Si avez lu l’article sur l’ouverture et avez eu l’occasion d’expérimenter un peu, vous connaissez un peu le concept de profondeur de champ en photo et celui de flou d’arrière-plan.

Mais c’est un peu plus compliqué que ça !
Si vous préférez la vidéo, j’ai traité le sujet sous ce format ici 😉

Comment ça, c’est plus compliqué que ça ? Tu nous aurais menti ?

Non, rassurez-vous, ce que vous avez appris jusqu’à présent est vrai : plus l’ouverture est grande (et f petit), plus la profondeur de champ est faible. Oui mais ce n’est pas tout.

Oui, car il n’y a pas que l’ouverture du diaphragme qui vous permet de contrôler la profondeur de champ !

Dans cet article, découvrez les autres manières de jouer sur la profondeur de champ sur vos photos. Et aussi comment la choisir sur le terrain sans calcul compliqué.

Définition de la profondeur de champ ou zone de netteté

La profondeur de champ est la zone de l’image dans laquelle les objets paraissent nets à l’œil nu. Cette profondeur de champ se répartit 1/3 à l’avant et 2/3 à l’arrière du plan où est faite la mise au point (le plan focal). Dans une photo à faible profondeur de champ, seule une petite zone de l’image est nette (exemple : portrait avec arrière-plan flou), tandis que dans une photo à grande profondeur de champ, la majeure partie de l’image est nette (exemple : paysage).

De manière équivalente, on peut définir la profondeur de champ comme la distance entre le premier plan net et le dernier plan net de l’image.

profondeur de champ schéma
Plan focal et position de la zone de netteté. Vous remarquerez que le plan focal n’est pas centré dans la zone de netteté, mais plutôt positionné aux 1/3 – 2/3 (c’est un détail oui)

C’est assez rare d’être si précis certes, mais vous avez tout à fait le droit de dire « ma profondeur de champ est de 2,57 cm » !

Jusque-là vous me suivez 🙂

Le moment est venu de parcourir ensemble les paramètres qui vont modifier la taille de la profondeur de champ.

Quels sont les paramètres qui jouent sur la profondeur de champ ?

Vous le savez déjà, ce n’est pas un scoop, l’ouverture du diaphragme de l’appareil photo est le premier levier pour faire varier la profondeur de champ.

L’ouverture du diaphragme de l’objectif

Revoyons donc comment la profondeur de champ est modifiée par l’ouverture, grâce à 2 photos de mon immense fortune prises à f/1.8 et f/8.

zones de netteté et profondeur de champ
Ma petite fortune, à gauche à f/1.8, à droite à f/8. Nous voyons que la zone de netteté est plus petite à f/1.8 qu’à f/8.

La profondeur de champ est d’autant plus faible que votre ouverture est grande, et que le nombre f/ est petit (oui je sais il faut relire ma phrase deux fois pour bien comprendre ^^)

Vue de dessus, ma petite fortune donne ceci :

position de la zone de netteté

Ici, vous voyez que mon schéma du début était un peu trop simplifié 🙂 Les limites de la zone nette ne sont pas clairement définies par des traits : c’est pour ça que j’ai choisi de vous représenter la netteté par un dégradé (vous noterez au passage mes qualités indéniables de graphiste 😀).

Et c’est comme ça que vous devez vous la représenter pour bien comprendre. La frontière entre la zone nette et les zones floues est progressive, il serait plus juste de parler de transition.

Si vous avez déjà pris une photo à grande ouverture où votre sujet n’est pas tout à fait net, mais pas complètement flou non plus, c’était peut-être qu’il se trouvait justement dans cette fameuse zone de transition !

transition flou net
Ça marche aussi sur une boîte de maquillage ^^

Pour couronner le tout (sinon ce serait trop simple), la netteté perçue dépend aussi de la distance à laquelle vous regardez l’image (plus vous êtes loin, moins vous verrez les différences de netteté entre les zones), de la taille à laquelle elle est affichée ou imprimée l’image, etc… C’est ce qu’on appelle le pouvoir séparateur de l’oeil, et j’en parle plus en détails dans l’article sur le choix d’un écran photo.

