photo éclair orage Coolangatta prise de vue

Outre le soleil, le sable chaud et les doigts de pied en éventail, l’été est aussi la période propice aux orages. Il n’est pas forcément très intuitif de les photographier, et il y a beaucoup de choses à savoir, ce qui méritait bien un article.

Mais vous avez de la chance, car la photo d’orage se rapproche beaucoup de la photo de feu d’artifice, que j’ai traitée précédemment. Pas seulement parce que la période propice est en été, mais aussi parce que la technique de prise de vue est très proche.

Donc si vous ne l’avez pas encore fait, lisez l’article sur les feux d’artifice, vous allez encore mieux comprendre celui-ci.

Malgré tous mes conseils, il faut bien comprendre que la photographie d’orages est une discipline très aléatoire, et dont les résultats dépendent de beaucoup de facteurs que vous ne contrôlez pas. Il se peut donc tout à fait que vous rentriez totalement bredouille, même avec les conseils. Mais si vous les suivez, ça vous permettra de réussir si les conditions sont réunies.

Quelques précautions

Alors je ne vais pas en faire une gigantesque tartine, vous êtes des adultes responsables, mais il est évident que photographier des orages peut être dangereux. Donc pratiquez à vos risques et périls, mais surtout faites preuve de bon sens :

  • Restez à proximité immédiate d’une voiture, qui constitue une protection idéale contre un orage (il est impossible d’être foudroyé si on est à l’intérieur de l’habitacle)
  • Le signe précurseur qu’un éclair va tomber très près de vous : vos cheveux se dressent sur votre tête. Laissez immédiatement tomber la prise de vue et réfugiez-vous dans votre voiture. Il vaut mieux perdre votre matériel que la vie…
  • Tenez-vous à distance de ce qui pourrait être foudroyé et vous tomber dessus (arbres isolés, vieux bâtiments, pylônes électriques, …). Là encore, c’est du simple bon sens.
  • Dans certaines zones, les orages violents peuvent provoquer des crues extrêmement soudaines. Ce phénomène se produit notamment régulièrement dans le sud de la France, qu’on désigne sous le nom d’épisode cévenol. C’est extrêmement dangereux, pour vous en convaincre regardez la vidéo de la crue de Vaison-la-Romaine en 1992 (300mm d’eau en 3h, ça calme).

Trouver le bon endroit

Photo orage éclair australie lever de soleil
Lightning Sunset Gold Coast Australia by Luke Zeme

Une bonne part d’un cliché d’orage réussi, et je dirais même la majorité, c’est d’être au bon endroit au bon moment. Et c’est là que ça va se corser.

Un orage reste peu prévisible, et il est impossible de prédire précisément sa trajectoire. Cela dit, certains outils peuvent vous aider. Quand vous entendez des prévisions d’orage à la météo, foncez voir des cartes plus précises qui vous aideront à déterminer où va tomber la foudre.

Le meilleur endroit pour ça est le site de Chasseurs d’orages, qui possède une rubrique spéciale météo, dans laquelle vous pouvez trouver en particulier la carte « Données Zeus » qui recense les impacts de foudre, des plus récents (en pourpre puis rouge) au plus anciens (en vert puis bleu). Ça vous permet de visualiser la trajectoire de l’orage et de pouvoir faire un pari raisonnable sur l’endroit où pourrait frapper la foudre dans l’heure qui suit.

Il va vous falloir être extrêmement réactif et prendre la voiture tout de suite pour vous déplacer dans un endroit idéal pour photographier l’orage, c’est-à-dire légèrement en hauteur avec une vue dégagée sur la zone où frappera la foudre. Attention, ne faites pas l’erreur de vous placer carrément dans l’orage, le plus souvent la pluie vous bouchera toute la vue (en plus de détremper votre matériel…). Il vaut mieux se situer à quelques kilomètres pour observer l’orage de loin qui éclaire le paysage.

Si vous êtes en ville ou n’avez pas de voiture, très honnêtement ça va être plus difficile. Je vous conseille de trouver un endroit dégagé comme une place par exemple, sur laquelle vous pourrez peut-être capturer quelque chose avec de la chance.

Si vous êtes vraiment intéressé par le domaine, je vous conseille de fouiller le site de Chasseurs d’orages. C’est une véritable mine d’or, ne vous laissez pas arrêter par le design vieillissant 😉

La technique

C’est là que vous allez voir que ça ressemble beaucoup à la photo de feu d’artifice. En effet, comme les feux d’artifice, les éclairs sont des sujets « Harry Potter » (et rien à voir avec la cicatrice 😉 ) : quelle que soit la vitesse d’obturation utilisée, un éclair ne durera qu’une fraction de seconde. Son exposition sur l’image ne sera donc pas influencée par le temps de pose, mais uniquement par la sensibilité ISO et l’ouverture.

