Dans cette deuxième vidéo, je vais partager avec vous quel a été mon processus d’éditing, c’est-à-dire de sélection des photos finales, et aussi comment j’en ai choisi l’ordre.

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Bonjour à tous, ici Laurent Breillat pour Apprendre la Photo !

Bienvenue dans cette 2e vidéo consacrée à ma série de « Réflexions Vénitiennes », dans laquelle je vais partager avec vous quel a été mon processus d’editing, c’est-à-dire de sélection des photos finales, et aussi comment j’en ai choisi l’ordre.

Passons sur l’ordinateur !

La sélection

Voici donc la sélection finale des images. Je ne vais pas revenir sur toutes celles que j’ai ratées et que je n’ai pas sélectionnées, je vais plutôt revenir, pour chaque photo, sur pourquoi j’ai choisi celle-ci parmi les quelques dizaines, voire centaines que j’ai prises de cette série-là en particulier, c’est-à-dire pourquoi j’ai choisi cette image plutôt que celle que j’ai prise juste avant ou juste après.

Je ne vais peut-être pas le faire pour toutes, je vais le faire pour celles où c’est le plus intéressant.

Si on prend cette première photo – vous voyez que celle-ci a été retouchée, donc les autres n’ont pas exactement la même gueule, mais ça vous permettra de voir la composition –, c’est une scène que j’ai travaillée pendant un moment, puisque ici j’arrive devant la scène – ça c’est la première photo que je prends, vous voyez, assez proche du cadre final puisque je vois ça et donc ça, c’est typiquement une image brouillon. Le reflet m’intéresse, mais il n’y a pas grand-chose qui se passe dedans.
Et au fur et à mesure que j’avance, vous voyez que là il y a quelqu’un qui passe dans l’image, il y a la dame qui arrive ici et qui se met là-bas au fond. Donc, là, c’est déjà pas mal, mais c’est vrai qu’elle est un petit peu petite dans l’image.

Le temps se passe, il y a quelqu’un qui passe avec un chariot, ici, et je prends une petite rafale pour la voir, mais c’est vrai qu’on ne voit pas forcément grand-chose, donc ce n’est pas si top.

Ensuite, je tente quelque chose de plus zoomé pour essayer de l’avoir plus grande dans l’image, et c’est pas mal, mais c’est vrai que je perds une partie du décor.

Ici je tente avec d’autres passants, une fois qu’elle est partie, mais ce n’est pas une image qui fonctionne assez bien à mon goût, je trouve qu’elle est trop littérale par rapport à ce que je voulais faire avec ce projet.

Et donc, si on continue à regarder ce qui se passe – là, j’ai pris une rafale parce que les gens passent et avec ces reflets on ne peut pas toujours savoir ce qui va se passer, donc je préfère prendre une rafale pour être sûr d’avoir des images exploitables.

Et là, la dame revient et, un peu miracle, elle va se placer à un endroit qui est bien meilleur. Vous voyez qu’ici on la voit beaucoup mieux dans l’image et là c’est vraiment une silhouette intéressante puisque, en plus, il y a son visage dans l’image, donc on peut un peu plus entrer dans une espèce de relation avec elle ; en tout cas, se mettre à sa place.

La suivante, c’est une photo que j’avais présélectionnée, parce qu’elle est bien cadrée, on a un personnage dans l’image, c’est une image qui est assez claire, la composition est équilibrée entre la droite et la gauche, donc ça fonctionne pas mal pour moi.

Ensuite, évidemment, je ne m’arrête pas là, je reste un petit peu. Vous voyez qu’il y a des gens qui passent, donc je déclenche au moment où ils passent, histoire de voir, mais là ça n’apporte pas grand-chose à la photo.

Et là, il y a cette jeune fille qui arrive, et vous voyez qu’il y a une autre personne ici à gauche. Et je prends une rafale au moment où elle passe, et c’est là que je vais choisir cette photo.

Vous voyez que là, la rafale a été très utile, puisque quand elle arrive, je vois bien que c’est un sujet intéressant, en plus pour moi elle entre pas mal en opposition avec la dame ici, qui est habillée pauvrement et usagé en plus, donc il y a un contraste de concept entre la jeunesse, la vieillesse, la pauvreté et la richesse, il y a des choses intéressantes.

