Comme vous le savez sans doute, j’ai eu le plaisir d’accueillir des montagnes d’intervenants de qualité (bon ok, 8, mais c’est la qualité qui compte 😉 ), sur mon stand au Salon de la Photo 2014. Voici l’enregistrement de la conférence de Stéphanie Leporcq, qui nous parle de photographier les enfants.


 

Stéphanie est l’auteure de “Photographier les enfants”, publié aux éditions Eyrolles, que je vous encourage vivement à lire si vous souhaitez en savoir plus sur le sujet 🙂


Voici la transcription de la vidéo :

 

Très rapidement, quand je photographiais ma fille, je me suis rendu compte que les photos d’elle qui me plaisaient étaient celles dans lesquelles je pouvais reconnaître sa personnalité. Des photos spontanées, pleines de vie.

À l’inverse, j’accrochais moins sur les photos plus travaillées dans lesquelles j’attendais qu’elle me regarde, qu’elle me fasse un sourire.

 

Au fil des mois et des années, j’ai continué à progresser dans la recherche de spontanéité dans mes photos et je suis passée du compact au reflex.

 

Je suis autodidacte, j’ai appris toute seule en touchant à tout, en testant plein de réglages. Je pense qu’il n’y a pas de meilleure école que la pratique.

J’ai photographié beaucoup, tous les jours, je me suis trompée plein de fois, je me trompe encore souvent.

 

Pareil pour les logiciels de post-traitement, à force de toucher à tout j’ai fini par avoir quelques automatismes.

 

Il y a quatre ans, j’ai décidé de me lancer en tant que photographe et, très vite, je me suis spécialisée dans l’enfance et la famille.

 

Pourquoi cette spécialisation ?

 

D’abord parce que j’aime les enfants. Je pense que si l’on n’aime pas les enfants, on ne les photographie pas.

J’aime le côté très spontané des enfants. Je me suis aperçu très vite que je ne savais pas faire poser les gens et la facilité avec les enfants, c’est que justement, ils sont peut-être moins impressionnés par l’objectif que les adultes et donc ça va tout seul.

J’aimais leur côté spontané, pas du tout impressionné ou hypocrite devant l’appareil.

 

Et la famille, parce que je trouve qu’il n’y a pas plus beau lien que celui qui unit des parents à leurs enfants et je trouve génial de pouvoir immortaliser ça.

 

Il y a quelque temps, j’ai eu l’immense chance d’être contactée par les éditions Eyrolles pour écrire un livre sur la photo d’enfants. C’est un livre essentiellement axé sur les débutants dans lequel j’aborde quelques notions techniques très brèves pour apprendre à se débrouiller avec un reflex et quitter le mode automatique. Il y a aussi quelques notions de base de post-traitement. Mais il y a surtout toute une série d’astuces et de conseils pour réussir de belles photos d’enfants spontanées dans toutes les circonstances de la vie, que ce soit dans la vie quotidienne, en vacances, etc.

 

Les présentations sont faites, nous allons pouvoir entrer dans le cœur du sujet : la photo d’enfants.

 

Je pense que si vous êtes là, c’est sans doute parce que vous vous êtes rendu compte que photographier les enfants n’est pas forcément ce qu’il y a de plus évident. Car une caractéristique propre aux enfants c’est qu’ils bougent beaucoup, ils ne tiennent pas en place et ce n’est pas évident d’avoir une belle photo d’eux, posés, où ils nous regardent avec un beau sourire. Ils ont tendance à courir dans tous les sens, sauter, râler aussi, parfois. On est souvent déçus du résultat.

 

Une autre caractéristique des enfants, vous le savez sans doute, surtout si vous en avez, c’est qu’ils ont tendance à être un peu contrariants. En général, quand on a décidé de sortir l’appareil pour prendre une belle photo d’eux, ce n’est pas le moment qu’eux ont choisi ou décidé. Soit ils vont être plongés dans un jeu ou une activité et ne pas forcément nous regarder, soit ils vont nous regarder avec une tête pas possible parce qu’on les soûle, ou pire, quand ils sont un peu plus grands, ils auront tendance à adopter le super sourire un peu figé, histoire de passer vite à autre chose, et la photo va en pâtir.

 

Un autre souci avec les enfants, lié au fait qu’ils bougent beaucoup, c’est qu’il nous faut quelque chose qui nous permette de déclencher très vite, une vitesse de déclenchement très rapide pour pouvoir figer le mouvement ou l’expression, car les enfants peuvent changer d’expression en une fraction de seconde (c’est assez impressionnant) et on rate la belle expression qu’on avait voulu prendre.

