Au Salon de la Photo 2015, j’ai donné plusieurs conférences sur le stand de Panasonic dans le cadre des “Lumix Masterclass”. Dans celle-ci, je parle de photo de voyage, avec de nombreux exemples en images. Et évidemment, c’est applicable quel que soit votre appareil 😉

 
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Bonjour à tous. Est-ce que vous m’entendez bien ? A priori, oui, parce que moi j’entends presque un peu trop.
Bienvenue dans cette conférence, sur le stand Panasonic, sur la photo de voyage.

Et je vais commencer cette conférence par une mauvaise photo ; mais ce n’est pas seulement pour vous faire marrer. Ça, c’est ma cheville en avril, après m’être cassé la cheville en Italie quand j’étais en voyage. Et pourquoi je commence par ça alors que, concrètement, ça n’a a priori rien à voir avec la photo ? C’est parce que le voyage est quelque chose d’imprévisible – en tout cas si on le vit comme j’aime le vivre –, tout peut arriver, y compris se casser la cheville en Italie et ensuite se faire rapatrier en avion. Pour l’anecdote, j’ai eu trois places dans l’avion pour étaler ma jambe.
Ce que je veux partager avec vous aujourd’hui, c’est comment profiter au maximum de ces imprévus en photographie, évidemment, mais c’est important de comprendre que c’est imprévu parce que vous allez voir qu’en fait, ça induit beaucoup de choses qu’on ne puisse pas vraiment prévoir ce qui va se passer en voyage, qu’on ne puisse pas prévoir ce qu’on va photographier vraiment, qu’on ne puisse pas prévoir la météo. Il y a plein de choses imprévues et je voulais commencer par ça parce que l’imprévisible, pour moi, c’est fondamental dans le voyage et ça va beaucoup influencer votre photographie.
De plus, c’est un sujet assez universel, la photo de voyage, parce que, finalement, dès que vous partez en vacances c’est déjà de la photo de voyage. Même en France. Vous n’avez pas besoin d’aller au bout du monde, pas besoin d’aller à Bora Bora ou sur une île en Thaïlande ou en Australie pour faire de la photo de voyage.

La photo de voyage, c’est partout, et finalement, on y aborde tellement de thématiques différentes que vous allez forcément retrouver quelque chose dans cette conférence qui va vous intéresser. Parce que la photo de voyage regroupe tellement de choses que vous allez forcément être confronté à au moins une partie de tout ce qu’elle implique.
Je vais commencer quand même par me présenter : je m’appelle Laurent Breillat et j’aide les gens à voir le monde différemment, notamment grâce à mon blog Apprendre la Photo, qui existe depuis juin 2010, et sur lequel j’ai écrit quelques articles ; et il y a quelques personnes qui le suivent également. J’ai deux formations – je ne vais pas en parler en détail maintenant parce que ce n’est pas l’idée d’aujourd’hui, c’est juste pour me présenter. Et là, tout de suite, je reviens de New York. J’ai atterri hier matin à 8 h 35, heure française – 2 heures 35 dans ma tête, donc j’ai encore un peu de décalage horaire, vous vous en doutez. J’ai bien dormi cette nuit, quand même.
J’ai pas mal voyagé ces dernières années, à travers le monde : j’ai fait l’Inde, la Thaïlande, les Philippines, j’ai fait trois fois les États-Unis (avec celle dont je reviens), j’ai fait cinq semaines au Royaume-Uni, en Irlande, j’ai aussi fait pas mal d’autres villes européennes dans des voyages plus courts. Bref j’ai un petit peu bougé, et du coup j’ai fait pas mal de photos en voyage, forcément, puisque c’est une occasion toujours sympathique.
J’avais oublié aussi que j’avais écrit deux bouquins chez Eyrolles en 2013, sur le choix d’un objectif – mais ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui.

Aujourd’hui, je vais vous parler photo de voyage, et je vais vous parler du matériel à emporter, parce que je sais que la question est forcément là. On va parler de beaucoup de choses, de boîtier, d’objectifs, est-ce qu’il faut emporter un trépied ou non.
Je vais vous parler des différentes pratiques photo qu’on a en voyage et vous donner quelques conseils techniques et de composition.
Et je vais également vous expliquer comment effacer les vilains touristes sur les photos – le vilain touriste n’étant pas vous. C’est la différence entre un vilain touriste et un bon touriste. Le bon touriste c’est vous, les vilains touristes c’est les autres.
Je vais essayer de traiter ces différents sujets sur la photo de voyage en commençant donc par le matériel, parce que c’est évidemment une grosse question que tout le monde se pose.

Le boîtier

Quel boîtier, d’abord ? Vous avez différents types de boîtiers qui existent sur le marché, vous avez les compacts, qui sont en général tout petits, qui se glissent dans la poche, le zoom se rétracte, vous pouvez très facilement l’emmener.
Vous avez les bridges, qui sont plus gros, mais qui sont encore relativement petits en taille et qui permettent souvent d’avoir une grande plage de focale, donc d’aller du très grand-angle – où je vais voir beaucoup – jusqu’au téléobjectif – où je vais voir quelque chose en très gros, mais où je vais avoir un champ de vision très réduit.
Vous avez les hybrides – qu’on appelle aussi Compact à Objectifs Interchangeables (COI) – ça a plein de noms : appareil sans miroir. Personne n’arrive vraiment à s’accorder sur un nom, mais vous avez compris l’idée – qui, eux, sont de taille réduite, mais ont des objectifs interchangeables, comme les reflex que vous connaissez, puisque le segment de la photo numérique, on va dire, a encore pas mal de reflex dessus, donc vous les connaissez forcément.
Voilà les différents types de boîtiers que vous avez.

Ces différents appareils ont plein de différences, notamment sur la compacité, mais ils ont une différence sur la taille du capteur. Je vais faire un petit point dessus, rapidement, même si ce n’est pas le sujet aujourd’hui, mais c’est important.

La taille du capteur a plusieurs influences, notamment plus la taille du capteur va diminuer, plus la longueur focale apparente va augmenter. Là, je vous ai mis les tailles relatives, bien évidemment ce n’est pas à l’échelle, le capteur Micro 4/3 n’est pas vraiment gros comme ça.
Donc, là, vous avez les tailles relatives des différents capteurs ; les “plein format” étant majoritairement sur les reflex assez haut de gamme, les APS-C constituant la très grande majorité des reflex – je dirais 90 %, et quelques hybrides aussi – et les Micro 4/3 étant les hybrides, vendus ici chez Panasonic et chez Olympus, également, qui se sont accordés sur un même standard.

Qu’est-ce que je veux dire par : plus la taille du capteur diminue plus la longueur focale apparente augmente ? Simplement, si vous placez un objectif 50 mm sur un boîtier Full Frame – par exemple je vais me mettre ici avec un objectif 50 mm sur un Full Frame, je vais voir à peu près ça. Si je mets ce même 50 mm sur un APS-C, ça va agir comme un 75 mm sur un Full Frame, donc je vais voir ça, et sur un Micro 4/3, ça va agir comme un 100 mm, donc je vais voir ça. Je vais donc voir moins, mais je vais voir plus gros. Évidemment, monsieur qui est ici, si je le vois au 50 mm, il va peut-être prendre ça dans l’image, et si je le vois au 100 mm, il va peut-être prendre ça.
Donc il faut juste savoir ça quand on va choisir les objectifs pour le voyage, dont je vais un peu parler après.
Personnellement, j’ai choisi l’hybride en voyage, et à votre avis, quels sont les intérêts d’un hybride en voyage ?
Je vais faire une petite séance de questions/réponses, dites-moi quels sont, à votre avis, les intérêts d’un hybride ?

C’est léger, OK.

On peut changer d’objectif – j’ai cru entendre ça quelque part.

Arnaud, tu avais dit un truc ? L’encombrement.
Ça va avec la légèreté, mais ce n’est pas tout à fait pareil, effectivement.

Il y en a d’autres encore.
Si j’ai choisi un hybride, il n’y avait pas que la légèreté, même si…

Alors, effectivement, la légèreté, la compacité, c’est le plus gros avantage. Notamment parce que, quand on va avoir un capteur plus petit, on a quelques petits désavantages, mais on a l’avantage que les objectifs vont être moins gros. C’est une loi de l’optique, si vous avez un très grand capteur, vous êtes obligé d’avoir un objectif plus gros, plus volumineux. On fait ce qu’on peut pour les réduire, mais il y a un moment où on ne peut pas les réduire plus que de raison.

Donc, comme c’est plus léger et plus compact, on a la possibilité d’emporter plus d’objectifs et plus d’accessoires, puisqu’un objectif sur Micro 4/3 – vous avez là-bas, toute une galerie des optiques Lumix et vous voyez que même les gros téléobjectifs prennent à peine plus qu’un zoom normal sur un reflex.
Donc vous pouvez en emporter trois pour peut-être le même poids ou le même encombrement qu’un seul objectif sur reflex, ou un et un petit. Vous avez la possibilité d’en emporter plus et également d’emporter des filtres, des trépieds parce que vous avez tellement gagné en poids et en compacité que vous avez plus de place, forcément.

