Choisir un objectif stabilisé ou non est un dilemme pas toujours évident à résoudre, surtout quand on débute et qu’on est pas encore familier avec la technique. Suivez le guide 😉

Je reçois pas mal de questions chaque jour via les commentaires ou la page de contact, et un certain nombre concernent le matériel. Je ne peux pas toujours vous aider concernant vos choix, car tout dépend de vos besoins, et que je ne connais évidemment pas toutes les optiques qui existent ;P

Cela dit, une question revient souvent : faut-il choisir ou non la stabilisation ? C’est une question qui mérite d’être posée, et à laquelle il n’existe évidemment pas de bonne réponse qui s’applique à toutes les situations. Voyons donc ensemble quels sont les critères qui vont vous aider à vous décider, mais commençons d’abord par voir ce que c’est, cette fameuse stabilisation.

La stabi-quoi ?

La stabilisation est un mécanisme intégré à l’objectif (ou parfois au boîtier, mais dans ce cas la question ne se pose pas 😉 ).

Elle permet de détecter les micro-mouvements du photographe et de les compenser en faisant bouger les éléments optiques dans l’autre sens (pour faire simple).

La plupart des stabilisations agissent sur les mouvements angulaires (pour simplifier, quand vous penchez légèrement plus ou moins votre appareil), mais pas latéraux (un léger déplacement de gauche à droite par exemple).

Certains modèles haut de gamme (notamment le Canon 100mm f/2.8 macro L IS USM) proposent un système de stabilisation plus perfectionné qui agit aussi sur ce dernier type de mouvement. Mais ce n’est réellement utile qu’à des distances très faibles, donc en macro.

La stabi-pourquoi ?

Vous devez peut-être vous demander pourquoi il est important de compenser vos micro-mouvements ? Et bien si vous avez lu le cours sur la vitesse d’obturation, vous devez savoir qu’à faible vitesse, vous pouvez obtenir sur vos images un flou de bougé du plus mauvais effet, dû à vos micro-mouvements justement.

Pour savoir quelle est la vitesse nécessaire pour éliminer ce flou, il y a une règle simple qu’il est toujours bon de rappeler. Vous faites :

Longueur focale x multiplicateur de votre capteur = X

Et votre vitesse doit être égale à ou plus rapide que 1/X.

Si vous n’avez rien compris ou que vous ne connaissez pas le coefficient multiplicateur de votre capteur, prenez le temps de lire les articles sur la distance focale et la taille du capteur. Ne vous inquiétez pas, ça a l’air compliqué comme ça, mais en fait c’est extrêmement simple 🙂

Avec la stabilisation, vous pouvez gagner de 1 à 4 crans (ou stops, ou IL) sur la vitesse d’obturation nécessaire. Si vous savez ce qu’est 1 à 4 stops théoriquement mais que ça ne vous parle pas concrètement, sachez que ça se ressent concrètement à la prise de vue, dans certaines situations tout du moins. Sans stabilisation, n’essayez même pas de transgresser la règle ci-dessus, sous peine de flou de bougé. (à moins que vous soyez vraiment très stables !)

(Evidemment je dis ça, mais si vous shooter à 1/60 au lieu de 1/80, tant que vous faites attention à rester stable ça ira hein 😉 )

Voyons donc les critères qui vous permettront de savoir si la stabilisation va être utile pour VOUS.

L’équivalent sans stabilisation est-il de même qualité optique ?

Souvent, la question se pose entre 2 optiques équivalentes en termes de focale et d’ouverture, dont une version est stabilisée et l’autre non. La 1ère erreur serait de penser que parce que la seule chose qui change dans le nom est la présence ou non d’un “IS” ou d’un “VR”, les 2 objectifs sont en tout point équivalents.

(voir l’article sur la signification des abréviations des objectifs si vous n’êtes pas familier avec ces termes).

En effet, parfois la version stabilisée d’un objectif est surtout la nouvelle version, et comporte aussi des améliorations de la qualité optique notamment. Dans ce cas, il peut être intéressant de comparer la qualité des 2 optiques sur un site spécialisé (je pense à l’excellent mais technique DxoMark).

Je parle de qualité optique, mais il peut y avoir d’autres aspects qui changent.

Bref, pensez donc que ce n’est pas la même optique, même si elle est de la même marque, et donc faites-vous un avis comme vous avez l’habitude de le faire avec des optiques de marques différentes (tests sur des sites spécialisés, lecture de ce blog :P, avis sur des forums, etc…).

Allez-vous être limite en lumière ?

chanteur photo Ghinzu stabilisation appareil photo concert

Si vous photographiez la plupart du temps en conditions de lumière idéales (dehors, la journée, en plein soleil), vous aurez souvent la possibilité de déclencher à de grandes vitesses d’obturations, et donc la présence ou non de la stabilisation n’aura pas beaucoup d’impact sur vous.

