Première des 3 vidéos sur la série de photos que j’ai réalisée lors d’un workshop à Venise, le mois dernier.

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Bonjour à tous, ici Laurent Breillat pour Apprendre la Photo ! Aujourd’hui, je vais vous parler de la série que j’ai réalisée à Venise le mois dernier. J’avais justement commencé à faire ce type de travail en série à Venise il y a un peu plus de 2 ans, et j’ai souhaité y retourner, d’abord parce que c’est une ville extraordinaire, mais aussi pour voir ce que je réaliserais dans le même lieu et le même contexte, deux ans après. Le gros avantage de revenir plusieurs fois quelque part, c’est qu’au bout d’un moment, on a déjà vu le plus évident, et donc on peut aller plus profondément dans sa vision personnelle. Je sais que ce n’est pas la manière de voyager la plus courante, de revenir au même endroit, mais je vous conseille vraiment de revenir plusieurs fois au même endroit – surtout qu’en Europe, on peut le faire facilement. De plus, Venise en hiver est assez différente, et c’était intéressant d’explorer ça. Et vous allez voir, les photos sont assez différentes de ce que j’ai fait la dernière fois, et de tout le reste de mon travail en fait ! Vous commencez sans doute à en avoir l’habitude : depuis 2 ans, je fais assez régulièrement des workshops d’une semaine avec mon collègue et ami David DuChemin. L’idée est de passer une semaine dans une ville, de se consacrer uniquement à la photo, et de présenter une série cohérente de 12 photos à la fin de cette semaine. C’est une expérience qui me fait progresser à chaque fois, et que j’ai déjà relatée en vidéo avec mes séries précédentes, à Venise donc, mais aussi Rome et Varanasi (en Inde). Pour éviter de me répéter, je ne vais pas redécrire tout le processus. Donc si vous ne les avez pas vues, je vous conseille de les regarder, je mets le lien en fin d’article. La semaine commence donc par un ou deux jours à se laisser photographier librement : aucune contrainte, l’idée est simplement de constater ce que votre cerveau va remarquer visuellement, et de trouver un fil rouge, un thème pour votre série. Pour faire des photos personnelles, il est important d’avoir cette période pour laisser votre créativité parler librement. Pour le coup, cette fois-ci, le déclencheur a été cette photo. J’ai d’abord été attiré par le tableau qui était bien éclairé, en arrière-plan, puis par le visage de l’homme qui travaillait dans cette galerie. J’ai déclenché quelques fois, en essayant de jouer avec les reflets qui s’imposaient à moi dans l’image. Environ 30 minutes plus tard, j’ai vu une autre vitrine intéressante, avec un miroir dedans qui créait de multiples reflets, ainsi que des couleurs intéressantes. Et deux photos qui se ressemblent en 30 minutes, c’est en général un bon signe… À partir de ce moment-là, je ne voyais plus que des reflets partout, donc j’ai très vite compris que ce serait mon thème de la semaine. Je me suis concentré là-dessus tout de suite. Ensuite, j’ai tenté d’étendre ça aux reflets d’autres surfaces que les vitrines : les flaques d’eau, l’eau des canaux de Venise, la surface des bateaux-taxis, qui sont assez brillants, etc. À ce stade, ce n’étaient vraiment que des brouillons photographiques, que j’ai pris en photo pour explorer les possibilités qui s’offraient à moi, mais qui pour moi ne fonctionnaient pas vraiment en tant que telles. La principale chose qui ne marchait pas pour moi, c’était simplement qu’il y avait une grosse différence dans la lisibilité du sujet par rapport aux photos prises dans les vitrines. En fait, ce que je prenais dans les canaux ou sur les bateaux, c’était des photos quasi abstraites, et pour moi, ça donnait quelque chose de visuellement trop différent pour rentrer dans une série cohérente avec les images prises en vitrine. Potentiellement ça aurait pu rentrer dans un travail plus large, avec un plus grand nombre de photos, comme des variations au sein du même thème des reflets, mais sur 12 photos, il y a besoin d’une cohérence plus forte. Certaines photos dans des flaques fonctionnaient un peu mieux à mon goût, mais le souci c’est qu’il n’y a eu des flaques qu’une seule journée sur la semaine, donc je n’ai pas pu explorer suffisamment cet aspect ! La série aurait sans doute été très différente si j’avais eu cette opportunité, mais du coup j’ai fait le choix de me concentrer uniquement sur les vitrines. Au départ, je ne voulais pas faire quelque chose de trop littéral, donc j’ai utilisé une assez faible profondeur de champ, et j’ai fait la mise au point sur l’arrière-plan, parfois entre les deux. J’ai aussi évité de montrer les visages. Mais après un feed-back avec David, je réalise que ça manque de point pour accrocher l’œil, et je décide donc de tester avec davantage de profondeur de champ. Et effectivement, ça marche beaucoup mieux : les reflets introduisent déjà suffisamment de confusion dans l’image, et utiliser une grande profondeur de champ permet paradoxalement