Donc j’ai présélectionné deux photos parmi celles-ci. Donc celle-ci et la suivante.
Les deux fonctionnent, simplement je préfère celle-ci parce qu’on voit un peu moins son visage, il est un peu confondu avec la peinture derrière – je trouve que presque son nez se confond avec une partie du vase, je trouve ça assez amusant.

Et c’est un peu moins littéral, pour moi ça rentre un peu mieux dans mon sujet, mais on aurait aussi pu choisir celle-ci. Les deux fonctionnent, mais je trouve qu’avec celle-ci, on avait trop le focus sur la jeune fille et pas assez sur la dame derrière. Du coup, là, je trouve que ça équilibre un peu mieux la composition.

Pour ce qui est de la retouche, on reviendra là-dessus dans la prochaine vidéo.

Une fois que j’ai eu ça – déjà, je l’ai mais je n’ai pas forcément vu que je l’avais, puisque je ne regarde pas les photos juste après, pour éviter de rater un moment –, j’ai continué à rester un peu sur la scène, et on voit que j’ai eu des photos qui n’étaient pas meilleures derrière, avec d’autres personnes qui sont passées, mais il n’y a rien eu vraiment qui a arrêté mon regard.

Et puis, au bout d’un moment, j’ai tenté des vues au plus grand-angle, mais ça ne fonctionnait pas tellement pour moi, et j’ai fini par décider de partir.

Sur cette deuxième photo, ça a été plus rapide. Vous voyez que j’arrive devant cette scène où, immédiatement, je vois qu’il y a le reflet du canal, ici on voit un bateau qui passe, avec le reflet de cette vitrine qui est assez vénitienne, avec ces masques de théâtre assez compliqués, il y a un côté un peu Noël aussi dans les couleurs, même s’il n’y a pas spécialement de décorations de Noël (un peu des boules de Noël en laine, ici).

Simplement, vous voyez, il y a des choses qui se passent dans la vitrine. Là, je vois quelqu’un qui passe sur son bateau, mais il n’est pas très photogénique en soi, parce que c’est un bateau qui n’est pas très joli, le gars fume une clope, il n’y a rien de particulier.

Donc, je me dis « attendons de voir ce qui se passe », parce que c’est un petit canal où il y a pas mal de passage, donc on va simplement attendre.

Là, j’attends de voir ce qui passe. Là, je vois une gondole arriver, vous voyez que là, je peux prévoir qu’il va y avoir le gondolier après, parce que là on voit le début de la gondole.
Donc je sais qu’il va arriver, je peux prévoir les choses, donc je me mets à cadrer correctement, et puis je le vois arriver, et simplement je prends une rafale.

Et voici ici la photo finale qui, vous voyez, a été légèrement recadrée, où il fait le geste et il regarde presque vers le masque qu’on peut voir ici.

Ensuite je suis resté un petit peu sur les lieux, mais… vous voyez que, bon, il y a d’autres photos qui auraient pu être bonnes, mais je préférais celle-ci parce qu’il a une tête presque en colère – on dirait un peu Hector Salamanca dans « Breaking Bad », pour ceux qui connaissent. Et puis, là il siffle un peu, du coup ça lui fait une tête bizarre qui n’est pas forcément top.

Ensuite, il sort de mon cadre, et en fait, quand j’ai vu ça, je me suis dit que c’était bon, que j’avais mon personnage et que ce n’était pas la peine que j’aille plus loin.

Vous voyez, parfois ça va très très vite. Si on regarde les infos, on est à 11 h 09 et 55 secondes sur la dernière photo, et sur la première on est à 11 h 09 et 06 secondes.
Donc ça a pris moins d’une minute pour prendre cette photo, c’était vraiment un pur coup de chance.
J’aurais aussi pu attendre là pendant 10-15 minutes pour avoir cette personne qui passait, ça, ça dépend vraiment des cas.

