Dans cette vidéo, j’ai décidé de vous montrer comment utiliser le virage partiel de manière créative dans Lightroom, de façon à donner une ambiance vintage, douce ou simplement à renforcer l’atmosphère déjà présente dans l’image.

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Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle vidéo sur Apprendre la Photo où, aujourd’hui, je vais vous parler d’une fonction qui n’est pas très utilisée, je pense, dans Lightroom et qui s’appelle le « virage partiel »

Le virage partiel peut être utile pour donner un effet un peu vintage, voire délavé, à vos images et il peut s’appliquer sur des photos noir et blanc, mais aussi en couleur, et être utilisé soit pour renforcer l’atmosphère, soit pour en donner une complètement nouvelle.

On peut vraiment faire des choses très variées avec, il n’est pas dit que vous allez forcément faire quelque chose de très cliché et forcément vintage.

Ça, ça a été fait avec des filtres gradués, ça également, et on peut obtenir plusieurs choses comme ceci, par exemple (dont je vais vous parler un peu plus après), et également ceci.
Donc, vous voyez, on peut faire pas mal de choses différentes avec. Attention, quand même, n’en abusez pas, au risque de tomber dans le cliché du filtre Instagram (ou qui y ressemble) ou autres effets vus et revus, et si c’est vu et revu, ce n’est pas original et donc pas forcément très intéressant.

L’idée est de voir comment s’en servir comme un outil pouvant ajouter quelque chose à vos photos, mais pas forcément de s’en servir systématiquement non plus.

Sur une photo noir et blanc

On va commencer par une photo en noir et blanc pour que vous voyiez bien, parce que l’effet est plus facile à voir et à comprendre avec une photo en noir et blanc, et ensuite on en fera une en couleur.

J’ai fait quelques réglages avant sur cette photo en noir et blanc – pour que cette vidéo ne soit pas trop longue –, j’ai notamment énormément augmenté l’exposition et les blancs pour obtenir ce que l’on appelle un effet high key, c’est-à-dire une photo qui soit majoritairement blanche, ou en tout cas très claire. J’ai aussi un peu augmenté la clarté, histoire de donner de la présence au premier plan et à ces jolies craquelures que l’on voit, là, sur la peinture du bateau.

Comment ça fonctionne

Je vais maintenant vous montrer comment fonctionne le virage partiel. L’idée de cet outil est qu’il va colorer les hautes lumières avec une couleur, et les ombres avec une autre. Le virage partiel dans Lightroom est situé sous le panneau TSL couleur noir et blanc et juste avant détail, ici.

Il va colorer les hautes lumières avec une couleur et les ombres avec une autre, et, pour commencer, on va utiliser les couleurs par défaut de Lightroom pour colorer les hautes lumières dans des tons chauds qui sont assez jaunes, et les ombres dans des tons froids plus bleus : c’est l’effet assez classique du virage partiel.

Je vais choisir des couleurs assez saturées pour commencer.

Les teintes présélectionnées

Si on clique sur le petit rectangle qui, ici, est gris, puisque le virage partiel n’est pas appliqué, on voit qu’il y a des teintes qui sont déjà présélectionnées dans Lightroom.
Je vais prendre le jaune assez saturé et vous voyez que mes hautes lumières sont colorées en jaune. Et si je vais dans les ombres et que je clique dessus, je vais pouvoir colorer mes ombres en bleu.
On peut voir que l’on a des ombres, ici, par exemple, ou ici dans le bateau, ou à droite, qui sont plutôt dans les tons bleus, et des hautes lumières qui sont plutôt dans les tons jaunes. Ça, c’est un effet très classique du virage partiel, qui essaie d’imiter un rendu qu’on pouvait obtenir en argentique en faisant des choses un peu inhabituelles avec les différents bains.

L’effet peut vous paraître un peu trop fort ici, mais vous pouvez choisir d’autres couleurs prédéfinies de Lightroom. On remarque qu’il y a une couleur un peu moins saturée, donc je peux mettre un jaune un peu moins saturé et un bleu un peu moins saturé. Vous voyez que, par rapport à l’effet juste avant, j’ai quelque chose de plus fin, puisqu’on a des ombres légèrement bleues, des hautes lumières légèrement jaunâtres, voire un peu rougeâtres et, finalement, un effet qui est beaucoup plus subtil.