Concrètement, si vous remontez au niveau des photos des pièces prises à f/1.8 et f/8, et que vous vous reculez progressivement de votre écran, vous verrez qu’à partir d’un moment les deux photos vous paraîtront identiques !

L’autre exemple classique que tout le monde connaît est l’affiche de métro qui paraît nette depuis le quai d’en face mais qui est toute moche quand on colle son nez dessus 🙂

Bref, vous voyez l’idée.

Je n’avais pas de photo dans le métro, mais ça marche aussi en paysage. Si vous vous reculez assez de votre écran, vous aurez l’impression que le rocher en premier plan est net.

Ce qu’il est important de remarquer, c’est que le flou d’arrière-plan est de plus en plus important au fur et à mesure qu’on s’éloigne de l’endroit où vous avez fait la mise au point, c’est-à-dire de la zone de netteté. Vérifiez si vous voulez 😉

Vous commencez peut-être à voir où je veux en venir, car nous allons toucher au deuxième paramètre qui influe sur votre profondeur de champ.

La distance de de l’arrière-plan par rapport au sujet

Je viens de dire juste avant que plus vous êtes éloigné de la zone de netteté, plus le flou d’arrière-plan est important et visible, a fortiori si l’ouverture est importante. Ce qui paraît assez logique en le disant.

Corollaire : plus votre arrière-plan est éloigné de votre sujet, plus cet arrière-plan va être flou. Logique.

Attention : ceci ne veut pas dire que plus l’arrière-plan est éloigné, plus la profondeur de champ est faible : la profondeur de la zone de netteté reste la même. L’arrière-plan est simplement plus loin du plan focal, donc plus flou.

Faisons appel à notre ami M. l’Architecte Playmobil pour nous montrer ce que ça donne concrètement.

A gauche les bouquins sont éloignés de l’Architecte, à droite ils sont juste derrière lui 😀

Les deux images ont été prises à la même ouverture : f/1.8, et j’étais à la même distance de l’Architecte. Le seul paramètre qui a changé est la distance du bouquin qui constitue l’arrière-plan : sur la première photo il est relativement éloigné. Sur la deuxième il est tout proche.

J’ai donc changé mon flou d’arrière-plan sans toucher à l’ouverture, et sans bouger moi-même : j’ai simplement modifié la distance de l’arrière-plan.

C’est bien joli, mais si l’arrière-plan c’est un mur, comment je fais pour le bouger moi ?

Vous avez raison. Eh bien tout d’abord, si vous pouvez déplacer votre sujet (si vous faites du portrait par exemple), vous pouvez éloigner votre sujet de l’arrière-plan, ce qui revient au même. Vous avez également la possibilité de changer de point de vue en tournant autour de votre sujet pour trouver un arrière-plan plus éloigné.

Quand on y réfléchit, cette technique est drôlement intelligente, car elle vous permet d’avoir un arrière-plan plus flou sans avoir besoin d’acheter dans un objectif qui ouvre davantage !

Mais si vous n’avez pas cette possibilité, il y a une autre façon de diminuer la profondeur de champ sans changer de matériel. Vous croyiez pouvoir vous en sortir comme ça ? 😛

La distance de l’appareil par rapport au sujet (ou distance de mise au point)

Ce paramètre secret qui joue sur la profondeur de champ, c’est votre distance au sujet. M. l’Architecte va donc encore nous aider pour bien comprendre.

Partons donc de l’image précédente où l’Architecte était proche de l’arrière-plan (à gauche ici). Je me situe alors à environ 1m de lui. Je vais ensuite me rapprocher de lui à environ 50 cm (à droite).

