Aujourd’hui, je vais vous expliquer comment mes expérimentations avec l’exposition multiple m’ont donné parmi mes photos préférées de mon dernier voyage au Kenya.


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Hello, ici Laurent Breillat pour Apprendre la Photo. Et donc, pour commencer cette vidéo, je voudrais rappeler ce qu’est l’exposition multiple, parce qu’évidemment, tout le monde ne sait pas ce que c’est, donc rappeler un peu le principe pour que vous compreniez les images après, sinon ça ne va pas forcément faire sens pour vous et ça ne va pas vous aider dans votre démarche photographique.

L’exposition multiple, c’est une technique qui est apparue dès qu’on photographiait en argentique, et qui consiste à exposer la même surface sensible, donc la même pellicule, plusieurs fois.
Normalement, quand on fait une photo, simplement on appuie sur le déclencheur et c’est exposé qu’une seule fois. Même en argentique, vous avez une partie de la pellicule qui est exposée, on tire sur le levier et ça bouge la pellicule au rectangle suivant, si on veut, et on va réexposer cette partie-là de la pellicule, etc., etc.

L’exposition multiple, ça part du principe que, en fait, on peut exposer autant de fois qu’on veut la même surface de pellicule, on n’a aucune contrainte qui nous oblige à ne l’exposer qu’une seule fois, et ça va permettre de faire des effets un peu intéressants.

En gros, le principe c’est que si vous photographiez une scène comme ceci, comme ce que vous êtes en train de voir à l’écran, il y a des parties qui sont plus ou moins claires et d’autres plus ou moins sombres. Si vous regardez le piano qui est à peu près là, ou la cadre qui est derrière, ou mes cheveux, c’est des parties assez sombres de l’image. Et donc, ces parties-là sur la pellicule, elles vont être atteintes par assez peu de lumière, voire presque pas. Et du coup, si vous réexposez cette même pellicule, eh bien, dans les parties sombres, vous allez pouvoir voir tout ce qu’il y a comme détails dans la photo de près, puisque comme ça n’a pas été exposé avant, eh bien, il reste, on va dire, de la place, si on veut pour pouvoir afficher d’autres choses à cet endroit-là, capturer de la lumière supplémentaire.

Alors, c’est aussi vrai dans les parties claires, mais moins. C’est-à-dire que si vous avez une partie complètement blanche, vous n’allez normalement quasiment rien voir de la deuxième photo que vous allez exposer. Et si vous avez des parties un peu intermédiaires, par exemple mon pull, eh bien, vous allez normalement avoir quelques détails, mais pas tout.
Donc, en gros, c’est ça le principe de l’exposition multiple.

Alors, ce qu’il faut savoir, c’est que même si cette technique fait davantage sens en argentique, puisqu’en argentique vous avez effectivement une surface sensible physique, vous avez la pellicule, et qu’en numérique c’est juste un capteur, eh bien, malgré tout, on a conservé cette technique et il est encore possible, sur pas mal d’appareils, de faire une exposition multiple, donc ça peut être une exposition double, triple, quadruple ou autant de fois qu’on veut, grâce à une fonction de l’appareil.

Ce n’est pas forcément dispo sur tous les appareils – donc là, si vous me posez en commentaire la question « est-ce que c’est dispo sur mon appareil ? », je ne sais pas. Cherchez-le sur Google et vous allez trouver – et le fonctionnement varie un petit peu. Vous avez des boîtiers qui permettent de ne faire que deux expositions, d’autres que trois, donc parfois c’est limité parce que vous pouvez juste prendre plusieurs expositions à la suite et parfois vous pouvez sélectionner dans l’appareil une photo que vous avez déjà faite pour refaire une exposition dessus, y compris une photo que vous avez faite la veille, deux jours avant, deux ans avant, aucun souci tant que c’est une photo faite par cet appareil-là.
Donc ça dépend vraiment des appareils, les détails de la réalisation ne sont pas toujours exactement les mêmes, mais ce que je vais vous expliquer aujourd’hui, c’est le principe.

Voilà, ceci étant dit, j’étais donc en safari au Kenya en ce mois de janvier, pour la troisième fois maintenant, et puis en regardant un peu mes photos des années d’avant avant de partir, j’ai remarqué plusieurs choses, et notamment que j’avais un peu envie de me renouveler. Parce que c’est vrai qu’au départ on a un peu tendance à faire des photos un peu descriptives des animaux qu’on voit, et j’avais envie d’aller un petit peu plus loin. Donc dans la petite série de vidéos que je vais vous faire sur le Kenya, c’était un peu pour vous montrer aussi comment je suis allé plus loin.