La saturation

Mais il n’y a pas que les couleurs prédéfinies par Lightroom, vous n’êtes pas obligés de prendre des bleus dans les ombres et des jaunes dans les hautes lumières, et vous pouvez sélectionner directement, notamment la saturation de chacune des teintes, grâce au curseur saturation. Par exemple, je peux avoir envie de faire des ombres qui soient bien bleues, mais des hautes lumières qui soient juste un peu jaunes. Là, les hautes lumières sont assez peu saturées, donc on peut les laisser comme ça (saturation 22), et si je veux avoir des ombres nettement plus bleues, je peux augmenter le curseur saturation et vous voyez sur l’image que mes ombres deviennent de plus en plus bleues, tandis que mes hautes lumières vont rester d’un jaune très très pâle.

Je peux évidemment faire l’inverse, je peux revenir comme j’étais avant et je peux saturer beaucoup plus mes hautes lumières. On a ici des hautes lumières qui ne sont même pas jaunes, mais plutôt rouge-orangé. On voit que la couleur, ici, se modifie, on voit une espèce de orange un peu sale, vaguement marron et qui permet de colorer les hautes lumières comme ça. Vous voyez que si je sature comme ça beaucoup les deux, j’ai un effet relativement caricatural. Alors, ici, comme c’est une image high key, donc majoritairement des tons clairs, mes ombres sont assez peu présentes dans l’image, donc je ne vais avoir cet effet que par endroits, mais on voit bien que la saturation dans les ombres est vraiment très présente quand je l’augmente ici.

La balance

Je vais garder cette saturation un peu exagérée pour que vous voyiez bien l’effet du curseur de balance, ici. La balance permet simplement de déterminer si on va plutôt faire dominer la teinte des ombres ou celle des hautes lumières. Si je me déplace vers les ombres – vous voyez la balance avec à gauche les ombres et à droite les hautes lumières, puisque la barre du curseur est plus sombre à gauche et plus claire à droite –, vous voyez que mes bleus vont augmenter ; en fait, Lighroom va considérer comme des ombres, plus facilement, même des choses qui sont dans des teintes moyennes, par exemple.
À l’inverse, si je monte vers la droite, il ne va quasi plus rien considérer comme des ombres et il va tout considérer comme des hautes lumières.

Donc, avec la balance vous pouvez un peu renforcer la présence des bleus, par exemple, si je trouve que je n’ai pas assez de bleu dans l’image, ici, puisque je n’ai pas beaucoup d’ombre, je peux le déplacer un peu vers la gauche et vous voyez que ça va renforcer mes bleus dans l’image. Ça dépend, évidemment, de l’effet que vous voulez créer.

La teinte

Ensuite, il y a un autre curseur qui est très important, c’est la teinte. Grâce à lui, vous allez pouvoir faire autre chose que le classique jaune et bleu, et vous pouvez également choisir une teinte directement dans le sélecteur, ici.
Par exemple, je peux choisir dans les hautes lumières, si j’ai envie, un rose fluo, et dans les ombres, je peux choisir un vert, par exemple. Vous voyez, on voit très bien l’effet. Évidemment, ici, comme la saturation est très forte, ça fait un effet fluo et pas joli du tout, mais c’est pour vous montrer qu’on peut modifier la teinte directement avec les curseurs.

Naturellement, vous pouvez toujours revenir en arrière en double cliquant sur le curseur hautes lumières et sur ombre, ou directement sur chacun des mots, ici, vous pouvez remettre à zéro la teinte ou ce genre de choses.

Pour bien choisir votre teinte, si vous voulez choisir un orangé, par exemple, je vous conseille d’abord de bien saturer la teinte, sinon vous n’allez pas forcément bien voir.
Vous voyez, si je mets ici une saturation à 20, je vais assez mal voir la différence sur les teintes et, là, je vois bien que je suis dans une espèce de rose et là, je passe à quelque chose d’assez indéfini. Je vois bien que c’est un peu plus dans les rouges, mais je ne sais pas exactement ce que c’est. Si j’augmente, je vois bien comme une espèce de rouge légèrement rosé, encore.
Vous remarquez que si j’ai une saturation assez haute, je vois bien la variation de ma teinte et je peux faire varier ma teinte de manière plus subtile et bien mieux voir ce que je fais, quitte à rediminuer la saturation après coup.
Donc je vous conseille de d’abord saturer un peu les couleurs pour bien voir ce que vous allez modifier, et ensuite de les désaturer.

