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Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle vidéo sur Apprendre la Photo.

Aujourd’hui, je vais vous parler d’un bouquin, qui est ici, qui s’appelle “Petite Philosophie pratique de la prise de vue photographique”, qui est un entretien entre Jean-Christophe Béchet et Pauline Kasprzk. (Pardon si je prononce mal ton nom, Pauline.)

Donc, c’est un entretien entre les deux qui parlent de, comme son nom l’indique, de prise de vue photographique et des réflexions qu’on peut avoir autour.

C’est un bouquin qui m’a été conseillé par Thomas Hammoudi – je vous mets le lien de son blog juste en dessous, n’hésitez pas à y aller. J’en ai déjà parlé par le passé, Thomas qui est toujours de bon conseil sur les bouquins, et, en fait, le bouquin m’a donné plein d’idées de vidéos, donc je vais vous faire une série de petites vidéos assez courtes dans lesquelles je vais parler un peu plus d’un des concepts qui m’ont fait tilter dans le livre.

Donc, aujourd’hui, je vais parler des 3 hors champ.

Le propre de la photographie, c’est d’avoir un cadre, et donc d’exclure.
Donc, le photographe, en cadrant consciemment une image – quand vous cadrez une image, on va supposer que c’est conscient et que ce n’est pas fait au hasard –, forcément, vous allez exclure volontairement des choses. Puisque vous cadrez donc vous allez choisir de ne pas mettre certaines choses dans le cadre. C’est ce qu’on peut appeler le hors champ réel, puisqu’en fait, ce qui est présent dans ce hors champ réel, vraiment ce qui est hors du cadre – par exemple ma main, là, est hors du cadre –, ça ne nous intéresse pas.

Cela dit, le photographe sait très bien ce qu’il y avait autour de son cadre, puisque c’est lui qui a pris la photo, donc c’est lui qui a choisi d’exclure des choses, il savait ce qu’il y avait autour. Et il va peut-être y associer des choses mentalement. Ça peut être des souvenirs, ça peut être une ambiance, ça peut être des moments heureux, il va y associer certaines choses, c’est ce qu’on peut appeler le hors champ du photographe ou, comme ils le disent dans le bouquin, du créateur.

Il a sa valeur, parce que finalement, ce hors champ a peut-être participé à la raison pour laquelle vous avez pris des photos au départ, mais il y a un petit problème avec ça, c’est que le spectateur n’a pas ce hors champ. C’est-à-dire que lui n’a jamais vu ce qu’il y avait en dehors du champ, donc lui n’a pas cette information et donc, finalement, il ne sera jamais perçu comme ça par le spectateur.

Le spectateur, le hors champ que vous, vous avez vu, il ne peut pas percevoir exactement la même chose, puisque vous l’avez mis en dehors du cadre, vous avez décidé de l’éliminer. Et donc ce qu’il y a en dehors ne sera jamais deviné exactement comme vous le voulez par le spectateur, ou alors il faut le mettre dedans.

En effet, celui-ci a son propre hors champ, il a en fait…, il va imaginer des choses, projeter des choses sur l’image, il va peut-être se raconter une histoire, commencer une espèce de début de fiction dans sa tête, faire des déductions inattendues, et c’est là que ça devient intéressant, justement.

Parce que, dans une certaine mesure, le hors champ que le spectateur va s’imaginer, vous pouvez non pas le contrôler, mais vous pouvez l’influencer, c’est-à-dire que votre rôle en tant que photographe, c’est aussi que le spectateur sorte de la photo dans son imagination, c’est-à-dire que la photo le happe, certes, mais qu’il extrapole les choses, que ça stimule son imagination.

Et vous pouvez aider le spectateur à justement développer son hors champ, on va dire, à avoir quelque chose qui soit pas simplement du genre : bon, il a pris une montagne en photo, donc autour, j’imagine qu’il y a d’autres montagnes.

