Nombre de nos appareils, des compacts aux reflex, proposent ce qu’on appelle des « styles d’image », ou assimilé. Voyons à quoi ils servent, et comment vous en servir.
Je dois dire que j’ai un peu hésité avant d’écrire cet article, car il pourrait vous donner de mauvaises habitudes. Mais j’ai beaucoup eu la question ces derniers temps, et j’ai donc décidé de vous expliquer à quoi ça servait, même si l’intérêt en est limité selon moi. Mais j’y reviendrai.
Appelés « Picture Style » chez Canon, « Picture Control » chez Nikon, certains appareils permettent de choisir différentes options qui vont agir sur vos images. L’utilité de ce réglage et la façon dont ça fonctionne peut sembler obscure, voyons donc ensemble à quoi ça correspond.
Quels styles d’images existent ?
Les appareils proposent en général plusieurs styles par défaut, du genre Standard, Portrait, Paysage, Neutre, Fidèle, Monochrome, … et des styles personnalisés.
Pour bien comprendre, faites un exercice : prenez plusieurs fois la même photo avec les différents styles proposés par votre appareil, et comparez les résultats obtenus. Vous allez voir que si l’exposition ou la profondeur de champ restent les mêmes, l’aspect de l’image va changer en plusieurs points, notamment le contraste (l’écart entre les hautes et les basses lumières), la saturation (l’intensité des couleurs), et la teinte des couleurs.
Et c’est bien normal, car si vous allez voir dans le menu comment sont faits les styles d’image (consultez votre manuel pour savoir comment), ou si vous créez un style personnalisé, vous allez voir que ce qui change entre les styles d’image, ce sont des valeurs de contraste, de saturation, etc…
Je ne détaillerai volontairement pas les effets de chaque style d’image, car ils diffèrent selon les marques, mais en gros un style Portrait va donner des couleurs plus douces qu’un style Paysage par exemple (cf l’image de gauche).
Je vous invite d’ailleurs à faire un 2ème exercice : créez deux styles personnalisés « extrêmes », en choisissant par exemple de mettre la saturation au maximum sur l’un, et au minimum sur l’autre. Ainsi, vous verrez bien les différences !
Comment ça marche ?
Comme vous le savez si vous avez bien lu et retenu l’article sur le RAW, l’appareil applique lui-même ses réglages de contraste et de saturation (notamment) sur les JPEG qu’il produit. Ce qui est une des nombreuses raisons d’utiliser le format RAW, c’est de prendre la main sur ces automatismes.
Et bien les styles d’image en sont une autre : c’est le seul moyen d’influencer le rendu de vos JPEG en termes de contraste et de saturation. C’est une sorte de post-traitement dans l’appareil. Sauf que le réglage est évidemment bien plus grossier, et qu’il n’offre aucun des autres avantages du RAW.
Vous l’aurez peut-être compris : ces réglages s’appliquent évidemment seulement aux JPEG de l’appareil, et pas aux fichiers RAW. En effet, les RAW n’ont pas de contraste ou de saturation fixée a priori.
Le seul cas où vous allez le voir lors de la phase de développement numérique, c’est si vous utilisez le logiciel du constructeur, qui sait interpréter les styles d’image, et va donc placer par défaut les valeurs de contraste et de saturation comme celles choisies sur l’appareil.
Mais des logiciels tiers (et plus performants) comme RawTherapee ou Lightroom ne tiendront pas compte des styles d’image choisis.
Faut-il l’utiliser ?
Il y a quelque temps, j’aurais eu tendance à dire « non, ça ne sert à rien, passez plutôt du temps en post-traitement ».
Sauf qu’entre deux je suis parti en voyage, période pendant laquelle je n’avais évidemment pas le temps de post-traiter mes images. Sauf que j’avais bien envie de partager quelques images ça et là avec des amis. Et en bon photographe qui traite ses images, je n’avais pas la moindre envie de livrer des JPEG fades sortis de boîtier. J’ai donc utilisé les styles d’image à leur plein potentiel de façon à montrer des images dont je n’avais pas honte, en attendant de prendre le temps de les terminer en rentrant chez moi.
Bref, ils peuvent être utiles dans des situations où vous devez livrer des images rapidement, sans avoir le temps de post-traiter.
Une autre raison de les utiliser est de vouloir tout de suite visualiser une image qui sera proche du résultat final. Je les utilise beaucoup plus depuis que je photographie avec un appareil photo hybride, car grâce à la visée électronique, je peux voir directement à quoi ressemblera ma photo.
C’est très utile, en particulier si vous photographiez en noir et blanc.
Comment utiliser les styles d’image à leur plein potentiel ?