Le choix du couple de couleurs

Quel couple de couleurs choisir ?
Tout simplement, ce qui va donner le meilleur rendu, c’est de choisir des couleurs complémentaires. Il faut prendre un cercle chromatique et regarder ce qu’il y a en face.
Si vous regardez dans le cercle chromatique que je vous affiche, vous voyez qu’en face du jaune – si vous prenez dans l’axe, à l’opposé – il y a du bleu. Ce n’est pas un hasard si c’est la configuration par défaut du virage partiel dans Lightroom. Sachez que ce n’est pas figé non plus, vous pouvez également choisir les deux teintes proches – par exemple, en complément du jaune vous pouvez choisir du bleu qui tire un peu plus vers le cyan, comme on voit un peu vers la gauche du bleu normal ou du bleu un peu plus violet.
Il y a également plusieurs cercles chromatiques existants qui diffèrent légèrement, donc pas de panique si vous ne trouvez pas exactement le cercle chromatique que j’affiche en cherchant dans Google, vous allez trouver autre chose, comme, par exemple, celui-ci.

L’idée est de choisir quelque chose qui soit à peu près en face : il y a plusieurs combinaisons qui fonctionnent, il ne faut pas non plus être psychorigide là-dessus. Vous allez pouvoir choisir des couleurs qui sont légèrement différentes de celles qui se trouvent en face, ce n’est pas très grave. L’idée n’est pas non plus de choisir un virage partiel qui soit, par exemple, jaune d’un côté et rouge juste à côté, ça va juste teindre la photo d’une même couleur, ce qui a un intérêt très limité dans ce que, nous, on veut faire.

Ça peut être un effet intéressant, il faut toujours tester les choses, il n’y a pas de réglage absolu, mais la plupart du temps, vous allez vouloir essayer avec des couleurs complémentaires d’abord, car c’est ce qui va donner un résultat relativement esthétique.

Par exemple, ici j’ai choisi de jouer sur une combinaison qui est entre le jaune orangé qui est très peu saturé dans les hautes lumières et un bleu violacé, légèrement indigo, dans les ombres et qui lui est un peu plus saturé. Vous voyez, on a une photo qui est globalement… on voit qu’il y a des teintes légèrement violettes dans les ombres. Pourquoi je les ai un peu plus saturées ? C’est parce qu’elles sont assez peu présentes dans l’image, puisque c’est une image en high key, donc majoritairement claire ; il y a assez peu d’ombres, du coup je les ai un peu plus saturées sinon on ne voyait pas bien l’effet. Et les hautes lumières, inversement, comme il y en a beaucoup je n’ai pas non plus saturé énormément. Vous voyez que si je monte la saturation on a un effet un peu trop rose et ce n’est pas vraiment ce que je voulais. Je voulais quelque chose d’un peu plus subtil que ça.

Il n’y a pas de miracle pour trouver les bonnes couleurs, c’est à vous de tester plusieurs choses et voir ce qui vous plaît, selon vos goûts, évidemment, et selon le sentiment que vous voulez donner à votre image. Des couleurs verdâtres vont souvent donner une atmosphère plus glauque, qui va peut-être mieux convenir à une ruelle sombre la nuit qu’à une jolie barque au bord de l’eau, comme ici. Selon l’image et selon l’atmosphère que vous voulez donner, vous n’allez pas choisir les mêmes couleurs.
En général, on va choisir la teinte la plus froide dans les ombres et la plus chaude dans les hautes lumières. Par exemple, si vous choisissez comme teinte chaude le rouge, et comme teinte froide quelque chose dans les verts, mettez plutôt le vert dans les ombres et le rouge dans les hautes lumières.
C’est une règle générale, cela dit, comme toujours, on peut essayer de faire l’inverse, parfois ça marche pas mal ; je donne juste des règles générales, mais là encore, il n’y a pas de miracle ni de recette toute faite, il faut tester des choses et voir ce qui vous plaît le plus.

Sur une photo couleur

Je vous ai montré ce que l’on peut faire en noir et blanc, mais on peut aussi appliquer ce virage partiel en couleur.
C’est un peu plus délicat de trouver quelque chose qui fonctionne, mais ça peut donner une très jolie atmosphère à vos images.

Je vais vous montrer un exemple avec cette image. Ici, j’ai aussi joué avec un virage partiel qui est violet dans les ombres et orangé dans les hautes lumières ; ici, si j’augmente la saturation des hautes lumières, on voit tout de suite que c’est un peu orangé jaunâtre  (je remets comme c’était à la base).

