Chapitre 1 : L’intention
Freeman commence par une partie sur le «pourquoi», plutôt que sur le “comment”. Si vous êtes un fidèle lecteur, ça devrait vous rappeler quelque chose 😉 L’auteur m’est donc de suite devenu sympathique, puisqu’on est d’accord 😀 Je pourrais faire des pavés pour vous expliquer ce qu’il y a dans ce bouquin, mais j’en aurai pour 10 articles, donc je vais essayer de faire synthétique en faisant des listes 😉 Voici donc les différentes parties de ce chapitre :- Les niveaux de lecture d’un sujet : que choisir comme sujet ? Au-delà du sujet évident, on peut également choisir l’espace, la couleur ou bien un concept comme sujet. Idées pas évidentes qui peuvent vous inspirer pour de futurs clichés.
- L’apparence de beauté : Souvent, on cherche à faire de “belles” photos. Ce n’est pas la seule démarche photographique possible, mais il y a souvent une certaine recherche d’esthétique dans l’image. Ici, l’auteur s’interroge sur ce qui fait que quelque chose est beau ou non. On y retrouve des concepts connus tels que le nombre d’or, les golden hours, mais aussi des notions un peu plus avancées sur le contraste, la lumière, la saturation.
- La beauté différente : On va ici au-delà de la beauté “traditionnelle” pour s’orienter vers la façon de donner une certaine esthétique à ce qui ne l’est pas forcément (des ruines, des murs décrépis, …)
- Monstres morts : Ce titre énigmatique évoque en fait une beauté un peu particulière, le sublime, c’est-à-dire ce qui nous dépasse. Prenez un orage par exemple, ou l’éruption d’un volcan : il y a une certaine beauté dans ces phénomènes, car ils nous fascinent et qu’on se sent tout petit à côté d’eux. Quelques pistes pour dramatiser ces scènes donc.
- Cliché et ironie : En photographiant des lieux connus, il est facile de tomber dans le cliché. Michael Freeman nous démontre qu’il est parfois possible de trouver un meilleur point de vue, ou de photographier autrement pour sortir du cliché, tout en disant qu’il n’est pas forcément dramatique de tomber dedans.
- Elever le banal au rang d’extraordinaire : La photographie d’objets ou de scènes banals, du quotidien peut également s’avérer intéressante. On touche ici au courant surréaliste.
- La révélation : L’idée de cacher à moitié le réel sujet d’une image est très intéressante. L’auteur explique comment guider l’œil dans la photo pour l’amener au vrai sujet au bout d’un certain moment. Avec notamment un schéma détaillé très intéressant du parcours du regard dans une image construite pour ça.
Chapitre 2 : Le style
On aborde ici quelque chose qui est assez rarement évoqué et pour lequel vous ne trouverez quasi pas d’infos sur internet : la présentation de différents styles, ce qu’implique leur création, les différentes manières d’utiliser les techniques de composition à notre disposition, tout ça pour aboutir à un style personnel identifiable (ce qui ne l’empêche pas d’appartenir à un courant artistique). Ici plus qu’ailleurs, on sent la présence de la culture photographique, mais elle est très utile au propos. Voici donc les différentes parties :- La gamme des expressions : Un point sur l’influence des opportunités sur la façon dont on peut s’exprimer en photographie, et sur les conventions auxquelles le “public” est habitué (et nous avec), comme par exemple «le sujet d’intérêt principal est celui sur lequel la mise au point est faite», ou encore «la lumière venant d’en haut».
- L’équilibre classique : Les règles de composition du style “classique”, notamment concernant l’équilibre entre les différents éléments de l’image, tant en termes de couleur, de contraste, de place prise dans le cadre, ou de netteté/flou.
