Vous l’avez vu la semaine dernière : j’ai décidé de mettre en avant mes élèves au Salon de la Photo. Vous avez été plus de 5000 à visionner leur présentation, comme quoi ça vous intéresse énormément de voir les progrès qu’il est possible de faire, même quand on débute totalement. Comme ils étaient trop nombreux à se porter volontaires, j’ai dû les répartir sur 2 jours, et voici donc la présentation de 4 autres de mes élèves de Devenez un Photographe Accompli : Antonine, Aziz, Emilien et Yannis.

Si vous suivez le blog depuis longtemps, vous avez sans doute déjà vu l’étude de cas avec Antonine l’année dernière. Et comme vous le verrez dans la vidéo, Aziz n’a fait rien moins que 6 heures d’avion depuis la Côte d’Ivoire (!), exprès pour venir présenter ses images au Salon. Je dois dire que ça m’a un peu ému ! Je tiens encore une fois à tous les remercier infiniment pour leur présence 🙂

YouTube video

 
 
(Voici les liens de leurs galeries si vous voulez en voir plus : Antonine, Aziz, Emilien et Yannis.)

 

J’ai une excellente nouvelle !

Je pense que maintenant, les yeux pleins de belles images et devant tous ces parcours inspirants, vous devez commencer à y croire, que c’est possible aussi pour vous ! ) (c’est mon but principal : vous encourager) Excellente nouvelle donc : je vais très très bientôt rouvrir les portes de la formation. À partir de ce dimanche 7 décembre à 11h, je vais diffuser une vidéo dans laquelle je vous montrerai 4 erreurs ultras courantes chez les débutants, et comment les éviter immédiatement (tous les élèves que vous avez vus dans ces deux présentations ont aussi du les éliminer ! 🙂 ).

Cette première vidéo qui je l’espère ensoleillera votre dimanche (on en a besoin !), sera suivie de 3 autres où je continuerai à vous aider en photo, et où vous aurez aussi toutes les infos sur la formation. Vous pourrez vous inscrire à la fin de la série 🙂

Si vous voulez être sûr de ne rien rater, pensez à vous inscrire à la newsletter via le formulaire à droite. Si c’est déjà fait, vous serez prévenu, pas d’inquiétude !

 

En attendant dimanche, si vous voulez encore d’autres avis sur la formation, vous pouvez regarder les anciennes études de cas, ou les témoignages des anciens membres de la formation.

À dimanche ! 🙂

 


Voici la transcription texte de la vidéo :

Bonjour, ou rebonjour, et bienvenue sur le stand de Apprendre la Photo.

Animation un peu spéciale puisque j’ai décidé de mettre en avant certains des élèves de ma formation “Devenez un photographe accompli” qui est une formation en ligne à la photo. Je donnerai quelques détails à la fin pour ceux qui le désirent.

J’ai sélectionné quelques élèves afin qu’ils vous montrent quelques images et comment ils ont progressé, car il est important de vous montrer qu’il est possible, pour vous, de progresser de manière assez rapide. Et pour qu’ils vous expliquent leur démarche photographique, pourquoi ils ont fait telle ou telle image, et pour que vous puissiez leur poser des questions si vous voulez savoir comment ils ont fait ou savoir ce qui les a fait le plus progresser.

 

Pour commencer, je vais laisser la parole à Antonine. Ceux qui sont fidèles du blog la connaissent peut-être, car Atonine a fait une vidéo de témoignage d’étude de cas pour la formation. Je la laisse vous présenter ses images.

 

Antonine

Bonjour. J’ai commencé la formation avec Laurent en décembre 2013. J’ai choisi une dizaine de photos pour vous présenter et vous expliquer quelle était ma démarche et quelques détails techniques, quand il est besoin.

La première a été prise à New York. Porquoi intitulée “Provocation” ? Par rapport à la scène que j’ai eue sous les yeux. J’étais à l’entrée de Central Park, assise sur un banc avec ma mère. Je pense que j’ai fini par me faire oublier, ce qui m’a permis de sortir mon téléobjectif pour prendre en photo ces petites filles. Visiblement, c’était la sortie de l’école, car il y avait beaucoup de ces uniformes vichy, c’était très mignon. Un chien a fini par passer dans le coin et il s’est fait poursuivre alors qu’il n’avait rien demandé, et les petites filles ont continué à le suivre et à l’imiter. C’était assez drôle.

J’ai fait plusieurs photos, pendant cette séance, que je trouve assez mignonnes.

Concernant les détails techniques, j’étais zoom à fond avec mon téléobjectif stabilisé à 2.8, parce qu’à cette distance-là, ça allait. Je ne pouvais pas trop bouger parce que je pense que je me serais fait remarquer.

