Dans ce nouvel épisode de La Photo Aujourd’hui, nous allons au Centre Régional de la Photographie Hauts-de-France, pour vous présenter un peu ce lieu atypique : c’est aujourd’hui un centre d’art d’envergure nationale, avec de très belles collections, et il y a 40 ans, c’était… un photoclub ouvrier ! Une belle mutation donc, que vous allez pouvoir découvrir avec Audrey Hoareau, la directrice du CRP, à l’occasion du quarantième anniversaire du Centre.

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Bonjour à tous, ici Laurent Breillat pour Apprendre.Photo et bienvenue dans ce nouvel épisode de “La Photo Aujourd’hui”. Aujourd’hui on est au CRP à Douchy-les-Mines et, ben on va vous parler de cette institution : il y a plein de choses à dire dessus !

Laurent : Est-ce que pour commencer, ben vous pouvez vous présenter, présenter le CRP et puis nous dire un petit peu où on est ?

Audrey Hoareau : Bonjour, je suis Audrey Hoareau, je suis la directrice du CRP et le CRP c’est le Centre Régional de la Photographie Hauts-de-France. Donc on est là, dans le centre de documentation de ce centre qui est un lieu d’exposition qui est renouvelé 3 à 4 fois par an, qui propose aussi des actions de médiation, qui est un pôle de ressources avec une bibliothèque, avec un laboratoire argentique, avec tout plein d’actions programmées toute l’année pour tous les publics.

© CRP

Laurent : Comment ça a été créé à la base ? D’où ça vient ?

A.H : Ça a été créé il y a 40 ans, on fête cette année notre anniversaire. C’est le premier centre d’art à s’être spécialisé en photographie.

Thomas Hammoudi : En France ?

A.H : En France. Ça a été créé sur la base d’un photo club d’ouvriers, c’est ce qui fait sa particularité aussi dans son histoire. Et ce photo club a évolué pour devenir ce centre d’art et peu à peu, proposé donc des expositions de plus en plus pointues, faire travailler les artistes, travailler en collaboration avec eux avec des résidences, des commandes qui leur ont été passées depuis l’origine et le résultat de ce travail en commun avec les artistes a aussi été la base de la collection, puisque c’est une particularité aussi, les centres d’art, normalement, n’ont pas de collection, mais le CRP dispose d’une collection assez importante de plus de 9000 œuvres. C’est vrai que c’est un fond assez… Assez rare, exceptionnel, qu’on va valoriser et mettre en avant justement pour l’anniversaire des 40 ans, dans une exposition multi-sites de plus de quinze sites, exactement dans les Hauts-de-France, où vous pourrez retrouver ces collections.


Comment un centre d’art fait pour intéresser un public local ?

Thomas : Du coup, ce qui pose la question suivante : vous êtes un centre d’art qui est localisé à Douchy-les-Mines, dans le bassin minier, donc avec, de ce que j’ai compris, des fonds qui sont très locaux, orientés sur l’activité minière locales, on en parlait tout à l’heure avant d’enregistrer des photographies d’ouvriers et de mineurs qui sont très présents dans les fonds, comment vous faites pour intéresser un public local, un fonds local et à ce que fait le CRP… Parce qu’en fait, le CRP vous avez une envergure nationale quelque part sur les activités, sur l’envergure des artistes que vous recevez dont on parlera un peu après, mais comment aussi vous combinez un peu ça avec le fait d’être un lieu local et comment intéresser les gens du coin à la photographie ? Ça ne doit pas être simple ! Enfin ça ne doit pas être simple…  Ce n’est jamais simple pour aucun centre d’art ou de musée, mais comment vous, vous traitez cette problématique ici ?

A.H : Ben c’est le vrai… Le vrai challenge ! Mais c’est aussi inscrit dans les gènes du CRP de jouer sur cette… Ce jeu d’échelle justement. Entre proximité, donc s’adresser aux douchynois, aux habitants de la communauté d’agglomération, enfin dans un cercle restreint, mais aussi assumer d’être une référence nationale sur la photographie contemporaine et même dépasser les frontières avec des projets internationaux comme actuellement en salle, on propose une exposition sur la photographie chinoise. Donc c’est cette… Ce jeu justement qui est très intéressant et qu’il faut appréhender ici, c’est-à-dire, vous évoquez la collection, c’est vrai qu’elle est très empreinte et ancrée sur le territoire puisque les résidences et les commandes qu’on a… Qu’on a pu élaborer traitaient très souvent de ce sujet. Mais d’une manière, enfin, chaque artiste se l’est appropriée donc, il y a des façons très différentes de parler des Hauts-de-France, on n’a pas que des photographies de terri, on a vraiment des approches sociales, politiques, mais aussi du paysage, des habitants… C’est très varié et au-delà de ce traitement vraiment très focalisé sur la région, on a vraiment tout un tas d’œuvres. Sur les 9000 œuvres présentes en collection, on traite vraiment de sujets très variés.


Comment le CRP accompagne concrètement les artistes ?

Laurent : Donc, vous avez mentionné l’accompagnement des artistes avant, est-ce que vous pouvez nous en parler un peu plus ?  Concrètement, ça se passe comment ? Peut-être que vous avez des exemples en particulier de… D’artistes que vous avez accompagnés récemment ou qui ont marqué en particulier l’histoire du CRP ?

A.H : Oui, c’est vrai que cette mission, c’est l’une des principales du centre puisque, étant centre d’art contemporain d’intérêt national, le soutien à la création et la production d’œuvres, c’est vraiment ce pour quoi on est fait et récemment, on a pu accompagner des artistes, notamment sur un projet lié à lille3000 et à Utopia, qui consistait à travailler autour de l’eau donc, on a invité Emmanuelle Blanc une photographe française et on nous a proposé de réaliser une installation en extérieur donc on a… C’était vraiment très intéressant de travailler à la fois sur le fond et le traitement de cette question, mais aussi sur comment, ben occuper/habiter une forêt puisque c’est au cœur d’une forêt qu’on a présenté son travail. Et c’est vraiment là, la faculté du centre : c’est d’accompagner les artistes tant sur le fond que sur la forme, à donner vie à leur œuvre. Donc ça c’est vraiment le dernier projet qui est d’ailleurs encore visible jusqu’au 15 août.