 

Alors, sur cette photo, c’est un peu plus compliqué. Vous allez voir que je suis resté plus longtemps et que j’ai pris davantage de photos. Elle a été prise à 13 h 21 et puis j’ai commencé dans cette vitrine à 13 h 18 et j’ai fini à 13 h 23, donc j’ai passé 5 minutes. Ce n’était pas énorme non plus, mais ce qui m’a attiré au départ – vous voyez que le cadrage n’a pas beaucoup changé –, ce sont ces espèces de sculptures en verre dans la vitrine, qui elles-mêmes reflètent de la lumière ; il y a un arrière-plan très lumineux ; il y a aussi ces formes géométriques, ici, avec des figures bibliques dessus, et vraiment un reflet des gens qui se voit bien.

Donc j’ai exploré un peu, au départ, la composition. Vous voyez que je commence par une petite série de photos comme ça, puis je change un petit peu de cadrage. Je me rapproche un peu et ces formes à gauche deviennent plus abstraites, on voit un peu moins bien ce que c’est.

Et je vois qu’il y a des silhouettes qui passent dedans, qui sont du coup plus des ombres, on ne voit pas vraiment le visage des gens.
Et puis je continue de photographier, il y a des gens qui passent au milieu, mais c’est vrai qu’il manque un peu quelque chose.

Donc je continue à photographier les gens qui passent, parce que c’est ça, il faut voir un peu ce qui se passe, tenter des choses, faire des images brouillon et voir ce qui arrive.

Elles sont présentes, mais moi je trouve qu’elles manquent un peu de force.
J’aime bien la scène pour ce côté organique à gauche, le côté plus géométrique à droite, puis le reflet au milieu. Je trouve que ça marche bien, mais j’attends qu’il y ait un truc en plus.

Alors, ça pourrait être celle-ci, par exemple, vu qu’il y a quelqu’un qui court, un peu flou dedans, donc pourquoi pas, après tout ?

Mais je continue, et là, il y a celle-ci qui arrive. Alors, évidemment, elle a été contrastée par rapport aux autres photos – vous voyez celle-ci qui a été prise juste après.
Alors, je ne l’ai pas spécialement vue sur le moment, là je l’ai plutôt vue en regardant les photos sur l’ordi, mais celle-ci m’a plu, notamment parce que, vous voyez que la tête de cette personne, ici, fait une ombre dans la vitre et du coup on a une espèce de visage d’ange qui apparaît ici, et je trouve que c’est assez intéressant parce que c’est comme si ce personnage avait soudainement la tête retournée et lumineuse, ou alors comme si un ange apparaissait. En tout cas c’est assez intéressant visuellement, et pour moi ça rend la photo bien meilleure que les autres.

Vous voyez bien que je ne l’ai pas vu sur le moment, puisque j’ai continué à photographier pendant plusieurs minutes ensuite, et que si je continue à regarder, vous voyez qu’il y a d’autres photos qui sont prises ensuite et qui sont pas ouf par rapport à celle-là.

Donc, au final j’ai gardé celle-ci, tout simplement.

Ensuite, je voudrais revenir sur celle-ci, parce que c’est intéressant.
Là, ce n’était pas la première fois que je venais à cet endroit. Je suis en fait revenu.
Je l’ai vu une première fois, j’ai pris quelques photos, ce n’était pas assez bien et donc je suis revenu sur place parce que je trouvais que la scène avait suffisamment de potentiel pour en faire l’effort.

La première fois que j’ai vu cette scène, c’était le 12 décembre dans l’après-midi, donc on est vers la moitié du séjour, et ce qui m’a attiré, c’est cette statue de madone dans cette vitrine. Je trouvais qu’elle avait une grande douceur et qu’elle était bien éclairée, c’était intéressant.
Et ça contrastait pas mal, selon moi, avec les décorations de Noël devant et les parfums ou produits cosmétiques qui étaient là et qui font que la vitrine a un aspect plus commercial, on va dire.
Donc il y avait cet aspect un peu religieux, traditionnel et l’aspect plus commercial, plus le reflet des gens. Il y avait une église pas loin, en plus, qui me semblait intéressant.

Là, j’ai exploré un petit peu. Vous voyez que j’attendais que les gens passent dans le reflet, et j’ai quelques personnages qui passent, qui sont plus ou moins intéressants. Elle, par exemple, on voit bien son visage.
Et c’est vrai que ce qui est marrant, c’est que quand la personne est à peu près ici, eh bien, on a un peu l’impression que la statue la regarde, que celle-ci également la regarde, donc il y a une espèce de triangle qui se forme et que je trouve intéressant.