- Les harmoniques : L’auteur compare les différentes proportions du cadre (4/3, 3/2, carré, etc…) aux harmoniques musicales, et en passant par le classique [nombre d’or] va surtout beaucoup plus loin sur les différents placements possibles du sujet, notamment avec des exemples où plusieurs compositions harmonieuses sont possibles. On y apprend vraiment bien les principes qui régissent l’équilibre des forces dans une image : c’est théoriquement très intéressant, et même si je pense que ça s’apprend surtout par l’expérience, connaître les principes théoriques permet sans doute d’apprendre plus vite.
- Diriger le regard : La perspective c’est classique pour diriger le regard, mais l’auteur va évidemment plus loin en évoquant les dégradés de luminosité ou de netteté, avec de nombreux exemples très parlants.
- Opposition : Une notion relativement méconnue du photographe débutant est la séparation de différents plans dans l’image : l’exemple le plus simple est sans doute l'[ombre chinoise du sujet devant un arrière-plan lumineux] (type coucher de soleil), mais il est possible de séparer les plans grâce à la “perspective atmosphérique” (c’est-à-dire un arrière-plan plus embrumé, pour faire simple). L’auteur explique de nombreuses façons de révéler le sujet au moment que l’on souhaite, et même de perturber un peu le spectateur de façon à l’intriguer, en prenant complètement à contre-pied ce qu’il est habitué à voir.
- Le style graphique épuré, Minimalisme, Le style graphique élaboré, Le désordre organisé : On rentre ici dans une approche basée sur l’analyse d’un courant artistique. Les titres de ces chapitres parlent d’eux-mêmes 😉 L’auteur y analyse ce qui fait qu’une image s’inscrit dans tel ou tel courant artistique (ce qui ne l’empêche pas d’avoir un style personnel, ce sont deux choses différentes). Ça pourra sans doute vous donner de bonnes idées pour vos propres images, car vous pouvez emprunter à différents styles selon les moments, sans forcément vous y enfermer 😉
Chapitre 3 : Le traitement
Contrairement à ce que pourrait laisser penser son titre, ce chapitre ne s’intéresse pas qu’au post-traitement, mais d’une manière générale à la façon dont on traite un sujet, qui passe par des tonnes de choix, de celui de la focale à celui de l’éclairage.- Modèles d’images : Excellente idée à laquelle je ne m’attendais pas, ce chapitre propose une liste de modèles d’images, c’est-à-dire des différentes façons de traiter un de ses aspects. Pour être plus clair, dans la partie “éclairage principal” il y a “clair obscur”, “bord coupé par le soleil”, “lumière dorée parfaite”, etc… L’idée est de sélectionner vos meilleures images, et de voir ce qui vous plaît en elles concernant chacun de ces aspects. Vous pourrez ainsi dégager ce qui est le plus harmonieux à vos yeux, ce que vous parvenez le mieux à saisir, ce qui vous aidera à commencer à définir votre style (qui ne se résume pas qu’à ça bien sûr), mais aussi à vous donner envie d’explorer d’autres horizons, pourquoi pas ? 😉
- Composition interactive : Bien conscient que les différents modes de composition sont limités par les conditions, notamment lorsqu’on photographie des sujets mouvants, Freeman nous livre une partie intéressante sur la façon dont il a composé une excellente photo, en nous montrant tous ses essais infructueux, et en nous racontant toute l’histoire de ce cliché. C’est extrêmement intéressant, en particulier si vous ne savez pas trop comment vous y prendre quand vous êtes devant une scène et souhaitez la photographier. Même si vous n’achetez pas le livre, passez chez un libraire quelconque et lisez la page 156 😉 (si vous comptez en lire plus, achetez-le hein 😉 )
- Durée et mouvement : La photographie a pour particularité d’être le seul art visuel où on a la possibilité de traiter le mouvement de façon aussi poussée, et de sortir de ce que voit l’œil. En effet, nous ne voyons pas les mouvements flous bien évidemment, et la peinture propose rarement (jamais ?) ce type de traitement du mouvement. Un point sur toutes les possibilités qui s’offrent à nous pour s’exprimer grâce à cette particularité de la photo.
