Il y a eu tellement de conférences sur le stand du blog au Salon de la Photo 2014 que non, ce n’est toujours pas fini ! 🙂 Cette semaine, voici celle de Chloé Lapeyssonnie sur le reportage de mariage (je sais que c’est un sujet qui intéresse nombre d’entre vous), qui en plus de vous donner d’excellents conseils les accompagne de photos pleines de vie qui donnent vraiment le sourire !

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Bonjour à tous, je suis Chloé. Je fais du reportage de mariage, exclusivement, et je vais vous présenter ça de manière chronologique ; je me suis dit que c’était la manière la plus simple d’aborder tous les points. Il y aura, bien sûr, une session questions/réponses à la fin, donc gardez toutes vos questions en tête, on y viendra.

Je vais d’abord vous présenter mon parcours en quelques mots. J’étais photographe de concerts, à l’origine, ce qui consistait, principalement, à être dans la fosse en bas des musiciens, avoir trois chansons et tirer la meilleure photo possible en trois chansons avec une lumière très compliquée, un endroit limité et beaucoup de monde à côté de moi. Ça forme au niveau technique et ça forme aussi au niveau du caractère. Du coup, quand je suis arrivée à la photo de mariage, par le biais d’amis dont j’ai réalisé les premières photos de mariage, et auxquelles j’ai pris goût, pour moi ça équivaut à la même chose. C’est à dire, se mettre à un endroit, guetter le bon cadrage et surtout guetter le bon moment pour déclencher. Même si on peut déclencher un peu plus en rafales pour être sûr de choper la milliseconde qui va bien, ça reste quand même la même chose : du reportage. Que ce soit dans une salle de concert ou un mariage, pour moi, c’est pareil.

J’ai fait un rapide diaporama pour vous présenter – car je pense que tout le monde ne me connaît pas, loin de là – ce que je fais comme genre de photos, et ça nous permettra d’aborder la suite plus facilement.

Ce sont vraiment des moments. Pour moi, le reportage de photos de mariage, c’est surtout ça, je fais très peu poser les gens et j’essaie de capter les moments drôles, avoir les gens tels qu’ils sont réellement. Pas qu’ils soient dans un rôle, c’est leur mariage et le but est que dans leurs photos ils se retrouvent totalement.
Voilà un échantillon de ce que je peux faire sur une journée.
Toutes les photos de cette saison-là.
Par exemple, il n’y a pas que les mariés. Parce qu’effectivement, le jour du mariage ils sont au centre de tout, mais eux ont aussi préparé toute leur journée pour leurs amis, leurs proches, leurs invités. Et pour moi, il est très important de capter tous les moments chouettes qu’il peut y avoir tout autour d’eux et ne pas se concentrer uniquement sur les mariés.
Ça peut aussi bien être des détails que des moments. C’est le mélange de tout ça qui fait que c’est un compte-rendu fidèle d’une journée entière de mariage.

Voilà, comme ça, vous avez pu voir un florilège de ce que je peux produire sur une journée de mariage.

Le travail en amont du mariage

On va reprendre par ordre chronologique, la préparation en amont. Pour moi, le travail de photographe de mariage commence bien avant le jour J. C’est là où je rencontre mes clients, les futurs mariés. Ce qui est très important, pour produire un bon reportage, c’est d’établir une relation de confiance avec eux. Parce que je vais leur coller aux basques toute la journée. C’est assez rare d’avoir un photographe qui nous prend en photo toute une journée entière, personne n’est habitué à ça, et le but est que cela se fasse de la manière la plus naturelle possible le jour J. C’est pour ça que je passe du temps avant avec eux, et surtout je vérifie que c’est un bon “match”, pour eux comme pour moi : qu’on s’entende bien, qu’on puisse rigoler ensemble assez rapidement pour que le jour J tout soit décontracté. Les mariés ont déjà suffisamment de stress ce jour-là pour se rajouter, en plus, celui d’avoir un inconnu, pas très marrant, qui leur colle aux basques.

Il y a un autre aspect intéressant quand je rencontre les mariés bien avant, c’est de les rassurer. Pour eux, c’est leur premier – et a priori leur dernier – mariage, moi c’est dans les quatre-vingts et quelques, donc j’ai vu plein de choses, je peux être force de proposition, au niveau du timing, je peux leur donner pas mal de conseils et les rassurer aussi sur certains aspects qui peuvent être, pour eux, source d’anxiété. Plus ils sont rassurés, plus ils sont à l’aise avec moi, meilleures seront les photos, il n’y a pas de mystère. J’insiste particulièrement sur le timing, parce que s’il y a une wedding planner – il y a quelques mariages, maintenant, où il y a quelqu’un qui aide à l’organisation -, en général ils sont assez au point, ils ont un déroulé qui tient la route, moi je n’ai pas grand-chose à ajouter. Par contre, quand ce sont les mariés qui organisent tout eux-mêmes (ce qui est assez courageux), des fois on a des petits conflits de timing. C’est-à-dire qu’ils ne prévoient vraiment pas assez de temps. J’ai déjà eu des timings avec 16 h 30, sortie de mairie, 16 h 35, on part. Même pas en rêve ! Prenez le temps que vous pensez et doublez-le. En général, c’est à peu près ça. En fait, pour moi, en tant que reporter de mariage, si les gens sont pressés, en retard, stressés, il n’y a plus aucune marge de manœuvre pour laisser l’émotion naturelle émerger. J’ai eu des mariés qui ont passé leur journée à courir d’heure en retard à rendez-vous en retard, et du coup, je n’ai que des visages fermés, que des gens crispés, l’entourage est super stressé ce qui rajoute une dose de contrainte pour les mariés, et en photo, ça ne rend rien. Les gens ont le visage fermé, pas de sourires, pas de moments complices, intenses. Tout ça nécessite un peu de temps, nécessite que la mariée, pendant ses préparatifs, ait le temps, qu’il n’y ait pas quinze personnes en train de courir autour d’elle en disant “dépêche-toi, on est en retard !”, il ne se passera rien.

Tout ça, c’est des choses qu’on amène bien en amont. Quand je dis “avant”, c’est quasiment six à huit mois avant. Après, deux mois avant le mariage, je leur envoie un questionnaire, où je leur demande toutes leurs infos. Justement, on revient une dernière fois sur le timing, parce que les choses changent entre huit mois avant et deux mois avant. Important aussi, je demande la liste des personnes importantes ce jour-là, les VIP. Moi, je vois cent cinquante nouvelles têtes par week-end, pour les mariés il n’y a rien de plus naturel, c’est leurs plus proches, c’est évident. “Lui ? C’est mon cousin, évidemment”, oui, mais moi je ne sais pas. Je ne suis pas allée jusqu’au trombinoscope, parce qu’on me l’a fait une fois et franchement, essayer d’ingérer des têtes qu’on ne connaît pas, sur un papier, et qui seront très différentes de celles que l’on verra le jour J, ça ne sert à rien. Par contre, une liste des gens à ne pas rater. Il y a parfois des gens très discrets le jour J, qui n’ont pas de rôle particulier lors des préparatifs ou de la cérémonie, et on peut passer à côté de ces gens-là. Et pour les mariés, c’est hyper important. Donc, ça fait vraiment partie de la grosse préparation qu’on fait en amont pour être sûr de ne pas se foirer le jour J.