Thomas : Où ça ?

A.H : Alors c’est près de Lille, c’est dans la forêt le Bois D’Infiere et c’est dans la ville de Gruson, la commune de Gruson. Et sinon, c’est important de citer quand même que, donc par le passé, il y a cette mission photographique transmanche qui est vraiment le noyau dur de la collection et en fait, cette mission, c’était l’une des commandes photographiques les plus importantes en France. Elle a été portée par le CRP, initiée par le CRP, elle a duré pendant 18 ans et touché 24 artistes. Et le point de départ, c’était ce tunnel sous la Manche, donc le chantier du siècle à l’époque, et ça a été le point de départ à cette commande de se dire voilà cette ouverture, cette nouvelle Europe, la transformation, la mutation que ça a pu générer sur le territoire, comment proposer aux artistes photographes de le documenter, de créer autour de cette question ? Donc vous pouvez retrouver dans le cadre de cette commande Bruce Gilden par exemple, Martin Parr, Josef Koudelka… Des tas d’artistes qui ont pu participer. Mais à l’époque peut-être pas aussi connus, puisqu’on est quand même dans les années 80-90. Et donc, le CRP est fier aussi d’avoir… D’avoir cette commande qui est, qui est vraiment le point culminant de sa collection qui concerne environ 600 tirages sur les 9000.

Thomas : Et du coup, vous avez dit : “vous les accompagner sur le fond et la forme”, concrètement, ça veut dire quoi ? Sur le fond c’est-à-dire que vous les aider à choisir leur sujet, à travailler, à faire l’édition, et cetera Donc c’est vous, en tant que directrice, qui le fait ? Il y a des équipes qui viennent les accompagner ? Enfin… Et comment ? Comment ça se passe concrètement en fait cet accompagnement pour les photographes que vous sélectionnez ?

A.H : Après la sélection de l’artiste, on le suit en fait, sur tout le processus de création. C’est vrai qu’il y a l’editing, même les conditions de production, on l’accompagne de façon même technique ou pratique, puisque quand on travaille autour de Douchy, il faut pouvoir connaître un petit peu le territoire, sillonner…

Donc c’est vrai que c’est intéressant de travailler aussi avec des relais. En ce moment, on a lancé une résidence avec un artiste espagnol qui veut travailler sur la jeunesse ici, localement, donc on travaille avec tous les acteurs jeunesse autour de Douchy donc c’est un peu le rôle de fixeur, effectivement, de mettre en contact pour pouvoir avoir tout…Tout… Tout ce qu’il faut pour… Pour réaliser leur série.

Ensuite, sur le plan artistique, c’est vraiment une direction artistique qui est mise en place, c’est-à-dire qu’on a des rendez-vous réguliers, on échange sur les images, sur le projet qui est en train de se faire. Et puis sur la forme ben, ça peut être des choix de formats, d’encadrement, des choix très très techniques sur la réalisation.


Est-ce que vous avez des activités pour les enfants ? Et comment on les intéresse à la photographie ?

Laurent : Alors, vous avez parlé de jeunesse, bon, ma transition est un petit peu tirée par les cheveux, mais ça marche quand même ! Est-ce que vous avez des activités pour les enfants ? Et comment on les intéresse à la photographie ? Parce que c’est pas forcément… Je pense que par exemple, en fait, pour la plupart des gens, ça reste, avant tout… On fait des photos de manière un petit peu spontanée, sans forcément penser à ça comme art, donc encore plus pour les enfants, j’imagine. Et du coup, ben voilà, comment on arrive à les intéresser ?

Thomas : Et au-delà de ça, c’est parce que la question vient du fait que je pense que dans les spectateurs de la vidéo, il y en a beaucoup qui sont parents, qui aiment la photographie, qui se disent :  “comment j’intéresse mes enfants à ça ?” Directement, eh ben du coup, comment dans ce sens-là, vous traitez ce sujet ?

A.H : Ben déjà, selon moi, on a quand même un privilège énorme de travailler sur ce médium qui justement, va parler à tout type de public, y compris les plus jeunes. Dans notre politique de médiation qui est vraiment une priorité, on a décidé de travailler justement principalement sur le public adolescent et les très jeunes enfants aussi. Là, on est sur des phases même expérimentales, de “comment on s’adresse aux 0-5ans ?”

Pour moi, c’est vraiment une question très importante, surtout dans l’époque dans laquelle on vit. Il y a tout un ensemble d’activités qui… Qui relèvent plus de la lecture de l’image, de l’éveil à l’image, on connaît beaucoup l’éveil musical en fait ou l’éveil corporel avec la danse, mais c’est vrai que, au niveau des arts visuels, c’est encore pas assez développé à mon sens. Et c’est quelque chose justement qu’on met en place avec des outils pédagogiques très précis. On a d’ailleurs un parc d’outils à disposition, on les prête aussi à d’autres acteurs de la photographie.

Ou même des jeux ! Des jeux, je pense par exemple aux “Mots Du Clic” qui est un jeu qui a été édité et créé par Stimultania en Alsace qui est aussi un centre d’art et qui a réalisé ce jeu qui permet de mettre des mots pour décrire une image qu’on la décrive dans sa forme, dans son cadre, les couleurs, et cetera. Ou alors qu’on la décrive sur le sujet, les thématiques abordées et avec le jeu, les cartes, c’est un jeu de cartes, ben ça devient ludique donc, et ça devient pour les enfants intéressant parce que toute la question, c’est effectivement de les intéresser.

Donc il y a tout ce volet-là qui, pour nous, relève plus de parler de l’image, de développer le sens critique aussi et il y a un volet beaucoup plus pratique d’ateliers et là, c’est là où je parle de chance avec le médium photographique, vous êtes… Enfin, vous bricolez, vous faites les choses.

Il y a un côté très magique aussi dans la photographie, quand on leur fait manipuler des sténopés ou là, récemment, on a fait des cyanotypes géants avec l’artiste Rémi Guerrin. Mais là, il y a vraiment quelque chose de l’ordre de la magie qui, vraiment, interpelle les jeunes enfants ou les adolescents.