Donc je continue à explorer un peu l’endroit. Il y a certaines personnes qui passent, mais je n’ai rien qui me semble vraiment incroyable.
Là, on a ce monsieur qui est assez intéressant avec son béret, mais comme on ne voit pas son visage, c’est un peu difficile d’établir une relation avec le sujet.

Et j’ai continué à explorer un peu et puis, voilà, je n’ai rien eu qui soit incroyable à ce moment-là.

Alors, en avançant un petit peu, on voit quand même que j’ai sélectionné des photos, notamment celle-ci où il y a cette dame qui passe, mais qui n’est pas encore assez au centre à mon goût.
Et puis ici elle est un peu plus au centre, mais on ne voit pas bien son visage, donc ce n’est pas ouf.

Et ensuite j’avais aussi celle-ci que j’avais gardée, parce que je me disais que son ombre un peu fantomatique était intéressante. Mais voilà.

Ensuite, je décide de partir. Alors, est-ce que c’est une erreur ou pas à ce moment-là ? Eh bien, pas forcément, j’ai senti, je me suis dit « allez, il ne va rien se passer maintenant, je vais aller ailleurs ». Qu’est-ce que j’en sais ? J’en sais rien, mais justement, c’est ça qui est intéressant, c’est de se dire, on va à un moment juste suivre son feeling et de toute façon, je peux revenir après.

Et c’est ce que j’ai fait, puisque j’y suis revenu le 14 décembre, deux jours plus tard, en me disant « il faut absolument que j’aie une photo de cet endroit, parce que c’est vraiment bien ».
Et j’étais décidé à attendre suffisamment longtemps pour avoir mon moment, mon personnage qui passe pile au bon endroit dans la photo.

En l’occurrence, j’ai dû attendre à peu près 10 minutes, parce que je suis arrivé à 10 h 24 et je suis reparti à 10 h 35.
J’ai retrouvé cette vitrine – alors, j’ai mis un moment à la retrouver parce que je n’avais pas noté sur Google Maps, donc je ne savais plus où elle était.
Je savais à peu près, mais j’ai dû pas mal tourner pour finir par la retrouver, ça m’a pris facilement une demi-heure ne serait-ce que pour retrouver l’endroit.

Et une fois que j’ai trouvé, eh bien, j’attendais un peu de voir ce qui se passait.
Vous voyez que la lumière est un petit peu différente, je trouve que c’était intéressant parce que c’était plus éclairé.
Et j’ai laissé des personnages passer dedans. Il y avait ce monsieur qui était au téléphone, assez intéressant, qui est passé plein de fois. Mais vraiment plein de fois dans mon image.
Vous voyez, là c’est encore lui. Je n’ai jamais réussi à avoir un moment où je trouvais que ça passait bien. Notamment parce qu’il avait le téléphone à l’oreille et du coup sa main et son téléphone cachaient un peu son visage et je trouve que ça ne fonctionnait pas bien.

Et puis, on avance un peu dans le temps et on va arriver au moment où j’ai mon personnage qui finit par passer dans l’image. Ça va être par ici.

Donc, là, il y a quelqu’un qui passe, et puis juste après il y a cette dame qui passe, habillée de manière assez élégante, dans une démarche très italienne, qui a sa cigarette à la main.

Et donc, là, il y a une image où juste elle passe et sa main dépasse juste avec sa cigarette bien droite qui se détache bien contre le mur.
Vous voyez sur la suivante, on ne la voit plus du tout. Sur celle-ci, on voit à peine la cigarette, on devine mais pas plus.

Et là – j’ai un peu renforcé au post-traitement, mais même sans post-traitement, on la voyait très bien.
Et puis celle-ci où on ne la voit plus du tout. Donc vous voyez que c’est vraiment une fraction de seconde, d’où l’intérêt d’avoir une rafale à ce moment-là pour ne pas la rater.
Et vous voyez que j’ai un peu traité l’image, mais ça, on y reviendra dans la prochaine vidéo.