Le matériel

Je vais passer rapidement là-dessus, c’est ce que contient typiquement mon sac photo, que je prépare avant de partir. J’ai deux D700, ensuite j’ai 24-70 et 70-200, parce que ce sont des focales très polyvalentes. Le 24-70 souvent pour la cérémonie, j’aime bien parce que je peux éviter de bouger trop pour ne pas gêner le déroulé de la cérémonie et ça peut me permettre d’avoir des valeurs de plan assez différentes. Le 70-200, je m’en sers beaucoup pour le cocktail, un peu en mode sniper, pour avoir des moments de loin, sans que les gens soient trop impactés par ma présence, qu’ils ne se retournent pas en disant “ah, la photographe est là” (sourire crispé, on continue à parler), ça, ça ne m’intéresse pas. Donc je m’en sers beaucoup pour ça. Et ensuite, toutes les focales fixes qui ouvrent plus, souvent si c’est une cérémonie en intérieur, en cas de mauvais temps, tous les moments de la journée où je vais avoir besoin de plus de lumière. Pour les préparatifs aussi, on va le voir juste après, où, là, on a vraiment besoin d’ouvrir à fond. Le flash, pour la soirée, c’est assez classique. Et la sangle ou harnais, car j’ai en permanence mes deux boîtiers avec ou 24-70 ou 70-200, ou quand j’ai des conditions de lumière un peu plus difficiles, le 28 f/1.8 et le 85 f/1.8. Ce qui me permet de changer immédiatement grand-angle/portrait, très rapidement. J’ai les mêmes réglages sur les deux boîtiers, et ça aussi c’est très important, car ça simplifie énormément le post-traitement après. Une fois que j’ai mis tout ça dans Lightroom, j’ai exactement les mêmes réglages, je n’ai pas besoin de passer d’un preset à un autre, je traite tout de la même manière. Ça, c’est un gain de temps.

Le jour J

On va continuer notre ordre chronologique, et là, ça y est, c’est le jour J, on est arrivé, c’est le matin, c’est la course.
En préambule, le point sur lequel j’essaie d’insister, c’est qu’il faut être à la fois vraiment discret – c’est-à-dire que pendant la cérémonie, les moments clés, il ne faut pas que l’attention dérive des mariés sur “qui c’est elle, avec deux boîtiers, qui est en train de courir partout ?” Il y a vraiment des moments où il faut respecter la solennité, où il faut savoir se cacher – et à la fois, se fondre dans la masse des invités, dans le cocktail, que les gens soient à l’aise avec nous pour qu’on n’ait pas de photos un peu crispées dès qu’ils voient qu’on est en train de les prendre en photos. Mon but, c’est d’avoir des photos spontanées, naturelles, et si les gens ne sont pas très à l’aise en ma présence, ils seront crispés. Ça arrive, certaines personnes sont particulièrement mal à l’aise vis-à-vis de l’appareil photo, et ça je ne peux pas y faire grand-chose en une seule journée, mais sinon, je n’hésite pas à me mêler à la foule des gens, à discuter avec eux, à rigoler avec eux, et c’est d’autant plus naturel pour eux. À la fin, ils ont l’impression que je suis une copine qui est là et “tiens, au fait, elle a un appareil photo”. Et ça m’aide vraiment à faire des photos naturelles.

Des fois aussi, il faut savoir s’imposer. Parce que les photos de groupe, par exemple, qui peuvent être régulièrement le casse-tête des photographes, peuvent devenir un vrai cauchemar si je ne prends pas mon ton d’adjudant-chef. Je peux monter sur un tabouret, crier très fort et là il faut donner les instructions et que ça aille vite et bien, sinon ça soule tout le monde et le résultat n’est pas à la hauteur. Dans ces cas-là, il faut savoir un peu hausser le ton, comme j’ai été sympa avant, ça fait plutôt rigoler les gens, mais il y a des moments où il faut prendre le contrôle, sinon ça peut devenir ingérable.
Dernier conseil – faute du reportage – ne jamais relâcher son attention.
Voilà, ça, c’est moi quand je travaille et que les mariés, avec qui effectivement le contact passe bien, deviennent des copains. Et quand je dis qu’il faut s’imposer, c’est aussi pour ça. Plus ça va, et maintenant, c’est récurrent, c’est tous les week-ends comme ça, que ce soit à la sortie de cérémonie, sortie d’église, il y a une armée de photographes. Des fois c’est des photos, des fois des téléphones, des iPad – qui sont un peu désagréables parce qu’ils prennent vraiment beaucoup de place – et, quand ils sont sortis, j’étais positionnée vraiment au milieu de tout le monde. J’ai joué un peu des coudes, parce que ça va extrêmement vite, la sortie des mariées dure trente secondes, et ce sont des shots qu’il faut avoir absolument. Si je rentre et que je n’ai pas ceux-là, je n’ai pas fait mon travail. Donc dans ces cas-là, des fois ça m’arrive de jouer des coudes, de pousser gentiment les gens en leur disant “excusez-moi, c’est vraiment très important, c’est le moment que je ne dois pas rater”. Certains comprennent, d’autres un petit peu moins, mais c’est mon travail et je ne peux vraiment pas faire autrement. Et des fois, il faut être un peu créatif : là, je passe dans l’autre sens, je fais une photo, c’est rigolo, on les voit avec tous leurs invités en train de prendre des photos, ça peut être marrant.
Certes, être discret, faire profil bas, mais, parfois, il faut savoir jouer des coudes.

Les préparatifs

Première étape de la journée : les préparatifs. Qui sont le moment idéal pour la prise de contact avec les mariés, parce que ça fait un moment qu’on ne les a pas vus. On peut se reposer en arrivant un peu tôt, voir aussi l’entourage proche, qui va être là toute la journée, c’est super pour mettre des visages sur des noms.

La plupart du temps, le problème numéro un qu’on a pour les préparatifs, que ce soit la chambre d’hôtel, parfois un peu petite, ou que ce soit chez les mariés, c’est la lumière. Dans ces cas-là, ce que je conseille systématiquement, c’est de se placer le plus près possible de la source de lumière naturelle. Ça peut sembler basique comme conseil, mais ce n’est pas toujours aussi facile que ça à faire. Et ne pas hésiter à couper les lumières artificielles, pour une question de balance des blancs. Effectivement, quand on passe en noir et blanc, ce problème n’existe plus, mais si on veut éviter d’avoir un joli visage éclairé bleuté par la lumière du jour d’un côté, et orangé du tungstène de l’autre, il vaut mieux un joli clair-obscur, avec, limite, la moitié du visage éclairé par la lumière extérieure, plutôt qu’un truc bien éclairé des deux côtés, mais bleu et jaune. C’est moche. Moi, dans ces cas-là, je fais couper les lampes. Tout le monde les allume en me disant “ça va vous faire plus de lumière”, moi je l’éteins. Je préfère monter les ISO, qu’il y ait peut-être un peu de bruit, mais au moins, qu’on ait quelque chose de plus esthétique, plus clean.Ne pas avoir peur de monter dans les ISO et là, l’ouverture joue pas mal aussi. Il faut tester son matériel avant. Je sais que sur le D700, je ne monte pas au-dessus de 2500 ISO, parce que sinon ce n’est vraiment pas esthétique, ça fait un peu des patates. Mais je sais que je peux aller jusque-là et après ouvrir à 1.8, 1.4 (pour ceux qui ont des objectifs qui ouvrent pas mal).

