photo de nuit heure bleue paysage

Sans lumière, pas de photo. Intuitivement, une fois le soleil couché, on serait donc tenté de penser qu’il faut ranger l’appareil photo et vaquer à ses occupations. Sauf que les lumières de la ville présentent un charme particulier qu’on a parfois envie de photographier, a fortiori dans ces périodes de fêtes où les décorations lumineuses commencent à embellir nos villes (et à rajouter de la pollution lumineuse :P). D’autant plus qu’en hiver, les journées sont courtes. Voyons donc ensemble comment se sortir d’une situation qui peut paraître difficile au premier abord.

La nuit, la contrainte principale est évidemment le manque de lumière. Oui, j’enfonce des portes ouvertes, mais il est toujours important de se poser la question des contraintes pour faire face à une situation photographique.

photo de nuit paysage urbain

Comment pouvons-nous compenser ce manque de lumière ? Si vous vous souvenez des articles sur l’exposition, vous le savez déjà 🙂

Pour faire une photo de nuit, vous pouvez jouer sur trois paramètres :

Notez que l’ouverture est limitée par l’ouverture maximale de votre objectif, la vitesse d’obturation dépend de votre stabilité et la présence ou non de stabilisation, voire d’un trépied. Enfin, la sensibilité IS0 est limitée par les capacités de votre appareil, qui produit des images de moins en moins propres au fur et à mesure qu’on augmente les ISO.

Les astuces pour faire de la photo de nuit vont donc principalement consister à maximiser ces trois paramètres tout en obtenant un résultant satisfaisant (profondeur de champ souhaitée, photo nette, pas trop bruitée).

Le matériel et les accessoires pour la photo de nuit

Pour augmenter l’ouverture, il sera préférable de travailler avec des objectifs très lumineux, qui ont donc une ouverture maximale importante.

Ce sont souvent des focales fixes comme le fameux 50mm f/1.8, qui vont permettre d’utiliser une ouverture très importante et donc de maximiser la quantité de lumière qui rentre dans l’appareil. C’est pourquoi des appareils à objectifs interchangeables comme les reflex et les hybrides sont les plus adaptés. Cela dit, ce n’est pas impossible avec les compacts et bridges, à condition de jouer sur l’augmentation du temps de pose (on y revient).

Canon 50mm f/1.8 STM, un objectif à grande ouverture idéal pour la photo de nuit

Pour diminuer la vitesse d’obturation, il va falloir faire attention à ne pas créer de flou de bougé. A partir d’une certaine vitesse, il vous sera impossible de shooter sans stabiliser correctement votre appareil.

Pour des vitesses raisonnables (du genre 1/15ème), un objectif stabilisé pourra beaucoup vous aider, surtout si vous faites l’effort d’être bien stables vous-même.

Pour des vitesses plus lentes, il va absolument falloir vous procurer un trépied. Vous pouvez éventuellement poser votre appareil sur ce que vous voulez (mur, statue, banc, chat, car de CRS, …), mais ça ne vous permettra pas toujours de cadrer comme vous voulez. Bref, achetez-vous un trépied.

Enfin, pour augmenter les ISO en gardant un résultat propre, sachez que d’une manière générale et pour simplifier, plus le capteur est grand et l’appareil récent, plus la réduction du bruit à haute sensibilité sera efficace. Ainsi, un reflex de l’année dernière sera plus efficace qu’un compact d’il y a 3 ans, évidemment.

Cela dit, le bruit ayant tendance à se concentrer dans les zones sombres (genre le ciel noir), allez-y mollo sur l’augmentation de la sensibilité, au risque de vous retrouver avec un ciel tout plein de petites étoiles colorées très moches. Dans tous les cas, traitez le bruit au post-traitement en RAW (parce que vous shootez en RAW, n’est-ce pas ? 😉 ). C’est facile à faire en quelques clics pour retrouver des images nettes et de qualité : regardez le contenu de ma formation Sublimez vos Photos à ce propos !

Ca ressemble à ça le bruit numérique (avant de l’avoir traité dans un logiciel). Pas top hein ?