Thomas : Juste un petit détail, le jeu dont vous avez parlé, on peut l’acheter ? Oui, oui, oui, tout à fait ! S’il y a des parents derrière la vidéo, c’est peut-être…

A.H : Tout à fait ! Sur cette page.

Et justement avec les parents, ce qu’on aimerait développer aussi c’est des temps parents/enfants, c’est-à-dire essayer de se retrouver autour de quelque chose qui est la photographie. Je pense que c’est aussi… Il y a une attente autour de ça ! De comment les parents peuvent, ben voilà, échanger avec leurs enfants autour d’une visite ou autour d’une activité, quelle qu’elle soit.

Laurent : Vous avez des parents photographes qui viennent avec leurs enfants pour essayer de justement, de connecter autour de ça ? Ça arrive ?

A.H : Ben on a les deux ! C’est-à-dire que récemment, j’ai eu aussi un jeune vraiment passionné par la photographie, qui emmenait ses parents et ses parents le suivent partout, dans toutes les expositions, les braderies de livres, et cetera. C’est cool ! Donc c’est intéressant de voir que ça réunit aussi, c’est quelque chose qui unit.


Quelle est l’actualité des prochains mois au CRP ?

Laurent : Donc c’est quoi l’actualité des prochaines semaines et des prochains mois au CRP ?

A.H : Une actualité très intense puisqu’on célèbre l’anniversaire du CRP, les 40 ans ! Et ce qui est intéressant, c’est que ce n’est pas seulement une actualité au CRP, mais c’est une actualité qui rayonne vraiment sur tout le territoire des Hauts-de-France puisque à cette occasion donc, on va proposer des chapitres pour découvrir les collections dans quinze sites différents, des lieux partenaires donc qui prouvent aussi la force du réseau du CRP, mais qui aussi peuvent toucher tout un tas de publics différents puisqu’on a des lieux qui sont… Qui relèvent plus du champ artistique, comme le musée des Beaux-Arts de Cambrai ou des lieux photos comme Diaphane, on a une exposition qui sera à l’affiche du Festival des Photaumnales, on travaille aussi avec Destin Sensible à Mons-en-Barœul qui est un lieu photo. Et puis on a des lieux plus “grand public” on va dire, par exemple, vous pourrez découvrir une exposition aux Thermes de Saint-Amand-les-Eaux ou bien au Touquet au Palais des congrès ou à l’école d’art de Valenciennes par exemple, ou au Phénix, une scène nationale.

Ce qui permet vraiment de voir plein de pans différents de cette collection puisqu’à chaque fois, on a essayé de travailler les expositions avec les lieux, avec des questions qui les intéressent, qui intéressent leur public et puis de montrer la richesse aussi de cet objet.


Si vous aviez une baguette magique pour le CRP, pour changer quelque chose, vous feriez quoi avec ?

Thomas : Si vous aviez une baguette magique pour le CRP, là comme ça, d’un coup, pour changer quelque chose, vous feriez quoi avec ?

A.H : Trop facile ! Ha ha ha ! Oui, de l’espace ! De l’espace ! C’est la grosse problématique actuelle du CRP. Problème qui n’est pas sans solution parce qu’on travaille vraiment sur la question mais on n’a plus de place, enfin, on n’a plus de place pour les collections, pour pour que la collection justement, puisse être conservée dans des réserves aptes, enfin qui soient… qui soient vraiment professionnelles. On n’a plus de place pour ce centre de documentation qui contient plus de 10 000 ouvrages et qu’on aimerait en plus développer.

Et il faut qu’on continue à pouvoir enrichir sans avoir peur de l’espace. On a envie de mettre en place un projet ambitieux pour le centre donc grandir, c’est aussi, ben grandir de la surface tout simplement.


Le centre de documentation : visite, fonctionnement, projets, etc.

Thomas : Du coup, ça fait une transition parfaite avec la suite parce que c’était le moment où on allait voir un peu les bâtiments et du coup, on pourra parler du centre de documentation, on est dedans, on parle de la place : c’est la transition rêvée !

Donc changement de plan discret vous l’avez vu ! On est dans la partie que je préfère dans chaque visite en général, c’est que c’est le moment où on va regarder les bouquins. Il y en a beaucoup trop pour que j’ai le temps de faire le tour et Laurent m’a dit qu’on avait pas toute la journée ! Donc je ne pourrai pas regarder autant que je veux… Et comme Laurent vient de le souligner, il fait aussi 35 degrés parce qu’il fait chaud dans le Nord malgré tout ce qu’on en pense !

Donc on est dans le centre de documentation où vous nous avez vu tourner tout à l’heure. Il y a beaucoup de livres qui sont accessibles au public. Comment ça marche le centre de documentation ? Qu’est-ce que vous avez ? Qu’est-ce que vous voulez y faire ? Qu’est-ce que vous y faites ?

A.H : Le centre de documentation ben ça fait partie du pôle ressources du CRP, donc c’est effectivement accessible sur rendez-vous. On peut venir consulter cette bibliothèque dédiée à la photographie qui comprend plus de 10 000 ouvrages. Donc vous pouvez voir des monographies, des livres sur l’histoire de la photographie, des livres qui ont pu aussi être édités par le CRP, puisqu’on a été et on est toujours une maison d’édition, donc, c’est vraiment un endroit où on peut faire des recherches, on reçoit des étudiants, des chercheurs, mais aussi un public plus large et varié.

On a notamment très récemment fait une braderie puisque on essaye aussi de, par rapport aux doublons et la problématique de place que j’évoquais tout à l’heure, de se libérer de certains… Certains ouvrages et de faire des petites ventes. Sinon, vous pouvez aussi trouver sur notre site, dans le e-Shop, les livres qu’on a pu éditer depuis l’origine : une centaine je crois.

© Mathieu Harel Vivier, 2021

Thomas : D’accord ! Alors la braderie, je la conseille vraiment ! C’est comme ça que j’ai découvert le CRP, je suis reparti avec deux sacs plastiques pleins donc vraiment c’est un bon plan. Juste, j’ai raté celle de cette année, donc je suis un peu triste… Mais c’est un détail !