Il n’y a pas seulement la lumière, des fois, il y a aussi la configuration de la pièce et le fait qu’elle ne soit pas toujours très bien rangée. Là, c’est la même pièce : à gauche, c’est la première photo que j’ai prise en arrivant, en me disant « y a la maman et la fille qui se préparent en même temps, c’est sympa, ça crée une tension, on les voit qui ne regardent pas dans la même direction ». Et après je me suis dit qu’il y avait trop de trucs ; y a la pile de livres, le verre… OK, ça ne va pas. Et dans ces cas-là, il y a deux trucs qui aident : effectivement, c’est le cadrage. Tourner autour de son sujet, ne pas rester statique. Essayez en dessous, essayez au-dessus, à gauche, à droite, tournez jusqu’à ce que vous trouviez un angle clean. Ici, en l’occurrence, sur cette photo-ci, il y avait des escaliers, la cuisine qui descend. J’étais descendue entre deux poutres, ce qui m’a permis d’effacer tout ce qui était moche, radiateur, etc., de garder une jolie lumière sur le visage de la mariée. Voilà, le cadrage, dans ces conditions, compte vraiment énormément ; il faut vraiment bouger jusqu’à trouver un angle qui vous plaise. Une fois que vous avez un bon angle, s’il n’y en a qu’un, c’est pas grave, restez là. Il vaut mieux moins de variété d’angles dans ce moment précis et de belles photos, plutôt que d’en avoir plein comme ça qui ne servent à rien. Honnêtement, personne n’a envie d’avoir ça comme photo de son mariage.
Et la profondeur de champ, là, peut aider énormément à flouter des arrière-plans un peu moches. N’hésitez pas à ouvrir à donf, parce que dans ces cas-là, des détails pas très jolis peuvent se fondre dans le champ. Et aussi, c’est vrai que, certaine fois, en dernier recours, le noir et blanc peut sauver la mise si dans l’arrière-plan il y a des choses de couleurs vraiment flashy qui attirent trop l’œil, il ne faut pas hésiter à passer en noir et blanc pour récupérer le portrait en premier plan et qu’on oublie un peu l’arrière-plan.

La cérémonie

On va passer à la cérémonie, à l’entrée, qui reste une grande tarte à la crème de la photo de mariage, c’est l’entrée à l’église. On est très très lumineux dehors et très très très sombre dedans, et pourtant, c’est un plan qu’il ne faut pas rater. À force d’en avoir essayé pas mal, j’ai deux petits conseils qui marchent plutôt bien :
– prendre avant, si c’est possible, juste avant qu’elle entre sur le seuil où là, vraiment, la différence intérieur-extérieur est la plus forte. Je suis sur eux, la netteté est bonne, du coup l’exposition est bonne. Derrière, c’est un peu surexposé, mais c’est vraiment pas gênant, et les côtés sont tout noir, ce qui fait un cadre dans le cadre qui, honnêtement, rend plutôt bien, et met bien en valeur l’arrivée de la mariée. Ça, c’est pas mal, parce que ça évite d’avoir à faire de vrais contre-jours.
– et un truc tout bête : se décaler. Se décaler un petit peu sur le côté. Par exemple, si la mariée arrivait ici, je me mets là, juste au début et j’ai la mariée ; j’ai quand même la lumière qui vient de l’extérieur, mais je n’ai pas un contre-jour, je n’ai pas ce halo autour d’elle qui va être assez difficile à rattraper ensuite en post-prod. Du coup on a une photo assez nette, tout le monde est bien exposé, je peux voir du monde autour. Là (photo du haut), je ne vois personne, c’est clair. Mais là, je peux récupérer les visages des gens au premier rang, les parents, etc.

Il y a aussi un petit conseil tout bête pour bien se placer : la première fois, on est tenté de se mettre dans l’allée pour avoir vraiment la mariée qui arrive de face. De plus, si on a un grand-angle, ça peut faire un joli effet de symétrie. Ce que je fais, maintenant, je me décale, pareil, pour les mêmes raisons. Là, je n’ai pas de contre-jour puisque je suis en extérieur, mais je me décale quand même pour avoir le champ et contrechamp. Moi, je shoote toute seule, je n’ai pas de second shooter, donc c’est vraiment un moment qui est hyper important. C’est souvent le moment où les mariés se découvrent pour la première fois et la tentation est de se concentrer sur la mariée qui arrive au bras de son papa, sauf qu’à côté il se passe un truc super. À côté, il y a le marié qui voit sa future femme pour la première fois, et en général c’est très émouvant. Donc, si moi, je me mets par exemple ici, le marié est là (à côté), la mariée est là (devant), je peux juste me retourner. Et comme ça, je suis sûre, à moi toute seule, d’avoir quand même le champ et contrechamp de ce qui est en train de se passer. Et c’est quand même très pratique.

La sortie de la cérémonie. Ça arrive souvent que les gens se disent « C’est bon, j’ai fait la photo des mariés qui sortent », ils ont les confettis, tout ça, c’est super, de la lavande, n’importe quoi, du riz (je crois qu’il n’y en a plus du riz, maintenant), et après ils s’en vont. Parce qu’il faut aller sur le lieu de la réception, on a d’autres choses à faire, sauf que pour l’angle du reportage, c’est un des moments où il se passe les trucs les plus chouettes. Honnêtement, c’est un de mes moments préférés de la journée. C’est les embrassades juste après, c’est émouvant, c’est la première fois que les mariés voient leurs amis. Parce qu’avant, moi j’étais avec eux, depuis le début de la journée, mais techniquement, les invités c’est là qu’ils les voient pour la première fois, qu’ils les félicitent, les parents, etc. Donc là, on a des trucs hyper émouvants, hyper spontanés, et c’est surtout pas le moment de ranger son boîtier et d’aller courir à sa voiture. Ça vaut le coup de speeder un peu après et de rester pour ce moment-là, c’est vraiment très important.
Là, c’est un petit clin d’œil, car tous les photographes de mariage, cette année, ont un peu galéré avec la pluie, et c’est pas grave. C’est un peu pénible pour nous, parce qu’on est sous la pluie. Moi, je n’ai pas d’assistant qui me tient un parapluie, donc c’est avec les moyens du bord, des fois c’est des sacs plastiques, des fois c’est juste rien du tout, tant pis, les boîtiers sont tropicalisés, ça suffit, mais ça n’empêche pas les mariés d’avoir de super sorties à la mairie. Donc pas de panique s’il pleut, c’est pas grave.

Les photos de groupe, qui peuvent être considérées comme le pensum, des fois. Alors qu’il y a moyen de faire des trucs super chouettes. Il peut y avoir des versions très classiques, comme ça, mais qui vont très bien, et les mariés sont ravis. Mais ce qui est important, du coup, c’est de trouver un bel endroit. Ce que je fais, c’est que je prends les mariés et les personnes qui sont censées être sur les photos – j’ai la liste, vous vous souvenez du questionnaire que j’ai envoyé au début – j’ai la liste des photos de groupe, je prends toutes les personnes concernées et on se met à l’écart. Parce que plus j’ai de personnes derrière moi qui disent « hey, attends, je prends la photo, etc. », plus je perds du temps. Parce que les gens ne me regardent pas, regarde à gauche, à droite, et il me faut dix minutes pour avoir une bonne photo avec tout le monde qui me regarde, qui arrête de parler – parce que c’est moche d’avoir les visages en train de parler.