Alors évidemment, comme on se passe du RAW cette fois-ci (temporairement j’espère 😉 ), et que je prône d’avoir le meilleur contrôle possible sur ses images, mon conseil sera simple : n’utilisez que les styles personnalisés.
Tâtonnez un peu pour trouver un, deux ou trois styles qui vous plaisent et vous serviront dans des situations diverses. Par exemple, comme j’aime les images contrastées et avec un peu de saturation en plus, j’ai personnalisé un style d’image sur mon appareil pour obtenir un rendu relativement satisfaisant : j’ai augmenté le contraste de 2 et la saturation de 1 par rapport au réglage Standard de mon appareil.
Au début j’ai essayé des valeurs plus élevées, mais le résultat était « too much » : trop de contraste et des couleurs criardes.
Mon conseil est vraiment de chercher par vous même le style qui vous convient le mieux !
Voilà, j’espère que ce réglage sera moins mystérieux pour vous dorénavant, mais n’oubliez pas qu’il supplée simplement ponctuellement l’utilisation du RAW, et ne le remplace en aucun cas ! 😉
N’hésitez pas à poser des questions en commentaire !
Enfin une réponse claire et complète sur les “styles d’images'”. Comme d’habitude on s’ enrichit avec plaisir sur des points techniques de photographie. Merci et continuez
Martine
Cet article m’a beaucoup aidé. Merci infiniment
Bonjour. J’aimerais trouver une méthode pour faire des images aux tons pastel sur lightroom. Je n’ai pas trouvé de vidéos sur la question sauf en anglais peut-être.Cordialement
Bonjour!
Laurent aborde le sujet dans sa formation “Sublimez vos photos”, mais n’a pas publié de vidéo sur le blog.
Je vais lui suggérer! 🙂
merci de partager jaime bien les truc jai trouver utile
Personnellement, je me sers pas mal du style Mono (même si je shoote seulement en RAW) quand je suis partie sur une série, et que je sais que je vais tout passer en N&B car les contrastes me plaisent plus. Et ben d’avoir direct le rendu en N&B sur l’écran de l’appareil après avoir pris la photo me permet des fois d’ajuster certains aspects (sur exp / sous exp qui rend finalement mieux en N&B pour une scène précise par exemple). Les possibilités de contraste sont tellement vaste avec le N&B, que d’avoir un petit preview ne mange pas de pain 🙂
C’est peut être applicable aux autres styles, pour simuler un peu son post traitement, selon ses habitudes, et ajuster en fonction.
Bonjour,
vous parlez souvent du RAW et je suis totalement d’accord avec vous sur son utilisation.
Seulement en tant que photographe sportif, je shoote environ 1000 à 1500 photos par session (Sport mécanique) et je ne peux pas me permettre de passer 1/4 d’heure par photos. Sachant que je publie au moins 2/3 de ces photos pour que chacun puisse avoir une photo souvenir.
Il est évident que pour les meilleures photos j’aimerais utiliser le RAW mais je ne sais pas à l’avance laquelle de mes 1000 photos sera la meilleure (celle qui sort du lot) , ni celle que je vais publiée sur 500px ou dans mon book.
Ma question : Si je shoote tout en RAW, je vais me sentir obliger de “post-traiter” l’ensemble, et si je ne l’utilise je passe à côté de belles opportunité. Quelles opportunités ? Quelles alternatives ?
Bonjour Marion,
Tu peux soit shooter en RAW+JPEG, et utiliser les JPEG pour de l’envoi rapide, et traiter les meilleures.
Ou alors shooter seulement en RAW, et utiliser les traitements par lots : tu peux appliquer les mêmes réglages à une série de photo.
Exemple, sur tes 1500 photos, tu as une série de 200 qui sont au même endroit avec la même lumière : tu en traites une correctement (honnêtement, avec l’habitude, c’est 5 minutes par photo grand max), et ensuite tu appliques les mêmes réglages à toute la série. Et tu peux refaire ça à chaque fois que les conditions sont similaires.
Ca réduit considérablement le temps passé.
Très bon article. J’aime beaucoup ta façon d’expliquer les choses. très simple, très compréhensible.
Personnellement, je prend mes photos en RAW uniquement, mais je prend la peine de choisir malgré tout un style d’image convenant au but pictural que je me suis fixé; ce qui me permet de développer mes fichiers RAW avec le logiciel propriétaire (canon DPP) en le laissant appliquer le style choisi lors de la prise de vue. Si le résultat ne me conviens pas, je peux alors retravailler le RAW avec DPP ou RAWTHERAPEE (ou tout autre logiciel…). C’est un gain de temps très appréciable lorsque je me retrouve avec des centaines de photos à traiter!
