La nature, cet artiste…
La nature est d’une richesse infinie en contours et en espaces. Les formes que l’on peut observer dans la nature sont la base de l’approche illustrative et créative d’Andrew Loomis. Ce dernier est un fameux illustrateur qui a rédigé des ouvrages très pédagogiques sur l’apprentissage du dessin dont vous verrez quelques extraits dans cet article. (Note de Laurent : ouvrage tombé dans le domaine public 😉 ) Si vous examinez un paysage, vous verrez que les formes se croisent, se suivent, se chevauchent… Cadrer cet espace (avec un appareil photo par exemple) permet de révéler cette harmonie des lignes qui composent l’environnement. Un petit exercice simple à réaliser pour apprendre à repérer ces courbes est de les tracer sur vos images. De cette manière vous aiguiserez votre œil et aurez un sens de l’observation plus précis. Vous pouvez aussi rechercher dans le paysage des éléments qui ressemblent à des lettres alphabétiques ou à d’autres symboles pour rendre vos compositions plus organisées.La recherche de l’équilibre
Pour qu’une image soit agréable à l’œil, elle a besoin d’équilibre. Le souci c’est d’obtenir cette harmonie sans avoir recours à des axes de symétrie rigides et purement géométriques. Donc comment obtenir une image qui semble équilibrée avec des courbes par exemple ? Je dois vous dire que l’équilibre est en fait affaire de jugement relatif. Il ne tient qu’à nous de décider si on doit déplacer une forme, la placer dans un espace moins contraint, plus aéré ou si elle doit chevaucher un autre élément dans l’image… Néanmoins il y a certaines règles que l’on applique dans un dessin qui peuvent servir à faire des clichés harmonieux. Une qui a son importance, c’est de ne pas avoir deux éléments identiques sur le même plan (préférez plutôt un nombre impair) qui se chevauchent ou qui soient juxtaposés. Si vous avez deux éléments identiques, essayez dans la majeure partie des cas, de les disposer dans chaque coin de l’image. Entre deux formes de hauteur et de largeur différentes, on veille à bien laisser l’espace entre les deux en aérant le centre de l’image. La ligne médiane de l’image est comme le point d’équilibre d’une balance et chaque forme doit être disposée de part et d’autre de cette dernière.Attention tout de même à ne pas tomber dans ce piège…
Si vous utilisez une perspective géométrique, vous pouvez mettre un personnage à «la place d’honneur», c’est-à-dire le point de convergence des lignes fuyantes. Se faisant, c’est un peu comme si tout le paysage convergeait vers lui. Du coup, il occupera toute l’attention. Mais par contre veillez à ne pas commettre cette erreur qui est de placer le point de fuite et le personnage en plein milieu de votre image. Comme l’a expliqué votre rédacteur régulier Laurent (note : dans l’article sur la règle des tiers par exemple), une photographie symétrique est ennuyeuse, il en est de même dans un dessin. Préférez utiliser une des dispositions ci-dessous à la place.Comment circule le regard dans une image
C’est tout l’enjeu de la photographie, de la peinture et du dessin. Autant dire que le cheminement du regard dans une image est important. Et pour cause ! Le chemin que prendra le regard du spectateur déterminera pour beaucoup comment il va s’approprier votre image et comprendre (ou non) ce que vous voulez faire passer à travers elle. Dans une bonne composition, l’œil doit pouvoir faire un cheminement précis entre les éléments de l’image. Dans celle-ci par exemple, le personnage se trouve à l’extérieur, sur une plateforme sans relief, du coup l’image est très aérée et les lignes de construction sont très visibles. Néanmoins on peut aussi rendre cette image moins monotone en y ajoutant des « obstacles au regard », des zones de hors-champ. En général, le regard entre dans une image par le premier plan (donc par le bas) et ressort par l’arrière plan. Mais ici, les buissons constituent des obstacles au regard. L’œil suit le chemin jusqu’au personnage et au moment où il s’apprête à sortir de l’image. Hop ! Une branche avec des feuilles lui fait faire demi-tour pour revenir une fois de plus vers la zone de la maison avant de sortir par le haut. Sur ce dernier exemple, l’œil rentre toujours par le bas. Il arrive sur le bateau. Il fait un détour vers le petit ponton ou alors s’arrête sur les montagnes. Il continue son ascension, fait une observation des oiseaux puis sort de l’image. Vous remarquez que le sujet principal (le personnage et sa barque) est le centre d’attention pendant un petit instant. Cette attention est ensuite reportée sur les reliefs du paysage en arrière plan. En même temps que ceux-ci poussent le regard à sortir par l’espace ouvert, ils succèdent au premier sujet de la photographie (la petite barque). Les zones importantes de l’image se succèdent grâce à l’enchainement des différents plans.Des exceptions sinon ce serait ennuyant !
La règle de la sortie du regard par le haut n’est pas toujours vraie. Il y a des exceptions et en voici une en peinture.La dentelière de Vermeer.