Voilà, on va trouver un joli endroit, on va se mettre à l’abri du regard des autres, – parce que si je commence les photos de groupe avec tous les invités du cocktail derrière et qui nous regardent, ils vont vouloir des photos avec les mariés, systématiquement. Et pour les mariés, c’est impossible de dire « non, je ne veux pas faire de photo avec vous, vous vous êtes important, vous vous ne l’êtes pas, ah si, toi tu l’es, viens, ah non, toi tu ne l’es pas, on fait pas de photo avec toi. » C’est un détail technique, mais pour garder les choses simples, rapides et efficaces, on prend les personnes concernées et on va se mettre ailleurs.

Autre petit conseil : pas peur du contre-jour. J’en fais systématiquement, quand c’est possible. Cette année, il n’y en a pas eu beaucoup, il n’y a pas eu beaucoup de soleil… Mais systématiquement quand je peux ; je trouve ça flatteur, c’est joli, ça peut aussi dégommer un arrière-plan des fois moins esthétique (on n’a pas toujours le choix). Souvent les gens viennent me tapoter sur l’épaule en me disant « Vous faites attention, vous serez à contre-jour. » Je dis « oui, je sais, c’est fait exprès ». Du coup, les gens qui prennent des photos derrière moi avec un iPhone sont un peu emmerdés, parce qu’ils n’arrivent pas à avoir une photo potable, et ils s’en vont, ce qui m’arrange. Donc, contre-jour, pas de problème.

On me demande souvent des photos avec tout le monde. Au début on se dit « oui, tout le monde, je vois pas trop…, ça va pas être top, on ne verra pas la tête des gens ». En fait, il y a plein de moyens de faire des trucs super sympa. Là, j’étais juste au balcon, c’était dans une maison lambda, pas un château, pas un lieu hyper sophistiqué, et j’ai juste eu à me mettre à l’étage. Par contre, dans ces cas-là, n’oubliez pas – par exemple, moi je shoote toujours à 2.8 – de fermer, par contre. Parce que, si je suis à 2.8, les gens sont nets ici et plus personne derrière. Là, j’ai fermé, je crois que j’étais à 11. Pareil, s’ils veulent faire des lignes, sur des marches avec des lignes surélevées derrière, n’oubliez pas de fermer un peu. Même s’il ne fait pas très beau c’est important, sinon vous aurez des problèmes de netteté.

Et gardez aussi l’œil sur ce qu’il se passe autour, parce que, moi quand je suis en train de prendre mes photos, vu que je suis un peu obnubilée par ma liste des photos de groupe, il y a des gens qui se marrent bien à côté. On venait de finir la photo officielle, ici sur la dune, et eux sont allés faire leurs photos à eux. Ça, c’est super à voir.
C’est vraiment du reportage, donc ce n’est pas parce qu’on est en train de faire un truc officiel, cloisonné, posé, un peu plus réglé que le reste de la journée, qu’il faut oublier de garder un œil vigilant. Et quand vous ne pouvez pas garder un œil, gardez une oreille sur ce qui se passe autour de vous.

Ensuite, classique, on a les photos de couple. J’ai des mariés qui n’en veulent pas beaucoup. Ils viennent vers moi pour du reportage, et ils me disent « nous, poser c’est pas trop notre truc, on est mal à l’aise devant l’objectif… » C’est vrai que ce n’est pas facile pour eux, mais pour nous, ce qui aide un peu à les mettre à l’aise, c’est effectivement d’en avoir beaucoup parlé avant. C’est aussi que le jour J, ils sont un peu sur un petit nuage, ils ont pris leur shot d’adrénaline, ils sont un peu ailleurs et c’est bien plus facile que, à froid, prendre un couple et leur dire « venez, je vais vous prendre en photo. » Là, c’est plus simple, mais il ne faut pas hésiter à bien discuter avec eux avant pour les mettre à l’aise. Tout en les dirigeant quand même un peu. Moi, je ne les dirige pas sur les poses, mais sur les endroits, tout simplement. Là, le flare comme ça, le contre-jour, il n’y avait qu’à un endroit précis que je pouvais l’avoir. Donc, moi je les place, je fais parfois une photo et je leur montre en leur disant « regardez comme c’est joli. Eh bien, on va rester un peu ». Après, j’essaye de me faire le plus discrète possible et de les encourager à avoir des interactions tous les deux. C’est le seul moment de la journée où ils sont seuls tous les deux, donc je leur dis « profitez-en, je ne sais pas, parlez un petit peu ». Bon, au début je leur dis de parler un peu, après je leur dis d’arrêter parce que c’est difficile d’avoir de bonnes photos avec des gens qui parlent. Mais je leur dis « parlez de votre journée, échangez… » Je les laisse même des fois cinq minutes tout seuls, parfois ils me le demandent même : « on a besoin de cinq minutes tranquilles ». Tout ça pour laisser retomber la pression de la journée, qu’ils se sentent à l’aise, qu’ils en profitent aussi un peu et je les laisse faire leurs trucs. Ça dépend des mariés, j’ai des mariés qui sont fun, le but c’est que ça leur ressemble. Voilà, eux ils sont super marrants, ils ont été comme ça toute la journée, ils n’ont pas fait ça pour me faire plaisir, ils l’ont fait parce que vraiment ils sont capables de le faire dans leur salon si ça les fait marrer.

Et j’ai tendance à avoir recours à quelques accessoires ; là j’avais juste les témoins sur les côtés qui les bombardaient de confettis, ça les a fait marrer, c’était leur idée. Et c’est vrai que tout ce qui crée une interaction entre le couple fait qu’ils m’oublient un peu plus. Donc on en parle, avant, je leur dis « si vous pensez à des trucs, quelque chose qui vous rappelle votre histoire, l’endroit où vous vous êtes rencontrés, n’hésitez pas, prenez des accessoires on les ressortira le jour J pour voir ce que ça donne. » Si ça ne marche pas, c’est pas grave, on en fait pas mal pour qu’ils aient le choix d’avoir des trucs plus classiques à envoyer à la famille, en remerciements, mais qu’eux aient un souvenir d’à quel point ils étaient marrants. Eux, c’est pareil ; ce ne sont pas des trucs que je leur demande « ce serait super cool si tu faisais comme ça », c’est juste eux.

Dernier petit conseil : multipliez les angles et les focales. Parce qu’effectivement, la mariée, c’est le seul moment de la journée où on va voir l’intégralité de sa belle robe, ou un dos particulièrement travaillé, les mariés ont passé beaucoup de temps sur le choix de cette robe, sachez-le, c’est important. Il faut des photos. Des plans américains, gros plans, plans en pied, essayez d’être le plus exhaustif possible à ce moment-là. Faire des portraits de chacun des mariés. Je le fais systématiquement. C’est tout bête, mais avec mon chéri, on a eu une séance couple à New York, on était très contents, on revient et on n’avait pas une seule photo seuls. Je voulais changer ma photo de profil FB, le truc tout bête, eh bien, je n’avais pas une seule photo de moi toute seule. Donc, systématiquement – ça prend une demi-seconde –, je fais une photo du marié, une photo de la mariée, un beau portrait. Tout le monde a envie d’avoir un beau portrait de soi où on est joli, c’est le jour du mariage, c’est chouette.

C’est aussi là où je fais les détails. Je trouve que le détail d’une paire de chaussures posée peut être un kiff esthétique pour nous, mais je trouve que ça ne raconte pas grand-chose. Je préfère faire les détails sur les gens. Les alliances : je préfère ça à un ring shot posé dans une jolie boîte ou un joli endroit. Mais c’est personnel, c’est parce que mon angle est le reportage, c’est de raconter une histoire. Pareil pour la petite broche, mais c’est parce qu’il vient de se marier et qu’il est mort de rire, et c’est ce petit sourire qui rajoute le truc.