La visée par écran : elle n’est plus exclusive aux hybrides, mais on va dire que, sur encore de nombreux reflex, même si ça tend à disparaître, la visée par écran n’était pas encore forcément très performante, notamment en termes d’autofocus, et la visée par écran n’a pas que des désavantages – je sais qu’il y a encore plein de gens attachés au viseur, même moi, parfois, je suis attaché au viseur. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de viseur sur hybrides, d’ailleurs. La visée par écran a pour moi deux avantages : c’est la discrétion, parce que quand je suis en photo de rue en voyage, et que je suis juste à côté de quelqu’un que je veux photographier, si je fais ça, il va comprendre – si je vous cadre comme ça, vous me voyez. Si je suis à l’écran, à la taille et qu’en plus il y a un écran orientable, je peux vous dire que j’ai pris des photos – vous en verrez certaines après – où j’étais littéralement à deux mètres des gens et ils ne m’ont pas vu prendre des photos d’eux. Et j’en ai pris plein, jusqu’à ce que le moment soit bon. Ça me donne quand même un gros avantage de discrétion qui me permet de faire des photos que je ne pourrais pas faire autrement.

Deuxième avantage, que j’ai appelé positions acrobatiques (pas de blague là-dedans), c’est simplement que si je veux faire une photo qui est tellement au ras du sol que je suis obligé de mettre l’appareil photo ici, si je n’ai pas de visée par écran, et notamment d’écran orientable – parce que si l’écran est tout droit, c’est bien, mais ça va deux minutes –, je suis obligé de m’allonger par terre pour regarder comment je vais cadrer. Si je suis ici et que j’ai un écran orientable, je peux être juste accroupi – et je pense qu’en général on préfère s’accroupir que s’allonger par terre, surtout s’il y a de la boue ou si on n’a pas envie de se salir. En tout cas, ça donne plus de confort et de facilité pour faire des positions acrobatiques et pouvoir photographier au ras du sol et ce genre de chose.
Il y a aussi un avantage en termes de composition, que j’aime beaucoup sur les hybrides, c’est qu’on peut changer, à la prise de vue, de ratio d’aspect. C’est-à-dire que je peux photographier en 16×9, je peux photographier en 3×2, en 4×3 ou en format carré dès la prise de vue, et ça permet de composer en fonction de ce format, et je trouve que c’est une grande force en matière de composition, parce que les différents ratios d’aspect ont vraiment des rendus qui peuvent être très différents, qui peuvent mieux convenir sur certaines photos – par exemple vous avez une photo avec un peu trop de ciel, vous vous mettez en 16×9 et la photo s’équilibre beaucoup mieux. Donc ça me donne une possibilité créative supplémentaire et c’est un truc que j’apprécie beaucoup et, honnêtement, je ne me doutais pas de ça la première fois que j’ai pris un hybride. J’ai surtout choisi pour la légèreté, et je me suis rendu compte que cette possibilité de changer de ratio d’aspect a véritablement amélioré mes compositions. C’est une sorte d’effet secondaire appréciable.

Et, également, malgré tout ça, vous gardez un capteur qui est relativement grand, et des objectifs interchangeables, ce qui vous permet de garder les possibilités créatives que ça implique. Quelles possibilités créatives ? Un grand capteur, ça implique de pouvoir avoir une faible profondeur de champ, donc avoir un flou d’arrière-plan – donc, si je photographie monsieur ici, je vais pouvoir avoir l’arrière-plan flou, ce qui m’évitera d’avoir l’arrière-plan qui peut être un peu gênant. et les objectifs interchangeables vous permettent de garder une qualité optimale de l’image et, aussi, d’étendre les possibilités créatives, puisque je vais pouvoir avoir des objectifs macro, des objectifs dédiés aux portraits, bref je vais avoir pas mal de choses différentes.

Également, comme c’est moins lourd – et ça, c’est un truc que j’ai découvert assez récemment (en tout cas, dont j’ai pris conscience assez récemment) –, on se trimballe peut-être avec un kilo cinq sur la journée, grand maximum, ce n’est pas grand-chose, on ne le sent pas, on est moins fatigué et, je ne sais pas vous, mais personnellement, quand je suis en voyage et que je viens de passer la journée avec un gros sac sur le dos et que je suis épuisé, je n’ai plus vraiment l’énergie de faire des photos.
Ça va, quoi, je viens de passer cinq heures dehors, j’ai marché tout le temps, j’ai plus l’énergie, et du coup, je vais voir un truc et je vais dire “oui, bon, est-ce que je vais faire des photos de ça ? Est-ce que c’est vraiment intéressant ?”, je vais avoir un peu la flemme.
Moins je suis fatigué, moins j’ai la flemme, plus je vais faire des photos, et je pense que ça a beaucoup plus d’influence positive sur vos photos de voyage, ce que vous allez en faire, qu’un matériel qui pourrait techniquement être un peu meilleur. Ça a beaucoup plus d’influence positive d’être moins fatigué et d’avoir plus d’énergie créative.

Les objectifs

Quels objectifs, maintenant ? Parce que j’ai parlé d’hybrides, j’ai dit que c’était mon choix personnel en voyage – ça ne veut pas dire que ce soit le seul valable, d’ailleurs –, mais si vous choisissez un appareil à objectifs interchangeables, quel type d’objectifs emporter en voyage ? Évidemment, si vous voulez être léger, vous n’allez pas en emporter quatorze.

Le premier objectif à choisir, à mon sens, c’est ce que j’appelle un zoom généraliste transtandard. Transtandard, ça veut dire quoi ? C’est un objectif qui va aller d’un vrai grand-angle à un petit téléobjectif. Typiquement, ça va être un objectif de type 12-35 mm ou 12-40 mm sur Micro 4/3 – les chiffres de focale vont changer selon le type d’appareil –, si possible qui ouvre jusqu’à f/2.8.

Qu’est-ce que ça veut dire ouvrir jusqu’à f/2.8 ? Je vais avoir une plus grande ouverture maximale du diaphragme, ce qui veut dire deux choses principalement – je vous la fais courte, parce que j’ai une autre conférence sur le choix d’un objectif, où je vais plus loin là-dessus –, c’est que vous allez plus facilement gérer les situations de basse lumière ; quand la lumière viendra à manquer, et ça vous arrivera en voyage, forcément, que vous ferez des photos dans des ambiances un peu sombres, ça arrivera, eh bien vous aurez plus de facilité à réussir vos prises de vue puisque vous ne manquerez pas de lumière – en tout cas, vous en manquerez moins –, et deuxième avantage, comme je le disais avant, vous aurez la possibilité d’avoir une plus faible profondeur de champ et donc plus facilement de faire du flou d’arrière-plan, d’isoler votre sujet, ce qui peut avoir un intérêt créatif. Vous aurez aussi la possibilité de ne pas en avoir si vous voulez.

En gros, c’est polyvalent en termes de focale et de luminosité, et vous allez pouvoir faire ce type de photo avec, par exemple. Là, c’est une photo de paysage urbain assez classique, à Pise, trois ou quatre jours avant que je me casse la cheville. C’est pris au 12 mm, je n’ai pas de flou d’arrière ou d’avant-plan, ce n’était pas la peine, en l’occurrence. Et j’ai aussi pu faire ce genre de photo, avec exactement le même objectif, dans la rue à Barcelone, où j’ai du flou d’avant-plan, avec le monsieur qui passe devant – c’est un pur coup de chance – et avec le flou d’arrière-plan. Donc j’ai vraiment isolé mon sujet, là je suis à ouverture maximale, à f/2.8, et probablement à à peu près 40 mm. Avec le même objectif. Vous voyez qu’on peut faire des photos qui sont très différentes avec les deux. Et ça, c’est ce que j’ai, on va dire 90 % du temps sur mon boîtier pendant que je suis en voyage. La majorité du temps, j’ai cet objectif-là. Je pourrais presque ne partir qu’avec celui-là. Je ne le fais pas, parce que j’ai toujours envie d’avoir des possibilités en plus, mais je pourrais presque ne partir qu’avec celui-là.

On peut aussi faire ça. C’était à Arles, aux Rencontres de la Photographie d’Arles cet été. Je l’ai prise au 40 mm, d’assez loin, un peu plus de profondeur de champ et vous voyez que cette photo est encore une fois très différente, mais on peut aussi faire la même chose.

Ensuite, pour moi, si vous prenez d’autres objectifs – parce que vous pouvez vous contenter de ça, à la limite, je vous l’ai dit je fais 90 % de mes photos avec ça, donc c’est tout à fait possible –, le deuxième objectif va être selon votre pratique préférée.

Si votre pratique préférée, c’est le paysage, je vous conseille d’embarquer en plus un ultra grand-angle. Que va permettre l’ultra grand-angle ? C’est simplement de voir plus large, comme son nom l’indique, vous allez voir très très large. Typiquement, ça va être, sur Micro 4/3, le 7-14 mm Panasonic ou le 9-18 mm Olympus. Ici, l’ouverture maximale va être peu importante, puisque comme c’est un objectif plutôt dédié au paysage, vous allez plutôt avoir des grandes profondeurs de champ et vous n’avez pas spécialement besoin d’une grande ouverture. Je fais court là-dessus, désolé, mais je n’ai qu’une heure et j’ai une autre conférence sur le choix d’un objectif que vous pourrez voir à partir de demain, ou sur ma chaîne YouTube du blog.

