Je sais que la photo animalière est un genre prisé par certains d’entre vous, et c’est pourquoi j’ai voulu avoir entre les mains le Sigma 120-400mm f/4.5-5.6, zoom typiquement conçu pour l’animalier, voire le sport. J’ai donc demandé à Geek Trend de me prêter l’objectif afin de voir ce qu’il avait dans le ventre.

Je précise que tous les tests ont été effectués sur un Canon EOS 550D, et que vous ne devez pas vous attendre à des tests avec mire et compagnie, que d’autres font bien mieux que moi. L’idée est surtout de vous donner mes impressions subjectives sur l’utilisation de l’optique, même si j’ai cherché à voir concrètement où est-ce qu’elle donnait le meilleur d’elle-même (en termes de piqué notamment).

Sigma 120-400mm f/4.5-5.6 DG OD HSM test objectif

J’ai choisi ce Sigma 120-400mm f/4.5-5.6 DG OD HSM car il reste d’un budget raisonnable (moins de 850€ chez Geek Trend en monture Canon, Nikon, Sony et même moins de 800€ en monture Pentax), est un zoom (ce qui peut être important pour choisir son cadrage dans des situations où il est compliqué de bouger), et va jusqu’à 400mm (ce qui selon moi est le minimum pour faire de l’animalier simplement sur APS-C, j’y reviendrai). Je remercie donc chaleureusement Geek Trend pour le prêt !

Premières impressions

Sigma 120-400mm versus Canon 55-250mm focale objectif test
En haut, le Sigma 120-400mm, et en bas le Canon 55-250mm, respectivement à focale minimum et focale maximum. Impressionnant non ? 😉

Une boîte Sigma noire très sobre, dans laquelle on découvre une grosse housse noire rembourrée de mousse bien solide. Et dedans, le petit bijou. Enfin, petit est un bien grand mot (attention, mauvais jeux de mots multiples dans cette phrase :P).

La bête est impressionnante : plus d’1,6kg, on sent tout de suite l’optique au bout du bras 😉 En termes de taille, même topo (voir photo de gauche). Livré avec un pare-soleil, cet objectif est doté de la finition mate propre à Sigma.

Finition qui est très jolie comme ça quand on déballe une optique neuve, mais qui prend très vite les traces de doigts. C’est un détail, car la finition et la solidité globale de l’objectif sont très bonnes : les bagues de zoom et de mise au point sont d’une grande qualité et bien souples, bref il n’y a rien à redire.

L’optique est évidemment dotée d’un collier de pied qui permet de la fixer à un trépied de façon à ne pas déséquilibrer le pied. Par contre, si vous voulez enlever le collier de pied, il vous faudra enlever l’optique au préalable. Un peu dommage, mais le collier est relativement ergonomique : il y a 3 crans pour placer ses doigts plus solidement. Mais de toute façon, vu le poids de la bête, vous la poserez bien vite sur trépied 😉

La motorisation ultra-sonique HSM est silencieuse et permet de modifier la mise au point manuellement même en mode autofocus. Je l’ai trouvée relativement lente pour une optique HSM, mais elle reste quand même nettement plus rapide et plaisante que sur des optiques plus bas de gamme, et il faut dire que la plage focale est vraiment grande, ce qui n’aide pas la mise au point en général.

Mettons la technique à l’épreuve

Soyons honnêtes : le Sigma 120-400mm est peu lumineux, c’est marqué dessus. f/5.6 à 400mm, ça implique beaucoup de lumière pour avoir des photos bien exposées. L’optique est stabilisée, mais on en reparle plus bas. Voyons d’abord ce que donne la qualité optique aux différentes focales et ouvertures, pour voir si elle est réellement utilisable là où on la cherche. En effet, on va surtout utiliser la focale la plus importante avec ce type de zoom, et de préférence à pleine ouverture, histoire de garder de la lumière. Mais le piqué sera-t-il au rendez-vous ?