Cela dit, s’il vous arrive de photographier en conditions de lumière limites (voire carrément difficiles), la stabilisation vous permettra de ralentir sensiblement votre vitesse d’obturation sans avoir de flou de bougé. Gagner 2 crans c’est assez énorme, et dans certains cas ça peut faire la différence entre une photo noire, et une photo où on voit quelque chose.

Là encore, et comme souvent, ça dépend donc de votre usage et de l’utilisation de l’objectif.

Par ailleurs, ça va sans dire mais ça va mieux en le disant : si vous shootez sur trépied quasiment tout le temps, inutile de vous dire que la stabilisation ne vous sera pas utile, et même qu’il vaudrait mieux la désactiver !

Comment savoir si vous allez être limite en lumière ?

J’imagine qu’à la lecture du précédent paragraphe, certains d’entre vous (notamment les moins expérimentés) auront toujours du mal à déterminer s’ils vont avoir besoin de la stabilisation. En effet, il y a des tonnes de situations intermédiaires entre le plein soleil et la photo de concert dans un bar obscur 😛

Si vous n’avez pas encore d’appareil et vous posez cette question pour l’objectif du kit, j’aurais tendance à vous conseiller la stabilisation dans tous les cas. Ça vous permettra d’être un peu plus à l’aise sur la vitesse d’obturation au début, et sauvera sans doute quelques clichés. Ce qui ne vous empêchera pas de faire plus attention à la vitesse une fois que vous aurez un peu plus d’expérience et que vous rechercherez une amélioration de la netteté de vos images.

Si vous avez déjà un appareil et vous posez cette question dans l’optique d’acheter… une optique (HA HA), il y a 2 solutions :

  • regardez dans vos anciennes photos (en particulier celles qui sont ratées) quelle était votre vitesse d’obturation par rapport à votre focale. Si elle était toujours plus que suffisante, c’est que vous travaillez souvent dans de bonnes conditions, et la stabilisation n’est pas forcément une priorité.

    Pour indication, à d’assez grandes focales (200 mm par exemple), il est possible d’être limite par temps nuageux, selon les capacités de votre boîtier.
  • Placez-vous volontairement dans les pires situations de lumière que vous êtes susceptibles de rencontrer dans ce que vous faites habituellement comme photos. Vous verrez bien si vous êtes limites en vitesse.

N’hésitez pas à cumuler les 2 : à la lumière de ce que je viens de vous expliquer, peut-être que vous « sentirez » plus si vous avez besoin de stabilisation ou non 😉

Un exemple concret

Comme un exemple pratique vaut souvent mieux que la théorie, prenons le cas du 70-200mm. Chez Canon notamment, cette optique de qualité pro existe en 4 versions :

  • f/4 sans stabilisation
  • f/4 avec stabilisation
  • f/2.8 sans stabilisation
  • f/2.8 avec stabilisation

Vous imaginez bien que le prix va croissant entre ces 4 modèles, passant de 570 € pour la moins chère à 2300 € pour la dernière version ! Le choix est donc cornélien.

Prenons donc Jeanne et John, qui tous les deux se demandent quelle version ajouter à leur sac photo.

  • Jeanne souhaite acheter un 70-200mm pour sa polyvalence et sa qualité d’image, et car elle a besoin d’une focale assez longue : elle fait pas mal de portraits quand il fait beau, et par ailleurs apprécie de photographier des animaux dans les zoos.
  • John vient d’obtenir sa 1ère accréditation pour photographier un festival : il est tout excité, mais sait que la scène sera assez loin de la fosse aux photographes, il lui fait donc une focale assez longue.

Avant de vous dire ce que nos 2 amis vont choisir, je vous invite à réfléchir une seconde au choix que vous feriez à leur place (en admettant que votre budget ne soit pas limité mais que vous n’ayez pas non plus envie de jeter votre argent par les fenêtres ;P).

  • Jeanne ne rencontrera pas trop de situations de lumière difficiles, et pourra donc sans doute se passer de stabilisation. Quant à savoir si elle doit choisir la version f/4 ou f/2.8, la question se pose plus en termes de jeu sur la profondeur de champ.

    La focale assez longue permet d’avoir une faible profondeur de champ du plus bel effet même à f/4, mais si elle a le budget, pourquoi pas faire une folie et s’offrir le f/2.8 ? Tout dépend aussi des autres optiques qui la tentent 😉

  • John quant à lui, devra faire face à des situations de lumière très difficiles. Gagner un cran grâce à l’ouverture, et en gagner 2 voire plus grâce à la stabilisation lui sera quasi indispensable. Vous l’aurez deviné, John va devoir casser sa tirelire et investir dans la version la plus chère, le f/2.8 stabilisé.

Ces exemples sont volontairement caricaturaux pour être plus parlants, mais j’espère que vous avez compris l’idée 😉

N’hésitez pas à poster une question dans les commentaires, et pensez à vous abonner à la newsletter si ce n’est pas encore fait, vous serez ainsi prévenus des prochains articles (comme par exemple le test d’objectifs stabilisés ou non 😉 ).

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Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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