On peut avoir ce type d’image avec un ultra grand-angle. Ça, c’était il y a longtemps, en Inde, au bord du Gange. Là, je suis à ce qui ferait un peu moins d’un 12 mm, je pense, sur Micro 4/3 – là, c’était sur reflex, à l’époque. C’est le seul voyage que j’ai fait en embarquant un reflex ; trop lourd.
Là, c’est Miami, après le coucher du soleil. Vous voyez que j’ai une très grande partie de ce que l’on appelle la skyline de Miami, c’est-à-dire l’ensemble des gratte-ciel de Miami.

Ici, c’est en Irlande, vous voyez que j’ai un angle assez grand, et il y a cet effet de perspective où l’on va rentrer dans l’image. Et c’est aussi ça que je voulais vous montrer avec l’ultra grand-angle, c’est qu’on peut avoir vraiment cette impression que l’on peut presque poser le pied dedans. Plus qu’avec un grand-angle “tout court”. La différence est parfois un peu subtile, mais, notamment, si vous vous approchez beaucoup de votre sujet et que vous utilisez les techniques de composition – dont je vais un peu parler aujourd’hui et un peu plus demain dans ma conférence à 11 heures –, vous allez avoir cette impression de rentrer dans l’image, un peu comme on le voit ici. Alors, il y a la ligne diagonale – pour ceux qui connaissent un peu la composition – et vous avez aussi la possibilité de voir large. Donc, pour moi c’est un objectif qui est vraiment sympa, en photo de paysage, à utiliser et je l’emmène toujours en voyage, d’autant qu’il est assez petit et léger, donc pourquoi pas.

Ensuite, si vous êtes attiré par le portrait, vous allez plutôt emporter – vous pouvez emmener les deux, vous avez le droit – une focale fixe qui va être dédiée aux portraits. Typiquement, chez Micro 4/3, à peu près un 45 mm f/1.8. Il y en a un chez Olympus, notamment, il y a un 42,5 mm f/1.4 (de mémoire) chez Panasonic – vous irez voir dans leur gamme d’optiques.

Parce qu’avec sa grande ouverture maximale, il va permettre d’avoir un beau flou d’arrière-plan et de bien isoler le sujet. Voilà, c’est le type de résultat qu’on peut avoir. Celle-ci a été prise sur reflex, honnêtement, parce que je n’ai emmené que quelques photos pendant que j’étais en voyage pour préparer cette conférence. Vous avez un très beau flou d’arrière-plan et vous ne voyez pas l’arrière-plan qui ne va pas du tout gêner le sujet. Ça, c’est le type de résultat qu’on peut avoir avec ça. Vous pouvez aussi photographier les animaux, vous avez le droit. Faire des portraits d’animaux. Ici, c’est à Malte.
C’est le type de résultat que vous allez avoir avec une focale de type “portrait”. Vous voyez que vous pouvez aussi faire d’autres choses avec.

Si jamais vous voulez faire de la photo animalière en voyage, vous pouvez emmener un téléobjectif qui va être, au minimum, un équivalent 70-200 mm, donc sur Micro 4/3 ça va être plus. Ce sera plus sur du vrai animalier. Je distingue le vrai animalier, c’est-à-dire que vous allez aller au Kenya faire un vrai safari, ou alors vous allez à l’étranger et à un moment il y a un zoo qui se présente et vous avez envie de prendre des photos des animaux parce que vous n’avez jamais vu un renne avant et qu’il y en a un dans un zoo je ne sais où, vous aurez besoin d’une focale moins longue pour un zoo parce que, évidemment, il ne peut pas courir bien loin.

Donc, sur du Micro 4/3, vous serez plutôt sur du 35-100, à peu près, et si vous voulez faire du vrai animalier, là, vous serez plutôt sur des focales qui vont être de 200 ou 300 mm sur du Micro 4/3.
La question à se poser est : est-ce que c’est bien utile de l’emmener ? Parce que je sais qu’il y a des gens qui veulent absolument emmener un téléobjectif en voyage, parce que “on ne sait jamais, je pourrais avoir besoin de voir loin”. Sauf que c’est un objectif relativement lourd et encombrant, même sur Micro 4/3, parce qu’à un moment, il faut un gros zoom et physiquement on ne peut pas faire quelque chose qui soit extrêmement petit. Ça alourdit pas mal, et j’en avais pris un aux États-Unis l’année dernière, que j’ai finalement extrêmement peu utilisé – je voulais voir si j’allais l’utiliser ou pas et finalement je l’ai très peu utilisé – et je ne l’emmène plus, maintenant.

Je vais au Kenya en février pour photographier les animaux, donc, là, je prendrai du gros téléobjectif, puisque c’est le but principal, mais il faut toujours se poser la question de savoir si c’est vraiment utile.
Je rajoute un tout petit point sur l’utilité en voyage, selon moi, d’une petite focale fixe standard, qui va être en général très petite, très légère, et en plus pas chère, tout est là. Environ 20-25 mm sur Micro 4/3. vous avez le Panasonic 20 mm f/1.7, par exemple, qui est épais comme ça, littéralement, à l’échelle. Il est tout petit, il pèse moins de 100 grammes. Vous avez aussi le 25 mm f/1.4 de Leika, qui est un peu plus volumineux, mais qui reste super raisonnable.

Ça va vous permettre deux choses : c’est de travailler encore plus confortablement en basse lumière, parce que vous allez avoir une encore plus grande ouverture maximale, et d’avoir une encore plus faible profondeur de champ. C’est un peu comme ce que je vous disais tout à l’heure : la grande ouverture, ça a la même utilité, mais là on va aller beaucoup loin. Et ça peut vous servir sur Micro 4/3, parce que comme le capteur est un peu plus petit, vous avez un peu plus de mal à avoir une faible profondeur de champ que sur un capteur plus grand. On va dire que ça va compenser ce petit désavantage, et comme ça “ne coûte “, à la fois en argent et en poids, pas grand-chose de prendre une petite focale standard, moi je pars toujours en voyage avec le 20 mm, qui est tout petit, qui ne prend pas de place, et ça peut parfois me servir. Par exemple, ça, ça a été pris en Floride lors d’une soirée avec des copains, il y avait de jolies lumières et ça m’a permis de faire une profondeur de champ très très faible que je n’aurais pas pu faire à f/2.8, où j’aurais plus vu l’arrière-plan et où j’aurais moins eu ces effets de lumière assez jolis, derrière.

Le trépied

Est-ce qu’il faut emmener un trépied en voyage ?
Je vais vous poser une question : quels sont les intérêts du trépied, à votre avis ?

Ça peut éviter le flou. Effectivement, quand on n’a pas beaucoup de lumière. Ça dépend quel type de flou.

Les photos de groupe, quand on veut se prendre soi-même. Effectivement, ça évite la perche à selfie. C’est un peu plus élégant, c’est aussi un peu plus encombrant.

Se faire refouler à l’aéroport. Écoute, ça ne m’est jamais arrivé. Pourtant, je le prends toujours en cabine – j’en parlerai après.

Les poses longues. OK.

Je suis sûr qu’il y a encore des réponses qui traînent, vous êtes nombreux.
N’ayez pas peur, vous avez le droit de vous tromper.

Les photos de nuit. OK, on a pas mal de choses.
Il m’en manque encore un, principal.

Le téléobjectif ? Ça peut aussi servir pour le téléobjectif. Ce n’est pas à ça que je pensais, mais aussi.

Les feux d’artifice, oui. Tout ce qui est pose longue.

Et la dernière chose, pour moi, c’est les filtres. Je pense que ça a plein d’intérêts, notamment en paysage. En paysage, je trouve que ça aide énormément à la composition.

Parce que quand vous êtes assis, tranquille, en général par terre, vous avez votre trépied, vous le posez tranquillement, et là, comme il faut bien le fixer à un endroit, le trépied, vous allez prendre un peu de temps pour le fixer. Si vous êtes à main levée, vous allez prendre une photo, vérifier qu’elle est bien, regarder votre histogramme pour voir si l’exposition est bien, comment est la composition, et puis vous allez vouloir reprendre la même. Mais vous n’allez jamais pouvoir reprendre la même parce que vous venez de bouger. Avec un trépied, l’avantage c’est que vous pouvez vraiment prendre le temps de composer votre image, de peaufiner votre composition dans les moindres détails. Si vous voulez faire partir une ligne diagonale d’un coin de l’image, ça va vraiment partir du coin. Pas à 1 cm du coin. Parce que vous avez vraiment le temps de composer précisément. Pour moi, c’est un des gros avantages, et c’est presque une des raisons principales pour lesquelles je prends un trépied en voyage, parce que je trouve que ça m’aide vraiment à me poser, à prendre le temps de vraiment composer ma photo, chercher des choses, bouger un peu, être vraiment précis.