Concernant cette image, j’ai pas mal exploré aussi. J’ai vu cette vitrine qui tout d’abord m’a intéressé, comme on le voit ici, parce qu’il y avait vraiment cette couleur rouge et or qui m’attirait pas mal, il y avait des objets très intéressants, notamment cette espèce de bas-relief ici, avec l’image de la mort. Et puis quand je suis arrivé devant, il y avait une touriste avec son parapluie rouge, quelqu’un en rouge au bout, là. Je trouvais déjà la scène intéressante, de base.

Donc je suis resté un peu devant pour explorer des choses. Il y a pas mal de touristes qui passaient à ce moment-là. J’ai aussi essayé une prise de vue horizontale.
Et il y avait un employé du magasin qui bougeait des choses, donc il y avait sa main qui dépassait par moment, donc j’étais un peu en train de prier, je vous avoue, pour avoir à la fois sa main qui dépasse et qui fait quelque chose, et puis un reflet intéressant, ici, dans la vitrine.

Donc je continue un peu avec tout ça, je repasse en vertical parce que, finalement c’était mieux pour moi.
Et puis il y a ce couple qui arrive – là, c’est la photo retouchée, donc, évidemment, elle se détache, mais vous voyez qu’il y a une petite rafale qui a été prise de ce couple qui arrive, qui est intéressant parce qu’ils ont tous les deux un chapeau, ils sont tous les deux assez bien habillés, assez intéressants visuellement.

Et vous voyez que la photo que je choisis, je choisis celle-ci parce qu’évidemment il y a la mort qui est entre eux deux, et je trouve ça assez comique, voire tragi-comique comme situation. C’est assez intéressant, et évidemment, c’est meilleur que les autres photos où la mort se superpose sur juste l’un d’eux.
Là, ça permet d’avoir leur visage de manière assez claire, et en même temps cette partie qui se voit bien, puisque comme eux sont sombres, eh bien, l’intérieur de la vitrine se détache beaucoup plus.

Ensuite je suis resté un petit peu là, de manière à essayer d’attendre qu’il fasse quelque chose dans la vitrine et qu’on voie sa main dépasser, mais ça ne s’est quasiment pas reproduit, ou alors pas avec une image intéressante, malheureusement, donc je n’ai pas pu avoir autre chose.
Vous voyez que là, il passe sa main, il y a des gens ici, mais c’est un petit peu le bordel, ils ne sont pas spécialement intéressants, on ne voit pas leur visage, il y a un peu trop de monde. Donc, là, ça ne fonctionne pas.
J’aurais pu attendre davantage, mais ensuite il a fermé son rideau, donc j’ai bien compris que de toute façon il n’allait plus sortir sa main, donc je n’avais pas spécialement besoin de rester là, sachant que j’avais déjà eu cette photo qui était relativement satisfaisante.

Ensuite il y a celle-ci sur laquelle je voudrais revenir, parce que c’est la deuxième photo que j’ai faite dans cette série. Et vous voyez qu’il y en a eu quand même pas mal.
En fait, j’ai simplement d’abord vu cette vitrine qui me semblait intéressante par ses couleurs et aussi le miroir qu’il y avait dedans. C’était un miroir dans une vitrine, donc potentiel double reflet, il y avait quelque chose d’intéressant.
Et donc j’ai photographié un peu les gens qui passaient dans la rue. Avec plus ou moins de succès au départ, parce qu’il me semblait un petit peu manquer quelque chose.
Et puis, au bout d’un moment, à force d’attendre, forcément, vous avez des personnages un peu plus intéressants qui arrivent. Et vous voyez que j’arrive à cette photo-ci.

Si on remonte un petit peu juste avant, vous voyez que les photos juste avant, il n’y avait pas grand-chose qui se passe, et puis, là, elle est déjà là, ici à droite de l’image, et elle va s’avancer et ouvrir la porte.
Alors là, volontairement, à ce moment-là je voulais essayer de faire une espèce de flou. Je l’ai quand même gardée dans la sélection finale, même si les autres sont un peu plus nettes, simplement parce que j’ai beaucoup aimé le fait qu’on voie quand même un peu son visage qui se détache bien, et sa chaussure aussi.
Vous voyez que sur celle d’après, déjà ici sa chaussure se voit moins, on voit moins son talon, ce côté un peu élégant.
Là, on le voit pas mal aussi, mais il n’est pas posé, et je trouve que quand il est posé ici, ça fonctionne un peu mieux, ça se détache mieux du reste de l’image.