Qualité optique

Avant toute chose, précisons que vous ne pouvez pas vous attendre à la même qualité optique sur un zoom d’une telle amplitude que sur une focale fixe à grande ouverture. Malgré tout, on cherche du piqué. J’ai donc effectué plusieurs tests pour avoir une idée de ce que l’optique donnait en situation “de terrain”. J’ai donc opté pour le pigeon ramier qui squatte régulièrement la cheminée juste en face de ma fenêtre. D’ailleurs il me regarde en ce moment même, je pense qu’il sait qu’on parle de lui 😛 (J’ai aussi fait des tests en situation plus réelle, voir plus bas.)

  • Un test avec trépied, stabilisation désactivée, aux focales de 120mm, 200mm, 300mm et 400mm, chacune aux ouvertures de f/5.6, f/8, f/11 et f/16 (oui, j’ai conscience que f/5.6 n’est pas la pleine ouverture à 120mm, mais c’était pour simplifier)
  • Un test sans trépied, stabilisation activée, aux mêmes ouvertures

Dans les deux cas, la mise au point a été faite à l’autofocus, et sur l’œil de l’oiseau. Des conditions réelles quoi (qui fait la mise au point manuelle en live view zoomé à fond en animalier ? ^^)

photo pigeon objectif sigma test zoom
Zoom à 100% : 400mm, f/5.6, 1/800s, trépied, stabilisation désactivée (Cliquez pour agrandir)

Sur trépied, il apparaît assez clairement que l’optique est assez molle à f/5.6, mais on ne le voit qu’en zoomant à 100% (et on sait ce que ça vaut…). Très franchement, en plein écran, on ne voit pas la différence. L’optimum de piqué est atteint à f/8 et f/11, et se dégrade à f/11. Il fallait s’y attendre, c’est un cas assez classique d’ouverture optimale (ou sweet spot). Etrangement, l’image qui me semble la plus piquée est celle prise… à 400mm et f/5.6 ! (image ci-contre) Les autres sont plus homogènes. Ce qui me laisse penser que cette image est simplement celle où l’autofocus a été le meilleur, et donc que l’autofocus a plus d’influence sur la qualité finale de votre image que de fermer d’un diaphragme. J’ai peut-être tort, mais c’est une explication possible.

A main levée, les résultats sont similaires, mais bon je déclenchais à des vitesses plus que suffisantes.

Pour vous faire votre propre idée, je mets à votre disposition les photos (faites clic-droit -> enregistrer sous). Ce sont des JPEG issus des RAW traités avec Lightroom (oui je teste) avec tous les réglages à zéro et la balance des blancs en mode Lumière Naturelle, rien de plus. Je n’ai pas mis les RAW parce que ce fichier zip pèse déjà 462 Mo !

En ce qui concerne les aberrations chromatiques, je n’ai rien fait pour les provoquer, mais en tout cas je n’en ai pas vu.

Pour résumer, l’optique me paraît plus que bonne en termes de qualité optique, surtout pour le prix et la plage focale. De ce que j’ai pu en lire, ça ne vaut pas une focale fixe série L, mais bon dans ce cas on ne joue pas dans la même cour 😉

Stabilisation

L’objectif possède 2 modes de stabilisation : le mode 1 qui stabilise les mouvements horizontaux et verticaux, et le mode 2 qui ne stabilise que les mouvements verticaux (afin de faire des filés par exemple). Elle est censée faire gagner 4 IL, c’est pourquoi j’ai voulu la pousser un peu pour voir jusqu’à quel point le dispositif tenait ses promesses. J’ai donc shooté le même sujet à main levée, à 400mm uniquement (c’est là qu’on a le plus besoin de la stabilisation), et en me calant bien moi-même (bras contre le corps, tout ça). J’ai utilisé plusieurs vitesses pour voir à quel moment la stabilisation lâchait prise : 1/400 comme témoin, puis 1/250, 1/125, 1/60 et 1/25.

