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Alors, j’en profite pour rajouter que ces réflexions m’ont également été inspirées et enrichies par deux articles (que je vous mets en dessous), l’un de Thomas Ammoudi et l’autre d’Aurélien Pierre qui est un peu plus dur dans son langage, peut-être, mais qui pose des questions assez légitimes, en tout cas, les deux vous aideront à prendre du recul aussi sur les conseils que vous pouvez avoir, et avoir une réflexion peut-être un peu plus personnelle et poussée.
Donc voilà, je vous invite à aller les lire après la vidéo, c’est important pour compléter ce que je vais dire, aussi, d’avoir les réflexions d’autres personnes qui pensent peut-être pas exactement comme moi, mais qui peuvent apporter des pierres à votre réflexion, à vous.
Alors, ce qu’il faut comprendre, c’est que la majorité des conseils que vous allez voir sur internet, s’appliquent surtout à la photographie commerciale. C’est-à-dire que faire une photo d’un joli paysage bien net et un peu lisse qui sera ensuite affichée dans le bureau d’un directeur de banque qui ne va peut-être pas mettre un truc un peu plus original et peut-être un peu challengeant pour le spectateur ; faire un portrait studio bien éclairé de quelqu’un qui sera mis sur Facebook ou Tinder ; faire une photo pack-shot qui sera vendue à une boîte, tout ça, ce sont des choses qui sont finalement issues d’un monde où on vend ces photos.
Alors, tout ça n’a rien de mal, bien sûr, je ne suis pas du tout en train d’attaquer ceux qui font de la photographie commerciale, c’est un métier comme un autre, il n’y a rien de mal à ça, simplement ce qu’il faut comprendre, c’est que vous en tant qu’amateur, si votre but n’est pas de vendre vos photos derrière, vous n’avez pas les mêmes contraintes du tout. Vous n’avez pas du tout à vous conformer à la moindre “règle” issue de la photo commerciale, vous n’êtes pas du tout obligés de le faire.
Évidemment, ça a le mérite, si vous vous essayez à des choses issues de la photographie commerciale, même juste en amateur, ça a le mérite de vous apprendre la technique au passage, parce que souvent il faut être nickel au niveau technique. Évidemment, vous n’allez pas livrer une photo floue à un client ou des choses comme ça, donc on va dire que ça a quand même le mérite de vous apprendre ça, et peut-être de vous apprendre une certaine rigueur, mais, en tout cas, passé ce stade, je pense qu’il faut savoir dépasser ça si vous êtes plutôt dans une démarche de vous faire plaisir, une démarche d’auteur, en fait, une démarche de devenir auteur d’images et non pas une démarche où vous allez vendre vos images derrière.
Donc, l’intérêt d’être amateur, c’est justement de pouvoir développer votre démarche personnelle, que vous souhaitez, sans contraintes du tout parce que vous n’avez rien à vendre derrière, donc personne ne va vous dire qu’il ne va pas vous acheter vos photos, puisque vous n’essayez pas de les vendre.
C’est justement tout l’intérêt d’être amateur. Vous ne répondez pas à une commande donc vous faites ce que vous voulez, donc à vous d’utiliser cette liberté comme vous l’entendez.
Le problème, c’est qu’il y en a beaucoup qui ne font pas cette différence. J’espère que certains d’entre vous vont en prendre conscience en regardant cette vidéo, mais il y a aussi certaines personnes qui restent bloquées dans cette démarche de photographie commerciale, et dans un sens c’est compréhensible.
Tout simplement parce que c’est beaucoup plus simple de faire une photo qui soit commercialement viable, donc un beau paysage bien exposé ou un portrait avec la mise au point sur l’œil avec un éclairage deux ou trois points très classique – je prends des exemples, ce n’est pas pour cibler particulièrement ces disciplines –, tout ça, c’est beaucoup plus facile que de développer une démarche photographique personnelle, et en tout cas, c’est beaucoup moins… ça fait beaucoup moins se poser de questions et, finalement, on peut se réfugier derrière une espèce de perfection technique, qui est facilement atteignable, finalement, en tout cas quand on la définit dans l’optique de la photo commerciale, la perfection technique n’est pas extrêmement compliquée à atteindre ; un petit peu de matériel bien utilisé, ça suffit. Finalement, ça peut aussi être un refuge quand on a peur de se confronter à un truc qui finalement fait beaucoup plus peur, c’est d’aller vers l’inconnu.