Alors, je suis un amateur de photographie, je me dis : “tiens ! 10 000 livres c’est vachement bien !” Et en vrai : c’est vachement bien ! Alors à 35 degrés il fait un peu chaud mais sinon ça doit être vachement bien ! “J’ai envie de venir ici regarder les livres !” Comment je fais pour préparer ma visite ? Parce que… Comment je fais pour anticiper un peu, voir les fonds que vous avez et cetera. Avant de venir ?

A.H : Ben l’idéal, vous avez deux choses à faire : déjà prendre contact avec le centre, avec Angéline Nison qui est en charge de la collection, de l’artothèque et du centre de documentation pour convenir d’un rendez-vous et aussi préparer votre recherche si vous avez des thèmes précis. On pourra vous sortir les ouvrages dont vous avez besoin mais il y a aussi un outil qui est un portail en ligne qui permet de consulter une partie de cette collection.

Donc ce portail, c’est aussi une concrétisation d’un travail en commun avec le comité d’experts territoriaux : le Club Bayard. C’est un club qui réunit cinq acteurs de la photographie en Hauts-de-France : le CRP, l’Institut pour la photographie, on a aussi Diaphane, Destin Sensible et le Château Coquelle à Dunkerque. Mais on a mis en commun en fait nos… Notre… Nos bibliothèques sur ce portail. Donc ce qui est vraiment un outil incroyable si vous avez vraiment une recherche spécifique, vous pourrez voir si l’un de nous cinq l’a ou si on l’a tous les cinq. Enfin en tout cas, vous pourrez savoir exactement où le consulter.

Thomas : Et on est d’accord que vous parlez de recherches mais si typiquement par exemple, j’aime beaucoup la photographie de rue et, ben j’ai pas 500 livres chez moi et ça coûte cher des livres photos, je peux aussi juste venir les consulter ici ? Il n’y a pas spécifiquement… C’est pas dédié aux étudiants qui font de la recherche ou autre ? Ça peut être des amateurs qui viennent découvrir les fonds ?

A.H : Oui, tout à fait ! On sait qu’ils sont de plus en plus nombreux, que le livre photo c’est vraiment un objet qui intéresse de plus en plus et vous pouvez aussi réserver un créneau pour juste venir découvrir si vous avez un style photographique qui vous plaît plus ou même si vous n’avez aucune idée de ce que vous voulez venir voir. En tout cas, vous serez accompagné ici dans votre visite.

Thomas : Sachant que pour l’organisation, c’est à peu près à 45 minutes de Lille, c’est le temps qu’on a mis juste pour vous donner un ordre d’idée.  45 minutes au sud de Lille à peu près. C’est quelque chose comme ça et comme je connais très mal la géographie locale, c’est la seule information que j’ai !

Vous avez beaucoup de fonds et je serais très tenté de passer sur tous les livres qui m’intéressent et de tous les montrer à la caméra mais ça va être très très long. Mais surtout, vous faites des livres vous-même. Est-ce que vous avez mis sur la table ?

Alors, j’ai “Bleus” de Bruce Gilden chez moi, que j’aime beaucoup, qui est un travail qui a fait beau… Monsieur Gilden dans… C’est peut-être vous qui allez le présenter je sais pas ! C’est un travail sur les mineurs qu’a fait Bruce Gilden, que j’avais découvert ici et qui était inconnu… Enfin, qui était inconnu dans le sens où pour moi, Bruce Gilden, c’était vraiment de la photographie de rue à New York et ce qu’il avait fait dans le coin, je le connaissais pas du tout. Alors j’en ai parlé à Bruce Gilden quand je l’ai vu à Paris Photo, il dit “Blue !” “Blues !” Mais, donc il s’en souvenait ! Et c’est un travail assez original de Bruce Gilden. Je ne sais pas, il n’est pas, il n’est plus à la vente celui-là ?

A.H : Euh si ! Si si !

Thomas : Vous en avez encore ?

A.H : Alors oui, oui, oui, tout à fait ! En fait, les cahiers, donc je vous ai sorti spécifiquement cette cette collection puisque pour moi, c’est vraiment ça incarne vraiment la politique éditoriale du CRP, c’est comment, justement, tout cet accompagnement aux artistes pendant la mission photographique transmanche a pu aussi s’incarner dans un objet, donc un objet-livre c’est ce qui est resté en dehors des collections. Donc, il y a 27* cahiers qui correspondent à chacun des… Chacune des commandes qui a été passée. De 1 à 10, me semble-t’il, ils sont sold out : épuisés. Donc là, c’est vraiment des objets devenus très rares. ! Et là, on est sur le treize, donc normalement, il doit être toujours disponible. Mais… Mais voilà, ils avaient un format plus ou moins uniforme. On voit que certains s’en sont distingués.

Thomas : On voit qui sont les punks dans les fonds !

A.H : Il y en a un qui est sur une couverture noire évidemment, “Ronde de nuit”, avec un format aussi différent. Donc non, on ne fera pas une couverture blanche et non, on ne fera pas un format similaire, mais en tout cas, c’est vraiment… C’était vraiment pour vous montrer que le CRP était à l’origine vraiment d’un travail de séries originales qui ont pu être produites par les artistes. Ça c’est une commande du CRP qui a ensuite donné lieu à une exposition au Centre Pompidou. Donc, comment le centre régional arrivait, parvenait aussi à créer des œuvres qui pouvaient ensuite intégrer d’autres collections ou être présentées dans des lieux prestigieux.

Voilà, par exemple, Josef Koudelka, lui, a fait un travail, bien sûr… Et sur le territoire, vraiment, puisque donc je le répète, la mission photographique transmanche, la thématique, c’était ce tunnel qui se creusait sous la Manche. Donc, chacun a pu s’en saisir et aborder la question avec, ben son écriture propre et ça a donné lieu à des travaux magnifiques.

Là, on voit Françoise Nuñez qui a réalisé une série très belle sur les ports.