Ça, c’est un hors champ qui est assez pauvre, on va dire. Mais pour l’aider à faire ça, vous pouvez déjà le faire dès la prise de vue, avec vos choix photographiques, par exemple en faisant des choix de composition particuliers.

Vous avez peut-être déjà lu la “règle”, soi-disant, qui consiste à dire qu’il faut laisser de la place devant le regard – par exemple, si moi, je me mets ici, eh bien, il vaut mieux laisser de la place devant, c’est ça que dit la règle –, sauf que, c’est pas vraiment une règle, c’est un principe. Ça donne souvent des photos équilibrées, mais si, à l’inverse, je me mets là et que je regarde par là, le fait d’être plus proche du bord du cadre, on va peut-être davantage se demander ce que la personne regarde.

Donc ça dépend des photos, c’est évidemment pas non plus une règle générale, mais ce que je veux dire, c’est qu’à la prise de vue, vous pouvez aussi faire des choix qui peuvent être différents et qui vont aider le spectateur à imaginer des choses.

Donc, je vais aussi vous insérer une très vieille photo de rue que j’avais prise – franchement, elle doit avoir, j’en sais rien, 4 ou 5 ans… Ce n’est pas une photo dont je suis particulièrement aujourd’hui, franchement je ne pense pas qu’elle soit particulièrement bonne, mais elle illustre bien ce point ; en fait, en ne voyant pas le père de l’enfant, en ne voyant que l’enfant, on projette des choses.

C’est-à-dire qu’on ne voit pas l’expression du père, par exemple, on ne sait pas ce qu’il lui dit, ou si à ce moment-là il va le gronder ou être plutôt tendre, on ne peut pas tellement… et du coup, ça rend un imaginaire un peu plus riche et ça va aider la personne à se projeter dans la photo, et tant qu’elle est à imaginer des choses, eh bien elle regarde votre photo.

Donc c’est une photo qui va lui prendre du temps, qui va l’intéresser. Et puis, ce choix de ce que vous allez mettre dans ce hors champ du spectateur, en tout cas de ce que vous allez essayer d’influencer, il ne se fait pas seulement à la prise de vue, mais il se fait aussi à la sélection des images – ce qu’on appelle parfois l’éditing –, et même au traitement.

Parce que vous allez pouvoir sélectionner une image plutôt qu’une autre, parce que vous avez l’impression que son “hors champ du spectateur” est plus riche, simplement plus imaginatif – ou les deux – ou alors vous allez pouvoir, au traitement, faire en sorte qu’il soit plus riche, en traitant l’image de manière à peut-être cacher des choses ou en suggérer d’autres.

Par exemple, si je vous montre cette image maintenant, vous allez voir que sur l’image d’origine il y avait son visage, mais j’ai choisi de couper et de ne montrer que la bouche, parce que ça me paraissait plus important. Et finalement, on peut juste imaginer son regard sans avoir le reste et ça rend, à mon avis, la photo meilleure que si j’avais tout montré. Donc parfois, il vaut mieux cacher des choses que les montrer, il vaut mieux les suggérer.

Voilà, c’est tout pour cette vidéo. Alors, même si je vais résumer quelques pensées que je trouve dans le livre dans les vidéos qui viennent, je veux quand même vachement vous inciter à l’acheter. C’est pas cher du tout, c’est 10 € ; c’est assez court puisqu’il y a… combien… 124 pages, c’est vraiment pas grand-chose, ça se lit bien, vous pouvez le prendre dans la poche, c’est pas grand, et ça va vraiment rajouter à la réflexion. Là, ce que je vous donne là, c’est quelques points qui moi, m’ont fait tilter, mais vous il y a peut-être d’autres choses qui vont vous faire tilter, donc surtout, n’hésitez pas à acheter le bouquin.

Voilà, je vous dis à plus dans la prochaine vidéo, et d’ici là à bientôt, et bonnes photos !

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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