Ça permet aussi d’utiliser des filtres gradués. Un filtre gradué, c’est une espèce de carré en verre, avec une partie sombre et une partie transparente et ça permet notamment d’équilibrer la luminosité du ciel et du sol qui, le plus souvent en paysage, est déséquilibrée. Vous allez souvent avoir un ciel beaucoup plus lumineux, et si vous prenez la photo comme ça, vous allez avoir soit un ciel tout blanc et un sol bien exposé, soit un sol sombre et un ciel bien exposé. C’est quelque chose qui se rattrape en partie au post-traitement, si vous vous débrouillez bien à la prise de vue, mais ça va améliorer la qualité de vos images de le faire sur le terrain, et puis je trouve que ça force aussi, dans un sens, à bien composer, à bien placer son filtre, etc., et ça aide à améliorer les images. Ce n’est pas obligatoire d’utiliser des filtres gradués, mais en tout cas, c’est beaucoup plus compliqué de le faire sans trépied. Évidemment, si on est à main levée, vous vous doutez bien que le filtre gradué doit être positionné assez précisément et dès que vous bougez, il faut vous repositionner. C’est un peu compliqué.
La pose longue, comme on l’a dit.

Et la photo de nuit que vous allez assez souvent vouloir faire en voyage. Parce que vous allez faire un coucher de soleil, puis finalement, la nuit c’est un peu plus joli. Ou alors, vous êtes à New York, comme moi avant-hier, et New York, la nuit, forcément, c’est quelque chose.

Voilà le genre de chose que je n’aurais pas pu faire sans trépied. Là, vous avez un effet de pose longue sur l’eau. L’eau n’est pas lisse comme ça, à la base, ça bouge un peu.
Encore une autre pose longue, en Italie, où vous voyez ces espèces d’effets sur les vagues, au bord de l’eau, que je n’aurais pas pu faire sans trépied. J’ai fait des poses longues en plein jour grâce à des filtres ND qui permettent de diminuer la lumière qui entre dans l’appareil et de faire de la pose longue aussi.
Je sais qu’il y a plein d’accessoires.

Le sac photo

Vient la question du sac photo. Que faut-il emporter comme sac photo ? À quel point faut-il prendre un grand sac photo ?
Ça, c’est le mien – normalement je devais vous le montrer, mais il est en coulisses et je ne vais pas aller le chercher maintenant, c’est pas grave. Il est large comme ça, à peu près, il est haut comme ça et il est profond comme ça ; il n’est vraiment pas grand. Dedans, je mets mon boîtier, un GX8 en l’occurrence, un 12-40 f/2.8 qui est monté dessus, j’ai un petit ultra grand-angle 9-18 mm de chez Olympus, long comme ça et large comme ça, pas grand du tout, une petite focale fixe comme je vous le disais, qui prennent juste la hauteur du sac dans un coin, et j’ai aussi quelques filtres. Et j’ai une place et des poches devant pour mettre les batteries et les cartes-mémoire supplémentaires pour éviter de tomber en rade.

Je vous conseille une chose : ne prenez pas votre sac trop grand. Essayez de trouver la bonne taille qui vous permette de tout mettre dedans, mais pas trop. Parce que plus vous allez avoir un grand sac, plus vous allez vous dire “oh, c’est pas grave, j’ai de la place, je vais le prendre, le téléobjectif”, et vous allez juste vous retrouver avec un sac lourd et vous n’allez pas vouloir l’emmener. Donc ne prenez pas non plus forcément trop grand parce que ça peut vous inciter à prendre plus de matériel et ce n’est pas forcément bon.

Prévoyez quand même les accessoires. Prévoyez de la place pour les batteries, les cartes-mémoire, pour les filtres, si vous en prenez, ça prend un peu de place.
Et prévoyez aussi, si jamais vous ne sortez qu’avec ça, que vous n’avez pas de poches, dans un pays un peu chaud vous n’avez pas de manteau, prévoyez un peu de place en plus pour ce qu’il vous faut pour la journée. S’il vous faut un petit guide de voyage, une bouteille d’eau ; ne chargez pas trop, mais prévoyez un peu de place supplémentaire. Moi, j’ai une petite poche derrière qui me permet de mettre un petit bouquin s’il le faut, ce genre de chose.

Prendre l’avion avec son matériel

Arnaud tout à l’heure disait qu’il se faisait refouler à l’aéroport avec un trépied. Je vais vous donner quelques conseils, parce que j’ai eu pas mal de questions sur comment je fais. Je prends l’avion avec mon matériel, qu’est-ce que j’ai le droit de prendre ?

Alors, déjà, jamais – jamais, jamais, jamais – JAMAIS d’appareil photo en soute. Pitié, ne faites pas ça. Parce que quand on voit comment les bagages sont traités, vous risquez de le retrouver en pièces. Surtout pas d’appareil photo en soute. Il faut que votre sac photo rentre en bagage cabine. Si vous partez au bout du monde comme photographe professionnel, avec deux ou trois boîtiers, quinze objectifs, il y a des mallettes spéciales extrêmement résistantes qui existent pour les soutes, mais j’imagine que ce n’est pas votre cas. A priori, c’est pas mon public. Donc, jamais jamais jamais d’appareil en soute. Prenez absolument votre appareil en cabine.

Le trépied, de mon expérience, passe en cabine. Alors, apparemment, Arnaud disait qu’il se faisait refouler, mais j’ai toujours… Là, je reviens des États-Unis, j’ai fait quatre vols puisque j’ai fait un vol A/R et un vol intérieur aux États-Unis, je ne me suis jamais fait refouler avec le trépied aux États-Unis, qui sont pourtant un peu restrictifs sur les cabines, c’est quand même assez sévère, et je prends le trépied en voyage depuis plus de deux ans, j’ai pris entre 10 et 20 vols, quelque chose comme ça, et je n’ai jamais eu de souci. Donc, le trépied passe potentiellement en cabine. Je vous conseille de le prendre aussi pour la simple et bonne raison que, comme l’appareil photo, il pourrait se retrouver cassé. En acier, probablement pas, si vous avez un trépied en carbone, c’est plus solide et plus stable, mais ça peut casser un peu plus facilement si c’est très violemment manipulé, donc je vous conseille de le prendre en cabine aussi, si vous le pouvez, dans votre sac photo.

Pensez au poids limite de la compagnie, parce que les compagnies ont des poids limites différents. J’ai été un peu surpris à l’aller, sur Air France, que le bagage cabine soit limité à 12 kilos – alors c’est mon bagage de cabine, ma petite valise et mon petit sac photo, en fait ils pèsent les deux ensemble. Ça m’a un peu surpris, mais il pèsent les deux ensemble, c’est limité à 12 kilos et ce n’est pas passé, donc j’ai dû faire des arrangements avec les sacs, ce que tout le monde déteste faire. Donc pensez à ce point-là avant d’y aller et essayez de trouver des compagnies qui n’ont pas de limite de poids de bagage cabine, ça marche très bien. J’ai pris Delta au retour, ils ne m’ont pas embêté et j’en avais deux fois plus à peu près.

Essayez d’éviter d’embarquer en dernier. Moi, j’aime bien embarquer en dernier habituellement parce que je n’ai pas à faire la queue avec 50 personnes puisque de toute façon on va tous rentrer dans l’avion, mais le problème est, sur certaines compagnies qui ne respectent pas trop leurs clients, ils n’ont pas la place pour tout le monde, pour les bagages. C’est-à-dire qu’ils ont la place pour à peu près les trois quarts de l’avion pour les bagages en cabine et quand les derniers arrivent, ils disent “désolés, plus de place, on va mettre votre bagage en soute”. Ce qui est embêtant s’il y a un appareil photo dedans.
Donc évitez d’embarquer en dernier parce que ça vous évitera ce genre de désagrément, surtout que vous ne pouvez pas faire grand-chose, s’ils n’ont plus de place, effectivement ils n’ont plus de place. C’est de leur faute et, honnêtement, c’est du mauvais service client, mais de toute façon, qu’est-ce que vous pouvez faire ? Donc, évitez d’embarquer en dernier ; ça m’embête d’embarquer en premier aussi, mais c’est un conseil que je peux vous donner.

Les pratiques photo

Je vais maintenant revenir sur les différentes pratiques photo qu’on peut avoir en voyage, et vous donner quelques conseils rapides de prise de vue et de composition.
On va commencer par la photo de paysage, parce que c’est probablement la pratique photo la plus courante d’une manière générale, je pense, mais aussi la plus courante en voyage, parce que quand on voyage on va souvent voir de beaux paysages. C’est une bonne partie du voyage de pas mal de gens.

En termes de réglages, faites simple. Mettez-vous en mode priorité à l’ouverture, aussi appelé mode A chez la plupart des marques.
Mettez-vous à f/8, ou plus fermé – quand je dis plus fermé, ça peut être f/11 ou f/16. Plus le capteur est grand, plus vous allez devoir fermer, donc sur Micro 4/3, typiquement, vous allez plutôt travailler à f/8, sur reflex plus f/11, voire f/16 sur reflex Full Frame.