Thomas : Qui n’est pas encore épuisé parce que c’est le numéro quatorze !

A.H : Oui, c’est vrai !  T’as bien écouté hein ! Donc vous pouvez retrouver, alors celle-ci j’aime beaucoup cette série : “One Day Trip” de Martin Parr, qui en fait, a décidé de parler de ce tunnel sous la Manche en évoquant ce séjour express que les Anglais faisaient en France pour s’approvisionner en bière.
Voilà, donc c’est une série très… Voilà qui parle de… Ben de cette journée shopping qu’a permis le tunnel, justement !

Thomas : C’est vraiment du pur Martin Parr dans l’esprit quoi ! Consommation, un peu d’ironie…

A.H : Et à la fois, ce qui est intéressant, c’est que quand on parle de ça à des personnes qui sont vraiment de la région, ils évoquent des souvenirs de voir des Anglais arriver en masse dans les supermarchés. Donc c’est aussi une réalité.

Donc ça, ce sont des séries que vous pourrez retrouver dans les expositions, dans les volets d’exposition de la Multi-sites notamment “Bleus” qui est présentée au Silo à Château-Thierry. Et on va proposer par exemple cette série “One DayTrip” à Lille, à l’Espace Le Carré.

Thomas : D’accord ! Où il n’y aura pas malheureusement les carnets. Le cahier numéro cinq totalement introuvable… C’est pour ça que je vais ranger celui-là dans mon sac pendant qu’on… Je fais diversion ! Ha ha ! Tu fais diversion !

Il y a beaucoup de livres, on ne peut pas tous les regarder mais du coup, je vais vous poser la question à vous : est-ce qu’il y a une œuvre ou un livre ici où vous vous dites : “Ouais, vraiment, si quelqu’un doit…” Ou soit un livre qui vous tient particulièrement à cœur parce que vous avez travaillé sur l’exposition, ça vous plaît ou autre. Ou soit un livre où vous vous dites : “Ah oui, celui-là, ce serait dommage que les spectateurs repartent sans le connaître !” Et c’est vraiment une œuvre que vous auriez envie de faire découvrir aux abonnés qui nous regardent.

A.H : Alors là, ça va nécessiter une petite réflexion quand même ! Parce que c’est une question assez compliquée. Bon après, je peux vous montrer un classique vraiment classique, classique ! Tout le monde devrait connaître et que tout le monde connaît déjà beaucoup… C’est un livre, d’Avedon… Donc, je ne sais pas si vous l’avez déjà feuilleté… Oui, ben, on va le mettre sur la table. Voilà, qui est vraiment un ouvrage, un ouvrage très complet. Moi, j’aime bien les livres qui contiennent du texte, en fait, c’est assez paradoxal pour des livres de photographies, mais je trouve aussi qu’un livre, c’est un contenu. On a besoin d’en savoir un peu plus, d’aller plus loin que de simplement se délecter devant les images donc j’aime bien les livres qui nous donnent aussi très clairement des informations sur un auteur ou sur le travail. Donc là, c’est vraiment retracer l’œuvre de Richard Avedon et sa façon de photographier très singulière, de saisir les portraits hein ? C’est quand même avant tout un très grand portraitiste. C’est pas… C’est pas le livre “si je devais en garder un sur une île déserte” parce que c’est trop compliqué comme question ! Donc j’avoue que… Mais ce que je voulais montrer c’était, voilà, pour moi il y a les livres monographiques où les séries sont présentes et on se délecte dans les images et on saisit un travail. Mais il y a les livres aussi, qui nous permettent de vraiment comprendre et décortiquer. Quand c’est bien écrit…

Thomas : Moi j’ai un problème avec les livres où le… Je sais pas si c’est un sujet qui vous parle : le “Bullshit Photo”, c’est comme ça que j’appelle ça, où des fois il y a des textes un peu qui justifient tout et n’importe quoi ! Ça devient parfois, il y a des textes qui sont parfois très pénibles à lire. J’avais lu comme ça… Ça n’a rien à voir avec vous donc comme ça, ça tombe… Je risque de blesser personne !  J’avais lu un livre de Thomas Schultz que j’ai acheté, alors je crois que c’est peut-être un Steidl, je suis pas sûr… Et en fait, de tout livre je n’ai rien compris et c’est juste à la fin sur le cartel qui présente le travail de l’auteur en deux paragraphes où je me suis dit ok, c’est clair. Donc je suis partisan du texte et on apprend plein de choses comme ça mais des fois, on tombe sur des trucs qui viennent juste…

A.H : Je suis on ne peut plus d’accord avec vous et c’est valable pour moi dans les livres, mais c’est aussi, et vraiment très important dans les salles d’exposition. Pour moi, quelqu’un qui rentre et qui lit le texte d’intro et qui se sent stupide, ben c’est un échec pour nous. C’est vraiment… On n’est pas là pour faire de l’élitisme et faire que les gens se sentent plus bêtes en arrivant qu’en temps normal. Donc moi, je prends un soin particulier à faire des textes qui sont compréhensibles, lisibles, clairs et dans lesquels on peut vraiment saisir des informations clés sur sur des travaux. C’est à mon avis ce que vous appelez le “Bullshit Photo”, c’est quelque chose contre lequel on doit lutter !

Thomas : Oui ! Je suis assez d’accord. Que c’est un art très… Enfin, c’est le paradoxe de la photo qui est un art très démocratique où tout le monde en a parlé dans la poche et cetera. Et des fois, quand on est dans des Expos, c’est pas aussi accessible que d’autres… Que d’autres médiums. Je suis tout à fait d’accord avec ça et c’est pour ça qu’on fait ce genre de contenu aussi avec Laurent ! Pour démocratiser ça, parce qu’on aime bien le faire connaître au plus grand nombre. Ah ah ah

Est-ce qu’on ne continuerait pas la visite ?  !


Le laboratoire photo du CRP : c’est quoi ? pour qui ? comment venir ?