Vous voyez qu’elle rentre dans la porte du trottoir d’en face. Là, j’ai fait la mise au point sur elle un peu tard, mais ça ne change pas forcément grand-chose pour moi, parce qu’on aurait peut-être eu ces grillages un peu trop nets, et je trouve que là il y a un côté un peu plus abstrait qui fonctionne vraiment pas mal.
Donc voilà pourquoi j’ai choisi celle-ci parmi cette petite rafale. Parce que sur celle-ci, on ne voit plus du tout ses pieds, on voit peut-être un peu mieux son visage, mais moins ses pieds, du coup la silhouette est moins claire.

Il y en a une autre ici qui était intéressante avec ce monsieur qui se reflète doublement. Précisément ce que je cherchais – vous voyez qu’elle est encore dans l’image –, mais je trouve qu’elle fonctionnait moins bien. Notamment parce qu’il y a des passants derrière, mais pas que.
Le double reflet ne fonctionnait pas tant que ça à mon goût, donc j’ai choisi de ne pas la garder dans ma sélection finale.

Et pour finir, je vais revenir sur la photo avec le cul, parce que je suis retourné à cet endroit pas mal de fois, simplement je l’ai vu une première fois, un peu comme la photo qu’on a vue dans la vitrine, avant.
J’ai vu une première fois cet endroit, évidemment, comme je cherche des reflets. Je vois une vitrine avec un mannequin qui est dos à la vitrine, où on voit littéralement que ses fesses, et j’ai trouvé ça évidemment très drôle.
Donc j’ai voulu revenir plusieurs fois pour essayer d’avoir la bonne lumière, parce qu’au début je n’étais vraiment pas satisfait par ce que j’avais.

La première fois où je suis passé devant, je pensais avoir pris des photos, mais a priori, quand je recherche, je n’en ai pas pris. Simplement, j’ai vu que la scène ne convenait pas avec la lumière à ce moment-là.

Vous voyez qu’à une certaine heure de la journée, là il est 10 heures du matin, vous avez le bâtiment en face qui est très jaune vif, il est éclairé par le soleil, mais il a l’ombre de ceci (non, pas de ceci, en fait, d’un autre bâtiment) qui se projette dessus. Ce qui fait que le bas de l’image va être plutôt sombre, et donc les fesses vont apparaître, et le haut de l’image va être plutôt lumineux et donc ce qui est dans la vitrine va disparaître.

Donc, ça, ça m’intéressait pas mal, simplement quand j’étais arrivé le premier jour, il était sans doute plus tard dans la journée, et du coup toute la scène était éclairée, ce qui fait qu’on ne voyait pas les fesses du tout, donc je n’ai pas déclenché à ce moment-là, mais j’ai gardé ça en tête et je suis revenu plus tôt. Volontairement, je me suis dit « il faut que je sois à la vitrine du cul à 10 heures ». 😉

Donc je suis allé là-bas et j’ai fini par avoir la lumière que je voulais à peu près, donc vraiment le bâtiment éclairé comme ça et le bas plus sombre.
Ce qui permet donc d’avoir cette vitrine visible, comme je vous le dis dans l’article dans lequel je vous explique comment fonctionnent les reflets. Et j’ai fait quelques photos à cet endroit-là, et j’en ai sélectionné quelques-unes.

Celle-ci m’amusait parce qu’il y avait ce monsieur avec le bonnet, à la veste ouverte, etc., qui ne correspondait pas tellement à cette vitrine d’objets un peu en tout genre, donc je trouvais le contraste assez marrant.

Il y en a une autre, ici, avec quelqu’un qui regardait – en plus, évidemment, quand on photographie ça attire un peu l’attention.
Là, c’était assez intéressant dans le sens où il regarde les fesses et on le voit dans les fesses à ce moment-là, donc je trouvais ça assez marrant.