Je ne vois pas l’utilité de shooter à la fois en RAW et en JPG : ça prend de la place sur la carte mémoire et ça ralentit la prise de vue en rafale!
Au fait, les commentaires ci-dessus m’amène cette question : as-tu écrit un article sur le choix d’un écran pour faire du post-traitement ou tout simplement apprécier ses photos ? J’ai constaté qu’il peut y avoir de grandes différences d’un écran à l’autre.
Héhé, merci pour ce post. ça m’évitera d’utiliser les styles d’image alors que je shoot en RAW :p
Bonjour Laurent,
J’ai une petite anecdote concernant les styles d’image. J’ai changé de marque il y a quelques temps déjà et ai du m’adapter à la philosophie du constructeur de mon nouveau reflex. Le précédent ne proposait quasiment qu’un seul style d’image à la différence du nouveau. Les images avec le nouveau reflex étaient prises au début dans un mode dit “standard” dont le contraste est déjà assez augmenté et pas très adapté pour le portrait (entre autres). N’étant pas habitué à cette notion de “styles d’image”, et n’ayant pas cherché à développer les raws, j’ai bien cru au départ que mon boitier était défectueux. Ce n’est qu’après avoir acheté le logiciel du constructeur (capture pour ne pas le nommer) qui permet de bien comprendre les ajustements apportés aux fichiers raw que j’ai compris mon erreur. J’aurais aimé lire votre article plus tôt… Je me serais moins inquiété. En tout cas, si les styles d’image ne sont effectivement pas très utiles, l’article que vous avez écrit lui l’est, précisément parce qu’il permet de comprendre les limites et pièges de ces différents réglages.
A terme investir dans un ecran graphique a dalle ips semble trés conseillé pour traiter le raw,au risque sinon d’etre deçus lors du passage au format papier qui lui sera fidèle au traitement raw,qu’en pense tu Laurent ?
Quand au mode scène,au meme titre que le mode automatique il faut bien vite l’oublier pour progresser je crois …
Effectivement, de prime abord je pensais que l’article traitait des modes scènes…
Ne possédant pas d’écran satisfaisant je me demande si cette fonction peut “palier” au problème ?
Bonjour,trés interressant cet article,merci,moi aussi je shoote en raw + jpeg, et avec un picture control correctement dosé on peut sortir des jpeg correct qui peuvent aussi servir de modèle de base au devellopement des raws,(en tous cas au début) et quand on arrive a faire mieux que le bon jpeg on est sur la bonne voie,et parfois les jpeg en pleine lumière sont trés satisfaisant,mais pour ce qui est de “fabriquer” ratrapper ou sublimer son image,le raw devient incontournable,et indispensable pour de bons n&b …
Encore merci et bravo pour tout ce que l’on apprends ici en toute simplicité;
Bonsoir,
> Ok, merci 😉 J’ai bien compris cette fois, c’était pas le cas au début, la fin de ton article m’avait l’air ambigüe, tu l’as levé, c’est une bonne chose pour moi en espérant que pour d’autres cela soit plus clair aussi…En tout les cas, je suis happy car j’ai vraiment compris là…Je relisais à deux,trois voir quatre fois la fin de ton article en n’ayant pas cessé de me poser la question : De quoi il parle, du jpeg ou bien du raw ? Enfin le doute est estompé, merci à toi 😉
Cordialement.
Excellent article, as usual !
Une tite remarque cependant. Quel que soit le style d’image adopté au moment du shoot on peut, sous DPP (logiciel propriétaire Canon) modifier le contraste et la saturation des JPEG – de même que la netteté et la teinte.
On dispose donc d’un “mini post-traitement” certes moins performant que celui offert pour le RAW, mais qui permet de rattraper les éventuelles erreurs ou de bonifier ses JPEG.
J’imagine que cette possibilité existe pour les logiciels fournis avec les autres marques de boîtier…
Ceci étant, une fois de plus, merci Laurent !
Les styles d’images sur canon sont plus que convaincants, pour les mariages par exemple, nous utilisons directement les “jpegs boitier” pour la réalisation du diaporama photo.
D’ailleurs les jpegs sont tellement bon, qu’on se pose souvent la question de savoir si il est nécessaire de continuer sur du raw…
J’ajoute une chose, car je lis certains commentaires qui me laissent penser que j’ai peut-être été mal compris : je parle bien des styles d’images, et non pas des modes scènes, qui eux influent sur les paramètres de l’exposition (ouverture, vitesse d’obturation, ISO), mais pas sur le contraste ou la saturation.
Merci Lolo le boss de la photo!!!!!