Donc, si jamais vous essayez de faire des choses qui sortent un peu des sentiers battus, si vous tentez des séries, des choses qui sont pas forcément classiques, gardez en tête que si vous avez des réactions violentes parfois, ça peut être sur des forums, ça peut être sur des groupes Facebook, ou même moi quand j’ai des réactions violentes par rapport à certaines vidéos, c’est aussi des gens qui, pour certains en tout cas, restent bloqués dans cette optique de photo commerciale.
C’est dommage pour eux, et en même temps je les plains un petit peu aussi, parce qu’il n’y a rien de mal à être dans cette démarche-là, mais je pense qu’il faut avoir conscience que c’est un choix.
On peut être dans cette démarche-là, on peut être dans une démarche auteur, on peut aussi faire les deux ; il y a des gens qui peuvent vivre de leurs photos et en plus avoir une démarche d’auteur à côté – et notamment beaucoup de grands photographes qui ont pris des commandes pour vivre et qui à côté ont développé leur démarche personnelle – il y a toutes les possibilités de combiner ça, ou non, mais il faut en avoir conscience.
Évidemment, je sais ce qu’on va me dire, il y a aussi des professionnels qui ont une démarche personnelle, donc évidemment, la limite est floue, je ne suis pas en train de dire que tous les gens qui font de la photo commerciale n’ont aucune démarche personnelle, ce serait évidemment stupide de dire ça. Il y a des pros qui arrivent à mettre leur patte dans leurs images, qui sont même embauchés pour ça.
Mais ce n’est pas le cas de tous, je pense qu’il y en a quand même pas mal pour lesquels ce n’est pas le cas, voire pas du tout le cas, mais dans tous les cas, même pour ceux qui le font, ils gardent forcément des contraintes de la photo commerciale. C’est-à-dire que, si on a quelqu’un qui fait du portrait, par exemple, même dans ce cas-là – on peut développer une démarche personnelle, j’en connais qui ont vraiment leur style, qui ont vraiment développé quelque chose à eux – malgré tout on est quand même plus ou moins obligé de faire des photos qui mettent en valeur la personne, où elle est nette, enfin, des choses qu’elle attend. On a quand même à un moment un client derrière, auquel on doit délivrer quelque chose qui le satisfait. Donc, forcément, il y a quand même des contraintes.
Voilà, je voulais juste que vous compreniez que la plupart des règles et des grands principes que vous allez voir ici ou là – avec beaucoup de guillemets autour – c’est surtout des choses qui sont issues de la photo commerciale. Il faut juste le savoir. Ce n’est pas forcément mal en soi, mais il faut comprendre que c’est un objectif particulier et définir si c’est le vôtre ou non. Ça peut être le vôtre, c’est OK, mais soyez sûr que c’est vraiment une décision, que ce n’est pas juste un choix par défaut, parce que vous avez vu partout qu’il faut “faire comme les pros”, ce qui est beaucoup plus compliqué que ça.
Pour rappel, je vous conseille la lecture de ce bouquin pour largement compléter et enrichir ce que je viens de dire là, ainsi que les deux articles que je vous ai cités au début, qui sont dans la description, allez voir, ça va vraiment encore faire avancer votre raisonnement.
Voilà, c’est la fin de cette vidéo. Si vous l’avez aimée, mettez-lui un pouce bleu et partagez-la avec vos amis, et n’oubliez pas de vous abonner à la chaîne pour voir les suivantes.
Je vous dis à plus dans la prochaine vidéo, et d’ici là à bientôt, et bonnes photos !
Le livre “Petite philosophie pratique de la prise de vue photographique”, entretien entre Jean-Christophe Béchet et Pauline Kasprzk : http://amzn.to/2qRU4fB
Article de Thomas Hammoudi : https://thomashammoudi.com/etre-amateur/
Article de Aurélien Pierre : https://photo.aurelienpierre.com/valent-conseils-photographes-professionnels/