- L’aspect : On entre ici un peu plus dans le post-traitement, avec un listing très complet et enrichissant des grandes manières de traiter une image, qui seront traitées une par une :
- L’hyperréalisme : Accentuation (HDR notamment) ou au contraire égalisation des micro-détails, aspect métallique, texture granuleuse, l’hyperréalisme consiste en gros à aller au-delà de ce qui est perceptible en réalité pour rendre la photo plus “réaliste”, ou au contraire aller franchement plus loin.
- Enrichi : On parle ici surtout de couleur, avec accentuation de la saturation et/ou de la vibrance, mais aussi de densité des ombres (avec des exemples frappants de l’intérêt de la renforcer parfois !).
- Décoloré : l’extrême inverse, c’est-à-dire l’utilisation du high-key, des tons pastels ou d’autres effets pour donner un effet désaturé à vos images, qui créer une ambiance particulière.
- Lumineux : La création d’un halo ou d’un voile lumineux par des techniques de prise de vue ou de post-traitement permet également de créer une ambiance particulière.
En résumé
Points forts :- Des concepts réellement avancés en termes de composition
- De nombreux exemples qui les illustrent (des photos mais aussi des schémas explicatifs)
- Des idées pour tester des choses qu’on n’a jamais faites en photo
- Une possibilité de commencer à définir son style
- Un recours parfois trop important à de nombreuses références culturelles que tout le monde n’a pas
- Un livre pas forcément destiné aux grands débutants
Article très intéressant( mon commentaire en marge de l’article )
J’ai lu avec un certain sourire ta réponse à une question de Bibousiq le 12 aout 2011 . Un certain David du Chemin que tu ne connaissais pas , qui aurait dit que six ans plus tard tu nous proposerais ” REVELEZ VOTRE AME DE PHOTOGRAPHE ” de l’excellent David , j’ai suivi avec intérêt la série des douze vidéos qui m’a plus appris que beaucoup de livres lus auparavant . Encore merci et à bientôt .
Excellent article, merci pour ce résumé !
Bonjour Laurent.
Encore une fois merci pour cet article où tu résumes parfaitement la portée de l’ouvrage, qui je le confirme n’est pas pour débutant …
Maintenant que je suis un peu plus loin, il devient seulement plus aisé de transposer ce qu’on y lit dans le travail que j’ai envie de rendre …
C’est aussi un excellent ouvrage de fond, comme tous ceux de Mickaël Freeman, très bien illustré, où on ressent l’expérience … Je dirais que j’ai ressenti ce livre “lourd”, non péjorativement, mais au contraire, car il faut une grande concentration pour saisir la profondeur des propos tenus … Absolument à ne pas lire en une traite 😉
En ce qui concerne l’idée d’élever le banal au rang d’extraordnaire je voudrais te faire part d’un excellent ouvrage que je me suis offert pour les vacances : Scènes ordinaires photos extraordinaires de Simon Bond … C’est un excellent complément aux livres de M. Freeman je trouve, qui aborde avec beaucoup de pédagogie, d’expérience, et surtout un sens pratique les notions d’importance dans les compositions …
“L’œil du photographe et l’art de la composition ” était déjà un livre très intéressant, je conseille également celui-ci à tout photographe qui me pose des questions sur ces sujets… mais je me pose la même question que spirifer !!!
Michael Freeman fait en général de très bon livres, mais surtout en quantité impressionnante, je me demande quand il trouve le temps de faire des photos.
Merci en tout cas Laurent pour la critique, je pense avoir trouvé un ouvrage qui correspond à ce dont j’ai besoin (“jeune photographe qui se cherche”).
Je songe à acheter l’intention du photographe de David duChemin (voir ici: https://www.amazon.fr/Lintention-photographe-Lexpression-artistique-ligthroom/dp/2744093874/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1312984764&sr=8-1)
Le connais-tu et aurais-tu un avis ?
Merci !
