Sans lumière, pas de photographie. Autant dire que la lumière peut être notre meilleure amie, comme notre pire ennemie. Le propre du photographe professionnel, c’est de savoir apprivoiser la lumière, et pour ça, il faut d’abord la connaître. Alors faisons connaissance !

– Salut Lumière, comment ça va ?

– Nickel, je rayonne !

– Ha ha ! On a le même humour de merde je vois ! Est-ce que tu pourrais nous parler un peu de toi ? Oui parce qu’on se voit tous les jours, mais en fait on ne se connaît pas beaucoup ! 😀

– Je suppose que tes lecteurs et toi, vous vous en foutez complètement de ma double nature, particulaire et ondulatoire ?

– Absolument, on est pas physiciens et donc on s’intéresse plutôt à ce qui peut influencer nos photographies !

– Bon, alors il faut savoir que j’ai 4 caractéristiques principales qui jouent sur le rendu d’un cliché :

(note : Bon on arrête le style interview pour le reste de l’article hein, sinon ça peut rapidement devenir lourd :P)

Prenez note d’une chose avant tout : chaque source de lumière possède ces 4 caractéristiques, et il y a parfois plusieurs sources de lumière selon la situation. Il faut donc savoir en tenir compte.

1. Mon intensité

Portrait coucher de soleil lumière
Ici, la lumière du coucher de soleil n’était pas assez intense pour éclairer correctement le sujet. Sans autre source de lumière, on devait choisir entre sous-exposer le sujet, et surexposer l’arrière-plan, soit entre la peste et le choléra. Le photographe a donc utilisé une deuxième lumière (un flash) afin d’exposer correctement à la fois l’arrière-plan et le sujet. (Licence CC BY-NC-ND R Kurtz, cliquez sur l’image pour voir en grand sur Flickr)

C’est assez facile, cela correspond à la “force”, à la luminosité d’une source de lumière donnée. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’elle est relative. En gros, les phares d’une voiture en pleine nuit vous paraissent beaucoup plus puissants qu’en plein jour.

Cette intensité pose plusieurs questions :

  • Tout d’abord, la lumière est-elle assez forte pour éclairer correctement votre sujet ? Autrement dit, allez-vous avoir des problèmes avec l’exposition de l’image ? Et si elle n’est pas assez forte, comment allez-vous résoudre le problème ?
  • Quelles sont les intensités des différentes sources de lumière (lumière naturelle et lumière artificielle), et est-ce que celle qui éclaire votre sujet est suffisamment forte par rapport à celle qui éclaire son arrière-plan ?

Si le contrôle d’une ou plusieurs des sources de lumière (si vous travaillez en lumière artificielle) est possible, la problématique est plus simple car vous pouvez en général contrôler leur intensité. Dans le cas contraire, l’intensité des sources de lumière présente est importante, et vous aurez besoin de la déterminer pour éventuellement pouvoir vous adapter et trouver le bon point de vue (en déplaçant votre sujet ou vous-même si besoin).

2. Ma direction

Lumière et ombre direction
Licence CC BY-NC-SA Iain Alexander, cliquez pour voir en grand sur Flickr)

Oui, ça paraît évident mais c’est très important : la direction de la lumière influence beaucoup les images. En plein jour vers midi, elle vient du dessus, alors qu’au lever ou au coucher du soleil, par exemple, elle vient du côté, ce qui donne des rendus très différents. Essayez un peu un portrait avec un éclairage qui vient du dessus ou une lumière qui vient du côté, vous verrez que l’effet n’est pas du tout le même !

Pensez aussi à la lumière qui vient d’en face, de derrière un objet : celle qui crée des contre-jours, des effets de silhouette ou encore des rais de lumière à travers les arbres d’une forêt… Vous voyez de quoi je veux parler ? Et bien dans ce cas, la simple direction de la lumière crée une ambiance particulière, souvent un peu mystérieuse ou féérique.

Évidemment vous pouvez aussi utiliser à votre avantage un éclairage qui vient de dessus. Le tout est d’être conscient de cette direction, de savoir comment elle va influencer l’ambiance de votre image, et de savoir l’utiliser à votre avantage pour produire l’effet que vous désirez.