 

Ce qui nous amène à parler très brièvement du matériel idéal pour photographier les enfants.

 

Aujourd’hui, nous avons toutes sortes de choses pour prendre des photos. Ça va du smartphone au reflex de gamme professionnelle. Il est vrai que, maintenant, tout est de plus en plus perfectionné, on peut faire de belles photos avec un téléphone, avec un compact, mais comme on l’a dit tout à l’heure, il faut un appareil capable de déclencher très vite. Et l’idéal reste le reflex qui aura une vitesse de déclenchement assez élevée, du moins suffisante pour figer le mouvement d’un enfant.

On n’est pas obligé d’avoir un appareil de gamme professionnelle, un reflex d’entrée ou de milieu de gamme pourra largement faire l’affaire pour de belles photos d’enfants.

 

L’avantage du reflex est qu’on peut lui adapter un objectif différent en fonction de ses besoins. Je pars du principe que c’est bien d’avoir un objectif lumineux pour photographier des enfants, qui puisse avoir une grande capacité d’ouverture.

 

Pourquoi ce choix (qui est aussi une question de sensibilité) ?

Comme je suis à la recherche de photos les plus naturelles possible, je déconseille l’utilisation du flash.

D’abord, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux pour les tout petits, de plus le flash va venir casser le côté naturel que l’on a, forcément, avec la lumière naturelle.

Donc l’intérêt de l’objectif lumineux est qu’on aura le moins souvent possible à utiliser le flash. Il y aura des moments où on n’aura pas le choix, mais si on peut éviter de l’utiliser, ce n’est que mieux.

 

Comme toujours, il n’y a pas d’obligation à investir dans des objectifs coûteux. Le standard est le 50 mm qui ouvre à 1.8 et qui est autour d’une centaine d’euros, un prix relativement abordable.

 

Si on veut photographier avec un téléobjectif — c’est aussi une question de sensibilité. Je suis très focale fixe, mais j’ai des confrères qui préfèrent le téléobjectif —, et qu’on veut quelque chose qui reste lumineux quand on zoome, qui garde la même ouverture, là, il faudra mettre un prix beaucoup plus élevé.

 

Le but de cette conférence est de vous montrer qu’il est tout à fait possible de faire de très belles photos d’enfants qui soient pleines de spontanéité, naturelles et surtout, de vous amuser à prendre ces photos.

 

Je vais vous parler de mon approche photographique.

 

Même s’il faut une certaine maîtrise technique, c’est indispensable, pour réussir des photos, pour moi ce n’est pas ce qui prime dans la photo d’enfants. Ce qui va primer, c’est l’impact émotionnel. C’est le plus important.

 

C’est ce que la majorité des parents recherchent dans la photo qu’on va prendre de leur enfant. Ils se fichent un peu que la photo soit parfaitement maîtrisée sur le plan technique, que la composition soit parfaite, s’il ne se passe rien dans la photo, si on a pris tout notre temps à dire à l’enfant ” Mets-toi à tel endroit, ce sera mieux pour la lumière si tu es là…”, l’enfant finira par ne plus être naturel et on va perdre le côté spontané, l’émotion et la photo aura un moins gros impact qu’une photo qui sera peut-être un peu moins bien maîtrisée, mais dans laquelle il va vraiment se passer quelque chose. Il y aura une interaction, soit des enfants entre eux, soit avec le photographe, soit avec les parents s’ils sont aussi présents sur la photo.

 

Je pense qu’il faut faire la photo d’enfants comme vivent les enfants.

 

Il ne faut hésiter à se joindre à eux dans leur jeu, jouer avec eux, leur proposer des activités pour pouvoir capter une émotion.

Il faut entrer dans leur monde, et au moment où l’enfant va vous laisser y entrer, c’est à ce moment-là qu’il faut déclencher. À partir du moment où l’enfant s’amuse avec vous et où vous vous amusez avec lui, c’est là qu’il faut déclencher pour capter de très beaux moments de spontanéité.