Ça, c’est un exemple de ce que je livre – j’en livre beaucoup plus, mais c’est un exemple – pour un couple. Les jolis portraits, où tous les deux se trouvent très jolis et ils seront contents de les avoir. Le détail, c’est le bracelet qu’il lui avait offert pour leur mariage. Photo en pied un peu marrante, portrait un peu plus sage, plus poétique, et un cliché funky parce qu’ils avaient pensé qu’ils voulaient des fleurs, des lunettes marrantes, ils voulaient rigoler un peu. Ils ont une variété de plans, une variété de poses qui permet d’être assez exhaustif, et ça ne nous a pas pris longtemps, vingt minutes en tout.

Le cocktail

Après, il y a une partie que j’aime beaucoup, qui peut, pour certains, paraître un peu longue et un peu ennuyeuse, mais que je trouve très riche en émotions, c’est le cocktail. C’est là, pour moi, le meilleur terrain de chasse pour faire des photos prises sur le vif. C’est là où j’ai le plus de latitude. Je peux bouger à peu près partout où je veux, les gens font leurs trucs, discutent entre eux, ils ne se sont pas vus depuis longtemps, ils boivent un coup. Évidemment, j’évite les photos du verre à la bouche et des gens en train de manger, c’est moche, peu esthétique et personne ne veut se voir comme ça, mais par contre, c’est vraiment là où il se passe des trucs super mignons, et dans ces cas-là, je marche à l’oreille, encore une fois. Car même si je garde souvent les deux yeux ouverts quand je shoote, pour continuer à avoir un champ de vision élargi, dès que j’entends quelqu’un rigoler, j’y vais. Parce qu’il ne suffit pas de faire des photos des gens pour faire des photos des gens ; je ne fais pas une galerie de portraits. C’est-à-dire que, même si souvent on me demande d’avoir tout le monde, – je vous promets que ce n’est pas possible – j’essaie d’avoir les gens à des moments significatifs. S’ils sont en train de discuter de leur dernière feuille d’imposition avec un toast à la main, ça ne m’intéresse pas. Parce qu’on ne parle pas que de trucs marrants, à un mariage. Des fois, ce sont des gens qui ne se sont pas vus depuis longtemps, des familles qui se recomposent, donc, j’entends quelqu’un rigoler et j’accours. Des fois, j’accours d’un peu plus loin, si j’ai le 70-200, pour être sûre de ne pas perturber ce qui est en train de se passer, qu’ils ne se disent pas tout à coup « houla, un photographe arrive » et que ça fasse tomber tous les beaux sourires naturels que j’ai.

C’est comme ça que je marche et je l’explique très en amont aux mariés pour qu’ils n’aient pas de surprises là-dessus. Et du coup, c’est pour ça que je n’ai quasiment que des photos où les gens rigolent. Parce que c’est ce que je cherche, c’est une journée heureuse et je veux que les gens aient ça comme souvenir.

C’est aussi le moment idéal pour vérifier sur la liste des personnes importantes qu’on a pris avant, qu’on a bien tout le monde. Ça m’est arrivé une fois de ne pas avoir la sœur du marié, qui n’était pas là aux préparatifs, qui n’était pas devant à la cérémonie, qui est restée, pendant le cocktail, à l’intérieur avec ses copines ; à un moment je me suis posée et je me suis dit « mais la sœur du marié, je ne vois même pas à quoi elle ressemble… ». Je suis donc allée chercher la maman, je lui ai dit « ça ne vous dirait pas d’avoir une belle photo avec votre fille ? » Elle est allée chercher sa fille, elle est sortie, ses copines l’ont suivie, et du coup elles ont passé la fin du cocktail dehors et j’ai pu, là, faire des photos prises sur le vif. Le portrait n’était qu’un prétexte. Remarquez, j’ai eu de jolis portraits de la mère et la fille, elles étaient contentes, mais c’était un prétexte pour la ramener vers moi, parce que je ne savais pas où elle était et qu’elle était au fond d’une grange dans le noir.

Voilà, ce que j’expliquais tout à l’heure, j’aime beaucoup, à ce moment-là, le 70-200, je trouve qu’il a un super bokeh, une optique géniale, mais il y a des gens qui aiment être proches et shooter au 35. Là-dessus, je n’ai pas de conseils à donner, c’est vraiment selon l’approche des gens. Il y en a qui viennent de la street photographie et le 35 très proche ne leur pose aucun problème, et d’autres qui préfère se mettre loin et shooter de loin, moi également.

C’est vraiment le moment où on peut avoir de belles lumières, des gens décontractés, et évidemment, les enfants et les grands-parents sont de très très bons clients. On n’oublie jamais les grands-parents, c’est super important. Et les enfants sont une source inépuisable de moments marrants. Il y a des gens comme ça que je vais garder à l’œil, un peu toute la journée. Les enfants, je regarde toujours à peu près où ils sont, parce que des fois ils s’éloignent des adultes et font leur vie ensemble, mais ça donne des trucs très rigolos. Le cocktail est vraiment le moment de détente pour les gens, et où, nous, pour une fois, on n’est pas pressés par le temps. On peut se promener, changer d’angle, parfois on peut rentrer à l’intérieur de la maison pour avoir un angle du dessus. C’est là où on peut aussi être un peu plus créatif que le reste de la journée où c’est minuté et où on a quand même des contraintes techniques assez importantes. Là, on n’en a pas trop, c’est vraiment le moment de s’éclater un peu.

La soirée

Après, on attaque la soirée, qui peut être stressante en termes de lumière. Je vois des gens qui hochent la tête : vous avez eu droit aux lumières pourries du DJ ? Ici, pareil, basse lumière. Je n’utilise le flash quasiment que sur le dance floor, parce que je trouve ça intéressant, avec les filés on peut figer des choses chouettes. Je trouve qu’au moment du dîner, c‘est très dommage, ça enlève toute notion de discrétion possible, donc j’essaie, même à ce moment-là, de ne pas flasher. Donc je monte dans les ISO, j’ouvre à fond et je fais attention quand même à la vitesse pour ne pas avoir trop de flou de bougé. Je descends rarement en dessous du 125e, ce qui est un peu contraignant. Après, si c’est un moment où les mariés sont à table, posés et qu’ils écoutent un discours, je peux descendre encore en dessous, au 80e, ça passe.

Les Leds multicolores, vous allez voir sur la slide d’après, c’est assez édifiant.

Et ne pas hésiter à passer au noir et blanc, toujours pour les mêmes raisons que tout à l’heure, s’il y a un peu de grain, etc. Et ça fait ressortir joliment les portraits qui sont au premier plan.
Exemple typique : le dîner était dans la même salle que la soirée après, donc les éclairages étaient les mêmes, ce qui consistait en une boule qui tournait avec plein de couleurs différentes. On passait du vert au violet au bleu au rouge au vert au violet au bleu, on revenait en passant par le jaune. Au début, on shoote quand même parce qu’il est en train de se passer quelque chose, peu importe la lumière, tant pis, c’est ce moment-là et pas celui dix secondes plus tard. Après, quand on se rend compte qu’on est un peu plus en confiance – moi, j’ai capté le schéma de lumière pourrie, j’ai capté quand elle était la seule bien – j’ai attendu ce moment-là, c’était une lumière un peu plus chaude, plus jolie, et c’est parce que là, c’était un moment assez statique, mais s’il se passe un truc à un instant, tant pis pour la lumière, elle n’est pas belle, elle n’est pas belle. Mais il vaut mieux avoir l’instant et des couleurs moins flatteuses plutôt que d’attendre la très belle lumière et qu’il se passe moins de choses sur l’image.