3. Ma qualité

Portrait de bébé lumière douce
Licence CC BY-NC-SA Jeremy Kunz (cliquez sur l’image pour voir en grand sur Flickr)

Ce qu’on appelle “qualité” de la lumière se réfère en fait à une lumière douce (ou diffusée, comme par exemple la lumière du soleil par temps couvert, ou celle d’un flash enveloppé d’un mouchoir) ou à une lumière dure (non diffusée, comme par exemple celle du soleil à 14h au mois d’août en Méditerranée, ou celle d’un flash puissant). Et à moins de vouloir créer un effet particulier, une lumière douce est en général plus flatteuse (en particulier pour le portrait).

Attention de ne pas confondre une lumière très directionnelle et une lumière dure ! Par exemple, sur cette image de gauche (qui est un excellent portrait au passage), la lumière est à la fois très directionnelle (elle vient nettement d’une seule source de lumière à droite), et plutôt douce (on voit que les transitions entre zones d’ombre et de lumière sont assez progressives). Vous voyez la différence ?

La “qualité” de la lumière est directement liée à sa taille :

  • Plus une source de lumière sera petite, plus elle sera dure.
  • Plus une source de lumière sera grande, plus elle sera douce.

C’est pourquoi une fois, pour diffuser votre flash, je vous avais conseillé de l’entourer d’un mouchoir : ceci agrandit en fait la source de lumière 😉 Vous pouvez aussi utiliser ça avec de la lumière naturelle : si celle qui passe par la fenêtre de la pièce est trop dure, vous pouvez placer un fin rideau, une grande feuille de papier calque… Bref n’importe quoi qui augmente la surface qui émet de la lumière !

Mais vous allez me dire : “Oui mais le Soleil, lui, il est très grand, et pourtant en plein mois d’août, il peut être une source de lumière très dure !” Et vous avez raison, car un deuxième paramètre rentre en jeu : l’éloignement de la source.

  • Plus la source de lumière est proche du sujet, plus la lumière est douce.
  • Plus la source de lumière en est éloignée, plus la lumière est dure.

On peut difficilement rapprocher le Soleil (et puis ça se réchauffe suffisamment comme ça, évitons d’empirer les choses ! :D). Par contre cette notion peut vous être d’un grand secours quand vous utilisez des sources de lumière artificielles. Mais n’oubliez pas que si vous rapprochez votre source, elle va sans doute paraître plus intense (car moins de lumière sera perdue), et qu’il pourrait falloir adapter son intensité !

4. Ma température de couleur

L'heure dorée golden hour température couleur lumière chaude froide balance des blancs
Prise de vue vers le coucher du soleil, l’ambiance de l’image fait la part belle aux couleurs chaudes. (Licence CC BY Anemone Jones)

Vous connaissez déjà un peu ce concept, qu’on a pu aborder en parlant de balance des blancs d’un appareil photo. En effet, toute source de lumière a une dominante colorée : elle peut être plus ou moins chaude (rouge, orange) ou froide (bleue). Ceci influence beaucoup l’ambiance générale de votre image. Il n’est pas possible de modifier cette température quand vous travaillez en lumière naturelle, mais bonne nouvelle : si vous shootez en RAW, vous pourrez aisément choisir votre propre balance des blancs grâce au développement numérique, et ainsi donner une ambiance plus ou moins chaude (ou froide) à votre image. Vous verrez, c’est souvent l’un des réglages qui interviennent en premier au développement, et un choix photographique important !

– Merci Lumière, et à bientôt à travers le viseur ! 😉

Voilà, j’espère que cette présentation de la lumière vous servira. D’ailleurs, j’ai un petit exercice pour vous. A chaque fois que vous êtes dans une situation photographique, demandez-vous :

  • Quelle est l’intensité de la lumière ?
  • Quelle est sa direction ?
  • Quelle est sa qualité ?
  • Quelle est sa température de couleur ?

Et surtout, jouez avec ces paramètres, et adaptez-vous selon le rendu que vous souhaitez pour vos images ! N’hésitez pas à poser vos questions à la lumière en commentaire, elle n’hésitera pas à vous répondre, et pensez à vous abonner à la newsletter si ce n’est pas déjà fait 😀
 
Et n’oubliez pas de partager l’article ! 🙂

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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