Faites juste la mise au point sur le tiers inférieur de l’image. On me demande tout le temps “où est-ce que je fais la mise au point en paysage ?” Vous êtes tellement fermé que vous avez une grande profondeur de champ, donc ne vous embêtez pas. Là, si je cadre comme ça, si ça, c’est mon cadre, je fais la mise au point à peu près là. Ou en général vous avez quelque chose qui n’est pas à vos pieds, mais pas non plus complètement à l’horizon, et ça suffit largement. Je fais toujours comme ça et je n’ai jamais de photos floues en paysage. Si ça marche pour moi, ça doit marcher pour tout le monde.

Gardez les ISO au minimum, si vous le pouvez. Si vous êtes sur trépied, la vitesse ne sera jamais trop lente, donc pas de souci ; si jamais vous êtes à main levée et que la vitesse devient insuffisante, qu’elle devient un peu trop lente pour éviter le flou de bouger – je reviendrai sur les causes du flou dans la conférence tout à l’heure à 17 heures -, gardez les ISO au minimum, sinon, augmentez-les un petit peu.

Et si vous êtes sur trépied, pensez à la télécommande, si vous pouvez, pour éviter de faire vibrer l’appareil quand vous appuyez dessus ; ou le retardateur si vous n’avez pas de télécommande, ça marche aussi : vous appuyez dessus, les vibrations s’arrêtent et ensuite l’appareil prend la photo.
C’était juste un point très rapide sur les réglages.

La composition est un peu plus importante. J’y reviens demain à 11 heures, mais je vais quand même essayer de vous donner quelques conseils et vous faire éviter les principales erreurs des débutants.

L’erreur classique du débutant, c’est l’horizon pas droit. Pitié, ne faites plus d’horizon pas droit. C’est la chose la plus simple à éviter, il faut juste regarder et vérifier que votre horizon est bien droit. Sur certains appareils, vous avez des niveaux, notamment le GX8 que j’ai utilisé en voyage à New York, il y a un niveau dessus qui vous permet de le voir si jamais, à l’œil, vous n’arrivez pas bien à le voir. Et puis, parfois, le paysage n’est pas fait tel qu’on puisse vraiment le savoir.

Donc évitez l’horizon un tout petit peu penché, 1 ou 2 degrés, c’est… Moi je le vois tout de suite. Si moi je le vois tout de suite, d’autres gens le verront tout de suite et on a juste l’impression que vous n’avez pas fait l’effort de composer précisément et ça gêne forcément le regard.

Pensez à avoir des lignes parallèles au bord du cadre. Si vous avez des lignes verticales ou horizontales, pensez à ce qu’elles soient parallèles au bord du cadre.
Si vous avez un truc très légèrement penché, c’est comme l’horizon – sauf qu’il y a des photos où il n’y a pas d’horizon, sur des photos en ville, par exemple – pensez à ce qu’elles soient parallèles au bord du cadre.
Ce n’est pas valable si vous photographiez des gratte-ciel à New York depuis le bas, car elles vont forcément converger, c’est évident, mais le reste du temps, essayez d’avoir des lignes parallèles. Si vous avez un panneau dans l’image, par exemple, un rectangulaire, parallèle au cadre, et c’est là encore super simple à corriger. Juste faites ça, déjà, et vous allez améliorer vos photos.

Pensez à éliminer tous les éléments gênants. La règle générale, c’est que si ça n’apporte rien à laphoto, c’est dehors. C’est vous qui contrôlez ce qu’il y a dans le cadre, c’est vous qui cadrez, personne ne vous oblige à cadrer le petit bout de branche qui dépasse, donc c’est à vous de soit bouger – vous vous éloignez ou rapprochez – soit de zoomer-dézoomer. Vous pouvez choisir ce qu’il y a dans le cadre. Et c’est vraiment super important d’éviter tout élément gênant.

Alors, l’élément gênant, ça ne veut rien dire en soi : qu’est-ce qui est gênant, qu’est-ce qui ne l’est pas ? Ce qui est gênant, c’est ce qui n’apporte rien à la composition., en substance, et qui va, en général, attirer le regard. Je parlais des petites branches dans le coin, c’est un exemple ultra typique. J’ai vu ça des dizaines, des centaines de fois parmi mes élèves, les petites branches qui dépassent. Évitez juste ça, déjà, ça va beaucoup améliorer vos photos.

D’une manière générale, faites des choix francs. C’est très important dans la composition de faire des choix francs. Si vous décidez de faire un effet de perspective sur un sujet, vraiment vous rapprocher et déformer les lignes, faites-le à fond. Si vous décidez de faire l’inverse, faites-le à fond aussi. Si vous décidez de cadrer votre sujet pile au centre, parce que vous avez envie de le centrer, que vous pensez que c’est mieux, faites-le vraiment, ne le faites pas genre “un petit peu là”.
Faites des choix francs d’une manière générale, faites attention à avoir pris une décision, pas juste un entre-deux, parce que si vous faites un entre-deux, on a juste l’impression que vous n’avez pas réfléchi, que vous êtes arrivé, vous avez pris la photo, clic clac merci Kodak, ciao. Ça marche, vous avez pris une photo, mais elle sera moins bonne que si vous avez réfléchi à votre composition.

Le fait de faire des choix francs améliore forcément vos compositions.

Utilisez les lignes en paysage. Je vais vous montrer des exemples après, rassurez-vous. En photo. Je fais une petite liste d’abord.
Les lignes en paysage vous permettent de guider le regard.

Une bonne photo est une photo devant laquelle on s’arrête, et on dit “ah oui, OK”, et on regarde les choses ; et pour que les gens s’arrêtent et que le regard reste dans la photo, les lignes vont être très importantes parce que vous allez guider le regard. La personne va entrer dans un endroit de la photo, et puis son regard va suivre la ligne. C’est automatique, on est un peu conçus comme ça.

Également, pensez à changer de point de vue. Pensez à ne pas vous contenter de rester comme ça, vous voyez un paysage et clic clac. Vous pouvez vous abaisser, vous pouvez mettre quelque chose au premier plan, parfois vous pouvez faire une vue de dessus, à pic, si vous pouvez monter sur des marches, quelque part, qu’il y ait des passants en bas, vous pouvez les prendre par-dessus, ce qui est une vue assez originale. Pensez à changer de point de vue. Il n’y a pas que le point de vue à hauteur d’homme qui est bon.

Juste  une photo pour vous montrer comment j’ai fait sur cette image. Qu’est-ce qu’il y a sur l’image ?
Vous voyez que j’ai utilisé – je ne sais pas si vous le voyez, mais je vous le dis – un ultra grand-angle ; je me suis mis assez proche du rivage et assez proche du sol – pas trop non plus sinon j’avais trop de gros cailloux au premier plan et ça prenait trop de place à mon goût. Je devais être à peu près là, je pense. Et pourquoi je me suis rapproché ? Parce que si j’étais loin et que je zoomais, on voyait bien la falaise, mais le rivage prenait très peu de place, et ça aurait fait une photo où on aurait eu en bas une espèce de grand vide et juste la falaise. Pas forcément génial. Là, je me suis rapproché, j’ai donné plus de place au rivage, et je me suis placé de manière à avoir cette ligne diagonale – c’est une courbe et une diagonale à la fois –, qui va de là à là, et qui va emmener le regard dans l’image.

L’ultra grand-angle me permet de faire rentrer les personnes, parce qu’on a presque l’impression de pouvoir poser le pied sur ce rocher-là. D’ailleurs, concrètement on peut parce que, vous voyez le bout de rocher ici, c’est juste devant moi, je peux le toucher quand je fais la photo, donc c’est vraiment très proche.

Je fais donc rentrer les gens dans l’image comme ça, et ensuite il y a plein de choses dans la composition – j’en parle, là encore, plus longuement demain parce que je ne peux pas tout faire aujourd’hui en une heure – , le fait que ce soit plus lumineux ici, ça va attirer l’œil, la ligne diagonale ici, vous avez aussi une ligne plus subtile ici – ce n’est pas vraiment une ligne dessinée, mais là j’ai du clair et là j’ai du sombre donc entre les deux j’ai une ligne, finalement. Vous avez plusieurs lignes comme ça, vous avez des lignes comme ça, vous avez la falaise ici, et l’image est volontairement plus sombre en haut à gauche, parce que j’ai mis un filtre gradué à la prise de vue et aussi parce que j’ai renforcé ça au post-traitement pour que l’œil n’aille pas trop là. Parce que l’œil n’est pas trop attiré par les parties sombres de l’image.

La photo d’architecture, vous allez avoir des réglages similaires, vous allez avoir souvent une ouverture assez faible – donc un grand chiffre, f/8, f/11… pour avoir de la profondeur de champ. La seule chose à laquelle il faut faire attention, c’est l’effet de perspective. Plus vous allez être proche de votre sujet, plus vous allez déformer les lignes. Plus vous allez avoir des lignes convergentes. Vous voyez que sur cette image, là j’ai des lignes qui sont légèrement convergentes – c’est en Inde –, parce que je suis un peu près de mon sujet, mais pas trop. Elles ne sont pas non plus…, ce n’est pas comme si j’étais juste en dessous. Si j’avais été juste en dessous et que j’avais regardé vers le haut, j’aurais eu quasiment un triangle. Là, par contre, j’ai de la perspective sur le premier plan, parce que je suis assez proche de l’escalier, je suis dessus, donc je suis proche, et ça, ça va me faire entrer dans l’image. Vous voyez que la composition est finalement assez similaire à la photo de paysage précédente. Si vous regardez bien, ma courbe est assez similaire.