 

Je vous ai préparé deux exemples :

 

Ici, c’est ma fille Pauline, dans le trampoline. J’aurais pu choisir de rester à l’écart du trampoline, de la regarder et de prendre des photos sans vraiment interagir avec elle, mais la photo aurait déjà été gâchée par le filet du trampoline, ça aurait gâché la vision, et il n’y aurait pas eu d’interaction. J’ai pris le risque de rentrer dans le trampoline avec elle, j’en ai fait avec elle (ça fait faire du sport, c’est bien), et ça m’a permis de prendre cette photo où elle s’amuse. Elle me regarde faire du trampoline et elle est écroulée de rire parce que ce n’est pas souvent que ça arrive. Cette photo reflète bien sa personnalité et l’amusement du moment.

 

Là, c’est ma fille aînée, et pour pouvoir capter ce beau rire spontané, sur le vif, j’ai joué avec elle, je lui courais après, et j’ai pu capter ce moment.

J’ai vraiment attendu qu’on soit dans l’amusement et le jeu pour prendre des photos. Je ne suis pas venue tout de suite sur elle pour prendre des photos et l’assommer de clichés dès le début du jeu.

 

Ça, c’est comment je procède avec mes propres enfants. Maintenant, je vais vous montrer concrètement comment je m’y prends aussi en séance et comment il est possible de s’y prendre en séance avec d’autres enfants qu’on ne connaît pas forcément (et aussi avec leurs parents).

 

Je vous ai préparé une série de photos que nous allons examiner.

 

Dans un premier temps, savoir qu’il ne faut jamais imposer quoi que ce soit à l’enfant. À partir du moment où l’enfant se sent obligé de faire quelque chose, on va perdre le naturel et la spontanéité de la photo. Et on risque d’avoir un enfant qui boude, qui râle parce qu’il n’est pas content.

 

Il ne faut pas hésiter à impliquer les enfants quand on veut prendre des photos. Je sais qu’à partir de 3/4 ans, quand je fais une séance avec une famille, je nomme l’enfant “assistant en chef”. Ça leur plaît, je leur demande ce qu’ils ont envie de faire et que je prenne comme photo. Parfois, ils ont des idées pas terribles, mais ce n’est pas grave, on prend quand même la photo. Et ça va entraîner une suite d’autres photos qui va permettre de faire un travail intéressant.

 

Ce que j’aime bien proposer aux enfants (pas en début de séance, mais dans son déroulement, et c’est ce qu’on voit sur l’image), c’est de crier. Ça peut paraître un peu bête, mais jamais aucun enfant ne me l’a refusé.

 

Quand je lui ai dit “Montre-moi comment tu cries de toutes tes forces” (là, c’est la petite Zoé), elle était ravie — et ça se voit sur la photo —, elle s’est plantée devant moi avec ses petits poings serrés et s’est mise à hurler de toutes ses forces. En plus, nous avions un cadre idéal et ça a donné une photo pleine de spontanéité.

Ce qu’il y a d’intéressant, c’est que souvent, après le cri, les enfants rient, parce que ça les amuse de crier, et on peut enchaîner sur des photos de rires d’enfant et ça, c’est aussi très intéressant.

 

Ce que je conseille aussi, pour faire de belles photos d’enfants, c’est de les faire en extérieur. Dans la mesure du possible. Je vis dans la région lilloise, donc je sais que ce n’est pas toujours possible avec le temps, mais si on peut, il faut emmener les enfants dehors parce que c’est là qu’ils sont le mieux pour jouer, s’éclater. Ils sont déjà contents de partir en balade et ça facilite les choses pour les photos.

 

Ici, nous avons les petites Maylis et Thaïs. On reste dans l’idée de ne rien imposer à l’enfant. Nous étions dans les rues de Bruges. Avec les parents, nous avions une idée un peu différente. Nous voulions une photo plus tranquille, posée, câline avec les parents, sauf que les fillettes n’avaient pas du tout envie de ça. Elles, elles voulaient courir.

Donc je les ai laissées courir, je me suis mise en retrait, accroupie, je leur ai dit de courir vers moi. Elles étaient ravies de pouvoir faire ce jeu-là et on le voit sur leurs visages, ce ne sont pas des sourires figés de commande. Ce sont des sourires authentiques qui viennent d’elles.

 

Là, c’est une autre photo que j’aime beaucoup, avec une autre personnalité d’enfant. Je vous ai montré des petites filles qui avaient la pêche, pas du tout timides, qui m’ont acceptée tout de suite en tant que photographe. Ce n’est pas toujours le cas.

