La photographie est une activité absolument géniale pour tout un tas de raisons. Mais c’est une passion qui peut coûter cher, très cher. Alors quand j’achète des accessoires à priori formidables et que je me rends compte après coup qu’ils ne servent à rien, j’ai la désagréable sensation d’avoir gaspillé mon argent. Pour vous éviter cela, c’est avec plaisir que je partage les quelques erreurs que j’ai pu commettre.
J’accueille aujourd’hui Régis Moscardini, du blog Auxois Nature, qui traite comme son nom l’indique de photo nature. N’hésitez pas à aller le visiter 😉 Il m’a proposé d’écrire cet article invité, je lui laisse donc la parole sur ce sujet qui devrait vous faire économiser des sous 😉
1. Poire soufflante avec pinceau
C’est l’outil emblématique du photographe. J’ai toujours vu mon père avec une poire dans ses accessoires photo ! A l’observer, cela semblait indispensable : un coup sur la lentille avant la prise de vue, un coup dans le compartiment de la pellicule ( c’était à l’époque 😉 ) un coup dans le viseur pour … pour quoi d’ailleurs ? Aujourd’hui, c’est à mon tour de pratiquer la photo, et je me demande bien ce que pouvait trouver mon père à cette fameuse poire. Évidemment, je l’ai achetée moi aussi, et elle avait même au début une place de choix dans mon sac ! Sauf que je me suis vite rendu compte qu’elle ne me servait à rien. Pour deux raisons :
- la puissance du jet d’air n’enlève rien. A la rigueur les poussières les plus fines, mais les vraies saletés, celles que l’on veut vraiment voir partir sont toujours bien accrochées à la lentille.
- Du coup, pour pallier ce manque de puissance, les fabricants de poires ( les poiriers ? ) ont eu la merveilleuse idée de fournir un pinceau à fixer à la poire. Le principe ? Les saletés récalcitrantes seront impitoyablement enlevées à grand coup d’air et de poils de pinceau. C’est une fausse bonne idée : les poils laissent des traces et leur « texture » est tellement souple pour ne pas rayer les lentilles qu’ils n’enlèvent au final pas grand chose.
Mince ! Vous l’avez déjà acheté ? Pas de problème, je vous propose une solution très écolo : réutilisez votre poire soufflante d’une manière surprenante :
- remplissez votre poire de sucre glace
- emportez avec vous la poire sucrée 🙂 et servez vous-en pour connaître la direction du vent en appuyant dessus : le nuage de sucre glace vous indiquera le sens du vent. C’est vrai que cette astuce est surtout pratique pour les photographes animaliers, un peu moins pour les autres ;).
- vous pouvez retrouver cette astuce et bien d’autres dans le DVD « le secret des photographes animaliers » dont je fais le test complet dans cet article.
Economie réalisée : 7,90 € pour l’achat de la poire soufflante KAISER
2. Filtres UV
Ils permettent de protéger les lentilles des objectifs, mais nous allons voir qu’ils peuvent nuire à l’image finale.
Qu’est-ce qu’un filtre UV ?
- C’est un disque de verre spécialement traité de même diamètre que votre lentille frontale qui vient se visser sur votre objectif.
Quel est le rôle d’un filtre UV ?
- Comme son nom l’indique, cette couche supplémentaire ne laisse pas passer les rayons UV. Chouette, c’est pour protéger ma lentille des coups de soleil ? Pas du tout, c’est censé donner à vos images plus de piqué, surtout pour les photos de paysages.
- En plus de cette fonction de base, il protègera la lentille frontale des poussières, chocs, et autres désagréments.
Cet accessoire n’a donc que des qualités, il m’en faut à tout prix ! Et bien non. Il y a plusieurs raisons à cela :
- vous vous êtes déjà saigné aux quatre veines pour vous offrir reflex, objectifs, trépied, inutile de dépenser encore trop pour ce filtre qu’il vous faut quand même. Alors vous achetez le premier prix : grave erreur. Cette nouvelle couche de verre de mauvaise qualité vous fera perdre une bonne partie des qualités optiques de vos objectifs. A vous la perte de piqué et les reflets gênants.
- Je vous ai convaincu de ne pas acheter de filtre UV premier prix? Super alors vous vous précipitez sur le plus cher, donc le mieux, avec super verre traité et tout et tout. Deuxième grave erreur : la formule optique de votre précieux objectif est le résultat de recherches importantes, n’allez pas mettre un bout de verre, aussi bon soit-il, sur votre caillou de plusieurs centaines d’euros ! Cela peut produire des déformations, certes minimes, mais réelles.
- Comme moi, j’imagine que vous tenez à votre lentille frontale d’objectif comme à la prunelle de vos yeux. Vous la bichonnez, la protégez dès que possible et vous ne l’avez pas encore rayée. Bravo et croyez moi , vous ne la rayerez pas ! Votre lentille UV protectrice est encore une fois superflue.