Ici, l’approche inverse, une photo un peu plus abstraite, dans un musée à Londres, où là, pour le coup, j’ai zoomé pour éviter cet effet de perspective. Comme j’étais assez loin et que j’ai zoomé, je n’ai quasiment pas d’effet de perspective. Vous voyez que c’est légèrement penché, en fait le bâtiment est penché, donc ce n’est pas un effet de perspective, il est juste comme ça.

Je n’ai pas d’effet de perspective parce que je suis assez loin et que j’ai zoomé. Donc, en architecture, soit vous vous mettez très près, vous regardez vers le haut et vous avez des lignes qui convergent, ce qui n’est pas toujours super joli, parfois c’est bien, parfois pas, soit vous vous éloignez et vous zoomez et là vous aurez moins d’effet de perspective. On va dire que c’est LA chose à connaître en architecture.

Ensuite il y a, en voyage, un truc que j’appelle photo de rue, ou plus généralement la photo de vie, et là je vais me concentrer sur la discrétion. Parce que le meilleur moyen de rater des photos de rue, c’est de ne pas être discret. Si je me fais capter par mon sujet, il ne va plus être naturel du tout, et soit il va me dire d’arrêter de prendre des photos de lui en douce, soit il va accepter, mais il ne va plus être naturel, il va essayer de poser. Souvent, quand les gens voient que vous les photographiez ils vont soit réagir en s’enfuyant, soit ils vont vous regarder d’un air méchant – très rarement –, soit ils vont vous regarder avec un grand sourire, sauf que ce n’est pas tellement ce que vous voulez en photo de rue. Ça peut, mais la plupart du temps vous voulez saisir un moment qui arrive.
On va voir comment être plus discret en photo de rue.

Pour moi, si vous l’avez, utilisez l’écran orientable. C’est vraiment fondamental pour être discret, parce que ce qui vous trahit, ce n’est pas le bruit du déclencheur – la plupart du temps ily a trop de bruit pour les gens l’entendent –, ce n’est pas le fait de regarder votre appareil, ce qui vous trahit, c’est le geste. À partir du moment où vous allez porter l’appareil à l’œil, c’est universel, tout le monde connaît ce geste de porter l’appareil à l’œil. Et à partir du moment où vous allez porter l’appareil à l’œil, vous allez être capté.

Après, quand vous avez un gros reflex, un gros objectif, vous paraissez professionnel, donc c’est pire, parce que les gens vont penser que vous êtes “sérieux”. Si c’est un petit appareil, ils vont moins le penser, pour l’instant, profitons-en, donc le petit appareil aide aussi. Mais l’écran orientable permet vraiment de shooter depuis là. Moi, je le garde autour du cou, il est là, j’oriente l’écran vers moi et je peux photographier les gens. Des fois, j’appuie sur le déclencheur avec le pouce. Je n’ai pas de boîtier ici, c’est dommage, mais en gros normalement on appuie comme ça, je suis là et j’appuie avec mon pouce droit. Ça se voit encore moins. Ça marche très bien aussi, du coup je l’ai ici et je peux photographier les gens depuis la hauteur de la taille, ce qui en plus donne un angle de vue meilleur, selon moi, et qui me permet d’être discret ; donc ils ne me captent pas et parfois j’en prends plein à la suite.

Il y a la tactique de faire genre de rien. Moi, quand je me fais capter, ce qui m’arrive très régulièrement, ça m’arrive des fois, je fais genre de photographier l’immeuble qui est à côté, le touriste lambda, quoi. Vous imitez le touriste lambda ; si à ce moment-là vous pouvez sortir un bob, allez-y. Vraiment, l’idée c’est de faire genre de rien, de regarder dans le vide comme si vous n’aviez pas du tout capté que la personne vous regardait. Et ça marche vraiment. Ça a l’air stupide, comme ça, mais ça marche vraiment.

Une autre chose qui marche bien, c’est de regarder intensément autre chose. Je fais pas mal de photos dans les musées, qui est pour moi assez proche de la photo de rue, une espèce de photo de vie, et dès que je me fais capter par quelqu’un, ce qui peut arriver assez régulièrement parce que parfois il y a moins de monde, c’est un peu plus discret, on peut plus facilement entendre le bruit du déclencheur – même s’il y a des modes discrets –, je regarde intensément autre chose. Mettons que monsieur soit une statue (pardon, monsieur), je regarde comme si j’étais extrêmement intéressé par la statue – ce qui peut être le cas, d’ailleurs – et la personne peut regarder vers moi comme si je l’avais prise en photo, et au bout d’un moment elle se dit “oui, non, j’ai dû me tromper”.

Et photographier les gens de dos, ça peut marcher aussi, je le fais pas mal dans les musées. Ça donne des photos différentes, on peut avoir envie du visage ou pas – ça m’arrive aussi de photographier les gens de face –, mais parfois il faut se dire “il faut vraiment photographier la personne de face ?” Pas forcément. Vous savez, les gens qui prennent des selfies avec la perche à selfie – je fais une série là-dessus en ce moment, ça m’amuse beaucoup –, des fois je les prends de dos, mais je fais la mise au point sur leur téléphone. Peut-être que je suis dans le cadre, ils le verront chez eux quand ils le posteront sur Facebook, mais ça peut aussi être une tactique.
Et puis, la dernière, c’est d’assumer et de sourire. Si vous vous faites prendre, que quelqu’un a compris que vous avez pris une photo d’eux, vous pouvez les regarder, faire un grand sourire et en général, quand on fait un grand sourire, tout se passe bien. Il n’y a jamais personne qui m’a demandé d’effacer une photo, jamais personne qui m’a engueulé ; j’ai déjà eu des gens qui m’ont demandé de ne pas prendre de photo, donc j’ai arrêté, mais pas plus que ça. Vraiment, je n’ai jamais eu d’ennuis, donc n’ayez pas peur en photo de rue.

Un ou deux exemples. Ça, c’étaient de très très bons clients à Barcelone ; c’est ma série que j’appelle Les Narcisses, en cours. En fait, à Barcelone, c’est la première fois que je voyais autant de perches à selfie au même endroit. C’était incroyable, tout le monde avait des perches à selfie. Tout le monde.
Là c’est un couple, vous voyez, ils ont chacun leur perche à selfie, c’est incroyable, il n’y en a pas une pour deux… Et c’était de très très bons clients parce qu’ils se sont mis sur cette rambarde et ils ont fait, littéralement, je ne vous mens pas, 20 ou 25 selfies différents, dans toutes les positions. Moi, j’étais au-dessus en l’occurrence, je devais être deux mètres au-dessus, ils ne me voyaient pas du tout, ils n’avaient pas conscience de ma présence, j’étais là, j’avais le temps de faire ma composition, tranquille, j’ai eu le temps de les photographier, et j’en ai pris plein comme ça parce que j’étais suffisamment discret pour pouvoir en prendre plein. La première n’était pas bonne, ils n’avaient pas une expression si bonne que ça, elle était correcte, mais pas excellente et celle-ci est bien meilleure et bien plus drôle parce qu’à ce moment-là, elle fait une tête un peu bizarre, etc. Et j’ai pu faire cette photo uniquement parce que j’étais discret. S’ils m’avaient capté dès la première photo, je ne pense pas qu’ils auraient continué, en tout cas je ne pense pas que j’aurais pu faire une photo aussi naturelle derrière.
Autre chose, à Barcelone aussi, quelqu’un qui fait des bulles. Je n’ai pas fait exprès, avec un joli contre-jour et là j’étais assez près de lui, quand même, peut-être à deux mètres, et je pense qu’il avait l’habitude de se faire photographier, mais il est probablement beaucoup moins naturel quand il voit qu’on le photographie. Là, encore une fois, c’est une photo que j’ai pu faire parce que j’étais discret.

Effacer les vilains touristes

Je vais passer au sujet d’effacer les vilains touristes, c’est à dire pas nous.
Comme je le disais tout à l’heure, pour ceux qui ne sont pas arrivés au début, les vilains touristes c’est les autres et les bons touristes c’est nous. On est tous le touriste de quelqu’un d’autre.

C’est une question qu’on me pose souvent : comment fait-on pour effacer les touristes de ses photos ? Parce qu’on a un bel endroit, un beau monument, un beau paysage et il y a plein de monde, le mec avec son K-way rouge, c’est un peu pénible.

Il y a l’option de la grenade, mais il paraît que ce n’est pas trop légal et puis ça ne passe dans l’avion ; ça marche moyennement en voyage.