Laurent : Donc, il n’y a pas que le centre de documentation au CRP, il y a aussi un labo photo dans lequel on est, de manière assez visible hein quand même ? Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur… Ben je me dis c’est accessible aux gens hein ? C’est pas, voilà, juste pour faire beau. Donc voilà, comment on peut venir ? Qu’est-ce qu’on a à dispo ? Qu’est-ce qu’on doit ramener ? Et cetera.

A.H : Ben tout à fait ! Le laboratoire, c’est une autre ressource qu’on met à disposition du public. On peut venir tout à fait occuper ce laboratoire de manière libre. Si vous êtes un photographe confirmé mais aussi débutant, on peut vous accompagner. On organise des ateliers donc le laboratoire, c’est aussi notre notre lieu d’expérimentation avec des groupes. Ça leur permet de découvrir justement les procédés de tirage. Et quand vous souhaitez venir, vous n’avez qu’à vous inscrire, nous téléphoner, convenir d’un moment. C’est 5 € la séance, vous apportez votre papier et nous, on fournit tout le reste : la chimie et les équipements.

© CRP

Laurent : OK ! Ben super, parce qu’il y a de quoi faire ! Donc voilà, si il y a des gens dans la région qui n’ont pas forcément l’équipement chez eux pour faire l’argentique puisque ça peut prendre un peu de place, c’est pas forcément facile de faire le noir et cetera. Bon c’est compliqué… Ben il y a de quoi faire pour… Pour pas cher près de chez vous donc : venez ! Pour… Et puis même si vous ne connaissez pas apparemment puisque si vous pouvez accompagner les gens c’est cool aussi parce que c’est vrai que ça peut être un petit peu intimidant de commencer à avoir les produits…. Enfin on ne sait pas forcément dans quel ordre prendre, prendre tout ça, donc avoir un accompagnement c’est vrai que ça permet de mettre le pied dedans.

A.H : Ben on organise en fait des sessions, ça s’appelle des “Weekend Zoom” où vous pouvez venir et on invite un artiste ou quelqu’un qui est très à l’aise en technique au laboratoire et qui va devenir le médiateur et vous expliquer toute la technique. Donc, même si vous n’avez jamais mis un pied dans un laboratoire, guettez le moment où on organise ces initiations et là, vous pourrez vraiment entamer ce travail. C’est en ligne, vous pouvez vous inscrire à notre newsletter (sur le site du CRP, tout en bas) aussi pour connaître la régularité de ces activités, et on essaye vraiment de le développer parce qu’on sent aussi un intérêt de plus en plus important de la part du public, qui soit le “grand public” ou le public plus confirmé en photographie.

Laurent : Super !


Les réserves des collections

Thomas : Nouvelle pièce : on est dans les réserves et les réserves, c’est trop bien parce que c’est l’endroit où on n’a jamais le droit d’aller d’habitude, sauf quand on a plein de diplômes ou les clés. Ce qui est pas le cas de… nous ! Donc c’est un peu Noël pour nous parce que quand on avait fait l’interview de Jean-Luc Monterosso à la Fondation Henri Cartier-Bresson, on était à côté des réserves où il y avait tous les tirages de Cartier-Bresson, mais on est restés dehors ! On n’avait pas le droit du tout de regarder.

Là, c’est un peu la fête et du coup, on va en profiter pour voir des tirages qui nous font envie sur les collections qu’on a pu évoquer tout au long de cette vidéo. Et je serai d’avis, si ça embête personne, de commencer par “Mémoire du Siècle Futur” de Thierry Girard, qui est un livre que j’avais acheté lors de la braderie du CRP, j’étais très content d’avoir quasiment tous les livres de Thierry Girard et les images sont folles et je serais très curieux de voir les tirages. Donc on va commencer par vous montrer ça !

Et donc “TA-DAM !” Ça apparaît comme par magie, les images de “Mémoire du Siècle du futur” ben, allons-y ! Regardons ça !

Donc Thierry Girard, qui de mémoire n’est pas un photographe du nord mais a beaucoup travaillé dans la région. Il avait sorti un livre qui avait bien marché il y a quelques années : “Le Monde d’Après” qui était très, très bien.

Laurent : Si on parle pas beaucoup, c’est parce qu’il a un côté très solennel… Pas de problème ! Et, non mais je lui dis un peu pour les spectateurs aussi, parce que, ben je trouve qu’il y a aussi un intérêt à juste admirer quand même. On a un certain respect pour l’ouverture d’une boîte comme ça.

Thomas : Celle-là elle est dans le livre, elle est géniale, je trouve ! La dame avec toute sa collection de poupées, plus les deux fusils ! Pas du tout, pas du tout flippante.

A.H : Le beau papier peint à motifs…

Laurent : Il y a un photographe, il y a pas longtemps, qui a fait une… Un travail sur les armes aux Etats-Unis et donc en fait, il va dans des maisons, il leur fait aligner toutes leurs armes et des fois ils sont genre 150, littéralement, et il est met genre dans la situation de vie quotidienne donc il y a un enfant au milieu avec un tricycle et 50 fusils d’assaut autour.

A.H : Donc c’est assez historique aussi puisque “Mémoire du Siècle Futur” c’est la première commande du CRP, en 1983.

Thomas : Du coup, pour ceux qui découvrent, c’est des tirages originaux faits par l’auteur, et cetera. On est sur le vrai de vrai. Ouais ! Qui sont en plus des tirages argentiques je pense vu l’époque ?

A.H : Oui, tout à fait. Et en plus Thierry Girard, c’est quelqu’un qui a une très grande maîtrise hein ? C’est un technicien donc on sent vraiment aussi la prouesse dans le tirage.

Laurent : On voit… Bon, alors ça se traduit comme on peut en vidéo : pas trop mal, mais pas évidemment autant qu’en vrai. Voilà, on voit la qualité du tirage quand on est devant. C’est toujours sur différents en vrai.

Thomas : Et ces images seront exposées dans le cadre des quinze… Quinze expositions que vous faites prochainement ?