Parfois, on a affaire à des enfants plus timides, plus réservés, et il faut aussi respecter ce côté de leur personnalité. Il ne faut pas leur imposer de nous sourire ou de jouer tout de suite, parce qu’ils n’ont peut-être pas envie et qu’il leur faut un certain temps pour s’habituer à nous. Ça ne doit pas pour autant nous empêcher de prendre des photos. Tout en respectant, bien sûr, leur souhait. S’ils ne veulent pas être pris en photo, on attend un peu, mais là, dans le cas de ce gamin, il me regardait un peu impressionné et il est parti se réfugier dans les jambes de son papa. J’ai trouvé ce moment très mignon, très touchant, où on voit toute la confiance que ce petit bout a envers son père.

 

Il s’est bien détendu après et on a pu continuer la séance pendant laquelle nous avons eu des photos de beaux moments de rire et de jeux avec lui et ses parents.

 

Respectez le caractère de l’enfant, son envie ou non de faire telle ou telle activité ce qui permettra d’avoir des photos spontanées et vraies. Et ça va toucher également les parents, car ils reconnaîtront leur enfant dans cette photo.

 

Là aussi, un peu le même cas de figure : Alfred ne voulait pas trop que je le prenne en photo. Je me suis reculée et l’ai laissé un peu dans son coin. J’ai quand même pris une photo, mais en étant en retrait. Ce qui m’a permis aussi d’intégrer le cadre dans la photo.

Ça aussi, c’est important et peut avoir un impact assez fort en fonction du décor que l’on a derrière. J’aimais bien, je trouvais joli ce côté ancien de la bâtisse et j’en ai profité pour prendre la photo. Là encore, le petit Alfred ne me regarde pas et ce n’est pas grave. Même si l’enfant ne nous regarde pas, ce n’est pas pour autant qu’on ne peut pas réussir une belle photo de cet enfant.

 

Un autre cas de figure où la séance se fait à l’intérieur. Parfois c’est un souhait des parents d’avoir des photos chez eux, dans leur univers. Ce qu’il y a ‘intéressant avec les enfants, c’est que quand on est chez eux, souvent ils raffolent de nous montrer leur chambre, leurs jouets, ce qu’ils aiment faire. Ils sont vraiment dans leur univers et il faut aussi rebondir là-dessus pour avoir de belles photos d’eux. Ne pas hésiter à les suivre dans leurs jeux, dans leur chambre. On leur demande de nous montrer leurs livres, on leur demande ce qu’ils aiment faire. C’est ce qui s’est passé pour cette photo et ça a permis d’avoir un beau moment d’échange entre le grand frère et sa petite sœur ; il avait sorti ses livres et sa petite sœur est venue s’installer sur le lit pour qu’il lui raconte une histoire.

On est, là encore, dans le cas de figure où les enfants ne me regardent pas et je trouve que c’est nettement mieux. Parce que s’ils m’avaient regardée, on aurait perdu ce moment de complicité qu’ils ont entre eux.

On est toujours dans le respect de la spontanéité et de ce que l’enfant a envie de faire.

 

Là, je vous montre une photo où il y a les parents, car comme je vous le disais, il ne faut pas hésiter à les impliquer dans la séance. Souvent, quand les parents viennent en séance, ils sont un peu stressés, parce qu’ils ont justement peur qu’on attende d’eux et de leur enfant, surtout, qu’il soit bien sage, qu’il pose bien, qu’il ne bouge pas, alors qu’ils savent bien que, dans la réalité, leur enfant n’est pas toujours comme ça.

Ne pas hésiter à les rassurer et leur dire que ce n’est pas grave si l’enfant court, bouge ou saute, au contraire, c’est même mieux et c’est ce que l’on attend de lui.

Ne pas hésiter également à demander aux parents d’interagir avec l’enfant, de jouer avec lui. Ici, on était en balade, ils ont couru, se sont pris dans les bras, et ça a permis de donner cette photo pleine de complicité entre les parents, on voit ce petit bonhomme ravi d’être dans les bras de son papa et la maman qui lui chatouille le visage. Du coup, ça accentue l’expression très sympathique de cet enfant.

Dites aux parents de s’amuser, ils sont là pour ça.

 

     Un autre cas de figure avec les parents :

Sur la photo précédente, on a un moment où le petit fait un câlin avec son papa, tous les enfants ne sont pas disposés à faire un câlin quand on est là pour prendre une photo. Parfois ils ont plutôt envie de bouger et c’était le cas ici, avec la petite Joséphine.

Dans ce cas, comment je m’y prends quand l’enfant ne veut vraiment pas faire de photos câlin avec papa et maman ? Souvent, les parents attendent quand même la photo de famille où tout le monde est réuni.