Et puis, au final, celle-ci, où il y a ce monsieur qui regarde, mais qui fait aussi un geste de sa main pour se camoufler du soleil (je crois, je ne sais pas), et du coup ça fait un geste intéressant, mais il n’est pas très lisible.
Vous voyez qu’on voit sa main, moi je sais qu’il y a eu un geste, mais vu l’ombre ici, on n’arrive pas à faire la distinction, du coup je trouvais que la composition ne fonctionnait pas assez bien.

Au final, j’ai décidé de retourner le même jour dans l’après-midi, vers 14 heures, pour voir comment serait la lumière, et vous voyez que là elle est complètement différente, parce que le sol est entièrement éclairé, par contre tout le haut est plus sombre, donc on voit les bâtiments, un peu encore parce qu’ils sont éclairés par le soleil, mais globalement, en fait, toute cette partie-là de l’image, on va bien voir. On va vraiment bien voir ce qu’il y a dans la vitrine, y compris des lumières au fond qu’on ne voyait pas du tout avant, en raison de la différence de luminosité.

Donc, là, j’ai exploré un peu. Il y a celle-ci qui m’intéressait, parce qu’il y avait les oiseaux dedans, qui volaient, mais ce n’était pas non plus incroyable.
Et puis j’ai continué à photographier un peu. Là il y a des gens qui arrivent devant. Il y a un couple qui arrive, qui s’arrête pour regarder.

Et puis j’ai fini par choisir celle-ci, parce que déjà son visage est bien identifiable, il y a quand même quelqu’un qui marche dans les fesses, donc quelque chose qui se passe à ce niveau-là. J’aime bien la lumière avec le lens-flare ici – que je vous disais d’éviter dans une autre vidéo, mais que vous pouvez aussi provoquer.
Et puis, j’aime bien les néons qui sont alignés avec le bâtiment ici, ça donne un côté presque surréaliste à cette scène.
Et j’ai trouvé que ça fonctionnait bien. Vous voyez que j’en ai repris avec les oiseaux, ici, mais rien qui soit mieux.

J’ai choisi celle-ci, même si je vous avoue que j’ai un peu hésité avec la précédente que je vous ai montrée, avec la lumière très différente, parce qu’il y avait ce bâtiment jaune qui m’avait attiré au départ. Mais j’ai préféré celle-ci pour mettre un peu plus de variété et mettre une photo peut-être un peu plus difficile, mais qui a, selon moi, un peu plus de profondeur.

Je voulais juste finir ces photos réussies par celle-ci, qui a été prise quand je prenais un café.

C’était la fin de journée, le soleil se couchait, il commençait à ne plus y avoir trop de lumière, j’avais ultra froid. Et je suis passé devant une espèce de boulangerie-café qui me tentait bien depuis quelques jours, qui s’appelait Fallini, je crois. Je suis allé dedans me prendre un thé et un croissant à la confiture de framboise, qui était très bon.

Et j’étais devant la vitrine qui donnait sur la rue, la rue où il y avait ces graffitis, devant. En fait, là, c’est moi que vous voyez, l’ombre que vous voyez, c’est la mienne, et j’étais intéressé par le reflet que je voyais avec les serveurs à l’arrière-plan. Du coup, je me suis dit « tiens, prenons quelques photos » pendant que mon thé refroidit (parce qu’il était un peu trop chaud).

Et au final, c’est une photo que j’ai gardée pour la série finale. Je la trouvais un peu différente, je trouvais intéressant le fait d’être dedans, qui est une espèce de semi-autoportrait dans la série. Je trouvais intéressant que ça ait été pris vraiment comme ça, parce que j’avais encore les yeux ouverts, même si ma journée de photo était normalement finie.

Je trouvais intéressant le contraste entre la texture du mur, ce que vous voyez qui ressemble à du bruit, sur la photo, ou a du grain, ce n’est pas du tout du bruit ou du grain, c’est le grain du mur, derrière, qui a une partie brute comme ça.
Donc le grain du mur, les graffitis, le gros « fuck » dans l’image – que je n’ai vu qu’après, en plus –, les serveurs derrière, la lumière, les couleurs, etc., ça m’a semblé intéressant, donc je me suis dit gardons-la dans la série.

