J’ai voulu vous parler de la perception en photographie, et surtout, comment vos images peuvent être perçues à travers le temps et à travers les différents points de vue des spectateurs.



Cliquez ici pour afficher/masquer la transcription complète
Bonjour à tous, ici Laurent Breillat pour Apprendre la Photo. Et aujourd’hui, je vous fais une vidéo pour vous parler un petit peu de la perception en photographie et de comment vos images peuvent être perçues et comment elles peuvent être perçues à travers le temps, et de ce que vous pouvez, vous, en déduire en tant que photographe.

La première chose, c’est… je vais vous raconter une histoire que j’ai lue, un lien que quelqu’un a posté sur Facebook et que j’ai lu un petit peu, et qui raconte l’histoire de cette photo qui date de 1951, que je vous montre là :

Dans laquelle on voit une femme en Italie, qui descend la rue et qui est manifestement, on va dire, appréciée par les hommes autour, puisque soit simplement ils la regardent, soit carrément ils se tendent un peu en faisant des bisous un peu à l’italienne ; encore aujourd’hui il y a un peu de ça.

Et donc, c’est une image que beaucoup à travers le temps, y compris à l’époque, ça ne date pas d’aujourd’hui, ont plutôt interprétée comme du harcèlement sexuel et juste une femme qui ne peut pas marcher dans la rue tranquille.
Et ce qui est intéressant, en fait, c’est que cette image n’est pas interprétée pareil par tout le monde.

Déjà, la femme qui traverse la photo a dit que, pour elle, ce n’était pas du tout ce qu’elle avait ressenti et que, contrairement à ce qu’on disait, elle ne s’était pas du tout sentie menacée à aucun moment et juste, pour elle, elle dit, je pense, dans l’article que je vais vous mettre en dessous – traduction approximative –, elle dit : je possède la rue.
Voilà, elle se sentait bien, en fait, et pour elle, elle était habituée à ça, et elle réfute cette interprétation-là.

Donc, déjà, il y a son ressenti à elle, ce qui n’empêche pas qu’on puisse avoir un ressenti différent.
À l’époque, quand cette photo a été reproduite, il y a même certaines parties de l’image qui ont parfois été “photoshopées” ou simplement recadrées pour éviter de montrer notamment le gars qui se tient les parties, parce qu’on trouvait ça peut-être trop choquant.

Alors que, de manière assez drôle, cette même photo en Italie était régulièrement exposée dans les bars ou près des toilettes des hommes parce que, pour eux, c’était plutôt une fierté de l’homme italien.
On n’est pas du tout là pour faire un débat sur “est-ce qu’il faut se saisir les parties quand il y a une femme qui passe dans la rue ?”, la réponse étant probablement non, ce n’est pas du tout le sujet.

Mais le sujet, c’est surtout qu’une même photo, elle peut être interprétée vraiment différemment par le sujet, par le photographe, par les gens selon l’époque, selon leur culture, selon le contexte dans lequel la photo peut être présentée, ça peut être interprété de manière très très différente.
Et ce qui est intéressant là-dedans, c’est que vous, en tant que photographe, ça peut, on va dire, arrêter certains questionnements qui sont en fait pas forcément très pertinents.

Parce que, en fait, à partir du moment où la perception de la photo peut changer selon l’époque, selon le temps, selon les personnes, etc., ça veut dire que de toute façon vous ne la maîtrisez pas.

C’est-à-dire que même si vous faites une photo qui est, on va dire, au final très très claire dans son interprétation, comme ici, effectivement, quand on voit la photo, le moment est quand même, pour nous… on voit ça, on se dit : elle se fait un peu emmerder dans la rue. Et elle, elle ne pense déjà pas ça du tout, et à l’époque, les avis étaient un peu divergents.

Donc même si, vous, l’interprétation vous paraît évidente, de toute façon, ça peut être mal interprété.

Et donc, ça veut dire, par contre – moi je trouve que c’est plutôt une bonne chose, parce que ça veut dire que si vous faites une photo dont l’interprétation n’est pas évidente, eh bien, au final, ça vous libère de quelque chose.
Parce que dans tous les cas, même si elle est évidente, les gens vont l’interpréter de manière différente.