En l’occurrence, avec Joséphine, je l’ai laissée courir, mais j’ai demandé à la maman de lui courir après.On voit ici qu’elles s’éclatent toutes les deux. La petite est morte de rire. Et ça m’a permis de capter ce moment-là où il y a de la vie, à l’image de Joséphine qui est comme ça. On a beaucoup couru pendant cette séance. Et ça m’a permis, par la suite — vous vous doutez bien que la maman a réussi à attraper sa fille — d’avoir une belle photo beaucoup plus dans le câlin, le rire et l’émotion.

 

La dernière photo est une photo qui a énormément d’importance pour moi. Je souhaite à tout le monde de pouvoir vivre un jour un moment pareil en photo.

On était à Montpellier pour la séance photo du petit Léo et ses parents. On est allé sur ce petit pont, car on avait en tête une photo de famille câlin, assis sur le pont. Sauf que Léo, qui avait 13 mois, n’était pas du tout pour ce type de photos. C’est l’âge où ils commencent à marcher, ils se mettent debout, ne veulent jamais être assis, bref, c’est assez difficile à cet âge-là. Comme on était en début de séance et que je me doutais qu’on aurait d’autres occasions d’avoir une photo avec toute la famille, j’ai dit aux parents que ce n’était pas grave, de le laisser aller et faire ce qu’il avait envie de faire.

Il s’est mis debout et a commencé à marcher en tenant la main de sa maman et il a fait ses premiers pas tout seul comme un grand vers son papa. On a vécu un moment vraiment magique. Surtout les parents, et on le voit d’ailleurs, le visage de la maman derrière est resplendissant.

 

Ça rejoint aussi ce que je disais en début de conférence sur le fait de ne pas être à la recherche de la perfection technique. Parce que si à ce moment-là j’avais voulu avoir un cadrage parfait, une maîtrise totale de tous les éléments autour de moi, j’aurais raté ce moment. Vous vous doutez bien qu’un bébé qui fait ses premiers pas ne fait pas cent mètres tout seul. On le voit, le papa est déjà sur le point de le rattraper. Il a fallu déclencher très vite et prendre la photo sur le vif.

 

Je voulais aussi vous dire qu’il ne faut pas avoir peur de rater une photo. Ce n’est pas grave. Aujourd’hui, à l’ère du numérique, on peut se permettre de rater une photo. N’ayez pas peur de déclencher beaucoup, quitte à rater quelques photos, mais ça permet de figer parfois des moments aussi intenses que celui-là. J’ai envie de dire que ça n’a pas de prix.

 

Voilà, ça termine ma conférence. Je vous ai montré quelles étaient ma vision et ma façon de photographier.

J’ai vraiment survolé les choses, j’en parle beaucoup plus dans mon livre.

Je donne des pistes pour réaliser de belles photos, même dans la vie quotidienne, à la maison, ce que l’on peut faire avec les enfants dans leurs activités de tous les jours.

N’hésitez pas si vous voulez approfondir les choses à vous référer à mon livre.

 

Je vous écoute si vous avez des questions sur le sujet.

 

     Laurent Breillat : Je pense qu’on peut déjà l’applaudir.

Merci Stéphanie pour ta très intéressante conférence et on va pouvoir passer à une petite séance de questions/réponses.

 

     … : Bonjour et merci pour tous ces éléments qui sont une excellente introduction. Je voudrais savoir s’il vous est déjà arrivé d’avoir des séances avec des enfants avec lesquels vous n’accrochiez pas forcément. J’imagine que ça peut arriver et comment faire pour aller au-delà ?

 

     Stéphanie : Ça m’est arrivé d’avoir des enfants qui, au départ, n’étaient absolument pas disposés à être pris en photo. Il y a des petites astuces :

je vous en ai donné une, le fait de le faire crier, en général ça le détend bien et ça l’amuse. Parfois, avec les parents, je fais un jeu (il faut que l’enfant soit un peu grand, à partir de 3 ans) où je leur demande de penser chacun à une couleur, à 3 ils doivent dire et doivent tomber sur la même couleur. Souvent ils se trompent, ça rigole et ça permet de détendre tout le monde et de faire aussi de jolies photos. Je demande aussi souvent aux parents d’apporter de quoi faire des bulles de savon, les enfants adorent et ça marche à tous les coups.