De la même façon que les feux d’artifice, et même encore plus, il ne faut donc pas essayer de capturer sur le vif un éclair, c’est absolument impossible. Il va falloir employer une pose longue, si possible de nuit, ce sera plus simple et plus esthétique (mais on verra après comment faire de jour).

Vous sentez que vous avez besoin de dépoussiérer ces notions ? On reprend tout depuis le début dans ma formation Devenez un Photographe Accompli. Pas à pas et avec les petites blagues habituelles 🙂

Le matériel nécessaire

Je pourrais presque copier-coller le matériel du feu d’artifice :

  • Un appareil capable de faire une pose longue
  • Un très bon trépied : il y a souvent beaucoup de vent lors d’un orage, il faut qu’il soit très stable. Pensez à le lester si possible.
  • Une télécommande de préférence.
  • Un objectif plutôt grand-angle, mais pensez à emmener un téléobjectif au cas où.

La prise de vue

Comme vous ne savez jamais quand un éclair va tomber (s’il tombe un jour…), il va falloir maximiser vos chances d’en avoir un sur l’image. Ce qui implique principalement deux choses :

  1. Être en permanence en train de prendre une photo : vous ne voudriez pas rater le bon moment !
  2. Utiliser une longueur focale assez grand-angle, pour englober une plus grande partie du paysage, quitte à recadrer par la suite.

En ce qui concerne les réglages :

  • Placez votre appareil sur trépied, et branchez la télécommande. Activer le blocage du miroir (dispo dans les options de pas mal de reflex, consultez votre manuel).
  • Faites la mise au point manuelle sur l’infini (bouton MF sur le côté de l’objectif en général)
  • Placez vous en mode Manuel M : ISO au minimum, diaphragme moyen du genre f/8 ou f/11, et mode Bulb (ou pose de 30s).

On a vu que l’exposition de l’éclair ne serait influencée que par l’ouverture et les ISO, mais celle du décor le sera par l’ensemble des réglages. Donc il conviendra de prendre un 1er cliché pour estimer les réglages qui permettent d’exposer correctement le paysage, si vous voulez qu’on le voie.

Cela va dépendre principalement de votre environnement : en ville, vous ne pourrez pas faire une pose trop longue sans surexposer. En campagne à l’inverse, s’il n’y a pas trop de pollution lumineuse, vous pourrez faire des poses bien plus longues. Faites donc un premier cliché test : tentez 10 à 20 secondes en ville, 30 secondes et plus en campagne, et ajustez pour avoir une bonne exposition.

Ces réglages sont une base pour commencer, mais il vous faudra peut-être les adapter. En effet, il est difficile de prévoir l’intensité lumineuse des éclairs, et ils pourraient être cramés (surexposés). Plus il sera près, plus il sera lumineux : si vous avez 3 images cramées de suite, fermez le diaphragme d’une ou deux valeurs. Pour compenser l’exposition du paysage, multipliez le temps de pose par 2 ou 4, respectivement.

Si votre temps de pose idéal est inférieur à 30 secondes, plutôt que d’utiliser le mode Bulb, le plus pratique est de fixer le temps de pose, et d’utiliser le mode rafale avec une télécommande. Par exemple si vous mettez 10 secondes, le mode rafale, et que vous gardez le bouton appuyé, l’appareil va reprendre une photo de 10 secondes immédiatement après la précédente, ce qui maximise vos chances d’avoir un éclair. N’oubliez pas, vous devez tout le temps être en train de prendre une photo !

Ça implique évidemment beaucoup de photos qui seront sans éclairs, et donc ratées, mais c’est la seule solution.

Si vous souhaitez prendre des orages en plein jour, il y a 2 options en gros :

  • Faire des poses plus courtes en rafale, en fermant beaucoup le diaphragme.
  • Utiliser un filtre ND (type 400 ou 800) pour pouvoir faire une pose longue, comme en pleine nuit. Cette technique a un désavantage : les ramifications des éclairs se verront peu, car elles sont moins lumineuses et le filtre ND trop puissant.

Voilà, j’espère que cet article vous aidera aux prochains coups de tonnerre ! Et vous, avez-vous déjà photographié des orages avec succès et sans griller comme une merguez ? 😉

Avez-vous tout compris ? Testez-vous avec le quizz


 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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