Là, par exemple, c’était un chouette moment, là-haut c’était à peu près potable, mais là, c’était pas possible et j’ai passé en noir et blanc. Un petit truc, car passer en noir et blanc, parfois, ça ne suffit pas, allez voir votre balance des blancs dans Lightroom, parce que la balance des blancs joue sur l’amont, en fait. Quand il y a par exemple un endroit qui est bleu et l’autre turquoise et un autre violet, n’hésitez pas à bouger les curseurs, même en mode noir et blanc, ça peut faire une énorme différence.

Autre petit truc : il y a souvent des vidéoprojections, et dans ces cas-là, on coupe toutes les lumières, sinon on ne voit rien. Angoisse. Les mariés sont à l’autre bout de la salle, aucune photo, tant pis. Je ne vais pas les flasher non plus, c’est impossible. Donc je propose – des fois les gens veulent, des fois ils ne veulent pas – de ramener les mariés vers le vidéoprojecteur. La lumière du vidéoprojecteur sur la toile les éclaire et c’est super. Du coup, j’ai toute une série comme ça où l’écran est ici, les mariés sont là, les copains sont en train de lire leur chanson à côté, et j’ai tout le monde qui est un peu éclairé. C’était parfait.

Il y a aussi un moment où il ne faut pas flasher, c’est quand on a une super déco lumineuse. Il y a de plus en plus de mariés qui essayent de faire de la déco sympa pour préserver une ambiance un peu plus intime, plus jolie, plutôt que les éclairages bêtes et méchants. Dans ces cas-là, il faut faire quelques photos sans flashs pour capter cette ambiance lumineuse, car ce serait dommage d’écraser au flash.

Là, c’est un classique lâcher de lanterne qui permet d’avoir la lumière pile-poil où on veut, c’est-à-dire sur les visages. Par contre, pareil, il faut monter les ISO, baisser la vitesse, tout ça, mais on arrive quand même à avoir des trucs super esthétiques. C’est pour ça que je disais tout à l’heure que je préfère avoir un beau clair-obscur avec les visages éclairés et tout le reste noir, c’est pas grave, au contraire, c’est très esthétique et ça fait ressortir les visages.

Par contre, à la soirée, il faut flasher. Ça m’arrive de ne pas le faire, quand il y a par exemple une grosse boule à facettes qui projette plein de lumières partout, le flash l’écrase, c’est moche. Mais la plupart du temps, quand on veut avoir vraiment des mouvements sympas, parce que les gens sont en train de danser, il ne faut pas hésiter. Moi, en plus, dans la formule que je propose à mes mariés, je reste systématiquement jusqu’à minuit, deux heures du matin, selon le moment où la soirée a commencé. Donc j’en fais pas mal, je reste beaucoup sur le dance floor, je danse avec les gens, je ris avec les gens, et plus je suis au milieu des gens, plus ils trouvent pas si bizarre que ça de se faire flasher, alors qu’ils sont en train de danser et de faire les cons avec deux ou trois verres dans le nez. C’est comme ça que j’ai des trucs vraiment chouettes. Et voilà le fameux porté de Time of your life, parfaitement exécuté. J’aime bien tous les effets de filé, donc je fais premier rideau en pose lente – on peut faire aussi au deuxième rideau, c’est comme on veut. Je trouve que c’est plus facile parce qu’on sait où l’action commence, plutôt que d’anticiper celle où elle va peut-être se terminer, ce qui est assez difficile dans un truc aussi sauvage qu’un dance floor rempli de gens qui dansent.

Là, c’est la seule exception ; ils étaient à table, le dîner avait duré un peu plus longtemps et il y avait des animations où ils pouvaient gagner des paniers, et les gens étaient vraiment surexcités dès ce moment-là, ce qui d’habitude n’arrive pas. Du coup, je n’avais pas le choix, les mouvements étaient tellement rapides que même au 125e c’était impossible, tout aurait été flou, donc là, j’ai quand même flashé. Même en soirée, quand j’ai mes deux boîtiers, j’en ai toujours un avec le flash et le 24-70, et l’autre avec le 85 f/1.8, ou des fois le 50 f/1.4, pour pouvoir, à la fois, récupérer des basses lumières, des moments un peu jolis avec une belle luminosité et pouvoir flasher tout de suite si la situation l’exige. J’ai d’autres photos où je suis en train de shooter les gens à table, en train d’écouter ou de rigoler, et quand les gens ont commencé à s’exciter comme ça, j’ai sorti immédiatement le flash qui était déjà réglé. Je fais un test avant, vite fait, comme ça les deux sont prêts à l’emploi tout de suite et je peux passer de l’un à l’autre sans problème.

Et après, on rentre et au boulot

C’est pas tout ça, mais on rentre à la maison. Pour moi, c’est là que commence réellement le travail. Tout le reste de la journée, je me suis éclatée ; c’est épuisant, c’est stressant, mais c’est génial. Là, il y a le vrai boulot qui commence.

Le premier truc qui est d’une importance capitale, que je ne saurais suffisamment souligner, c’est les sauvegardes. Chez moi, j’en ai deux comme ça, j’en ai un en miroir, c’est celui sur lequel je travaille, avec mon catalogue Lightroom aussi. Je travaille sur l’un et c’est copié à l’instant, à la milliseconde près sur le second. Si j’ai un disque qui craque (ça m’est déjà arrivé), le deuxième est prêt. Je peux juste remplacer celui-là et récupérer les données. Et j’en ai un autre à côté où c’est en série, comme ça j’ai 4 téra, qui me permet de stocker les deux dernières saisons et mes travaux personnels. Tout ça étant dupliqué sur disques durs externes qui sont hors site, c’est-à-dire pas chez moi. Vous pouvez les mettre où vous voulez, mais pas chez vous ; chez un copain, le bureau d’un conjoint, où vous voulez, mais un dégât des eaux, un incendie, ou tout simplement un vol. (Ils ne vous laisseront pas le deuxième disque dur externe qui est à côté parce que c’est votre sauvegarde.) C’est hyper important, il y a des collègues à qui c’est arrivé, c’est une source de stress sans nom de perdre des photos d’un client, c’est vraiment l’angoisse, l’horreur. Ça peut donner lieu à des procès, c’est vraiment un truc sur lequel il faut être d’une vigilance extrême.

Un autre truc qui peut sauver la vie en cas de galère : c’est la manière dont je livre les photos à mes clients, c’est une galerie en ligne qui garde toutes les photos pendant dix ans. Ça peut être une sécurité. Effectivement, ce n’est pas les full HD, parce que sinon – moi, j’en livre entre 800 et 1 200 – ça prendrait trop de temps, mais ce sont des photos qu’ils peuvent tirer en 10×15. Les photos sont 10 ans en ligne quelque part, en un clic c’est tout récupérable, et pour moi et pour eux. Ça peut aider à être plus sécure. Mais bon, ce sont les photos traitées, toute la phase d’avant où elles ne sont pas traitées, où j’ai juste les cartes et que je rentre du mariage, c’est la phase la plus sensible. Il y a des gens qui n’hésite pas à prendre un ordinateur portable sur place et à les transférer directement sur un disque dur pour avoir déjà le back up et de mettre le DD dans le sac à main et les cartes dans le sac photo, si on s’en fait voler un des deux. Je ne suis pas encore à ce stade-là de détails, mais il y a des gens qui se sont fait piquer leurs affaires avec les cartes dedans. C’est une chose, vraiment, sur laquelle je ne peux pas suffisamment insister : la vigilance qu’il faut y apporter.