 

La deuxième photo, que j’ai appelé “Étoile filée”, c’est un double, voire triple sens, vous allez comprendre pourquoi. On se dirigeait vers les quais de New York et on a eu droit à une scène assez spectaculaire et assez jolie. On attendait que le soleil décline un peu, mais on a eu droit à plus que ça, puisque, finalement, on s’est retrouvés devant l’entraînement des élèves trapézistes de l’école de trapèze de New York. Ça a duré assez longtemps, j’ai eu le choix des prises de vues. J’ai choisi le grand-angle pour faire deviner, mais pas tout de suite, la présence des silhouettes, et le zoom, car les silhouettes devant le ciel sont assez jolies.

Je me suis mise en priorité vitesse à 1/1000e, comme pour les oiseaux, pour capter les personnages en mouvement.

 

La troisième photo, “Horizontale”, pour le format de la photo prise à Montreuil, dans le parc à côté de chez moi. Avec un bon mal de dos, j’ai dû utiliser le trépied, ce qui m’a obligée à soigner la composition plus que d’habitude, mais m’a permis de prendre des photos au soleil couchant (et même couché d’ailleurs).

La photo est prise un peu en hauteur, on peut voir quelques silhouettes, et c’est en pose longue, même si on pourrait penser que les personnages sont des ombres (comme c’est le cas sur cette autre photo), ça dépend si elles bougeaient ou pas.

J’ai attendu que le faisceau de lumière de la Tour Eiffel soit symétrique et que les deux personnages au milieu passent. L’idée de départ n’était pas du tout ça. En fait, j’avais vu une personne qui faisait le funambule, mais c’était un peu compliqué de la prendre, car il fallait mettre l’objectif au sol pour avoir le fil sur lequel elle marche. Et au trépied, ce n’était pas simple.

 

“Éclairage”, c’est la fusion entre éclair et orage. Je voulais faire des photos d’orage après avoir vu les conseils de Laurent sur la photo d’orage. J’ai profité d’une soirée bien orageuse à Paris, sur mon balcon, j’ai pris mon trépied, mon parapluie . Au départ, j’avais mis une ouverture beaucoup trop faible, et je me retrouvais avec soit rien, soit un cheveu sur la photo qui ne ressemblait pas à un bel éclair.

Finalement, j’ai pris une ouverte moyenne et un temps de pose moins long, car en étant en ville il faut aussi voir les bâtiments. J’ai fait plusieurs essais, dont un derrière la fenêtre en bougeant un peu le trépied. Je trouve ça rigolo. Et une autre photo de la bibliothèque François Mitterrand prise sous les éclairs. Et j’aimais bien la référence, le lien entre l’église Évangéliste aussi blanche que les éclairs à côté.

 

Une autre photo, “Observés”, le titre, en fait, c’est qui observe qui. On se baladait sur le pont de Manhattan et on a vu, à travers la fenêtre, un chat qui nous regardait. Il y avait plus qu’un chat, il y avait aussi une jeune fille qui dormait juste derrière. On ne l’avait pas vue au départ. C’était une scène assez jolie. Si on prend un peu de recul, en réalité que se passe-t-il ? On était sur le pont, le bâtiment n’était pas vraiment face à nous, je l’ai redressé après. La lumière n’était pas top donc j’ai mis la priorité sur la vitesse pour être sûre “d’être net” pour avoir une photo correcte. Et voilà ce que ça donne au final.

 

Ensuite une photo que j’ai appelée “Fleur et fruits”. Fleur parce que c’est le prénom de ma sœur, et fruits parce qu’elle souffle sur des fruits qui sont les akènes des pissenlits. J’avais une idée très précise pour cette photo. Je voulais que les akènes soient nets ce qui était compliqué parce qu’il y avait du vent, il fallait prendre en compte la direction qu’ils allaient prendre, ça allait très vite, avec une lumière pas toujours là pour m’aider. Finalement, je trouve cette photo assez sympa et c’est celle que j’ai retenue.

Mais au départ, l’idée était plutôt une photo comme celle-ci, quelque chose de très net que je n’ai pas vraiment réussi à faire, mais j’ai quand même des photos assez sympas. Par contre, c’était un jour fatal pour les pissenlits du quartier, parce qu’on s’est beaucoup entraînées.

 

La photo suivante, “Ornement” en référence aux ornementations du balcon et du collier de la jeune fille, qui se fond un peu dedans. Pour la petite histoire, c’était ma première séance de portrait, que je faisais avec une amie qui avait besoin d’une photo assez sérieuse au départ. C’est la dernière photo que j’ai prise de la séance, mais au départ nous étions sur des photos sérieuses pour son site pro. Et puis nous sommes sorties sur le balcon, et les lumières de la ville ont commencé à s’allumer et ça m’a permis d’avoir des ronds, comme ça. Et encore mieux, quand je me suis enfermée dehors, j’ai vu que c’était joli d’avoir les reflets de la ville sur la vitre.