A gauche à 1m, à droite à 50cm (oui le cadre change forcément puisque je me rapproche)

Je rappelle que sur ces deux images, je n’ai pas changé l’ouverture, ni la distance de l’arrière-plan par rapport au sujet. J’ai simplement pris la première à environ 1m de l’Architecte, et la deuxième à 50cm.

Ce qu’il est important de voir, c’est que sur la première l’arrière-plan est lui aussi quasiment dans la zone de netteté (“quasiment” car il est un peu flou quand même). Alors que sur la deuxième, l’arrière-plan est davantage flou (c’est facile à voir en comparant les titres des livres), donc plutôt en dehors de la zone de netteté. Tout ça rien qu’en se rapprochant !

Traduction : plus vous êtes proches du sujet, plus la profondeur de champ est faible.

Note : n’oubliez pas la distance minimum de mise au point de votre objectif (ici 0.45m
Avec le 50mm f/1.8), donc si vous n’arrivez pas à faire la mise au point, c’est que vous êtes trop près du sujet !

Oui mais toi, comme t’es là, tu utilises ton 50mm f/1.8 préféré, et donc tu ne peux pas zoomer. Mais si j’utilise un zoom ?

Bon, j’avoue, j’étais au 50mm. Du coup, pour l’occasion, j’ai sorti le gros calibre : le 70-200mm 😀 Ce qui nous amène de manière naturelle au prochain paramètre qui joue sur votre profondeur de champ : la distance focale !

La distance focale de l’objectif utilisé

En bons scientifiques que nous sommes, je vous propose de ne faire varier qu’un seul paramètre à la fois.

Dark Vador va prendre le relais de l’Architecte, et faisons varier uniquement la distance focale. Je pars d’un cadrage à 70mm f/4 (à gauche). Ensuite, je ne bouge plus la position de l’appareil et je zoome jusqu’à 200mm (en restant à f/4), ce qui nous donne la photo de droite.

influence de la focale sur la profondeur de champ

Vous remarquerez que l’arrière-plan est davantage flou ! La profondeur de champ est si réduite, que seul le bas de son casque est parfaitement net, et ses mains un peu floues.

Traduction : plus votre focale est grande, plus la profondeur de champ est faible.

Maintenant, un petit bonus, on va compliquer un peu les choses !

Je veux dire par là que je vais faire deux actions simultanées qui font varier la profondeur de champ dans des sens contraires :

  • A gauche, je cadre Vador à 70mm f/4 (comme tout à l’heure)
  • A droite, je passe à 200mm f/4 et je me recule pour avoir sensiblement le même cadrage
action combinée focale et distance au sujet sur la profondeur de champ
A gauche à 70mm, à droite à 200mm (en m’étant reculé)

On constate que le flou d’arrière-plan est sensiblement le même.

Que s’est-il passé ici ? Je me suis éloigné, ce qui a augmenté la profondeur de champ. J’ai zoomé, ce qui a réduit la profondeur de champ. Au final, on ne voit pas de différence, mais il faut bien avoir conscience que ces deux phénomènes se produisent en parallèle.

Pour être tout à fait exact, les deux cadrages ne reviennent pas au même en termes de taille relative des éléments dans le cadre (regardez bien les pieds de Vador). Le détail est dans cet article sur les secrets de la perspective 🙂

La taille du capteur de l’appareil photo

Voici le dernier critère qui joue sur la profondeur de champ. Je le mets volontairement en dernier dans l’article car vous n’allez pas probablement pas changer d’appareil juste pour ça.

Mais sachez que pour une même focale équivalente, et tous les autres paramètres égaux par ailleurs (ouverture, distance au sujet, distance entre le sujet et l’arrière-plan), votre profondeur de champ sera d’autant plus faible que la taille de votre capteur augmentera.

On simplifie, en réalité c’est surtout qu’un capteur plus grand vous incite à choisir une focale plus longue pour avoir le même résultat, et on a vu que la profondeur de champ diminue avec l’augmentation de la distance focale. Mais en gros ce qu’il faut retenir, c’est qu’il est plus facile d’avoir une faible profondeur de champ sur un grand capteur. 