Tout le monde à peu près connaît Lightroom, tout le monde ne connaît peut-être pas Photomecanic, qui est un petit logiciel qui sert principalement au tri ; il peut aussi servir à mettre toutes les métadata de manière très facile, bien plus que Lightroom. Et ce qui est génial pour le tri, c’est que souvent dans Lightroom, il faut attendre que la photo rende – elle est un peu pixellisée, elle est un peu pixellisée, elle apparaît. En plus, plus on traite des gros volumes de photos, plus c’est lent – et Photomecanic ingère tout ça hyper rapidement et il n’y a aucun temps de rendu. C’est-à-dire qu’on prend la photo, on fait défiler, on clique pour la cocher et c’est terminé. Ça va hyper vite, il n’y a pas de sauvegarde à faire, elle se fait au fur et à mesure automatiquement ; c’est comme dans Lightroom, ça crée un petit fichier qui ensuite est couplé et il suffit de sélectionner les photos qu’on veut, les exporter, ça les passe directement dans Lightroom, exclusivement celles qu’on a choisies. C’est un gain de temps énorme quand, comme moi, on rentre avec 4000 à 5 000 photos tous les week-ends.

Effectivement, je fais du développement numérique sur Lightroom, je n’ouvre pas Photoshop. C’est un parti pris, je ne suis pas retoucheuse de photos, ce n’est pas mon truc, par contre je suis hyper vigilante à refaire éventuellement le cadrage de manière hyper précise, si dans l’instant ça allait un peu vite et que je n’ai pas eu le temps de virer des éléments de mon cadre, je fais très attention à la colorimétrie, vraiment beaucoup, et c’est là aussi qu’on fait du noir et blanc, mais je pense que vous savez tous déjà ça.

Et voilà, ça c’est la galerie « pass » vue du côté des clients. Tout à l’heure vous l’avez vue de mon côté : les clients reçoivent un lien, ils ont tous leurs petits fichiers dans des dossiers classés de l’autre côté. C’est bien, car à la fois ils envoient le lien et tout le monde peut les voir, et ça m’aide aussi, le jour J, à rassurer les gens qui veulent absolument prendre des photos toute la journée, tout le temps. Je leur dis « vous verrez toutes les photos parce que c’est très facile à partager, vous les verrez », ils me disent « mais les mariés nous les envoient pas », je leur réponds « ils n’ont aucune excuse, ils ont un mail avec un lien à envoyer à tout le monde. » Les mariés peuvent aussi le customiser et faire leur propre sélection parmi ces photos, faire une galerie « invités » et les invités ne voient que celles-là, par exemple s’ils ne veulent pas montrer les photos des préparatifs. La mariée en petite culotte, elle est très contente d’avoir la photo, mais elle n’a peut-être pas envie que ses collègues de bureau la voient. On trie, on enlève.

Et ça, c’est mon packaging : c’est assez classique, les DVD – qui passeront bientôt en clés USB parce qu’il y a de plus en plus d’ordis qui n’ont pas de lecteur. C’est dommage, je trouvais ça joli, je trouve que c’est un vrai objet à garder, ça prend un peu plus de place et les gens ont moins tendance à le perdre qu’une clé USB, mais d’un autre côté, il faut se rendre à l’évidence, il y a pas mal d’ordis qui n’ont plus de lecteur.
J’ai une petite carte où je leur rappelle de faire des sauvegardes, faire des sauvegardes et faire des sauvegardes. Parce que je m’engage dans mon contrat à les garder pendant deux ans, mais eux, j’espère bien qu’ils vont les garder plus longtemps que ça, et on ne sait jamais.
Et je leur mets quelques tirages, une trentaine. C’est moi qui les choisis ; ce n’est pas pour que ce soit les tirages de toute leur vie, c’est pour leur donner envie d’en faire eux-mêmes. Ils ont toutes les photos HD, avec moi il n’y a pas d’histoire de droits, ils ont toutes les photos en HD, ils en font ce qu’ils veulent, mais je les encourage vivement à les imprimer. Chaque année, je fais une fête avec tous mes clients, pour les remercier. Maintenant ceux de 2012, 2013, 2014 et les futurs de 2015, et sur les petits sacs à goodies – parce que j’ai eu droit au cadeau d’invité, il n’y a pas de raison, ils ont droit à leur cadeau d’invité – au lieu de mettre leurs noms je mets une photo. Et la première année, les gens sont venus me voir en me disant « on a un peu honte, c’est la seule photo imprimée qu’on ait vue du mariage », je les ai un peu engueulés, mais je comprends. Les cordonniers sont les plus mal chaussés, moi, j’ai de très belles photos de New York qui dorment sur le coin d’un ordinateur depuis deux ans. Je ne les ai toujours pas fait tirer.
Donc, ça, ça marche bien parce que le premier client à qui j’ai envoyé ça m’a dit « Ils sont super les tirages, ça me donne envie d’en faire plein. » Je me suis dit : OK, c’est bon, c’est gagné, c’est comme ça que je vais les y amener. Moi je ne vends pas de tirages, ils peuvent en acheter sur la galerie, mais c’est une galerie américaine donc c’est compliqué. Je ne vais pas les laisser acheter des tirages aux États-Unis, je leur dis « prenez le DVD et envoyez ça en ligne. Moi je vous conseille des labos, mais je ne fais pas de vente de tirages. » Mais c’est important qu’ils le fassent.

Maintenant, c’est à vous si vous avez des questions.

… : Bonjour, j’aurais voulu juste un peu plus d’information concernant – je ne vais pas vous poser des questions simples, c’est pas le but – au niveau des photos prises dans l’église, je trouve qu’on est passé un peu vite, surtout sur les choix, par rapport à la difficulté, la lumière, qui est vraiment… il ne faut pas de flash.

