photo nature arc en ciel orage
La photo animalière est une activité dont les facteurs de réussites et d’échecs dépendent directement de la météo et des saisons. Combien de sorties photo annulées à cause de la pluie, d’un vent capricieux ou d’un orage menaçant ? Combien de photographes déprimés 😉 pensant ne rien pouvoir faire à cause d’un hiver trop long ? Tout ça c’est terminé ! Grâce à cet article vous allez apprendre à apprivoiser la météo, rien que ça. Je ne vais pas faire de vous des magiciens, je laisse à d’autres l’envie de jouer aux apprentis sorciers en envoyant des trucs dans le ciel pour faire tomber la pluie ou apparaitre le soleil. Avec un peu d’astuces, un (gros) zeste d’anticipation, et un soupçon de méthodologie vous verrez que la météo et les saisons deviendront vos alliées ! (Pour cet article, j’accueille encore Régis Moscardini du blog Auxois Nature, qui a décidément un abonnement sur le blog 😉 Traduction : ce n’est pas moi qui aie écrit cet article, c’est lui !)

Sur le long terme : apprivoiser les saisons

Par long terme, j’entends une année entière. Partez de quand vous voulez. Le printemps peut-être un point de départ logique, c’est la renaissance pour tout le monde : le photographe comme la nature sortent d’une longue période d’inactivité. Mais rien n’est figé, et vous pouvez très bien considérer que l’automne est le moment idéal pour ressortir votre matériel : tout dépend de vos préférences photo.

Première étape : déterminer la zone que vous allez parcourir

Il s’agit pour chaque début de saison (de votre saison) de lister les endroits que vous souhaitez explorer. La seule limite que vous vous imposerez sera celle de vos jambes 🙂 ou du temps que vous avez, c’est selon. Ne soyez pas trop ambitieux, le réalisme doit vous guider. Pour ma part, en 2011, j’ai deux zones assez restreintes : c’est une garenne et un petit bois qui doivent faire chacune à la louche 100 mètres sur 100 mètres (10 000 m² soit … 1 hectare 🙂 ). C’est pas beaucoup, vous pouvez être surpris, mais sur une telle surface, et pour peu que l’on soit dans une zone riche, on ne s’ennuie pas ! Prenez une carte IGN 1/25000, explorez Google Earth, pardon, Géoportail, soyons chauvins :). Et là, repérez des zones intéressantes : le long d’une rivière, une zone boisée, des mares, un étang, bref, l’outil vue par satellite vous aidera énormément. Quand vous avez bien dégrossi ce travail de recherche, enfilez vos chaussures, et partez en exploration votre carte en main. C’est l’occasion de faire de belles balades, ne prenez surtout pas votre appareil photo, seules vos jumelles seront avec vous. Il s’agit de valider sur le terrain ce que vous avez vu sur la carte.

Deuxième étape : listez les sujets que vous souhaitez photographier

Vous venez de quitter vos chaussures de marche … Remettez-les ! Car cette fois-ci vous ne trouverez pas les sujets à photographier sur internet. Heureusement ! Il va falloir parcourir en long, en large et en travers vos zones choisies précédemment et à différents moments de la journée. Partez carnet et stylo à la main et notez précisément vos observations intéressantes : l’heure, l’endroit, l’espèce ou le type de paysage. Une super astuce : si vous avez un smartphone, activez son GPS, prenez une photo de l’observation, et vous aurez par la suite les cordonnées du site. Après toutes vos sorties (qui ne sont ni plus ni moins que des randos !) vous aurez récolté de nombreuses informations sur tous les sujets à photographier.