Alors je vais tout de suite désamorcer une crainte qui pourrait germer dans votre esprit en me lisant : non, vous n’avez pas besoin d’un appareil Full Frame pour créer du flou d’arrière-plan.

Si vous avez lu mon article sur le choix d’un appareil photo, vous savez que le format micro 4/3 est déjà un grand capteur, suffisant pour créer une faible profondeur de champ dans vos photos (et en plus il a d’autres avantages en voyage, mais c’est un autre sujet ^^)

photo avec flou d'arrière plan
Une photo réalisée avec un appareil Full-Frame micro 4/3 à 19mm f/2,8

Pour vous dire, il est même possible de créer une faible profondeur de champ avec un capteur un pouce (celui de la plupart des compacts experts), encore plus petit que le micro 4/3.

Bien sûr, il faudra mettre un peu de bonne volonté en maximisant tous les paramètres que nous avons vus plus haut : utilisez la plus grande ouverture, zoomez, rapprochez-vous, et enfin éloignez votre sujet de l’arrière-plan : la magie devrait se produire ! 

Avec leur capteur minuscule, les smartphones produisent des photos à grande profondeur de champ, comme ici. Mais grâce à la photographie computationnelle, ils arrivent à créer du “flou logiciel” 🙂

Comment calculer la profondeur de champ ?

Je vais vous raconter une histoire qui j’espère va vous déstresser 😉

Quand j’ai commencé la photo, comme tout le monde ou presque, j’ai vraiment compris ce qu’était la profondeur de champ grâce à l’objectif 50mm f/1.8. Mais je me posais beaucoup de questions sur comment savoir à priori sur le terrain quelle valeur d’ouverture je devais utiliser.

J’imaginais que les photographes expérimentés avaient une sorte de sixième sens pour prévisualiser mentalement l’aspect du flou qu’ils allaient créer. A tel point qu’ils n’hésitaient jamais entre f/5.6 et f/4, un peu comme s’ils avaient une petite appli greffée dans le cerveau 🙂

Cet enfant à l’air bien sage mais il s’amusait à secouer mon siège dans le TGV 🙂

Alors je vais vous décevoir parce que ce n’est pas le cas.

Aucun photographe ne calcule mathématiquement sa profondeur de champ

Dans la plupart des cas, c’est l’expérience dans certaines situations photographiques qui vous aidera à savoir quelle valeur fera l’affaire. Je m’explique.

Imaginez que vous vous essayez à shooter des portraits à 50mm et f/1.8, et que vous constatez que le nez de votre sujet est parfois flou.

Pour corriger cela, vous allez peut-être vous dire qu’il serait plus sage de shooter à f/4 la prochaine fois. Et s’il n’y a pas assez de lumière et que vous êtes obligé de passer à f/1.8, vous allez vous reculer un peu plus que d’habitude par sécurité.

Ce que je veux dire par cette anecdote, c’est que les « bonnes valeurs de paramètres » pour avoir une profondeur de champ donnée ne sortent pas du chapeau d’Houdini.  Elles proviennent d’une expérience elle-même nourrie de votre vécu photo, plutôt que d’un calcul par une puce bionique dans votre cerveau ^^

Alors évidemment, il y a des cas spécifiques comme en photo de produits, où la taille de la zone de netteté est souvent réglée au millimètre (j’anticipe les commentaires 😉 ).

Mais dans la majorité des cas, la différence entre f/4 et f/5.6 ne changera pas radicalement ce que dégage votre photo (sauf si bien sûr elle devient floue à f/5.6, mais c’est un tout autre sujet ^^)

portrait à faible profondeur de champ
Cette photo ne va pas perdre subitement de son intérêt si l’arrière-plan devient moins flou. Détendez-vous !

Ce qui est important, c’est de pratiquer avec votre matériel actuel pour vous créer des repères.

