Je t’ai rencontrée le 8 février 2016, un matin.
Comme tout chat qui se respecte, tu passais le plus clair de ton temps à dormir, et pour autant tu étais fascinante. L’élégance et la force combinée, tu forçais immédiatement le respect.
Te voir te prélasser dans ton arbre me comblait déjà. A peine quelques jours au Kenya, et j’avais l’incroyable privilège de pouvoir t’observer. Même de loin dans un arbre et dans l’ombre, c’était déjà suffisant.
Mais pas pour toi. Nous sommes revenus te voir le soir, et tu nous as montré qui était la reine. Perchée sur ton trône de bois face au soleil couchant, tu as été le rêve des photographes. Mais avec ou sans appareil photo, passer du temps en ta compagnie était extraordinaire.
Toi et tes congénères sont peu nombreux, alors les Masai vous donnent des noms. Peu d’animaux partagent ce privilège.
Au fil des années, à force de revenir dans ton royaume, tu es devenue une Figure de nos voyages. Tu m’as offert parmi les plus marquants de mes souvenirs. Pas seulement de safari hein, de mes souvenirs tout court.
Je n’oublierais jamais ce jour où tu t’es cachée sous notre véhicule pour éviter une troupe de babouins. Il est vrai que manger leurs enfants ne te rend pas spécialement populaire auprès d’eux.
Nous retenions notre souffle, et on a fini par réaliser que tu piquais un somme tranquillement sous la voiture. Dans la plus grande confiance.
Tu étais si proche que j’aurais pu te toucher. Après ta sieste, j’ai croisé le regard vif de tes yeux émeraude, et je ne l’oublierai jamais.
Chaque année, tu nous permettais de te visiter. Je t’ai vue élever ta fille Figlet et ton fils Olare. Une photo de lui est même dans mon salon. Tu fais quasi partie de la famille quoi.
En janvier cette année, nous ne t’avons pas revue. J’étais un peu inquiet, mais les Masai m’ont dit que tu t’étais déplacée un peu plus loin. Je me suis dit que je te reverrais sans doute l’année prochaine.
Mais ce 5 mars, tu es morte, attaquée par deux lions mâles. C’est à la fois terrible, et très adapté. La nature est violente. Les prédateurs s’entretuent pour diminuer la compétition, ou prévenir l’hypothétique attaque de leurs propres petits. Toi-même, je t’ai vu tuer un chacal malchanceux qui ne t’a pas vue venir.
Je suis rempli d’une grande tristesse.
C’est sans doute très bizarre pour la plupart des gens qui me liront, mais j’ai l’impression d’avoir perdu quelqu’un que je connaissais.
Merci de nous avoir permis de t’observer.
Merci de m’avoir laissé des souvenirs impérissables.
Merci pour tout, Fig. Tu vas me manquer.
Je suis sûr qu’au paradis des gros chats, il y a un arbre très confortable qui t’attend.
Lala salama.