Cette fois-ci je sens bien que vous êtes convaincus. Sauf que vous vous interrogez sur la façon de protéger la lentille en utilisation !
- Utilisez systématiquement le pare soleil.
- N’oubliez jamais de remettre le bouchon d’objectif.
Economie réalisée : 19,90 € pour l’achat du filtre HOYA filtre UV HMC 58 mm
Note de Laurent : Je n’ai pas de filtre UV pour mes optiques, mais je pense qu’il peut être utile dans certaines situations particulièrement risquées, comme à la mer par exemple (le sable et les embruns peuvent rayer la lentille de l’objectif). Je me souviens aussi d’un collègue photographe en concert qui était juste devant le chanteur d’un groupe de punk quand il a décidé de cracher son eau sur le public 😛 Il a eu le cliché (pas moi :'( ), mais il était bien content d’avoir un filtre UV pour le protéger 😉
Si vous souhaitez en savoir plus, j’ai écrit un article au sujet des différents filtres photo 😉
3. Un télé convertisseur
Un télé convertisseur (appelé aussi multiplicateur de focale, doubleur de focale ou enfin extender chez les Anglais) sert à augmenter la puissance de votre téléobjectif. Vous en avez assez de vous contenter d’un 300 mm ? Un multiplicateur de focale x 2 monté sur votre 300 mm le transformera en un redoutable 600 mm à moindre coût, en tout cas bien moins cher que de vous acheter un 600 mm …
Ça n’est, encore une fois, pas aussi simple que cela. Car ce que vous gagnez d’un côté ( une plus grande focale), vous le perdrez ailleurs. Où exactement ? Et bien c’est la même problématique que pour les filtres UV : ce sont des couches de verre supplémentaires que vous ajoutez à un ensemble optique.
- Vous perdrez une partie de la lumière qui ira sur votre capteur. Conséquence, là où vous shootiez au 1 / 250 s au 300 mm, vous vous contenterez au mieux d’un 1 /125 s au 600 mm et cela rendra votre sujet flou surtout s’il est en mouvement ( un oiseau par exemple)
- Vous ferez une croix sur le piqué de vos photos qui faisait un effet waou sur vos fans. Monter un tel accessoire sur un objectif moyen de gamme n’est vraiment pas recommandé : il faut avoir à la base un objectif top niveau pour ne pas que la perte de piqué soit rédhibitoire.
- L’utilisation d’un trépied sera indispensable : n’espérez pas à 600 mm faire des photos à main levée sans avoir du flou de bougé, c’est impossible sauf à avoir des vitesses de l’ordre du 1 / 1000 s mais on l’a vu, avec un extender, c’est compliqué.
Vous l’aurez compris, à moins d’avoir un objectif professionnel, ajouter un multiplicateur de focale, même de bonne qualité, à votre objectif serait une erreur. Vous seriez déçu du résultat et votre accessoire finira au fond d’un tiroir.
Economie réalisée : 279,90 € pour l’achat du multiplicateur Sigma 2× DG APO EX
Note de Laurent : Je n’ai pas testé moi-même, mais j’ai pu lire que le multiplicateur x1.4 de chez Canon est d’excellente qualité. A tester ?
4. Acheter votre sac photo précipitamment
Attention, je n’ai pas dit qu’il ne fallait pas acheter de sac photo, au contraire, il vous en faut un. C’est très important. Je dis simplement qu’il ne faut pas se précipiter pour l’acheter.
Le pire serait de le prendre en même temps que votre appareil. Les vendeurs sont assez doués pour ça, mais on n’a pas besoin non plus d’eux pour faire la même chose sur internet ( « ces produits pourraient aussi vous intéresser! » vous voyez ce que je veux dire 🙂 )
Je vous conseille d’attendre. C’est seulement après quelques mois de pratique que vous saurez vraiment ce qui est bon pour vous. J’avais acheté très vite le sac AmazonBasics que je pensais conçu pour moi : je pouvais y mettre mon PC portable, mon appareil, les objectifs et des accessoires. Sauf que mon portable n’y a jamais vraiment trouvé sa place et que j’utilisais ce sac pour la rando photo, pas vraiment prévu pour. Alors j’en ai acheté un nouveau, de la parque Lowepro, mais taillé cette fois pour la rando : le Lowepro Flipside 500 AW. Et c’est peut-être le meilleur achat que j’ai fait. Conclusion, j’ai acheté deux sacs de 120 € et 140 € : avec de la patience, j’aurais pu économiser 120 €.