A.H : Alors, pas… Pas cette série de Thierry Girard mais vous pourrez voir son travail avec le travail de trois autres artistes, justement, dans la programmation du Festival les Photaumnales. À Noyon en Picardie, donc les Photaumnales cette année, la thématique c’est : cartographie. Et nous, on a proposé une exposition qui parle de la frontière puisque la frontière c’est un élément important de la carte. Et donc on confronte le travail de Thierry Girard avec celui de Michel Vanden Eeckhoudt, de Anne-Marie Filaire et de Olivo Barbieri, un artiste italien qui a aussi réalisé une commande pour le CRP. Et tous les quatre ont pour point commun d’avoir travaillé sur la frontière entre la France et la Belgique, lieu qui est quand même très important quand on est à Douchy-les-Mines, on est finalement pas très loin de la Belgique et les photographes avaient à cœur d’explorer en fait cette ligne, de comprendre ce que c’est qu’une frontière visuellement. Et donc on peut retrouver le travail de ces artistes à Noyon à la galerie du Chevalet.

Thomas : Donc je sais pas si c’est son premier travail, mais ce sont les premières photos qu’il a fait dans la région et du coup, on a des choses plus récentes à découvrir prochainement. La boucle est bouclée.

Qu’est-ce qu’on ouvre après ? Tout ?

Laurent : En fait, on a bien avancé mais pour ensuite passer 2 h dans la réserve, c’était ça !

A.H : Moi, je peux proposer quelque chose ? Sibylle Bergemann que j’aime beaucoup, en fait il y a très peu de femmes dans la collection… Ah ba carrément ! Mais c’est vraiment un bijou pour moi. Alors, c’est une boîte que vous avez souhaitée nous montrer. Qu’est-ce que c’est ? Oui, c’est le travail de Sibylle Bergemann qui est une photographe allemande et qui a fait cette série qui s’appelle “Monument” et qui est un travail sur Berlin. Berlin, justement, comme son nom l’indique, autour de : “Qu’est-ce qu’un monument ?”  Un monument, c’est une trace. C’est la mémoire d’une histoire. Et on sait que Berlin a quand même cristallisé beaucoup en termes d’histoire. Et Bergemann elle est de l’école Ostkreuz, qu’est une école photographique allemande que j’aime beaucoup, qui est assez assez frontale, assez… Assez radicale.

Thomas : Il y a des petits détails intéressants dans le ciel je ne sais pas ce que c’est. C’est le tirage qui a vieilli comme ça ?

A.H : Je pense que c’est au niveau du tirage.

Thomas : D’accord, c’est elle qu’a choisi de le mettre… De le conserver. C’est des travaux qui datent de quelle époque à peu près ?

A.H : Ça c’est années 80. D’accord. Peut-être qu’il y a une date derrière d’ailleurs… Non. Et ce travail est présenté avec le Goethe-Institut de Lille. D’accord. Dans le cadre des 40 ans.

Thomas : Donc lui, il sera visible pour le coup ?

A.H : Oui !

Thomas : On l’a en avant-première ou si vous vouliez faire les quinze expositions, ça en fait une de moins à faire du coup !

A.H : Là, je présente des tirages de Jean Marquis qui est un photographe français, qui était à l’agence Magnum notamment. Et donc on a dans la collection un fond assez important de cet auteur avec des thèmes très très variés. Autour du monde ouvrier, vous souligniez tout à l’heure l’importance de cette thématique dans les collections, autour des zones portuaires… Il y a aussi des séries à l’autre bout du monde en Inde par exemple, en Hongrie aussi…

Thomas : C’est des tirages ont déjà été exposés ?

A.H : Oui ! Oui, oui, tout à fait ! Ou au CRP ou à l’extérieur, hors les murs.

Thomas : Tout ça, c’est des images qui datent des années 60, c’est ça ?

A.H : Oui !

Thomas : Je trouve qu’on sent un peu l’écriture de l’époque dedans.

A.H : Oui ! Ben tout à fait, c’est un peu plus ancien que la majeure partie du fond, qui est quand même un fond des années 70-80 pour la plus grande partie mais… Mais là, on reconnaît bien les sixties. D’ailleurs, quand je dis ça, ben voilà !

Thomas : On ne peut pas faire plus, effectivement, sixties qu’une jeune fille avec une photo de Johnny Hallyday et cette coupe ! Une choucroute ! Cette coupe de cheveux fort élégante.

Laurent : Parfait pour maquiller un Martien dans “Mars Attaque !”

Thomas : Ah oui, le cliché du… Des Pin-up et des cheveux gominés. Le petit col remonté. Faudrait qu’on cherche, qu’on fasse un look book pour nos prochaines vidéos à partir des tirages du CRP.

A.H : Bon la sidérurgie qui est très très présente aussi dans les collections, tout comme la mine.

Donc là, le photographe descend hein, clairement avec les mineurs et il est l’un des leurs. On voit d’ailleurs très bien ici.

Thomas : Sinon, il utilise un vieil appareil Canon télémétrique donc pour la mise au point dans la mine ça devait être tellement une horreur. C’est une autre époque hein ?! Une autre solution c’est de pas la faire.

A.H : On est dans le bassin minier hein ? Donc ça fascine aussi beaucoup.

Thomas : Ça me fait penser sur certaines images, ça, des travaux un peu de Lewis Hine sur l’industrie, l’industrie anglaise je pense qu’en fait, sa photo connue de la grande roue qui vissait…

A.H : Ben Lewis Hine, c’est la Photo League aux États-Unis, donc un regard très social et on peut dire qu’on a eu une écriture française aussi très portée sur la représentation de l’homme au travail. Et ça, c’est clairement une caractéristique de la collection du CRP.

Thomas : Celle-là est magnifique.

A.H : Ce serait bien qu’on montre de la couleur après, non ?

A.H : On a 600 tirages de Bernard Plossu alors je pense qu’on doit avoir ça ! Mais sinon, il y a quelque chose je ne sais pas si c’est très simple à filmer, mais les… Ah celle-là, je l’adore, elle est magnifique. C’est… C’est les cibachromes, les tirages très très brillants d’époque qui, ben sont pas très simples à filmer mais qui…

Laurent : Donc là, on est sur quelque chose de difficile à filmer. Enfin là, ça va hein ? Mais c’est juste qu’en fait le rendu ne va pas forcément… Enfin, si ça va sur le côté on voit quand même un petit peu que c’est quasiment un miroir. On voit le reflet des gants en fait. Donc, non mais c’est bien parce que du coup, on voit le… On voit que c’est vraiment un tirage qui est très… Qui est très brillant. Et donc, ben est-ce que vous pouvez nous parler de, peut-être, de la technique et puis du travail aussi, évidemment.