Ordre de présentation

Une fois cette sélection faite, il s’agit de décider d’un ordre pour présenter la série. Comme je l’ai dit dans la précédente vidéo, j’en avais présenté 12 au groupe à Venise, mais j’ai choisi d’en garder 16 pour ma sélection finale.

J’avais du mal à trouver un ordre satisfaisant, alors j’ai fait ce que je vous ai déjà conseillé par le passé : imprimer les photos en format carte postale afin de les organiser physiquement, sur une table.

J’ai filmé le processus pendant ce temps-là, et je vais vous le passer en accéléré, en le commentant.

Donc, pour commencer, j’ai simplement les photos qui sont étalées en vrac sur la table, et je commence à essayer de faire des paires, tout simplement. Parce que je me rends compte que si je fais autrement, ça ne va pas très bien se passer.

Donc je fais une première paire, que vous voyez en haut à gauche, et ensuite je vais essayer de rajouter des photos ; soit des paires entre elles, soit juste en ajouter à la paire que j’ai déjà faite.

Là, j’ai réfléchi un peu et vous voyez que j’en mets une troisième. Et il y a ces deux photos que je trouve qui vont bien ensemble et que je mets en bas à part.
Et j’ai tout ce tas, à droite, un peu en vrac, que je vais essayer de trier, dans lequel je vais mettre de l’ordre.

Là, je vais tout simplement mettre la photo que vous voyez en haut à droite à la suite des autres, parce qu’elle va bien avec. Et puis je vais commencer tout simplement à mettre les photos horizontales et verticales séparées, parce que je me rends compte que dans la série, je ne vais pas non plus les mettre en vrac, sinon ça va faire un peu bizarre.
Donc je place les autres photos horizontales à la fin de la série, donc là je fais un premier ordre instinctif. Là je vous les abaisse pour que vous voyiez ce que ça donne.

Et ensuite je vais travailler un peu l’ordre.

Vous voyez que je vais légèrement hésiter sur celles qui sont en haut, revenir à ce que j’avais fait avant. Et puis je vais également hésiter sur l’ordre des deux dernières photos.
Au final, j’ai remis la photo qui est plus bleutée à la fin de cette série.

Et puis, ensuite, je vais essayer de faire l’ordre des photos du milieu, les photos verticales – il y en a plus à la suite.
Déjà, je vais voir si la première va bien avec la dernière photo horizontale juste avant, pour voir ce qui fonctionne avec, et essayer de trouver autre chose qui va mieux avec cette quatrième photo horizontale, pour la mettre à la suite. Parce que même si elles sont rangées, il ne faut pas oublier qu’elles sont vues à la suite, évidemment.

Et ensuite, il s’agit de grouper les photos qui me semblent bien se suivre dans la série. Donc, là, c’est un petit peu à l’instinct, évidemment, c’est visuel.
J’ai fait la même chose pour voir si la dernière photo verticale va avec la photo horizontale suivante. En l’occurrence avec les deux arbres dedans, je trouve que ça fonctionne pas mal (enfin, avec les plantes).
Et puis voilà, j’essaie de décider d’un ordre final.

Voilà, j’espère que cette vidéo vous aura aidé à voir comment je procède pour faire l’editing d’une série comme celle-ci. L’idée n’est évidemment pas de vous donner une recette magique, puisque ça n’existe pas : avec le temps, votre pratique, et votre culture photo, vous allez devenir meilleur à ça.
En attendant, il n’y a pas de secret : il faut travailler.

Mais je pense que ça peut vous aider de voir comment je procède, au moins pour vous éviter d’avoir des attentes irréalistes par rapport à vos résultats, et voir qu’il est normal d’hésiter.

Si elle vous a plu, mettez un pouce bleu et partagez-la avec vos amis, c’est hyper important pour l’algorithme de YouTube.

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Je vous donne rendez-vous dans la prochaine vidéo, dans laquelle je vais revenir sur certaines de ces images, et vous montrer rapidement quelles retouches j’ai effectuées, et surtout POURQUOI, ce qui est véritablement LA chose importante à comprendre.

D’ici là à bientôt, et bonnes photos !

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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