Et j’ai voulu vous parler de l’exposition multiple parce que c’est une idée que j’ai eue – alors, il n’y a rien de révolutionnaire là-dedans, il y a plein de gens qui font des expositions multiples, notamment Cynthia qui était avec nous et qui utilise cette technique, ainsi que la pose un peu lente :

© Cynthia Haynes

Et simplement, j’ai eu une assez grosse frustration depuis le début de mes photos en safari, c’est que j’aime énormément les éléphants ; ce sont des animaux absolument incroyables et j’ai une espèce de connexion particulière avec eux, enfin je les trouve d’une grande beauté, mais, photographiquement, je n’ai jamais fait vraiment une photo où je sois très heureux de ce que j’ai fait, en fait. J’ai toujours…, je ne sais pas, ça manquait toujours de quelque chose, c’était toujours un peu trop descriptif pour moi, alors que ça n’était pas le cas pour d’autres animaux.

 

Et je pense qu’une des raisons de ça, c’est simplement que les éléphants, quand vous les voyez dans la nature, ça ne fait pas grand-chose à part manger et marcher. Ils sont plus ou moins tout le temps en train de marcher pour se nourrir. Et de temps en temps, il y en a un qui va faire un truc rigolo avec sa trompe, mais vous n’avez pas tellement l’occasion d’un moment particulier, et il y a pas mal de photos de félins que j’ai faites là-bas qui étaient un peu basées là-dessus.

 

 

Les éléphants, voilà, on peut essayer de trouver des compositions, mais la lumière n’est pas toujours facile. Vous savez, quand vous n’avez pas la lumière, que vous n’avez pas le moment, il ne reste pas forcément grand-chose pour faire une photo qui soit vraiment très bonne.
Du coup, je me suis dit « expérimentons, tentons des choses, prenons un peu des risques » parce que, de toute façon, finalement je ne prends pas beaucoup de risques puisque, les années d’avant, je ne suis pas très content de ce que j’ai fait, alors autant tenter autre chose.

Et donc, j’ai tenté l’exposition multiple sur les éléphants.

En gros, sur mon appareil, on peut faire jusqu’à quatre photos de suite – de toute manière, je pense que si on en fait trop, ça devient souvent un petit peu brouillon – et ce que je faisais, c’est simplement de prendre une première exposition et, ensuite, les trois autres à la suite, juste après avoir pris la première.
Mes deux boîtiers permettent ça, j’ai un boîtier Panasonic GX8 et un Panasonic GH5 – il y a plein d’autres marques qui le permettent, donc ne vous laissez pas arrêter parce que vous n’avez pas un boîtier de cette marque-là –, et donc j’ai un petit peu expérimenté et j’ai rapidement été assez content des résultats.

Alors, les premiers essais n’ont pas forcément été très concluants, simplement parce que le gros problème de l’exposition multiple, c’est évidemment que vous avez plein de choses qui se superposent, et ça peut assez rapidement faire fouillis, et parfois l’œil n’accroche pas vraiment à quelque chose, il y a trop de choses qui se passent dans l’image, on n’accroche à rien et je pense que dans une image, c’est important d’accrocher un peu quelque part, qu’il y ait… que l’œil ait quelque chose de concret à quoi s’accrocher. À moins qu’on fasse de l’abstrait complètement, mais là, mon but c’était quand même de faire des photos d’éléphant.

 

 

Donc, j’ai fait quelques essais et je me suis rapidement rendu compte que, on va dire, une des choses qui permettait à l’œil de s’accrocher quelque part, c’est d’essayer d’avoir un point de l’image qui soit toujours à peu près au même endroit d’exposition en exposition. Parce qu’évidemment, comme c’est une exposition multiple, vous pouvez très bien exposer la tête comme ça et ensuite décaler votre cadre complètement et avoir une deuxième tête juste à côté.
Et en fait, le choix que j’ai fait sur pas mal de photos, c’est notamment d’essayer de garder l’œil au même endroit.

