Après avoir fait vos premières armes avec des sujets faciles, rapidement, pour beaucoup d’entre vous, vous avez l’impression que vos photos sont ennuyeuses… et vous-même, vous vous ennuyez.

Alors, aujourd’hui, petite vidéo inspirée par un récent article de mon collègue et ami David DuChemin, sur l’ennui créatif.



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Bonjour à tous, ici Laurent Breillat pour Apprendre la Photo, et bienvenue dans cette nouvelle vidéo.

Aujourd’hui, petite vidéo inspirée par un récent article de mon collègue et ami David DuChemin, sur l’ennui créatif. Je vous mets le lien en description pour ceux qui lisent l’anglais.

Si vous me suivez un peu, vous finissez sans doute par avoir envie d’aller un peu plus loin. À vos débuts, vous faites vos premières armes avec des sujets faciles, mais rapidement, pour beaucoup d’entre vous, vous avez l’impression que vos photos sont ennuyeuses… et vous-même, vous vous ennuyez.

Et du coup, vous vous demandez : comment ne plus s’ennuyer ? Le truc c’est qu’on fait la supposition que si on va créer quelque chose alors qu’on s’ennuie, on va créer des images ennuyeuses. Mais c’est une fausse supposition.

L’argument de David dans son article, c’est que l’ennui, c’est « le manque d’un manque ». Nous n’aimons pas ne rien avoir qui nous pousse, qui nous challenge, rien à découvrir ou à comprendre.

L’être humain est naturellement curieux. Plus ou moins selon les gens, mais notre espèce est curieuse, sinon elle n’aurait pas avancé jusque là. Sinon Benjamin Franklin n’aurait jamais fait voler un cerf-volant pendant un orage. Parce qu’il faut quand même être curieux pour faire ça.

Notre esprit a besoin de chercher quelque chose qu’il n’a pas, d’apprendre quelque chose qu’il ne sait pas. Il a besoin d’un os à ronger.

Et l’ennui, c’est un peu comme la faim de notre esprit. C’est votre cerveau qui réclame un os à ronger.

Donc, que faire quand vous vous ennuyez ?

Trouvez un challenge

Eh bien, la même chose que quand vous avez faim : trouver un truc à manger. Il faut nourrir votre cerveau de ce qu’il réclame : c’est-à-dire un challenge.

Un challenge donc : quelque chose dans lequel il n’est pas bon, quelque chose de difficile, de peu familier. Et plus vous vous ennuyez, plus il vous faut un gros challenge.

Le plus simple, c’est de changer quelque chose, n’importe quoi. D’apporter de la nouveauté. Quelques exemples :

Vous pouvez challenger vos idées. C’est assez simple : prenez un bouquin d’un photographe que vous ne connaissez pas du tout, voire d’un courant que vous n’aimez pas habituellement. Si vous n’aimez pas, je ne sais pas, la photo abstraite ou quelque chose comme ça, même si c’est un courant un peu large, faites l’effort.

Et rappelez-vous, c’est normal que ce soit inconfortable, mais au moins ce n’est pas ennuyeux ! C’est-à-dire que vous allez regarder les photos, vous allez faire « mais non, mais j’aime pas, etc. ».

Demandez-vous simplement ce qui fonctionne dans ces photos, même si vous ne les aimez pas. Pourquoi il y a carrément un bouquin sur elles ? C’est quand même pas rien qu’il y ait un bouquin sur ça, il doit y avoir une raison !

Donc, posez-vous la question, je ne vous demande pas d’aimer à la fin. Vous pouvez toujours détester, peut-être même que vous détesterez plus, mais au moins vous vous serez posé des questions dessus, vous ne vous serez pas ennuyé et vous aurez challengé vos idées.

Ce n’est pas forcément la peine de vous demander ce que ça peut apporter directement dans vos photos. Il ne faut pas forcément être, on va dire, utilitariste dans cette approche-là, simplement vous soumettre à la nouveauté, ça suffit déjà pour enlever de l’ennui.

Et pas d’excuse hein : si vous n’avez pas les sous pour acheter les bouquins, OK, vous pouvez en trouver pas cher dans les libraires de seconde main genre Oxfam, ou dans les bibliothèques, ou même aller squatter à la Fnac et feuilleter les bouquins (personne ne va vous foutre dehors, a priori). Donc pas d’excuses, vous pouvez le faire.