Economie réalisée : 120 € pour l’achat du sac Lowepro CompuDaypack
5. Acheter un BeanBag
Un quoi? Littéralement, un beanbag est un sac haricot. Non pas qu’il ait la forme d’un haricot géant, mais c’est qu’il est rempli d’haricots. A quoi cela sert-il ? A caler votre appareil sur n’importe quel support : toit de voiture, tronc d’arbre, muret, …
C’est pratique, c’est utile, c’est facilement transportable ( on vous le vend vide, ce sera à vous de le remplir sur place), que du bon ! Ca c’est sur, il vous le faut ! Mais ne l’achetez pas, faites le vous-même car c’est ni plus ni moins qu’un sac à remplir de fèves.
Cherchez un peu et vous trouverez bien chez vous un sac en coton. Remplissez le de haricots ( magiques si vous voulez, mais surtout bien secs hein ! 😉 ) et fermez-le. Il n’y a rien de plus simple et de plus économique.
Economie réalisée : 20 € pour l’achat du Bean bag en cuir
Conclusion
Total des économies réalisées : 447,7 €.
Cette somme est le prix d’un reflex d’entrée de gamme ou de l’excellent SIGMA 50mm f/1,4. Vous voyez, si vous avez près de 500 € à dépenser, préférez investir dans un bon objectif pour compléter judicieusement votre collection plutôt que d’acheter des accessoires que vous oublierez vite !
Si cet article vous a plu alors vous aimerez peut-être le guide d’achat que j’ai écrit pour ceux qui souhaitent débuter en photo nature. En vous abonnant à mon blog, je me ferai un plaisir de vous l’envoyer.
Et n’oubliez pas de partager l’article ! 🙂
Poire soufflante et sac en commande, même pas encore arrivés à la maison. Padawan de la photo, je suis.
Très bons conseils !
Sauf pour le “beanbag”, j’en ai fait la triste expérience, mon Leica S à été détruit !!!
J’avais rempli ce sac avec des haricots comme il se doit, mais c’étaient des haricots “sauteurs”, j’ai retrouvé mon Leica à plus de 10 mètres, alors, faites gaffe les gars….
Bonjour et merci pour ces conseils.
C’est la poire soufflante qui m’a fait arriver sur cet article, j’étais sur le point d’en acheter une… Je viens d’acquérir un hybride (donc sans miroir), et je vais partir l’an prochain au Botswana. Les changements d’objectifs vont sans doute se faire dans le 4*4, dans un pays un peu poussiéreux, n’est-ce pas une bonne idée de mettre un coup de soufflette à chaque montage démontage d’objectif ? ou est-ce totalement inutile ?
Merci d’avance pour tes conseils
Bonjour Daniel,
De mémoire cette vidéo répond à ta question et même au delà 😉
Bonjour,
Il me semble avoir vu une vidéo de ton départ en Afrique où tu as acheté un bean bag ……
Je me sens d’humeur taquine ce matin….
Il n’y a pas de date sur les articles, en conclusion il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis …..à voyage exceptionnel, mesure exceptionnelle
Je me suis fait mon bean bag mais par contre dès micro billes dedans c’est mieux et plus malléable à utiliser
Bonjour Lou,
C’est vrai que cet article contredit un peu le choix du bean bag de Laurent pour le safari.
Cela dit,
1. il n’y a que les idiots… on est bien d’accord 🙂
2. Ce n’est pas Laurent mais Régis Moscardini qui a la parole dans cet article 😉
Ah oui c’est moche de lire l’article avec énormément d’attention sans regarder qui en est l’auteur
Mea culpa
Très bon article, je regrette juste de ne pas l’avoir lu plus tôt! Ça m’aurait évité de commettre certaines de ces erreurs, très fréquentes je pense. Avec l’expérience, il y aurait d’autres choses à rajouter 😉
On achète aussi souvent du matériel qui finalement reste sur l’étagère car le besoin a été mal ciblé !
Bonjour, comment faite vous pour supprimer le trop plein d’UV en montagne ?
et surtout par temps de neige, on a un excès de bleue alors que notre œil ne les perçoit pas. Ce qui fait que la photo ne reflète pas la véritable image.
Bonjour!
C’est une histoire de balance des blanc 🙂
Je te conseille cet article qui répond à ta question et peut-être même à d’autres que tu vas bientôt te poser 😉
à bientôt!
Très simple, il suffit d’enduire la lentille avec de la crème solaire et hop, c’est nickel !
L’activité physique, le temps que l’on s’accorde, les voyages et la façon dont on prend soin de soi sont la clé du de l’épanouissement.
Bon conseils, comme d’hab’… Oui, il vaut mieux préserver ce budget pour l’investir dans un 50mm ou un télé de qualité. C’est fou comme un objectif peut tout changer même avec un boîtier soit-disant dépassé et “pourri” …
J’ai commencé la photo il y a 35 ans avec un Minolta XG1+45mm. J’ai toujours monté des filtres UV de qualité parce qu’on m’avait expliqué que (…). Bref. Combien de filtres UV ai-je pu rayer ou casser au cours de cette période? Absolument aucun.