à la fois – de donner un point d’accroche à l’œil, puisque les gens et les objets sont plus nets, donc l’œil accroche plus – et de brouiller les pistes sur ce qui est situé à l’arrière-plan ou plus proche : puisque tout est net, on confond plus facilement les deux. Bref, je me rends rapidement compte que c’est bien mieux comme ça, et je pars donc sur cette approche. J’avais un peu testé différentes focales fixes, mais je me rabats sur mon zoom équivalent 24-70 pour vraiment trouver l’angle idéal pour chaque situation, car elles sont très diverses selon le contexte, et que le grand-angle marche souvent plutôt bien. Au final, mes contraintes sur cette série ne sont pas très nombreuses, mais elles suffisent : 1. uniquement photographier dans des vitrines 2. Toujours avec une personne dans l’image, mais uniquement son reflet, pas elle directement passant devant l’objectif, sauf si elle est à l’intérieur du magasin et qu’on la voit à travers la vitre. 3. En couleur Et c’est tout ! En découvrant cette nouvelle manière de photographier, j’ai appris rapidement ce qui fonctionnait bien ou non, et mine de rien, ça rajoute pas mal de contraintes à la prise de vue. Comme ce n’est pas le but de cette vidéo, j’ai fait un article séparé sur le blog sur ce que j’ai appris d’utile pour faire des photos de reflets qui fonctionnent. J’ai donc passé la semaine à chercher des reflets, revenant parfois plusieurs fois au même endroit à différentes heures de la journée pour avoir une meilleure lumière qui convenait mieux à la scène. Ce que je recherchais était tout simplement une composition qui fonctionnait instinctivement et des superpositions intéressantes entre ces deux mondes à l’intérieur et à l’extérieur de la vitrine. J’ai terminé la semaine en présentant ces 12 photos au groupe, car c’était la contrainte. Mais entre temps, j’ai étendu la sélection à 16 images, et j’ai changé l’ordre, car j’ai trouvé qu’il fonctionnait mieux. Je vous reparlerai de l’éditing de cette série dans une prochaine vidéo, mais en attendant, je vais faire ce que vous attendez tous : vous la présenter. Ce sont des photos qui s’apprécient bien mieux en grand format, je vous demande donc vraiment de mettre la vidéo en plein écran pour bien en apprécier les détails et les subtilités, car elles ne se lisent pas facilement, donc ça marche mieux quand c’est en grand. Allons-y ! Voilà, j’espère qu’elle vous plaira, même si je sais qu’elle est plus difficile à aborder que certains autres de mes travaux qui étaient un peu plus littéraux dans l’approche – non pas que ce soit mauvais, mais simplement différent. Même mes proches m’ont dit poliment “certaines accrochent plus que d’autres”, mais c’est un retour avec lequel je suis parfaitement OK. Que vous aimiez ou pas n’est pas tant le propos, que de vous expliquer encore une fois la démarche qui m’a permis de réaliser cette série, et de vous inspirer à faire de même ! Notez que pour le coup, j’aurais fait EXACTEMENT le même boulot avec un reflex d’entrée de gamme et un 18-55mm… encore une preuve que le matériel ne compte pas 😉 Je suis vraiment content de ce que j’ai fait, car je suis sorti de ce que je fais habituellement, c’était quelque chose de beaucoup moins littéral (un peu la différence entre écrire une nouvelle et un poème, si vous voulez), et que ça a enrichi mon vocabulaire photographique. Aussi, j’ai ressenti beaucoup plus de confiance dans ma capacité à le faire (je n’ai pas vraiment eu de journée de doute comme les autres fois), et aussi dans mes décisions. J’ai inclus des images qui n’avaient pas du tout convaincu David, car à la réflexion, elles continuaient à me paraître vraiment bien. Donc je me suis dit « je vais les mettre dedans, parce que, moi, je pense qu’elles sont bien ». Voilà, c’est la fin de cette vidéo, j’espère qu’elle vous inspirera à faire de même ! Si elle vous a plu, surtout mettez un pouce bleu et partagez-la avec vos amis, c’est hyper important pour qu’elle ressorte sur YouTube, et que davantage de gens la voient. En plus, c’est vraiment le type de vidéo qui me tient à cœur, mais qui typiquement va moins ressortir, car elle ne crée pas la polémique, donc YouTube la met moins en avant. Si vous découvrez la chaîne avec cette vidéo, pensez à vous abonner et à cliquer sur la cloche pour ne pas rater les prochaines ! En effet, je vous retrouve très bientôt dans deux autres vidéos, dans lesquelles je vais vous expliquer d’une part le processus de sélection des photos (pourquoi celles-là et pas une autre), ainsi que la manière dont je les ai ordonnées, et d’autre part quelles retouches j’ai effectuées pour les améliorer et donner une meilleure cohérence à l’ensemble. D’ici là à bientôt, et bonnes photos ! Ma première série à Venise : https://youtu.be/OkOcnKAmHAY Ma série à Varanasi : https://youtu.be/Cdp8DFtIYHM

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Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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