Après l’article sur l’exposition en général et sa suite concernant l’ouverture du diaphragme (que vous DEVEZ lire pour comprendre cet article), abordons aujourd’hui la vitesse d’obturation, autre “angle” de notre triangle de l’exposition.

Mal maîtrisée, la vitesse d’obturation peut gâcher vos photos voire vous frustrer si vous ne la comprenez pas du tout. Sur le modèle de l’article sur l’ouverture, découvrons ensemble la théorie et la pratique sur cet aspect fondamental de la photographie. Suivez le guide !

Note : plus récemment, j’ai réalisé une vidéo courte pour vous expliquer la vitesse d’obturation (ou temps de pose). Si vous préférez ce format ou que vous voulez voir ce concept expliqué d’une autre façon, la voici 😉

YouTube video


La vitesse d’obturation : définition

La vitesse d’obturation est le temps pendant lequel l’obturateur s’ouvre au déclenchement, c’est-à-dire le temps pendant lequel votre capteur est exposé à la lumière. Pour utiliser la métaphore de la fenêtre : la vitesse d’obturation est le temps pendant lequel vous ouvrez la fenêtre.

Le choix de la vitesse d’obturation dépend de votre sujet (rapide ou lent), de la focale utilisée et de votre stabilité (trépied ou main levée). Choisissez une vitesse d’obturation plus rapide (par exemple 1/125s au lieu de 1/25s) pour éviter le flou de bougé du photographe ou le flou de mouvement du sujet.

Sur l’appareil

Cette vitesse s’exprime en secondes, et plus communément en fractions de secondes : 1/125s, 1/3200s, etc… Plus la vitesse est élevée, moins le temps pendant lequel vous ouvrez la fenêtre est long, moins vous laissez rentrer de lumière. Ainsi, vous laisserez rentrer plus de lumière à 1/125ème de seconde qu’à 1/3200ème de seconde, par exemple.

Les appareils modernes vous permettent en général d’utiliser des vitesses très rapides (1/4000ème ou 1/8000ème de seconde par exemple), des vitesses très lentes (30 secondes ou plus, pour faire des poses longues), et bien sûr toutes les vitesses plus classiques entre les deux.

Comment régler la vitesse d’obturation

Ici, tout se passe un peu comme pour l’ouverture. (pour plus de détails, voir l’article sur les modes de l’appareil photo)

En mode manuel (M)

En mode manuel, quand vous tournez la molette, vous modifiez directement la vitesse d’obturation. Non, ce n’est pas plus compliqué que ça. Et oui, c’est tout.

Attention, sur certains appareils, il y a deux molettes : l’une servira à changer l’ouverture, l’autre la vitesse. Il suffit de tester pour savoir laquelle fait quoi 🙂

Là encore, modifier cette vitesse influe sur l’exposition et il faut compenser avec l’ouverture ou les ISO. Je vous déconseille donc (encore 😉 ) d’utiliser ce mode tant que vous n’avez pas compris tous les tenants et les aboutissants de l’exposition, ou tout au moins les bases (c’est-à-dire après l’article sur les ISO ! :D)

En mode priorité à la vitesse d’obturation (Tv ou S)

Encore une fois, je vais légèrement me répéter : dans ce mode, votre priorité est de régler la vitesse d’obturation (on verra dans quels cas juste après). Vous ne réglez que la vitesse, et l’appareil fait le reste, c’est-à-dire qu’il s’occupe de l’ouverture et des ISO (là encore si vous avez laissé l’option ISO auto).

Le flou de bougé

Vous devez vous souvenir que dans l’article sur l’ouverture (décidément), nous avons vu le flou d’arrière-plan (ou “bokeh“, pour ceux qui aiment le jargon 😉 ). Ce flou est en général voulu et peut être simplement contrôlé grâce à l’ouverture.

Il existe également un autre type de flou : le flou de bougé, qui est dû aux mouvements du photographe. Ce flou est en général indésirable, et vous allez chercher à l’éviter.

flou de bouge vitesse d'obturation
Cette (très vieille) photo toute moche est prise à 1/5s : la vitesse est insuffisante et mon mouvement se voit sur l’image. C’est flou, on ne voit rien, bref : on veut éviter ça.

Qu’est-ce qui influence ce flou et pourquoi j’en parle dans cet article sur la vitesse d’obturation ?

En fait, la vitesse d’obturation influence fortement la présence ou non de flou de bougé pour plusieurs raisons :

  • La stabilité du photographe : c’est tout bête, mais si vous vous tenez sur un pied pour imiter le flamand rose, ou si vous avez 2g d’alcool/litre de sang (ou autres substances tueuses de neurones :P), vous allez davantage bouger et donc l’appareil aussi. Par ailleurs, il faut tenir son appareil de la bonne façon, et pour ça je vous renvoie à mon article sur les conseils de base !
J’aurais pu mettre quelqu’un avec 2g/litre, mais ça aurait compromis certaines réputations ! 😛

Cela dit, même si vous vous tenez bien en équilibre sur vos 2 pieds et avez la même hygiène de vie qu’un moine bouddhiste, il subsistera toujours des micro-mouvements qui provoqueront du flou de bougé. Globalement, en dessous d’une vitesse de 1/60ème, vous commencez à risquer un flou de bougé si vous ne faites pas attention.

