prendre une photo que si l’on est touché par ce qu’on voit, et s’efforcer de ne pas se laisser emporter par la photo facile où l’on se sent “obligé” d’immortaliser quelque chose. Et c’est la chose la plus difficile à maîtriser en photo je pense, tant la limite est fine entre la magnifique photo carte postale et la photo un peu moins bonne mais qui te touche malgré tout.
Et c’est encore plus dur avec des sujets a priori “froids” et impassibles comme l’architecture et le paysage.
Merci pour cette information interessante
très intéressant cet article et le commentaire de Tristan … moi j’tombe facilement dans le piège …
Pour les photos d’architecture c’est justement la qu’il devient intéressant de faire de la photographie. La ou tout le monde prend la photo type “carte postale” il faut faire en sorte de “surprendre” le spectateur. Quelques conseils :
-Prendre un détail plutôt que le monument en général. Ca évitera la photo surchargé
-Jouer sur les perspectives, les lignes du monuments (point de fuite)
– Prendre une photo de préférence tôt ou tard. Le soleil rasant mettra en valeurs les détails de l’architecture de part la couleur et les ombres plus accentuées
– Profiter des avantages d’un reflexe en faisant des photos de nuit du dit monument
– Trouver LE point de vue qui mettra en avant le monument
(plongée / contre plongée / de façe / de profit…)
– Jouer sur les plans/ arrières-plans. (plutôt paysage ça) en mettant un détail en avant
Voila 🙂
La photo d’architecture est peut-être une des plus difficile à faire, car tout le monde fait des photos d’architecture.
Bonne continuation pour ton blog
Merci beaucoup pour tes conseils complémentaires à mon article ! Je viens justement de publier un article concernant les “golden hours”, ces moments où le soleil rasant met tout en valeur. Les grand esprits se rencontrent 😉
Les autres conseils que tu donnes feront sans doute l’objet d’articles dans un futur proche, particulièrement en ce qui concerne la perspective, et d’une manière générale la composition des photos.