L’idée était de donner un joli effet dans les nuages. Alors, j’ai renforcé leur contraste avant – je vous passe les détails du reste du post-traitement, mais j’ai renforcé leur contraste pour me rapprocher plus de ce que je voyais en vrai. C’était à Malte avec un joli coucher de soleil –, c’était des couleurs un  peu froides et un  peu chaudes à la fois dans la même scène, et je voulais renforcer cet effet-là et me détacher aussi un peu de la réalité.

Comme vous le voyez, les nuages étaient par endroit assez clairs – ils étaient éclairés par la lumière du soleil –, si je désactive le virage partiel, on voit qu’on a des nuages qui ont déjà une teinte un peu chaude, ici, éclairés par la lumière du soleil, et des nuages beaucoup plus sombres qui, eux, ne sont pas éclairés par le soleil, puisqu’on est juste au coucher du soleil, donc on a des endroits qui sont éclairés et pas d’autres, le soleil étant vraiment très bas sur l’horizon.

Du coup, on avait déjà dans l’image d’origine des teintes un peu froides et des teintes un peu chaudes. Finalement, j’aurais pu renforcer cet effet avec un virage partiel jaune/bleu – vous voyez que là, même sans virage partiel, on voit dans les ombres ici que c’est plus bleu et dans les hautes lumières un peu plus jaune.

Vous voyez que même sans virage partiel, c’est très naturellement, ça se fait ; c’est aussi pour ça que très souvent on fait les ombres dans les teintes froides et les hautes lumières dans les teintes chaudes. Ici, j’aurais pu renforcer avec du jaune/bleu, mais j’ai préféré donner des teintes un peu plus créatives. Finalement je me suis quand même basé sur la réalité, dans le sens où, dans la réalité, il y avait effectivement des ombres un peu froides et des hautes lumières un peu chaudes, mais j’ai un peu modifié ça et j’ai décidé d’avoir des ombres un peu violacées et des hautes lumières plus orangées que jaunes.

L’avantage, aussi, c’est que toute la scène se trouve baignée dans cette atmosphère. Par exemple, si vous regardez l’eau en bas à droite, on voit bien que dans les teintes sombres on a du violet, très clairement, et dans les teintes plus claires, on a un léger orangé, pas très saturé, mais quand même présent. L’effet reste donc assez naturel dans le sens où il ne va pas trop étonner, les hautes lumières restent chaudes et les ombres froides, mais c’est un peu comme si on voyait la vie en rose.
Utilisez cet effet avec parcimonie, mais n’hésitez pas à essayer plein de choses différentes et à être subtil dans vos réglages.
Commencez par essayer plusieurs combinaisons de teintes pouvant correspondre à votre image – quand je dis « combinaisons de teintes », c’est par exemple jaune/bleu ou orangé/violet ou autre chose –, fixez-vous sur une combinaison de teintes, essayez d’abord avec une saturation un peu élevée et ensuite, vous allez jouer sur les saturations pour plus ou moins colorer les ombres ou plus ou moins colorer les hautes lumières (vous voyez qu’ici j’ai choisi de saturer beaucoup plus les ombres que les hautes lumières), et ensuite vous pouvez également jouer sur la balance pour colorer plus ou moins votre image dans une teinte ou dans l’autre, et voyez ce qui fonctionne.

N’hésitez à y aller doucement, parce que parfois de petits changements peuvent faire une différence assez importante, et testez des choses. Il n’y a pas de recette miracle, encore une fois, il faut voir ce qui vous plaît, et vous allez voir qu’à force de pratiquer l’outil, vous allez devenir meilleurs et vous allez mieux comprendre comment ça fonctionne et avoir de nouvelles idées.

Le virage partiel est un excellent moyen de créer des ambiances qui changent un peu du quotidien. Si vous le faites sur toutes vos photos, ça ne va plus changer du quotidien puisque ce sera votre quotidien, mais ça peut parfois servir à renforcer l’atmosphère, ou la transformer un peu, comme je l’ai fait ici, en donnant des couleurs un peu plus violet-rose à une scène qui, à la base avait des couleurs plus classiques.
Voilà ce que je pouvais vous dire sur le virage partiel, aujourd’hui. Pour ceux qui découvriraient la chaîne YouTube via cette vidéo, vous pouvez télécharger mon guide gratuit Faites-vous plaisir en photographiant qui résout les cinq problèmes les plus communs des débutants en photo, en cliquant sur ce qui s’affiche à l’écran.
Je vous dis à très bientôt, et bonne photo !

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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