Troisième étape : trouver les meilleurs moments de l’année pour vos sujets

Je sais ce que vous pensez, on n’a pas encore pris une seule photo ! Oui, je sais et c’est le but 🙂 Tous les photographes nature sont unanimes, on ne photographie bien que ce que l’on connait. Vous pensiez faire de belles photos dès votre première sortie ? Et non, c’est juste impossible. Il s’agit donc à présent de déterminer pour les sujets que vous avez listés lors de vos sorties, à quel moment de l’année ils seront le plus intéressants à photographier. Comment procéder ? Le bon sens est un bon allié, surtout pour les paysages. Par exemple l’été n’est à priori pas le meilleur moment pour une cascade, l’eau pourrait manquer. Mais vous allez probablement vite coincer sur la faune et la flore. Quelles périodes pour cette plante, cet insecte ou ce mammifère ? C’est là qu’internet redevient votre meilleur ami : documentez-vous. Et si vous en voulez encore plus ( c’est ce qui m’est arrivé souvent 🙂 ) achetez des livres spécialisés. Je vous recommande Photographier les Animaux Sauvages d’Erwan Balança. Ce livre a le mérite de s’intéresser aux animaux les plus courants de nos campagnes, ce qui peut-être pratique lorsqu’on débute. Je l’ai testé, profitez-en 🙂 . Et surtout notez dans votre carnet (s’il est usé, c’est bon signe 🙂 ) pour chaque sujet repéré, les résultats de vos recherches. Des lapins de garenne ont été observés ? Ecrivez que les meilleurs moments d’observation seront notamment au début de l’été avec les jeunes beaucoup moins craintifs que les adultes. Retenez donc que vos découvertes vous permettront de savoir quelle est la meilleure période de l’année pour photographier vos sujets d’intérêts. (Note de Laurent : pensez aussi à la météo bien sûr. Les insectes sortent moins par temps pluvieux et/ou venteux 😉 ) Il y a un avantage énorme à faire toute cette préparation : vous ne serez jamais pris au dépourvu quel que soit le moment de l’année ! En automne, en hiver, au printemps et en été, vous ne perdrez pas votre motivation : vous aurez toujours de quoi photographier ! L’image ci-dessous illustre bien ce travail de préparation. En parcourant régulièrement la zone de garenne, j’avais repéré cet arbre mort. En temps normal, rien d’extraordinaire, sauf que j’avais noté qu’il pouvait donner quelque chose d’intéressant en hiver.  J’ai donc tenté de faire une image  graphique quand les conditions étaient réunies. photo nature arbre neige hiver Note importante ( j’anticipe les commentaires 🙂 Je vous invite à lire, entre autres, le conseil de Guillaume Jan dans le recueil de conseils pour débutants. Son approche est à l’inverse de celle que je propose ici : ce sont les espèces que vous désirez photographier qui détermineront vos zones d’action. Ce n’est ni mieux, ni moins bien, car c’est à vous de décider de votre plan d’action : vous mourrez d’envie de suivre des renards, alors décidez de vos terrains de jeu en fonction de l’animal. Inversement, vous n’avez pas trop d’idées, juste une grosse soif de prendre des photos nature, alors commencez par déterminer une zone. C’est vous qui décidez, c’est bien non ?

À court terme : lors de la sortie

Nous pensons tous que les conditions idéales pour photographier un paysage, un animal ou que sais-je encore, c’est sous la belle lumière chaude d’un couché de soleil d’été ! On évite autant que possible la pluie, le vent, les orages, laissant ces soi-disant mauvaises conditions au rang d’excuses pour trier nos centaines de photos en retard. Tordez le cou à cette vraie mauvaise habitude ! Les photographes nature ne fonctionnent pas comme les autres : lorsque Evelyne Déliat annonce un week-end pourri, ça doit être une excellente nouvelle ! Allez, ressortez votre bon vieux carnet, reprenez vos observations et demandez-vous sous quelles conditions elles donneront les meilleures photos ! Oubliez que le ciel bleu ensoleillé est la seule condition idéale. Chaque lieu et chaque objet peut-être magnifique avec une météo particulière. Puisqu’il n’existe aucune garantie quand il s’agit de la météo, seule une bonne connaissance des lieux et des espèces augmentera vos chances de produire des images hors du commun. Si tout ce que vous avez est une journée nuageuse, prenez des fleurs, des insectes, et même des cascades ! En fait la couverture des nuages joue le rôle de diffuseur de lumière. Finis les ombres dures, les contrastes trop prononcés, à vous les couleurs douces des pétales :). Un gros orage d’été sévit ? Profitez-en, sortez vite votre matériel et dès que tout est rentré dans l’ordre, sortez vous faire une bonne séance photo. Avez-vous remarqué que les sorties d’orage donnent des lumières extraordinaires ? Les gouttes d’eau sur les végétaux produisent des images magnifiques. Regardez par exemple cette image de la butte de Thil, en Bourgogne. Un orage vient à peine de se terminer, et j’en profite pour sortir et prendre cette image. On est loin du sempiternel ciel bleu non ? Ceux qui voient cette photographie sont surpris et me demandent comment j’ai fait : c’est simple, je connais très bien ce lieu et je savais qu’il pouvait y avoir de belles lumières à partir de ce point de vue. Vous voyez qu’une bonne connaissance du terrain vous amène à réaliser des photos très originales. photo nature arc en ciel orage Comprenez bien qu’avec un peu de créativité, ces temps deviennent des alliés et dorénavant beaucoup plus d’options s’ouvrent à vous !

De la préparation … Et surtout du plaisir !

A la lecture de cet article, certains doivent se dire que ça en fait du travail de préparation ! C’est pas faux ! Mais dans n’importe quelle activité, rien ne vient jamais seul, et en photo nature ne comptez pas sur la seule chance pour prendre de belles photos. Enfin, n’oubliez pas de prendre du plaisir. Le plus important étant de s’amuser 🙂 ! Pour aller plus loin, je vous invite à télécharger sur mon blog un recueil des meilleurs conseils de photographes animaliers.   Et n’oubliez pas de partager l’article ! 🙂

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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