Challengez vos compétences

Deuxième chose, vous pouvez aussi challenger vos compétences. Vous pouvez apprendre une nouvelle technique juste comme ça. Histoire de faire un truc nouveau et de vous dire : est-ce que j’en suis capable ? Comment on fait ? Histoire de juste pas vous ennuyer. Et voyez si elle ne peut pas apporter quelque chose à votre travail habituel, que ce soit directement parce que vous allez dire : c’est super ! Je vais faire ça. Ou alors indirectement, parce que ça va vous faire penser à quelque chose et vous allez vous dire : ah, je pourrais utiliser le même principe, mais différemment, dans ce que je fais d’habitude.

Vous pouvez faire plein de trucs différents : des expos longues, du mouvement de l’appareil photo, un nouveau sujet que vous n’avez jamais essayé, ou une nouvelle approche, par exemple ne faire que de l’abstrait. Vous pouvez tenter des choses différentes.

Challengez le contexte

Dernière chose, vous pouvez aussi challenger le contexte. Allez dans un autre endroit. Pas la peine de prendre un billet pour Bali (enfin, si vous voulez, allez-y, faites-vous plaisir). Juste un endroit où vous ne photographiez pas d’habitude, voire un endroit qui soit un peu inconfortable, un truc où d’habitude vous dites : mmh, j’aime pas trop photographier là parce que ci parce que ça. Ça peut être un parc dans votre ville, ou juste à 15 minutes de voiture. Ce n’est pas forcé d’être loin, juste un truc dont vous n’avez pas l’habitude. Vous allez trouver, ne me dites pas que vous avez photographié PARTOUT autour de chez vous, je sais que vous me mentez. 😉

Une alternative pour ça, c’est aussi de changer de moment de la journée ou de conditions en général. Quand je dis : le contexte, ce n’est pas que le lieu, c’est d’une manière générale.

Ça peut être le moment de la journée, si vous n’avez jamais photographié la nuit, eh bien, allez photographier la nuit. Peut-être que vous ne photographiez jamais quand il pleut parce que vous trouvez ça moche, allez-y quand même. Il y a moyen de changer de contexte. Enfin, de vous dire : OK, dans quel contexte je ne photographie jamais ?

Par exemple, moi, là, si je devais vous sortir ce que je ne fais jamais : je ne fais jamais de studio, par exemple. Donc si je voulais changer mon contexte demain, je pourrais tout à fait me dire : OK, je prends un modèle, je vais en studio et je tente des choses. Je ne fais jamais ça, donc au moins ça change complètement le contexte, c’est un challenge, je ne vais pas m’ennuyer, ça c’est sûr.

Je ne sais pas si je vais sortir des bonnes photos, mais je ne vais pas m’ennuyer. Ça pourrait être de faire du portrait, par exemple, parce que je n’en fais pas beaucoup, d’aborder les gens dans la rue pour leur demander de faire des portraits, c’est un truc que je n’ai jamais fait.

En tout cas, changer quelque chose, c’est en gros le conseil que l’on peut retenir si vous ne voulez plus vous ennuyer, si vous pensez que vous bloquez un peu.

Alors, sur le moment, vous pouvez vous dire que c’est juste une petite caresse sur la tête pour vous dire : OK, tu ne t’ennuies pas maintenant, mais ça ne résout pas le problème sur le long terme. Peut-être que certaines fois, non, parce que vous allez faire quelque chose et vous dire : oui, si je ne le faisais pas c’est qu’il y avait une bonne raison, c’est parce que ça me fait chier. Mais vous allez peut-être aussi trouver quelque chose qui va vous remettre en selle. Donc ça ne va pas toujours être une solution miracle sur le long terme, évidemment, mais à force d’essayer des choses, eh bien, vous allez rajouter un peu de carburant créatif.

J’espère que cette vidéo vous a plu. Si c’est le cas, mettez-lui un pouce bleu et partagez-la avec d’autres photographes. Et puis si vous débarquez sur la chaîne, pensez à vous abonner juste en dessous et à cliquer sur la petite cloche pour ne pas rater les prochaines vidéos et puis n’oubliez pas de télécharger votre guide « Faites-vous plaisir en photographiant », pour avoir les conseils de base pour débuter en photo et recevoir les emails dans lesquels vous aurez également d’autres conseils. Voilà, je vous dis à plus dans la prochaine vidéo, et d’ici là à bientôt, et bonnes photos !

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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