 

Comment on peut faire ça ? Eh bien, simplement, comme on est en visée électronique sur hybride – et même sur reflex, vous pouvez le faire avec la vissée sur écran, je vous conseille de ne pas le faire à l’aveugle –, eh bien vous pouvez directement voir, dans votre écran ou dans votre viseur, la première photo que vous avez prise. Donc vous la voyez et vous n’avez plus qu’à la superposer à la scène que vous voyez. Vous la voyez en transparence, en fait, par rapport à la scène que vous voyez, et ça permet de composer exactement comme on le souhaite. Ça, c’est le gros avantage de la visée électronique, même si vous êtes sur reflex, vous pouvez le faire avec la visée par écran, évidemment, et ça m’a permis de composer exactement mes expositions multiples, comme je le voulais. Et le choix que j’ai fait, souvent, c’est de garder l’œil au même endroit. C’est-à-dire d’essayer d’aligner l’œil de l’animal avec l’œil de la photo qui était juste avant, parfois quelques secondes avant. Mais par contre, le reste de son corps a bougé. Ce qui fait qu’on arrive à avoir un point qui est à peu près net, d’une manière qu’il y ait toujours à peu près l’œil qui est superposé, et par contre, le reste bouge. Donc ça donne quand même une espèce d’accroche à l’œil, on arrive un peu à voir ce qui se passe.

Et donc, ce que j’ai découvert en le faisant, c’était qu’en fait, ça créait un genre de flou qui était différent du flou de mise au point, qu’on pourrait avoir si on décalait la mise au point et qu’on avait une profondeur de champ assez faible, ou du flou de bougé du photographe ou du sujet, du flou de mouvement.
C’était une espèce de flou différent, simplement parce qu’on superpose des moments qui sont quasiment les mêmes, parce que l’animal n’a pas trop bougé, mais qui ne sont pas non plus exactement similaires, et j’aimais bien cet effet un peu évanescent, un peu onirique, il y avait quelque chose de l’ordre, un peu de la peinture, mais aussi du rêve. Vous voyez, c’est comme un rêve, on ne s’en souvient en général pas comme de la réalité, c’est-à-dire qu’il y a toujours un côté un peu, une atmosphère un peu différente. Eh bien, là, j’ai trouvé que ça ressemblait un petit peu à ça.

Et donc j’ai fait pas mal d’expérimentations, notamment en superposant un paysage, un lever de soleil en fait, où on voit vraiment la boule orange du soleil et où le reste est assez sombre, et du coup toute la partie sombre peut être recouverte par une photo d’éléphant. On voit quand même le soleil. J’ai testé des choses comme ça. C’est des photos que j’aime peut-être un petit peu moins que celles qui sont un peu plus oniriques.

 

Et du coup, après, je me suis dit « tiens, c’est sympa, on va tester sur d’autres animaux ». Donc j’ai testé sur des lions, sur des vautours aussi, sur des zèbres.

J’ai testé sur pas mal d’animaux, mais je n’ai jamais trouvé ça aussi pertinent que sur les éléphants.

Parce que je trouve que la double exposition leur correspond mieux. Je trouve qu’il y a quelque chose qui correspond à leur espèce de grâce et… Un éléphant, ça a l’air sage, même les jeunes, ils ont l’air déjà d’être vieux, presque, une certaine sagesse, un calme. Vous voyez, c’est comme quelqu’un qui est très calme, qui a beaucoup de self-contrôle. Ils ont un petit peu ça. Et j’ai trouvé que cette technique photographique leur correspondait bien, donc je pense que quand je retournerai en Afrique, je continuerai à faire ce genre de photo, peut-être pour développer une série un peu plus longue.

Donc, là, il y a une espèce de minisérie, on va dire, mais je ne considère pas vraiment ça comme un travail photographique à part entière parce que je n’ai pas eu assez d’opportunités de le faire pour vraiment sélectionner suffisamment de bonnes images. Mais pourquoi pas, dans le futur, en faire quelque chose, un travail sur plus le long terme.

Donc, voilà, pour finir, je vais vous laisser avec ces quelques images. Et puis si vous avez aimé cette vidéo, n’oubliez pas de lui mettre un pouce bleu, de vous abonner si ce n’est pas encore le cas, de télécharger votre guide “Faites-vous plaisir en photographiant” si vous avez été intéressé par ce que je dis et que vous avez envie de vous y mettre, en photo. Et puis, évidemment, n’hésitez pas à laisser un commentaire juste en dessous pour me poser des questions, si vous vous demandez pourquoi j’ai fait tel ou tel choix sur ces images.
Je vous dis à bientôt pour la prochaine vidéo, et d’ici là, à bientôt et je vous laisse regarder mes photos ! Ciao !

 

 

Pascale Sadoul
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