Donc, ne vous embêtez pas trop à vous dire : est-ce que c’est vraiment évident ce que je raconte ? La question, c’est plutôt : est-ce que, déjà, à vous, ça vous parle ? Est-ce que ça raconte ce que vous voulez raconter ? Est-ce que, vous, c’est ce que vous vouliez dans la photo ?

Et puis, également : est-ce que ça provoque une émotion ? Est-ce que ça va faire s’arrêter les gens ? Est-ce que la photo parle ? Est-ce qu’elle est bien composée ?

Tout ça, ça compte plus, finalement, que de savoir comment va être perçu le message exactement.

Alors, on pourrait aussi se dire que pour être sûr que les gens interprètent l’image comme on veut, on va mettre un texte à côté de la photo. Il y a des choses à dire sur le fait de mettre un texte ou non à côté de la photo, j’aurais plutôt tendance à dire que, au final, si vous faites une photo toute seule, comme ça, pour moi elle doit quand même parler toute seule sans texte. Le texte peut apporter des informations supplémentaires, mais je trouve que le texte fait davantage sens dans le cadre d’un plus grand projet.

Par exemple, si vous avez juste une photo, comme ça, de rue, vous n’allez pas commencer à expliquer.
Alors, déjà, si vous décrivez ce qui se passe dedans, ça ne sert à rien. Et si vous expliquez un truc qu’on ne voit pas dans l’image, peut-être qu’elle n’est pas assez forte.

Par contre, si vous avez un projet plus large, ça peut être intéressant de donner le contexte, juste pour qu’on comprenne un peu dans quel contexte ça se place et qu’ensuite on apprécie mieux les images.
Donc, moi, j’aurais tendance à faire du texte pour une série, par exemple, un petit paragraphe pour expliquer dans quel contexte elle a été faite, mais pas forcément pour une photo en soi.

Après, c’est tout un débat qui pourrait donner lieu à une vidéo complète, mais voilà ce que je voulais vous dire, je pense que c’est important de comprendre que la perception de votre photo, elle va forcément être différente selon les gens, selon les époques, et que, du coup, ça doit vous inciter à lâcher prise là-dessus et vous dire que de toute manière, tout le monde ne va pas comprendre la photo exactement de la même manière, et c’est pas grave.

Alors, si tout le monde a compris de la même manière et que ce n’est pas celle que vous pensiez, c’est peut-être que, effectivement, vous avez mal exprimé photographiquement ce que vous vouliez exprimer. C’est possible.

Mais si c’est juste quelques personnes, c’est normal qu’il y ait des divergences dans la manière d’interpréter la photo, qu’il y ait des gens qui vont peut-être être triste et d’autres être gais, parce que chacun a aussi sa manière de voir le monde, sa propre expérience personnelle qui va faire que ça va influencer la manière dont on voit les photos des autres.

Donc, ne vous inquiétez pas, s’il y a quelques personnes qui disent : ah, ben moi je vois un truc complètement différent, vous n’avez peut-être pas tort, c’est juste que la personne va interpréter ça comme ça parce que, voilà, c’est juste une personne différente.

Voilà, j’espère que ça vous aura un petit peu décomplexé, que ça vous aura intéressé. Si c’est le cas, mettez un pouce bleu et partagez la vidéo avec vos amis.
Pour ceux qui débarquent sur la chaîne, pensez à vous abonner et à cliquer sur la cloche pour ne pas rater les prochaines vidéos. Et aussi à télécharger votre guide “Faites-vous plaisir en photographiant”, ça vous permettra de ne pas faire les erreurs de débutants en photo, et c’est déjà pas mal pour commencer.
Voilà, je vous dis à plus dans la prochaine vidéo, et d’ici là à bientôt, et bonnes photos !

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
Télécharger l'article en PDF
Vous avez aimé cet article ?

Votez pour cet article

1 Etoile2 Etoiles3 Etoiles4 Etoiles5 Etoiles (6 notes, moyenne : 4,50 sur 5)
Loading...