Je ne le connais pas du tout non ! Mais regarde les critiques des lecteurs sur Amazon, en général c’est assez précis et pertinent 😉
Justement, il n’y a guère de critique de lecteur sur le site..
Bon, ben, je vais attendre un peu pour voir.
Merci ! 😉
j’ai lu “101 trucs & astuces” et en ce moment je me régale avec “l’oeil du photographe et l’art de la composition” c’est que du bonheur !
je note “l’esprit du photographe” pour mon prochain achat.
je possède 4 livres de Tom Ang qui sont également très bien faits. ces 2 Auteurs m’apportent beaucoup tant dans la technique qu’avec leurs superbes photos qui illustrent leurs propos.
Bonjour,
Pour les débutants avec tous types d’APN, il y a les excellents livres Tom Ang chez Pearson édition. C’est très simple et très didactique avec une explication des bases au début.
J’ai acheté “101 trucs & astuces” de ce monsieur Freeman, avant de partir en vacance. C’est un bon ouvrage, mais je pense qu’il n’est pas forcément destiné aux débutants comme moi, car il ne reprends pas (ou très peu) les bases de la photo.
Je t’en prie, Laurent !
Un an de blog, ça se fête forcément, surtout quand on arrive à être aussi intéressant tout en restant abordable. En tout cas, je suis content d’avoir contribué à écrire un sujet ! 😉
Abonnée depuis quelques semaines à cette new letter,je vous félicite, Laurent, pour vôtre punch-de quoi susciter des vocations de photographes.
Tout possesseur de réflex-même acquis à Noel dernier-doit lire Michael Freeman.L’oeil du photographe …très bien fait pour l’aide à la composition-chaque image est commentée par un graphique.Je vais donc me procurer L’esprit du photographe et parfaire mon éducation photo.Courage aux débutants,tout s’apprend avec la volonté.Encore chapeau à nôtre ami Laurent …
Bravo pour cet article. M. Freeman est l’un de mes auteurs photo préférés. J’ai possède “l’oeil du photographe…” et c’est un excellent ouvrage dont certains thèmes sont rarement traités dans les livres photo. J’ai bien envie d’essayer celui-là aussi…
J’apprécie également le point de vue objectif de Laurent qui mentionne dans son article ce qu’il estime être les points faibles du livre. Même s’il y a un lien commercial vers Amazon, Laurent ne se contente pas de nous dire que ce livre est le meilleur de tous les temps pour engranger des revenus personnel via l’affiliation. Bravo également pour cela, c’est de plus en plus rare sur la toile…
Tous les livres de Michael Freeman sont intéressants et il est bon de les feuilleter souvent. Celui là est très riche …
Il faut lire aussi ” L’oeil du photographe ou l’art de la composition ” , l’essence d’une photo : la composition.
Mais surtout, au moment de prendre une photo, il ne faut pas penser aux techniques, que l’on doit avoir bien sûr intégré, mais il faut faire preuve de créativité et avoir pour seul souci : la beauté.
Salut Laurent
Merci pour cet article ! Merci parce que je ne connaissais pas ce photographe ( c’est pas grave non ? 😉 ) et donc encore moins ce livre.
Ton article et très complet et donne vraiment envie de découvrir cet ouvrage.
Et puis merci car ton billet me donne l’occasion de découvrir des auteurs / artistes au delà de la photographie animalière et c’est très bien 🙂
Ça donne envie. Pourquoi pas aller lire la page 156 mais c’est pas sympa pour l’auteur ! Il m’arrive souvent de ne pas savoir quel point de vue prendre pour rendre inoubliable une scène sublime et parfois rare…
Merci Laurent pour cette critique intéressante. Du coup je vais acheter le bouquin pour tenter de découvrir l’esprit de Monsieur Freeman 🙂
En tout cas je confirme que le livre d’Anne-Laure Jacquart, que j’ai découvert également grâce à toi, est une “petite” merveille.