Et si vous avez besoin d’être guidé pas à pas pour maîtriser votre appareil sur le bout des doigts, au point qu’il devienne une extension de votre œil, on remet tout à plat dans ma formation Devenez un Photographe Accompli 🙂

A propos des repères dont je vous parlais juste avant, ils vont inévitablement changer quand vous changez de matériel. C’est même arrivé à Sebastião Salgado qui en parle dans son livre « De ma terre à la Terre » :

De 2004 à 2008, j’ai utilisé des appareils Pentax 645 [note : appareil moyen format], alors qu’auparavant je travaillais avec des Leica. Le moyen format n’implique pas seulement une modification de la taille et du poids de l’appareil, cela change toute la profondeur de champ. Rien ne marche de la même façon qu’en 24 x 36. Il faut diaphragmer beaucoup plus.
portrait Sebastiao Salgado
Sebastião Salgado

Donc retenons que le choix des paramètres pour obtenir un niveau de profondeur de champ est avant tout basé sur l’expérience photographique avec un matériel donné. Un peu comme si vous vous constituiez une banque d’images de référence que vous avez réalisées (portrait serré, paysage, portait volé, scène de rue, etc…) à laquelle vous vous référiez inconsciemment.

Cela dit, au début, on a besoin de jouer avec les paramètres pour bien les appréhender. C’est tout à fait normal ^^

Calculateurs en ligne pour simuler le flou d’arrière plan

Il existe des calculateurs en ligne et des applis smartphones, qui vous permettent de simuler le flou produit en fonction des différents paramètres décrits dans cet article.

Si vous voulez faire une pause, jetez un œil au « Lens Simulator » sur le site de Samyang 😉 Il est particulièrement bien fait car vous pouvez rentrer 4 des 5 paramètres que nous avons vus (oui, sauf la distance de l’arrière-plan au sujet), et visualiser le fou d’arrière-plan correspondant !

Allez jouer avec les paramètres qui influencent la profondeur de champ sur le site de Samyang !
(© samyanglens.com)

Même si vous n’allez pas souvent vous amuser avec sur le terrain, il peut au moins vous aider à appréhender l’impact des différents paramètres qu’on a vus. Et aussi, vous découvrirez que finalement, vous n’avez peut-être pas besoin d’un Full Frame pour faire plus de flou, ou de « cet objectif qui ouvre à f/1.2 absolument incontournable pour exprimer votre créativité » (oui j’imite une pub avec ironie).

Parlons-en tout de suite des objectifs pour faire de jolis flous !

Quel objectif pour du flou d’arrière plan ?

C’est une question assez courante mais à laquelle on peut facilement répondre avec les informations vues plus haut. Bonne continuation, au revoir 🙂

Je plaisante. Plus sérieusement, puisque la profondeur de champ diminue quand l’ouverture et la longueur focale augmentent, vous aurez plus facilement du flou en maximisant ces deux paramètres.

Le premier objectif que je vous conseille pour créer une faible profondeur de champ est…

Une focale fixe à grande ouverture

Une focale fixe peut être pertinente pour s’initier à manipuler la profondeur de champ, car à ouverture maximale équivalente, elles sont moins chères à fabriquer que les zooms.

Par exemple l’équivalent 50mm f/1.8 en micro 4/3, APS-C ou Full Frame vous permettra déjà de vous faire plaisir.

Quand j’ai eu mon 50mm f/1.8, j’étais tellement impressionné par le flou que je ne photographiais plus qu’à 50mm F/1.8, au point de devenir un extrémiste de l’ouverture 🙂

Vous pouvez aussi opter pour une optique qui ouvre moins mais de focale supérieure. J’ai nommé (roulement de tambour)

Un téléobjectif type 70-200mm

Il y a deux corollaires à ce qu’on vient de dire :