Je photographie en pleine nature, dans des endroits très sablonneux, dans des grottes et si je préserve mon “pépère”, il lui arrive de frotter un peu. Pour éviter cela, je le protège parfois avec des trucs de fortune bricolés en fonction de la situation.
Mon D80 vit encore après des années de bons et loyaux services. Il a pris le sable, la flotte, les embruns, etc. Il n’a jamais failli. Je regrette l’achat de mon K-5 dit tropicalisé. Il ne m’a finalement rien apporté par rapport à mon “excellent” D-80 que j’avais parfaitement en main et que je réglais en aveugle.
Même après tant d’années on continue de faire des co…. et de se laisser bercer par les sirènes du plus, de la technologie, du prétendu indispensable. Un peu comme si, inconsciemment, on attribuait notre manque de créativité et de technique aux limites de l’appareil. Bêtise, bêtise….
Franchement, revenons à l’essentiel et aux fondamentaux.
On parlait d’Arles dans ces pages et Laurent vous aviez cité Willy Ronis. “Bizarrement” l’une de ses photos nous prend les tripes à tous les deux (et probablement à bcp d’autres et s’il n’y en avait qu’une…).
Je serais curieux de savoir ce qu’il a pu utiliser comme matériel et s’il se baladait avec 10kg sur les épaules pour réaliser ces clichés d’une force bouleversante et d’une technique accomplie ?
Ah du Rolleiflex et du Foca 35mm, c’était quoi ces “daubes” ? 🙂 Des trucs sur lesquels il n’y avait probablement pas de filtre UV…
http://www.monolympus.com/t3963-les-appareils-photos-de-willy-ronis
Merci Laurent de nous permettre de nous lâcher un peu… Et merci pour ce site vraiment très bien. Bonne journée à vous tous.
Je suis contente de savoir que la Poire soufflante avec pinceau ne me sera pas utile. Je ne l’ai pas acheter mais j’étais sur le point avant de lire cet article. Mais alors, comment nettoyer son objectif?! Je suis une grande photographe amatrice, j’ai 16 ans et j’ai se problème très fréquemment, comment nettoyer mon objectif?!
Merci pour les conseils ,je suis pas un technicien photo ,mais on m’a toujours appris que quelque soit le domaine un multiplicateur ne peu multiplier ce qu’il reçoit ,s’il reçoit de la merde il multiplie de la merde et vice versa avec de la qualité .Pour la poire je suis bien content lors de photos ou il y a de la poussière en extérieur de passer un coup de soufflette sur mon matos avant de le ranger ,et la proctection du filtre il y en a qui en sont content . Comme quoi qu’il n’y a pas de science exact et c’est bien comme ça !
Cordialement
Bonjour
Est-ce que quelqun peut me conseiller un site pour acheter du matos afin de nettoyer son boîtier ? Beaucoup de sites en vendent mais je sais que la plupart vendent des choses inutiles ou de mauvaises qualité. Je voudrais qu’on me conseille quoi acheter svp pour nettoyer le capteur (au moins 1 fois par an) la lentille, l’objectif et le boîtier qui est plein de poussière. J’ai une tâche sur la lentille et je sais qu’elle ne partira pas avec un chiffon microfibre car elle trop incrustée, il y a quoi pour humidifier un peu ?
Merci.
Alors pour le sac je suis d’accord, je possède un EOS 650D depuis plus de 3 semaines (mon 1er reflex en occaz) et j’ai renvoyé 3 sacs photos avant de trouver le “bon”.
Pour le filtre UV oui et non, oui sur votre principe mais non car comme vous le précisez la poussière embruns sable etc sont très présent dans ma région. j’ai hésité longtemps 1 semaine avant de m’acheter un filtre UV 72 mm (et ça coûte vite cher) et j’ai bien été content lors de ma 2eme sortie de l’avoir car fort Mistral poussière de partout et la poire m’a bien dépanné aussi (mais plus pour nettoyer le boitier que la lentille). Pour nettoyer l’objectif un pen carbone est magique en effet. Le pare soleil protègera des coup accidentel. Donc pour mon 50mm fixe je m’en passe et j’ai commandé un pare soleil chinois à la place du filtre UV. Donc si cet article était sorti 2 semaines plus tôt j’aurais économisé le prix du filtre Hama UV 72 mm (payé à 50%). Ce qui m’aurait payé une bonne partie du seul filtre qui me sera utile un filtre polarisant Hoya pro…
Petit oubli. Pour ce qui est de l’usage de la poire, à l’extérieur j’ai un genre de stylo-pinceau prévu à cet effet, sachant qu’avant et aprés j’utilise, avec précaution, l’air comprimé…
A bientôt, car vos conseils sont très utiles.