Plus sérieusement, la première option, c’est de se lever tôt. Je dis ça, je suis un lève-tard absolu, donc je ne le fais pas, personnellement, mais se lever tôt ça marche très bien, puisque tôt le matin, vous n’avez en général personne. J’ai le souvenir d’une photo de Madame Oreille, pour ceux qui connaissent son blog, qui a pris leTaj Mahal le matin très tôt et il y a juste son homme devant et il n’y a personne d’autre, parce que c’était tellement tôt qu’il n’y avait personne. Et pourtant, je peux vous garantir, je suis allé au Taj Mahal, ce jour-là je me suis levé tôt et il y avait beaucoup de monde, donc elle a dû se lever vraiment tôt.

Il y a aller plus loin que les autres. Le touriste lambda, il sort du bus, clic clac, et il rentre dans le bus. Si vous faites dix mètres de plus, parfois – ça m’est arrivé de prendre une bonne photo de paysage, une fois, sans personne dedans, juste parce que j’ai littéralement fait trois mètres de plus que monsieur Tout-le-Monde. Mais vraiment, passer devant le groupe, se mettre juste trois mètres devant, vous serez dans leur photo, mais c’est pas grave, ils s’en foutent de toute façon et vous, vous aurez une photo avec personne dedans. Juste aller plus loin que les autres, ça veut parfois dire passer la barrière. Ça m’est arrivé plusieurs fois de passer une barrière ‘interdit de passer”, je dis ça va, je vais faire un mètre, mais juste je me mets derrière la barrière. Et comme il n’y a personne derrière la barrière, parce que personne n’ose la passer, eh bien, vous avez une photo sans touristes dessus.

Il y a l’option de faire une pose très longue qui va flouter les passants. Si vous avez beaucoup de passants, vous allez quand même voir les silhouettes un peu fantomatiques dans la photo, ce qui peut faire un effet sympa, c’est toujours mieux que Machin en K-way rouge au beau milieu de votre photo.
Ça marche aussi en plein jour en utilisant un filtre ND qui vous permet d’assombrir l’image. Et si vous avez peu de personnes, ça peut carrément suffire à les effacer. J’ai fait des photos à New York il y a quelques jours, à Central Park, où les couleurs de l’automne commençaient vraiment à être jolies, et il y avait une fontaine, un immeuble derrière, de jolis arbres orange, c’est sympa, et je voulais faire une pose longue à cause de la fontaine et de l’eau, et en plus, ça m’a permis d’éviter que les gens qui passaient pile devant mon appareil photo pendant que je prenais la photo – vous savez, le truc énervant – soient sur la photo. En fait, on ne les voyait pas du tout parce que la pose durait 30 secondes, la personne est passée pendant une seconde et on ne la voit pas sur la photo. C’est comme si elle n’avait pas été là. Ça peut aider à effacer les touristes.

Autre chose, vous avez l’option de prendre plusieurs photos et ensuite de les fusionner avec Photoshop pour effacer les passants. La technique est assez simple. Typiquement, je vais prendre une photo où j’ai quelqu’un qui est là et quelqu’un qui est là, je vais prendre une deuxième photo où j’ai quelqu’un qui est là, les deux sur trépied, comme ça j’ai exactement le même cadre. Et dans Photoshop, ensuite, il suffit que je prenne la première photo où j’avais deux personnes là, il suffit que j’efface ces parties-là et je vais retrouver la photo de derrière où il n’y a personne. Vous allez pouvoir effacer les personnes comme ça sur Photoshop. Alors, plus vous aurez de monde, plus ce sera compliqué. Si vous avez cinq cents personnes devant vous, laissez tomber, vous n’y arriverez pas. Mais si vous avez une place avec quelques personnes et que vous voulez la faire vide – ce n’est pas forcé, parfois l’avoir avec des gens peut être bien aussi –, ça peut être une technique qui fonctionne bien.

Dernière chose, en profiter. Assumer la présence des gens et les utiliser. Parce que, parfois, qu’il y ait des gens dans la photo, c’est bien aussi. Ce n’est pas forcément quelque chose de mauvais, qu’il y ait des touristes dans votre photo peut être aussi un sujet d’amusement – je vous ai montré les gens avec les selfies, juste avant –, ça peut être drôle vous pouvez les utiliser pour faire des photos d’eux.
Vous pouvez les utiliser comme accessoires de la photo, juste comme une présence. Comme je vous ai dit, j’ai fait des photos à Cenntral Park il y a deux jours – je ne peux pas vous les montrer elles ne sont pas encore développées, je n’ai évidemment pas eu le temps de tout trier –, il y avait une jolie lumière d’automne plein cadre, vraiment pleine face, et il y avait quelqu’un qui arrivait dans la photo qui projetait une ombre assez longue sur le sol, complètement en contre-jour, donc on ne voit pas la personne, c’est juste une silhouette noire avec une ombre, et ça rajoute une présence humaine à la photo qui rajoute quelque chose. Donc il ne faut pas toujours chercher à éliminer les gens, parfois ça peut être utile de les garder dans la photo.

Je vais prendre des questions, parce que c’est un domaine assez vaste. J’ai essayé de traiter plein de sujets, mais je sais qu’il vous reste forcément des questions, donc je vais prendre des questions, et normalement j’ai un micro, mais je ne vois personne de chez Pana, donc on va la faire à la main, je vais répéter vos questions. Allez-y.

Pourquoi le noir et blanc, et quand ?
C’est une très bonne question. Monsieur me dit que j’ai montré pas mal de photos en noir et blanc, également en paysage : quand en faire et pourquoi ?
La première réponse à ça, c’est ; quand vous voulez. Parce que, parfois, ça appelle le noir et blanc. C’est vrai, parfois on voit un truc et on se dit : tiens, peut-être qu’en noir et blanc, ça pourrait donner quelque chose. Mais pourquoi on se dit ça ? On se dit ça souvent quand il y a du contraste, quand il y a de forts contrastes déjà présents dans l’image, à la base. Typiquement, des images en contre-jour, quand on a le soleil pleine face ou presque, qui est sur le bord du cadre, on a vraiment un gros contre-jour ; quand on a des ombres très fortes. On dit souvent qu’il ne faut pas prendre de photos entre midi et quatorze heures, aux heures où il y a vraiment de grosses ombres dans l’image, à ces heures-là, essayez le noir et blanc, vous allez voir que ça peut parfois être surprenant. En couleur, effectivement, il y a de grosses ombres, ce n’est pas forcément joli ; en noir et blanc, des fois, ça peut donner des compositions graphiques assez intéressantes.
Le noir et blanc a aussi tendance à renforcer les formes et les textures et les lignes. Quand il y a une image avec beaucoup de lignes, assez graphiques, typiquement ce que j’avais montré avant au musée à Londres – je vais essayer de la retrouver –, avec pas mal de lignes graphiques, ça, comme ça, ça fonctionne bien en noir et blanc parce que c’est très graphique. Il y a beaucoup de lignes qui s’entrecroisent, c’est semi-abstrait, presque. Ça, ça marche bien.
Les textures, ça marche bien. Par exemple, s’il y a une lumière rasante sur un mur de brique – je prends un exemple très cliché –, quand il y a des textures très présentes, ça marche bien.
Tout ce qui est ombre et reflet, ça marche pas mal aussi. Je dis ça, vous pouvez aussi les prendre en couleur, évidemment, mais ce sont des choses qui marchent bien en noir et blanc, et généralement qui sont de bonnes recettes.
Moi, je prends souvent des photos en noir et blanc à peu près à cette période de l’année quand il fait beau – aujourd’hui, pas maintenant, dans une heure ou deux –, quand on est en fin de journée. En été, le soleil se couche assez rapidement et vous n’avez pas longtemps où la lumière est rasante comme ça et souvent un peu dure. En automne, début d’hiver, on a souvent une lumière rasante qui dure un peu. On a bien deux heures de lumière assez basse dans le ciel, et ça fait de grandes ombres sur le sol, et j’aime bien photographier à ces moments-là plutôt avec la lumière en face ou presque, ce qui donne de beaux contre-jours, qui fait des effets de silhouettes, des ombres, jouer un peu avec les reflets qu’il peut y avoir dans l’eau, dans les feuilles, des choses comme ça. Il y a plein de choses qui peuvent se faire en noir et blanc, après c’est aussi juste une question de goût, parfois.

On me demande s’il vaut mieux prendre les noir et blanc en direct ou en postproduction.
Les deux. En fait, ce que je fais, c’est que comme je prends les photos en RAW, le format RAW, de toute façon, enregistre en couleur, quoi qu’il arrive. Les informations de couleurs sont là. Il vous faut ces informations de couleurs là pour faire un beau noir et blanc, paradoxalement, parce que la seule manière de faire un vrai beau noir et blanc c’est au post-traitement et pour ça, vous avez besoin des informations de couleurs parce que le logiciel va faire un mélange des couleurs. C’est-à-dire qu’il ne va pas se dire, par exemple, si j’ai un bleu qui est lumineux à 50 % et un vert lumineux à 50 %, je vais les faire de la même couleur. Le logiciel va un peu interpréter les choses et essayer de faire un noir et blanc qui soit déjà joli à la base. Et ensuite, dans le logiciel, vous pouvez un peu jouer dessus. Par exemple, si vous avez envie d’un ciel plus sombre dans votre photo en noir et blanc, vous pouvez très facilement dire au logiciel “assombris seulement les bleus”. Et du coup votre ciel sera plus sombre. C’est donc intéressant de pouvoir le faire en postproduction, mais sur l’appareil, quand j’ai l’idée du noir et blanc dès la prise de vue, ce qui n’est pas toujours le cas, mais souvent, je mets en mode monochrome. C’est-à-dire que je vais voir le résultat en noir et blanc sur l’appareil, ce qui me permet de bien voir mes contrastes, de bien voir mes ombres, de voir ce que ça va rendre, même si au post-traitement je vais rajouter du contraste, des choses comme ça, mais ça me permet d’avoir une bonne idée. Et ensuite, quand je vais au post-traitement, j’ai les informations de couleurs dans le fichier, donc je peux travailler avec.