A.H : Oui ! Alors là, c’est une série de Jean-Pierre Parmentier qui s’appelle “Littoral”, donc qui est réalisée en cibachrome et le cibachrome c’était une technique très à la mode dans ces années, les années 80. Très brillante, on le voit hein ? Il y a un espèce de… C’est miroir quoi vraiment. Et ça permettait aussi d’avoir des rendus de couleurs très particuliers.

Thomas : Très dynamiques, très, très vives.

Laurent : Ouais, c’est vraiment, bon là encore, c’est pas quelque chose que je pense, percevrai forcément autant en vidéo, même si on va essayer de le montrer mais c’est quand même très… Bon, là, on voit bien la brillance sur cette image-là, mais ce qu’on voit peut-être un peu moins, c’est le… C’est les couleurs je pense, c’est fabuleux. On voit à quel point ça met vraiment en valeur la saturation des couleurs. On est vraiment sur des… Ça met en valeur des rendus quand même assez saturés.

Thomas : De mémoire c’est une technique qui est aussi utilisée par Harry Gruyaert. Il l’a beaucoup fait ce qui fait sens vu son travail je pense.

Laurent : Ben c’est vrai que pour là, en plus, le thème du littoral, l’aborder avec ce procédé, c’était…

A.H : Oui. C’était bien de pouvoir combiner un procédé de saturation. À quel point ça brille. Oui. Et c’est un procédé qui manque aux photographes hein, d’une certaine génération avec lesquels je discute parce qu’on peut, on ne peut plus réaliser de…

Thomas : Ça pollue trop, c’est ça ? De cibachrome.

A.H : Mais il y a plus le papier, il y a plus ce qu’il faux en fait, c’est plus produit. Donc c’est, je sais que ça manque à certains, à certaines personnes d’une certaine génération. Mais c’est extrêmement fragile aussi.

Thomas : C’est ce que vous disiez tout à l’heure quand on a cherché les cibachromes que certains que vous avez avaient un peu vieillis, étaient un peu passés. C’est peut-être compliqué à conserver, c’est ça ?

A.H : Oui, ça aussi, ben ça subit le temps qui passe. Mais mais c’est aussi enfin vraiment, à chaque fois qu’on les sort, qu’on les met, qu’on les expose. faut… faut, faut, faut Faut contrôler quand même toutes les conditions puisque là vous respirez devant : vous l’abîmez en fait.

Donc majoritairement la collection est aussi noir et blanc sur ce sur de l’argentique enfin, un tirage avec des formats aussi qui sont très standards pour l’époque. Mais on a, on a quelques belles séries en couleurs, notamment avec ce procédé cibachrome où même quand vous n’avez pas vraiment de grosse palette de couleurs, je trouve le résultat tout de même très impressionnant.

Laurent : Ben merci beaucoup de nous avoir montré tous ces, tous ces beaux tirages. C’est un moment assez précieux on a beaucoup de chance d’avoir vu ça. Et, bon, alors vous les avez vu en vidéo, mais quand même, vous avez vu les coulisses. Et ce n’est pas la dernière fois qu’on se retrouve dans ces réserves puisque dans la vidéo de la semaine prochaine, on va y revenir pour quelque chose de complètement différent. On vous en dit pas plus, vous verrez !


LaBOX – espace de médiation

Laurent : Donc pour terminer cette vidéo, on est dans un dernier lieu du CRP qui est juste dehors en fait, est-ce qu’on peut en parler une seconde ?

A.H : Oui, là, on est sur la place des Nations, donc juste en face du bâtiment principal qui est une ancienne poste. L’idée de LaBOX, ça s’appelle LaBOX, donc c’est deux containers reliés par une baie vitrée mais c’est d’être ouvert sur la ville, ouvert sur la place, accessible aux gens. C’est ici qu’on fait la majeure partie de nos actions de médiation, de nos ateliers et c’est vraiment un lieu pensé pour ça.

© CRP

Laurent : Ok ! Super ! Ben écoutez, merci beaucoup ! Merci à vous ! On a appris plein de choses aujourd’hui, alors rappelons peut-être… On a vu plein de choses aussi ! C’était chouettes ! Les tirages là : Wahou ! Et ben donc rappelons peut-être les rendez-vous qui arrivent dans les semaines à venir puisque ben, quand même, maintenant que vous avez vu en vidéo, vous avez peut-être envie de venir voir en vrai donc allons-y !

A.H : Ben avec plaisir, on vous recevra avec plaisir au CRP. Les rendez-vous sont principalement autour des 40 ans, donc avec les quinze lieux d’exposition partout dans les Hauts-de-France que vous pouvez retrouver sur notre site internet. L’exposition en cours aussi, ici, au CRP, est accessible gratuitement et donc bienvenue !

Thomas : Et pour ceux, alors, peut-être un petit rappel pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer parce que vous habitez à Perpignan et que vous êtes très motivé, mais que Perpignan, ça reste loin et on comprend, votre catalogue est accessible en ligne, vous avez un e-shop en ligne et cetera. Avec vos productions, peut-être aller jeter un coup d’œil et évidemment, les réseaux sociaux du CRP pour suivre un peu ce qu’ils font, le contenu…

Laurent : Tout ça, tout ça est en description de toute façon ! Et puis on se retrouve la semaine prochaine pour une deuxième vidéo au CRP où je vous dis pas du tout de quoi on va parler, mais normalement vous allez halluciner ! Eh ben à la semaine prochaine et d’ici là, à bientôt et bonne photo !

► Toutes les infos sur le CRP :
Le site internet
L’ exposition “40 ans de photographie au CRP”
Le laboratoire de photographie argentique 
La boutique
Instagram du CRP
Le jeu “Les mots du clic” par Stimultania

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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