Attention : cette valeur varie selon les individus, leur nervosité, etc… Donc ne fumez pas, ne buvez pas de café, pratiquez la méditation et le yoga ! 😛 (on rigole, mais on gagne facilement un ou deux crans comme ça).

  • La longueur focale : plus la distance focale (le “zoom”) est importanteplus vous serez susceptibles d’avoir un flou de bougé tout moche sur vos clichés. Pour ceci, retenez une règle simple : à 50mm, pas plus lent que 1/50ème, à 100mm, pas plus lent que 1/100ème, etc…

    (Pour les utilisateurs un peu plus avancés, ça nécessite une précision : sur des petits capteurs, la focale doit être multipliée par un nombre entre 1,5 et 2 à cause du facteur de conversion)
  • La stabilisation ou non de l’objectif (ou de l’appareil) : la plupart des reflex et hybrides modernes sont équipés de stabilisateurs qui compensent vos micro-mouvements.

    Elle est parfois intégrée au boîtier, et donc active quel que soit l’objectif utilisé, et parfois intégrée aux objectifs, et dans ce cas il faut donc veiller à ce qu’elle soit présente.

    Ce dispositif permet de faire gagner en moyenne 2 à 4 crans sur la vitesse d’obturation (selon les modèles).

    Autrement dit, vous pouvez réduire de 2 crans les valeurs théoriques citées dans les points précédents. Mais en théorie seulement, en pratique ce n’est pas toujours aussi spectaculaire (vous en verrez surtout l’effet en photographiant au téléobjectif et donc à des longueurs focales importantes).

    Lisez mon article sur la stabilisation en photo pour en savoir plus 🙂
  • Le trépied : Si vous avez besoin d’utiliser une (très) faible vitesse d’obturation (on verra pour quelle(s) raison(s) juste après), l’utilisation d’un trépied vous permet de stabiliser suffisamment votre appareil pour régler à 1s ou plus sans avoir de flou de bougé.

    Pour aller plus loin, vous pouvez lire l’article sur les 5 astuces pour rendre les photos plus nettes ou l’article sur le choix d’un trépied photo 🙂

Le flou de mouvement du sujet

À l’inverse, quand votre appareil est relativement stable mais que votre sujet bouge, votre sujet (une personne, un animal, etc…) pourra être flou sur le cliché. Ce flou de sujet est influencé par 2 facteurs :

  • la vitesse de mouvement de votre sujet : plus il bouge vite, plus vous aurez de flou de sujet et inversement
  • la vitesse d’obturation : plus elle est faible (lente), plus vous obtiendrez de flou de sujet et inversement.

Autant vous ne pouvez pas tellement jouer sur la vitesse de votre sujet, autant c’est à vous de choisir quelle vitesse d’obturation utiliser, selon la photo que vous souhaitez obtenir. Tout dépend si vous souhaitez figer un sujet rapide, comme par exemple ce guépard qui s’ébroue (prise à 1/500ème), ou si vous souhaitez donner une impression de mouvement comme je l’ai fait avec les passantes (photo prise à 1/8ème).

photo vitesse d'obturation élevée
Ici j’ai du utiliser une vitesse de 1/500 pour figer le mouvement du guépard qui s’ébroue, et les gouttes d’eau qui sont projetées. L’objectif n’ouvrant qu’à f/6.3, j’ai du monter les ISO à 5000 pour avoir une image bien exposée !
photo vitesse obturation lente flou bougé volontaire
J’ai volontairement pris cette photo à 1/8 pour que les passants soient floutés par leur mouvement. J’ai réussi à avoir le chien net en me stabilisant bien (coudes contre le corps), et grâce à une très bonne stabilisation.

Dans ce domaine, il est impossible de donner des cas typiques ou des conseils selon la situation. Par exemple, en photographie de sport, on peut donner une impression de rapidité à la fois en figeant le mouvement (grâce à une vitesse d’obturation importante) ou en créant un peu de flou de sujet (grâce à une vitesse d’obturation plus faible). Ça fait partie des leviers pour développer votre créativité, et si vous êtes déjà à cette étape dans votre pratique, regardez la vidéo de présentation de Révéler votre Âme de Photographe, ça va vous parler 🙂

Bref, vous avez compris, il vous incombe de prendre cette décision sur la vitesse, et pour ça rien ne vaut des tests ! Je vous laisse donc vous amuser avec la vitesse d’obturation puis découvrir l’article sur la sensibilité ISO.

Comme d’habitude, laissez un commentaire pour donner votre avis sur l’article, poser des questions, ou me contredire ! 😀

Et n’oubliez pas de partager l’article ! 🙂

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Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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