Chloé : De toute façon, je ne flashe jamais, jamais dans l’église, mais là, de toute façon, le problème est que je n’ai pas dix mille conseils à vous donner, à part monter les ISO autant que vous pouvez par rapport à votre matériel – il faut faire un test avant, quand même, parce que c’est dommage de se retrouver avec des photos inexploitables en rentrant. La vitesse, pareil, pas en dessous de 125e, sinon vous allez avoir beaucoup trop de flou de bougé, beaucoup trop de ratés. J’essaie de ne pas descendre en dessous de f/1.8, même quand j’ai des objectifs qui descendent en dessous, parce qu’effectivement, là, la profondeur de champ commence à devenir problématique. Par exemple, si les mariés sont à côté et que je suis sur le côté (après, c’est un choix), j’aurai alors la mariée nette et le marié qui sera déjà flou. Dans ces cas-là j’essaie de passer de l’autre côté, mais effectivement, ça dépend beaucoup des restrictions qu’on nous donne le jour J. Parce que selon les officiants, il peut y avoir d’énormes différences. On m’a déjà demandé de m’asseoir, alors que l’officiant était prévenu ; je le mets dans mon premier formulaire, j’ai même une case « est-ce que vous avez bien prévenu l’officiant de votre cérémonie (quelle qu’elle soit, laïque, religieuse, etc.) que quelqu’un sera là pour prendre des photos ? Est-ce qu’il y a des restrictions particulières ? »Les gens me disent « non non, pas de souci » et le jour J, je me déplace une fois pendant la cérémonie, pour changer d’angle, on m’a demandé de m’asseoir et de ne plus me relever jusqu’à la fin. Je ne veux pas aller contre ça, donc dans ces cas-là, on essaie d’être créatif, on se retourne, on a le regard un peu apitoyé des invités qui compatissent.
En plus, ça dépend énormément de la configuration. Des fois il y a un chœur, une nef, des fois on peut aller derrière, des fois on ne peut pas. Des fois on est extrêmement limité ; l’allée, j’essaie de ne pas trop y rester parce que c’est vraiment trop dérangeant pour les gens. Donc j’essaie les côtés pour avoir un peu les mariés, un peu les invités, et pouvoir changer de côté au moins une fois, parce qu’il y a souvent une famille d’un côté, une famille de l’autre, il s’agit de ne pas avoir des photos d’une seule famille ; c’est aussi un truc auquel il faut faire attention : équilibrer des deux côtés. Si vous n’avez que des photos de la famille A parce qu’ils étaient très expansifs, et qu’on les voit partout, et qu’ils rigolent beaucoup, et que la famille B est très réservée. Il faut faire attention d’avoir des photos de tout le monde et que ce soit équilibré pour ne pas créer d’incident diplomatique.

Laurent : Qui d’autres ? Comme vous pouvez voir, Chloé ne mord pas, alors, allez-y.

… : Je prends le relais le temps que tout le monde trouve sa question. Je voulais savoir, une question plus en rapport avec les mariés. Je pense qu’il doit y avoir des photographes, on est au salon de la Photo, qu’est-ce que tu conseillerais aux photographes comme relais pour trouver des mariés ? Spécialement pour ceux qui se lancent dans la photo de mariage.

Chloé : Moi, j’ai commencé tout petit, j’avais un petit site en flash – ce que tout le monde te dit de ne surtout pas faire, moi je n’en avais aucune idée – et j’ai eu de la chance. J’ai envoyé un premier mariage – qui était joli, mais qui était mon premier – à un blog de mariage. La nana a bien aimé et m’a dit « OK, je le publie ». Elle a choisi une dizaine de photos et tout a commencé à partir de là. J’en ai publié ailleurs, il y a deux blogueuses de mariage qui organisaient un salon, qui s’appelle La Love, et qui m’ont appelée en me disant« Hey, il nous manque une photographe, on aimerait bien que ce soit toi ». Elles, elles sont toujours à l’affût, par contre, elles cherchent de nouveaux talents, des gens qui commencent, mais chez qui elles voient un potentiel. Elles m’ont dit « est-ce que tu veux venir ? » J’ai fait le salon, c’était en janvier, j’ai eu 30 mariages dans l’année même.

Au début, erreur de débutant, on prend tout. Tout tout tout, parce qu’on est tellement contents que les gens nous veuillent pour leur mariage qu’on ne se rend pas bien compte de la somme de travail que ça représente derrière, mais c’est normal, tout le monde fait ça. La première année on en fait 30, la deuxième on en fait 20, la troisième on en fait 15. En montant les tarifs, en baissant le nombre. Parce que plus ça va plus on se rend compte de l’implication que c’est, du travail en amont, le jour J, et après. Moi, j’échange souvent avec d’autres prestataires de mariage, parce qu’on se retrouve souvent, sur un salon professionnel, etc., et il y en a beaucoup pour qui il y a beaucoup de travail avant, mais une fois que le jour J est passé, c’est terminé. Nous, quand le jour J est passé, j’ai envie de dire que le travail commence. Il a déjà bien commencé avant, mais le côté le plus copieux commence au moment où on décharge les photos.

Donc, voilà, ce sont des choses au début, on n’en a pas forcément connaissance, c’est normal. Donc je suis passée par les blogs, comme ça, et à chaque publication de blog, j’avais une dizaine de demandes dans la foulée. C’est une relation qui se tisse aussi sur le temps. Ensuite, il y a des blogs différents, certains je ne leur propose même pas, chacun a sa ligne éditoriale ; c’est comme des mini-magazines. Il faut prendre le temps de connaître qui fait quoi, qui aime quoi, et proposer les mariages qu’on a, en fonction. Il y a des mariages où le jour J, je sais très bien à qui je peux les proposer. Ça ne veut pas dire que ce sera accepté, mais je sais vers qui je vais aller pour celui-là plutôt que celui-là, ce n’est pas interchangeable. Mais en tout cas, pour moi, c’est comme ça que ça a été le mieux.

Après, j’ai refait plusieurs salons, mais je n’ai jamais, par exemple, signé un contrat sur un salon. J’en ai parlé avec d’autres collègues, ce n’est pratiquement jamais le cas. Les gens viennent là, il y a souvent plusieurs photographes, ils voient tout le monde, prennent les cartes et ils préfèrent regarder ça tranquillement chez eux. Et moi je préfère ça, je pense que le côté commercial n’a pas vraiment lieu d’être – le côté « je viens, je te vends mon truc »– parce que ce sont vraiment des personnalités différentes, il y a des styles différents. Je pense que les mariés, tant qu’ils ne se sont pas penchés sur la question, n’ont pas du tout conscience qu’il y a plusieurs styles de photos de mariage. Ils pensent que c’est de la photo à un mariage. Combien peut-il y avoir de styles différents ? Eh bien, en fait, il y en a plein. Moi, au contraire, je les encourage à voir d’autres photographes, à rencontrer d’autres photographes. Je ne veux pas être un choix par défaut et que le jour J ça ne colle pas et qu’ils soient déçus de leurs photos. Il n’y a rien de pire pour moi que de rendre les photos et que ça ne colle pas. Ça arrive la première saison, parce qu’on ne se connaît pas bien, les gens ne nous connaissent pas bien, on ne sait pas bien ce qu’on veut faire, on n’est pas bien affinés, et il n’y a rien de pire pour moi. Du coup, maintenant, je dis aux gens « allez voir d’autres photographes, regardez d’autres sites, rencontrez-en d’autres, regardez avec qui ça colle le mieux, parce qu’on est les seuls prestataires, avec les vidéastes, qui allons vous coller aux basques toute la journée.» La robe de mariée, tu mets ta robe le jour J, la créatrice ne vient pas te la mettre, c’est terminé, les fleuristes, tu vas arriver, les fleurs sont installées, tu ne vas pas passer la journée avec eux, c’est terminé.

Nous, on va être là tout le temps. On va être là aux moments importants, on va être là aux moments intimes. Il y a des mariés qui veulent faire des first look, ils veulent se découvrir seuls, tout seuls sauf qu’on est trois. Ce sont des moments particulièrement importants, donc je ne fais pas que des photos, je fais la psy, je fais la copine, je fais la conseillère, et tout ça, ce sont des choses qui pour moi sont hyper importantes, que j’adore, vraiment. Je ne pourrai pas faire de la photo studio à cause de ça, par exemple. Et du coup, je pense que ça joue dans le choix du photographe, et c’est important que les gens le sachent avant. Je ne veux pas qu’il y ait de mauvaises surprises le jour J, d’aucun côté que ce soit, ni du leur, ni du mien.

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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