Pourquoi Vermeer ? Les spécialistes s’accordent à dire qu’il utilisait une chambre noire pour peindre ses sujets. C’est donc un artiste qui a un rapport direct avec le procédé photographique pour composer ses tableaux. C’est aussi un peintre que j’aime particulièrement. Il n’a pas produit énormément de tableaux de son vivant et sa vie est à l’image de ses toiles : énigmatique. Vermeer a peint quelques vues de Delft mais la majorité de ses sujets sont des scènes d’intérieur. Un environnement clos, avec très peu d’éléments habilement placés pour orienter le regard du spectateur. Et ce, tout en donnant une impression de concentration qui émane de cette femme en plein travail. Démonstration. L’œil entre par le premier plan du tableau (au passage vous pourrez remarquer l’imprécision du geste utilisé pour rendre les filaments du coussin), il remonte le long du bras de la jeune femme, passe par le coin de son visage pour finir par arriver aux mains qui tiennent le fil. Comme éventuelle porte de sortie, Vermeer a utilisé le bout de la table de travail et la fait descendre jusqu’en bas du tableau. Notez la précision avec laquelle le fil à été peint contrairement à l’environnement. Voilà, j’ai fait un tour des notions les plus importantes et des plus simples à retenir en ce qui concerne la composition d’une image. Je ne vous cache pas qu’il y a encore beaucoup de choses à dire sur le rapport entre la photographie et les arts picturaux/graphiques. Proust a dit une chose que j’aime beaucoup, “Le seul véritable voyage n’est pas d’aller vers d’autres paysages, mais d’avoir d’autres yeux.” J’espère donc que le périple que je vous ai proposé à travers mes domaines de prédilection vous a plu et vous apporte un nouveau regard pour vos futurs clichés.
Super article 🙂
Un blog qui est bien construit et on voit la passion aha
J’ai aussi créé le miens sur les soins cheveux et accessoires pour cheveux comme bandeaux, serre tete, chouchous, foulards etc…
God bless
un article super intéressant ! merci laurent !
génial ton tuto, simple, efficace, ludique, sans fautes d’orthographe, bref un pur petit bonheur
Très intéressant et profitable votre article, sans oublier votre petit passage sur Vermeer. J’aurais bien aimé connaitre vos réflexions concernant Van Gogh par exemple.
Mon regard n’a pas toujours commencé sur les mêmes zones que vous,(chacun sa propre sensibilité, sa propre perception je suppose) mais en gros il faut reconnaitre que les cheminements se ressemblaient.
Merci pour vos conseils.
Cordialement.
Christian
j’ai beaucoup aimé cet article.
Ouais super article….. complètement pompé dans des bouquins !!!.
Le minimum serait de citer les auteurs et de référencer les images également copiées.
Merci pour cet article qui croise les genres.
Petite remarque, qui aime bien, châtie bien : “Il n’a pas produit énormément de tableaux de son vivant” et une fois mort …
Et encore merci pour ce blog, j’adore
Héhé…bien vu Nikko….c’est drôle !
J’ai beaucoup aimé cet article. Plusieurs notions bien abordées ont retenu mon attention. J’espère garder ces excellentes illustrations en tête pour mes prochaines sorties.
Encore merci.
C’est avec plaisir que j’ai lu l’article sur le dessin
Et l a première chose que l’on m’a dite quand je suis arrivée dans un club en 2007 est de regarder des livres de peinture.ainsi que des magazines photos .Dans ce cas là essayer de comprendre où le photographe s’est installé pour prendre sa photo.Ce sont des bons exercices.Mais il faut être plus assidu que moi.J’espère que cet article va m’aider
certain que le livre soit dans le domaine public ?
publié dans les années 50, ça fit un peut “jeune”, surtout avec les lois internationales …
Pas mal du tout, bon je suis toujours plus ou moins assommé après les articles sur la composition, il y a tellement de choses. Je crois que seul le temps et le travail sur son regard peut donner le minimum d’instinctivité nécessaire (et particulièrement en photo) pour effectivement pouvoir les utiliser “dans le feu de l’action”
Article intéressant, une de mes préoccupation, renvoyant au site de l’auteur, abordant, grâce à des liens, la relation entre les arts visuels, peinture, dessin/photographie
je l’ai signalé sur mon blog
http://www.image-passion.fr/activites-photo-blog/files/category-prise-de-vue-003a-composition.html
Excellent article Laurent ! Merci !
Très intéressant ! Depuis peu, j’apprends à prendre mon temps avant de déclencher, … Même si à posteriori il me semble évident qu’il faille chercher à composer l’image, je dois reconnaitre qu’avant, j’avais plutôt tendance à multiplier les prises pour choisir ensuite sur l’ordi …. Cet article sera une aide précieuse pour poursuivre ce travail… Merci
Merci Laurent pour cet article de ROY qui démontre qu’avant de déclancher , le regard est indispensable pour bien composer. A mettre au plutôt en pratique.
bonne vacances !!!
Alors là, c’est très, très fort !
Je m’explique : découvrant le thème de l’article de Laurent, je me renfrogne… Franchement déçu.
Je n’aime pas le dessin, ne sait absolument pas esquisser la moindre forme… Non, décidément, cet article n’est pas pour moi.
Je le lis quand même. Evidemment.
Surprise : c’est extrêmement intéressant, bien écrit, et force à quelques réflexions salutaires…
Alors, bien sûr, rien de neuf en ce qui me concerne : Je garderai le sens esthétique d’un poulpe, et mes capacités artistiques resteront perdues quelque part entre le néant absolu et le vide intersidéral.
Mais, même si mon fils de 8 ans dessine infiniment mieux que moi, j’ai l’impression d’avoir appris deux-trois trucs pas trop bêtes…
Merci Laurent, merci Roy !
Merci pour cet échange “inter art”, mais ces divers points de vus sont t’ils universel, ou seulement à nous occidentaux comme dit plus haut et est-ce que notre façon de voir le beau et l’apprécier comme tel est la même façon de l’autre côté de notre planète, car maintenant avec le net nos vues son vus par des million de gens qui voient justement autrement que nous, j’aimerais avoir votre point de vu a tous les deux;
A bientôt
Jean-Pierre
tres interessant merci … tous les arts se nourrissent. quand je regarde cet article cela me donne envie de dessiner, si seulement je savais … d’ailleurs de quel livre de andrew loomis peut on retrouver ces planches ?