  • Pour les plus longues focales (typiquement les équivalents 70-200mm), vous aurez moins besoin de maximiser l’ouverture pour créer une faible profondeur de champ, et bien souvent une valeur maximale à f/4 suffit (et l’objectif sera moins lourd). Regardez sur le lens simulator, et vous verrez que la profondeur de champ est assez petite à 200mm même à f/4. Exception encore une fois pour les micro 4/3 qui peuvent proposer des équivalents 70-200 f/2.8 pour 400g (toujours à se faire remarquer ceux-là ^^)
  • Pour les plus courtes focales (en particulier les grand angle), vous aurez besoin d’une ouverture plus importante pour créer du flou (en comparaison avec un objectif de focale supérieure 😉 ) Mais méfiez-vous de la mode des équivalents 24mm f/1.4, car même si vous avez le budget, vous n’en avez peut-être pas réellement besoin. Souvent, l’intérêt d’un objectif grand angle est de montrer plus de contexte autour de son sujet, et donc le besoin de flouter l’arrière-plan est moins présent.

Donc en utilisant un téléobjectif, vous pourrez facilement créer une faible profondeur de champ, c’est à dire du flou d’arrière plan (et d’avant plan aussi 🙂 )

Profondeur de champ faible ici à 200mm f/4 sur Full Frame

Si vous voulez voir des modèles concrets, ça tombe bien, nous avons tout ce qu’il faut dans l’article sur le choix d’un objectif !

Résumons ce qu’il faut savoir sur la profondeur de champ

Tout ça fait peut-être un peu beaucoup, alors résumons les différents paramètres qui jouent sur la profondeur de champ :

1 – Plus l’ouverture est grande (= f petit), plus la profondeur de champ est faible.

A 50mm f/2 (à l’époque où j’étais un extrémiste de l’ouverture 🙂 )

2 – Plus votre arrière-plan est éloigné de votre sujet, plus cet arrière-plan va être flou.

Toujours à 50mm mais à f/5 avec un arrière plan lointain

Attention (oui je me répète) : la distance de l’arrière-plan n’a pas d’effet sur la profondeur de champ en elle-même !

3 – Plus vous êtes proches du sujet, plus la profondeur de champ est faible.

Impossible de s’approcher plus de cette toile d’araignée avec mon 50mm 🙂

4 – Plus la longueur focale est importante, plus la profondeur de champ est faible.

Petite zone de netteté ici à 200mm f/4 sur Full Frame

5 – Plus le capteur de votre appareil est grand, plus la profondeur de champ est faible (mais le micro 4/3 c’est déjà très bien ^^)

Conclusion

La profondeur de champ est un effet complexe à appréhender et à maîtriser, mais j’espère que cet article vous aura aidés à y voir plus clair et vous permettra de mieux comprendre les effets de vos choix à la prise de vue sur le rendu final. En tout cas, rien qu’en l’écrivant, ça m’a moi-même aidé à intégrer ces notions !

Une dernière chose : je n’ai rien contre les objectifs à 2000€ qui ouvrent à f/1.2, ce sont de magnifiques objets. Mais je pense qu’il ne fait pas se fourvoyer en pensant qu’ils vont faire passer votre photographie au niveau supérieur grâce à leur faible profondeur de champ.

Non non Nikon, je ne vise pas du tout votre NIKKOR Z 58mm f/0.95 S à 8499€, de quoi parlez-vous ? 🙂

Il y a des moyens plus efficaces (et moins coûteux) pour améliorer vos images, comme acquérir une culture photographique. Lire des livres photos en est un (vous pouvez même en emprunter à la bibliothèque) !

Pour continuer la lecture sur des sujets voisins, je vous conseille mon article sur l’hyperfocale (pour savoir comment créer la plus grande zone de netteté possible), ainsi que celui sur le bokeh (pour maîtriser l’aspect du flou !)

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à poster un commentaire. Et pensez à vous abonner à la newsletter pour être mis au courant des prochains articles qui vous guideront dans les méandres de la technique photographique 😉 Et n’oubliez pas de partager l’article ! 🙂

Avez-vous tout compris sur la profondeur de champ ? Testez-vous avec le quizz !


 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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