Je ne parle pas du flash, parce qu’il va ruiner toute l’ambiance nocturne des villes que vous essayez de retranscrire. Et que non, il n’éclairera pas le bâtiment de 20m de haut en face de vous, même si vous le mettez à fond. Il peut par contre être utile si vous souhaitez faire des portraits de nuit. Dans ce cas, choisissez un flash déporté, ou si vous utilisez le flash intégré, diffusez-le ET baissez sa puissance.

Les réglages pour la photo de nuit

Faire une photo de nuit à main levée

Tout d’abord, poussez la sensibilité ISO au maximum acceptable de votre appareil (si vous ne savez pas ce qu’est le “maximum acceptable”, lisez cet article sur la sensibilité ISO automatique). Croyez-moi, vous en aurez besoin si vous shootez à main levée. Si vous utilisez un trépied, laissez-la à 100 ISO.

Ensuite, plusieurs solutions :

  1. Vous passez en mode priorité ouverture :
    • vous ouvrez à fond ou presque (n’hésitez pas à fermer un peu le diaphragme si vous êtes large en termes de vitesse d’obturation)
    • vous surveillez que la vitesse d’obturation que va choisir votre boîtier soit suffisante pour avoir un cliché net à main levée. Souvenez-vous de la règle vitesse minimale = 1/ (focale x 1,5).
    • si elle ne l’est pas, et d’ailleurs même si elle l’est, utilisez la correction d’exposition pour sous-exposer l’image : votre appareil aura souvent tendance à vouloir chercher du détail dans les ombres. Sous-exposer de 1 ou 2 stops est l’équivalent de lui dire «c’est normal qu’il fasse sombre, ne panique pas pépère». (Oui, j’appelle mon appareil pépère ;P).
  2. Vous passez en mode priorité vitesse :
    • vous choisissez la vitesse minimale qu’il vous faut pour éviter le flou de bougé
    • vous laissez l’appareil ouvrir le diaphragme comme il veut
    • ici aussi, je conseille vivement d’utiliser la correction d’exposition.
  3. Vous utilisez le mode manuel et faites vos propres réglages.

Faire une photo de nuit sur trépied

Si vous shootez sur trépied :

  1. choisissez la priorité ouverture
  2. réglez pour avoir la profondeur de champ que vous souhaitez
  3. puis laissez l’appareil choisir la vitesse, en utilisant éventuellement la compensation d’exposition.

N’oubliez pas de désactiver la stabilisation et d’utiliser le verrouillage du miroir et une télécommande, comme dans toute pose longue. Si vous souhaitez plus de détails sur la méthode complète pour ça, j’ai écrit un article complet sur la pose longue.

Astuces pour le paysage, l’architecture, etc.

La photo de nuit est une discipline très diverse : elle peut regrouper les paysages urbains, l’architecture, les scènes de vie, les portraits, etc… Les conseils de ces disciplines s’y appliquent donc tout autant, même s’ils sont limités par les contraintes. Cela dit, voici quelques astuces en vrac qui peuvent vous être utiles pour améliorer vos photos de nuit :

photo de nuit heure bleue paysage
  • Shootez pendant “l’heure bleue”. C’est en fait le moment après les golden hours, quand le soleil est réellement couché mais que le ciel reste encore d’un bleu roi pendant quelques dizaines de minutes (voir photo de droite). Avoir un ciel de cette couleur est bien plus esthétique qu’un ciel tout noir, et fournit une couleur complémentaire au jaune orangé des éclairages nocturnes.
  • L’eau est votre amie. En particulier en pose longue, les reflets dans l’eau sont extrêmement esthétiques.
  • Si vous avez du mal à faire la mise au point, passez en visée à l’écran (LiveView) et faites la  mise au point naturellement en agrandissant l’image.
  • Rechargez bien vos batteries, la pose longue l’use plus rapidement.

Si vous voulez aller plus loin et vous former pour faire les photos de nuit de vos rêves, découvrez notre formation “Maîtriser la photo de nuit en 7 jours“. Vous y apprendrez comment :

Voilà, j’espère que ces astuces vous seront utiles quand il fait nuit à 17h30 😉 Postez un commentaire si vous avez des questions ou des remarques 😉

Et n’oubliez pas de partager l’article ! 🙂

Avez-vous tout compris ? Testez-vous avec le quizz :


 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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