Quand on est en extérieur, je me sers des éléments. Nous sommes en automne et lors de la dernière séance que j’ai faite, j’ai demandé aux enfants de faire une bataille de feuilles mortes. C’est assez rare qu’un enfant, au fur et à mesure d’une séance, ne se détende pas et n’accepte pas de jouer. Car nous restons dans l’idée que la séance doit être un jeu pour l’enfant. D’activité en activité, on trouvera toujours le moment où l’enfant va se détendre et se prêter au jeu de la séance photo.

 

     … : Que préférez-vous, la couleur ou le noir et blanc ?

 

     Stéphanie : Un peu les deux. J’aime les deux. Je vous ai montré des photos d’enfants timides et c’est vrai que quand il y a un moment comme ça où l’enfant ne va pas sourire, je suis plus attirée par le noir et blanc. Je trouve que l’impact est renforcé. Mais j’aime aussi beaucoup les couleurs. J’essaie de faire les deux. Et je vois aussi en fonction des parents. Certains préfèrent le noir et blanc et je vais plus post-traiter et travailler en noir et blanc. Mais les deux me plaisent et ça dépend vraiment de l’ambiance de la photo.

 

     … : Est-ce que vous donnez des conseils en amont aux parents pour préparer la séance ?

 

Stéphanie : Souvent, on fonctionne par mail. Comme ils sont souvent stressés, ils me demandent comment ils doivent les habiller, etc. Je suis pour le naturel, donc je n’ai pas de recommandations particulières, je leur dis de venir dans des tenues dans lesquelles ils se sentent bien. Quand vraiment ils insistent, je leur demande d’éviter les tons trop criards parce que ça ne rend pas très bien en photo, en général. Je leur demande d’être le plus naturels possible et leur précise qu’on est là pour s’amuser. Il faut qu’on passe un bon moment, parce que ça va se ressentir sur les photos.

 

     … : Quel est votre statut ?

 

     Stéphanie : J’ai commencé en tant qu’autoentrepreneur et là, je viens de changer de statut, je suis en microentreprise.

 

     … : En terme de post-traitement, bien sûr on reste sur le côté naturel, mais j’imagine qu’il y a quelque chose. Je ne veux pas forcément le détail, mais comment construire un peu toute cette démarche ?

 

     Stéphanie : Je suis beaucoup dans la recherche de la douceur, que j’essaie d’apporter dans mes photos. J’utilise deux logiciels de post-traitement : light room pour les réglages de base (c’est-à-dire la luminosité, le contraste, balance des blancs quand il faut rectifier un peu, les trucs très basiques) et ensuite je passe sous Photoshop où j’applique des calques en transparence ou pour donner un côté pastel très doux à la photo.

 

     … : Juste pour avoir une idée de la durée moyenne d’une séance famille et la durée du post-traitement derrière ?

 

     Stéphanie : Une séance dure en moyenne deux heures, parfois moins. Là aussi ça dépend de l’enfant et du temps qu’il met à se prêter au jeu. Ensuite, pour le post-traitement je mets facilement trois ou quatre heures après la séance, pour livrer la galerie en ligne. Je dirai qu’il y a environ une à deux heures de mails avant pour la prise de contact, deux heures de séance et trois à quatre heures pour finir le post-traitement avec la galerie en ligne.

J’essaie de livrer une galerie d’une centaine de photos. En sachant que pour une séance, comme je l’ai dit, je déclenche beaucoup, j’aime figer des instants spontanés, donc je prends en moyenne entre 250 et 500 photos par séance.

 

     … : Dans l’œuvre que vous avez construite dans la galerie, vous allez ensuite, éventuellement, imprimer des photos ? Comment avez-vous conçu toute l’offre qui vient derrière ?

 

     Stéphanie : Je vais vous expliquer comment je procède, le détail d’une prestation de séance famille avec moi.

On fait la séance, je post-traite les photos, avant de mettre en ligne la galerie, je fais un petit diapo sur lequel je mets les photos sur un fond musical que je publie en privé (juste pour les parents). Je fais ça un ou deux jours avant de mettre la galerie. Je leur mets ensuite leur galerie en ligne et là, ils peuvent, en fonction du forfait qu’ils ont pris, choisir un certain nombre de photos qui sont mises en HD sur DVD. Et il y a en plus un ou deux agrandissements en fonction du forfait, sur tirage papier.

Je post-traite la totalité des photos. Je propose aux parents d’acheter des photos supplémentaires s’ils le souhaitent, donc il y a un facteur commercial qui rentre en ligne de compte où j’espère que les parents choisissent des photos supplémentaires pour compléter leur choix.

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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