On me demande si ça m’arrive de travailler avec des sacs de haricots.
C’est un sac qui contient des haricots ou des choses similaires, qui permet de stabiliser l’appareil, plutôt qu’un trépied.
Ça ne m’arrive pas, pour deux raisons. D’abord, c’est pas très léger, c’est peut-être moins encombrant qu’un trépied, mais finalement pas tant que ça, et surtout la possibilité créative est beaucoup moins importante, parce qu’avec le sac de haricots, tu es obligé de trouver un support pour le mettre dessus, ou alors de le mettre au sol. Donc tes angles de vue sont moins souples, peut-être un peu moins précis aussi, et comme je l’ai dit avant – je ne sais pas si tu étais là –, j’aime bien la précision du trépied, j’aime bien le côté on peut composer précisément. Donc j’aurais moins ça avec le sac. Et aussi il y a pas mal de situations où j’ai trouvé mon trépied trop petit. J’en ai pris un assez grand, mais plus il est grand, plus il va prendre de place aussi, donc je fais un compromis. Du coup, avec un sac de haricots, j’aurais plus de problèmes, forcément. Il y a eu pas mal de fois où le trépied passait juste la barrière, j’aurais bien aimé qu’il soit plus grand, parfois. Finalement, je préfère travailler avec un trépied. Mais c’est une solution aussi, pourquoi pas.

On me demande les intérêts et limites d’un filtre polarisant.
J’en ai un dans mon sac photo, je l’utilise assez peu, honnêtement. Le polarisant, en gros, c’est un filtre qui vous permet d’éliminer les reflets, c’est son but premier ; tous les reflets, sauf les reflets métalliques. Donc les reflets sur les capots de voiture, ça ne marchera pas. Mais tous les reflets, dans l’eau, etc., normalement vous allez les enlever.
L’intérêt, par exemple, vous êtes en bord d’une île, un petit étang dans une île paradisiaque sous les tropiques, il y a des petits poissons au bord, si vous photographiez vous allez avoir le reflet du soleil dessus, vous n’allez rien voir, avec le polarisant vous allez pouvoir éliminer les reflets et voir ce qu’il y a à travers.
Effet secondaire, comme dans l’air il y a souvent des petites particules qui reflètent la lumière, quand vous utilisez un filtre polarisant, vous allez avoir des ciels qui en général ont plus de peps, des couleurs plus saturées, et les feuilles aussi. Les feuilles un peu mouillées, vous aurez des couleurs un peu meilleures, il n’y aura pas de reflets blancs dessus, pas très jolis. Donc il va y avoir, à mon avis, un intérêt principalement en photo de paysage. Personnellement, je ne l’utilise pas tant que ça, parce qu’à chaque fois il faut que je le prenne, que je le monte, que je trouve le bon réglage, parce qu’il faut tourner le filtre… Je ne l’utilise pas tant que ça, personnellement, mais le filtre étant globalement assez léger, ne prenant pas beaucoup de place, ça ne coûte rien de l’emmener en voyage. Si tu n’en as pas encore, c’est une autre question. Est-ce qu’il faut acheter un filtre polarisant ou pas ? Surtout que ce n’est pas forcément donné.
C’est une bonne question : est-ce qu’il faut l’acheter ou pas ? Si tu fais beaucoup de paysage, ça peut être quand même utile.

On peut le garder en permanence, oui, mais ça fait perdre un peu de lumière. Il faut savoir qu’un filtre polarisant fait perdre un peu de lumière. Plus il est haut de gamme, moins il va faire perdre de lumière. On m’a dit tout à l’heure que les Hoya HD1, HD2 et HD3 marchaient bien, mais a priori ils ne sont disponibles qu’aux États-Unis – je vous en rapporterai la prochaine fois.
Il font perdre de la lumière, c’est un peu le désavantage. Un diaphragme, ce n’est pas non plus très grave.

On peut le garder. On peut, mais ça peut poser quelques petits soucis, parfois. Mais ce n’est pas un drame de le garder.
Pour les portraits, certains filtres font un effet un peu bizarre sur la peau. Parce qu’éliminer les reflets, c’est bien, mais sur la peau, parfois, ça donne un effet peau de lézard un peu étrange. Sur les portraits, faire attention, il faut regarder le rendu. Surtout qu’on ne peut rien faire au post-traitement après. Il faut quand même faire gaffe à ça.

Et c’est un des seuls filtres qu’on ne peut pas reproduire au post-traitement. C’est-à-dire que vous ne pouvez pas éliminer les reflets au post-traitement. Ce n’est faisable qu’avec le polarisant à la prise de vue, donc c’est quand même un avantage du filtre, contrairement au dégradé qu’on peut faire au post-traitement, ce genre de choses.

Est-ce qu’il y a d’autres questions ? J’ai encore un tout petit peu de temps. Une question encore.
Jetez-vous à l’eau.

On me demande mon avis sur les objectifs à très grande plage focale – 18-250 –, comme ça, en voyage on n’en a qu’un.

Je pense que ça a une grande polyvalence en termes de longueur focale, c’est-à-dire que vous allez pouvoir aller du vraiment grand-angle au vraiment téléobjectif, super, par contre ça n’a pas une grande polyvalence en termes de luminosité et profondeur de champ, et je pense que c’est plus important. En tout cas, moi, ça m’est plus utile d’avoir une grande ouverture pour la basse lumière et pour la faible profondeur de champ que d’avoir une grande focale. Donc, ça peut dépendre, personnellement je ne préfère pas avoir ce type d’objectifs parce que je me sens vraiment limité dès qu’il y a un peu de basse lumière, et je n’arrive pas à faire un effet de profondeur de champ qui est un effet que j’aime bien. Mais pourquoi pas.
Après, la qualité optique est aussi en dessous que celle des objectifs haut de gamme, mais c’est assez limité.

Alors, pour finir, si vous voulez aller plus loin avec moi, parce que j’imagine que si vous êtes encore là, c’est que vous avez aimé écouter cette conférence, j’ai un guide à télécharger qui s’appelle “Faites-vous plaisir en photographiant”, que vous pouvez télécharger tout de suite si vous avez un smartphone, sur ap7.ft/guide J’ai fait une URL courte exprès pour que vous puissiez y aller. N’hésitez pas si vous avez un smartphone, sortez-le maintenant et téléchargez-le. C’est 25 pages de conseils pour vous aider à surmonter les cinq plus gros problèmes que rencontrent les gens qui débutent la photo. Il y a des dépliants ici, devant, n’hésitez pas à venir vous servir. Je ne mords pas, promis. N’hésitez pas à venir vous servir, il y a dessus l’adresse pour télécharger le guide, si vous voulez le faire chez vous.
J’ai également deux formations dont je ne parlerai pas dans le détail aujourd’hui, qui regroupent en tout 7 000 élèves. Il y a Devenez un Photographe Accompli et Sublimez vos Photos. La première est vraiment une formation qui est faite pour vous prendre de la base de la photo – mais vous pouvez avoir acheté votre premier boîtier aujourd’hui, ce n’est pas un souci – pour vous emmener jusqu’au stade où vous êtes un photographe accompli, c’est-à-dire quelqu’un qui maîtrise son boîtier, qui se fait plaisir avec, pour qui c’est devenu une extension de son œil et de son cerveau et qui est capable de progresser en photo par lui-même par la suite. L’idée est que vous ayez tous les outils pour continuer à progresser. Sublimez vos Photos, c’est un peu la même chose pour le post-traitement. Je me concentre uniquement sur le post-traitement et je parle du post-traitement comme un outil pour sublimer vos photos et non pas les dénaturer, et aussi comme un outil de composition. Je vous ai parlé très rapidement tout à l’heure de ce paysage où en haut à gauche c’était plus sombre, ça fait partie des choses qu’on fait au post-traitement pour améliorer la composition des images.
Vous avez toutes les infos dans le dépliant aussi, il y a le guide gratuit et les infos sur les formations, vous pouvez tout retrouver sur internet juste après la conférence.
Je vais juste finir là-dessus : voyagez l’esprit ouvert, c’est vraiment la meilleure chose, soyez prêts à saisir les opportunités qui arrivent, et puis, faites-vous plaisir, amusez-vous, et évitez de vous casser la cheville.

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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