Résultat : jusqu’à 1/60ème, la stabilisation fonctionne très bien. Je n’ai pas réussi à voir de différence entre 1/400ème et 1/60ème. Par contre, à 1/25ème il y a clairement un flou de bougé. La stabilisation permet donc de faire gagner environ 3 IL.

C’est franchement raisonnable, et c’est une vraie aide à la prise de vue quand on shoote à main levée. En effet, à 400mm et avec 2 kg sur les bras, vous allez clairement voir que vous bougez. Pas très pratique pour cadrer correctement.

Mais avec la stabilisation enclenchée, vous allez voir l’image qui va être stabilisée dans le viseur (la stabilisation se met en marche au bout de moins d’une seconde). Et c’est vraiment un grand confort et permet de composer ses clichés avec plus de précision, et de ne pas avoir l’impression de trembler de tout son corps.

Je trouve donc la stabilisation de cette optique vraiment bonne (surtout si on considère le prix !), même si en ce qui me concerne, je shooterais surtout sur trépied si je l’achetais.

Utilisation de terrain

J’ai quand même voulu utiliser l’optique en situation plus réelle, c’est-à-dire en vrai animalier. Je ne suis pas moi-même photographe animalier, donc je n’ai pas le matériel qu’il faut pour faire de l’affût. J’ai donc souhaité me rabattre vers un plan d’eau ou quelques oiseaux des zones humides voudraient bien se prêter au jeu.

Malheureusement, sans voiture et vivant en ville, j’ai dû me contenter d’un lac sans observatoire, et donc les oiseaux sont restés relativement à distance (je crois qu’ils ont vu l’énorme optique montée sur trépied, et surtout le grand gusse derrière :P).

J’ai quand même pu photographier un grèbe huppé et une gallinule poule d’eau (youpla la biodiversité exceptionnelle ! :P), dont voici les meilleurs résultats (au coucher du soleil ça aide un peu quand même 😉 ).

(Cliquez sur les images pour agrandir.)

C’est là qu’on voit que 400mm, si vous n’êtes pas planqué, c’est insuffisant. Vous n’aurez jamais un oiseau plein cadre sans être un minimum camouflé.

Par contre, en observatoire, 400mm c’est déjà très correct : j’avais testé un 250mm, et franchement on peut avoir de jolis résultats. Il me semble que c’est également une focale suffisante pour des petits passereaux (mésanges, rouges-gorges, …) du jardin, souvent moins timides. Cela dit, en forêt la prise de vue risque d’être vraiment difficile, à cause du manque de lumière.

Conclusion

Points forts :

  • Une large plage focale qui va jusqu’à 400mm
  • Une qualité optique très correcte
  • Le prix
  • Une stabilisation qui fait gagner 3 crans en vitesse d’obturation
  • Une bonne qualité de fabrication

Points faibles :

  • Une optique relativement peu lumineuse
  • Le poids (mais c’est inévitable)
  • Un revêtement salissant

Si vous recherchez absolument un zoom pour l’animalier et que votre budget est limité, le Sigma 120-400mm est clairement une bonne solution. Je ne saurais pas vous dire si c’est la meilleure (n’ayant pas encore fait toutes les recherches nécessaires à la rédaction de mon guide), mais en tout cas ça semble raisonnable d’aller jusqu’à 400mm sur un zoom pour ce prix. L’objectif n’est par contre pas très lumineux : la stabilisation qui fait gagner jusqu’à 3 IL vous aidera, mais ça ne vaut pas une optique qui ouvre à f/2.8 ou f/4 constant. Mais ce n’est pas le même prix 😉

En tout cas, veillez bien à savoir si 400mm sont suffisants pour votre usage, et pensez à tout ce qui est indispensable pour de l’animalier (le camouflage, tout ça).

Voilà, si cette optique vous tente, vous pouvez l’acheter chez les copains de Geek Trend 😉

Et n’oubliez pas de partager l’article ! 🙂

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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