 

Ensuite, une photo prise à Tours, dans la rue des Cerisiers, une très jolie rue dans la vieille ville. J’étais loin devant cet ami qui n’aime pas trop se faire prendre en photo. Je me suis retournée et j’ai pris cette photo sur le vif. Il allait assez bien avec cette rue. Noir et blanc parce que, d’abord le ciel était un peu cramé, et parce que ça donnait un peu plus le côté vieille France.

 

Celle-ci est une photo que j’ai prise avant la formation. “Cadres”, car il y a plusieurs cadres dans la photo. Je ne sais plus trop, j’étais peut-être en mode automatique, par contre je m’étais posée pour avoir cette composition-là, parce que j’avais vu les enfants qui jouaient dans les arbres ou sur le fil. Le ciel était rosé, derrière, et ça pouvait faire une jolie composition. Au départ, mon idée était d’avoir des silhouettes, mais quand j’ai découvert le post-traitement, avec cette photo aussi, j’ai débouché les ombres et je trouvais également intéressant de voir les détails des personnages.

 

Pour finir, cette photo toute simple. “Plongée”, parce qu’on ne sait pas si on est en contre-plongée ou si on plonge quelque part. Je trouve que les ciels, dans les photos d’architecture ou de paysage, c’est presque indispensable. Ça donne tout de suite plus de dynamique. Celle-là est simplement une contre-plongée, mais on pourrait avoir l’impression de plonger quelque part et d’aller vers l’avant. Techniquement, j’ai dû mettre une ouverture F11 pour que tout soit net, c’était en plein jour, vers midi, et on avait la chance d’avoir un ciel de beau temps.

 

Je vous remercie de m’avoir écoutée. Je vous présente juste le lien si vous voulez aller voir ma galerie Flickr et le site internet.

Pour l’instant je fais différents styles de photo, ça va de la nature au portrait en passant par les paysages urbains.

 

Laurent : Je pense qu’on peut l’applaudir bien fort. Vous êtes nombreux et ce n’est pas forcément évident de montrer ses photos à autant de gens.

Avez-vous des questions pour Antonine sur ses photos, sa pratique ?

Voilà, il faut toujours attendre un petit peu.

 

: J’aimerai savoir comment vous faites pour avoir les silhouettes plus noires.

 

Antonine : Je dirai qu’il y a deux techniques. Déjà à la prise de vue, si on sait que c’est ce que l’on veut, on règle l’exposition. Il y a 3 boutons : l’exposition réglée sur l’ensemble de la photo, l’exposition ponctuelle avec un peu de ce qu’il y a autour, et l’exposition sur un point précis.

 

Laurent : ce sont les modes de mesure de la lumière. Il y en a un qui va mesurer toute l’image, un qui va mesurer sur le centre (on appelle ça la mesure spot) et un qui va faire un peu entre les deux. On appelle ça la pondérée centrale, c’est-à-dire sur le centre, surtout, mais qui va tenir compte un peu des côtés.

Ça peut être un peu compliqué à expliquer comme ça à l’oral en 30 secondes, mais en substance, l’idée est de dire à l’appareil photo qu’il faut qu’il expose pour l’arrière-plan (qu’il soit bien exposé), et du coup le premier plan étant très sombre, il va être complètement noir puisque l’appareil photo va exposer pour l’arrière plan et pas pour le premier plan.

 

Antonine : Là, ça se voit très bien. J’ai vraiment exposé pour le ciel derrière — il était d’ailleurs un peu cramé, mais du coup j’ai baissé un peu l’exposition (avec le + et le -) pour le voir correctement — et les ombres étaient complètement bouchées, mais c’était le but.

Et si ça ne marche pas bien, on peut aussi, au post-traitement, jouer sur la réduction des zones sombres.

 

Laurent : Y a-t-il d’autres questions ? En général, quand il y a une première personne qui a posé une question, les autres se lancent.

 

: J’avais juste une petite question. Je voulais savoir ce que t’avait apporté la formation. Est-ce que tu avais déjà un style avant la formation ? Est-ce que tu as trouvé ton propre style ? Est-ce que tu sais ce que tu aimes en photo ?

 

Antonine : Vaste question… En fait, ce que je faisais avant, ce que j’aimais bien faire c’était plus des photos de paysages avec une ambiance un peu magique, ou alors carrément des photos de nature.

Ce que m’a apporté la formation : par exemple, celle-ci, je l’avais faite avant, mais j’avais déjà un peu cherché les réglages sur mon appareil bridge. Je l’avais posé sur un trépied et j’ai eu beaucoup de chance parce que, au moment où j’ai réussi à avoir la lune à peu près correcte, elle est passée derrière le Sacré-Cœur.

Par exemple, une photo comme celle-ci, je ne l’aurais peut-être pas forcément bien gérée avant la formation. Parce que, déjà, je ne savais pas comment on jouait sur la profondeur de champ, après c’est l’exposition, aussi.

Mais ce que m’a apporté la formation, c’est de vraiment savoir me servir de mon appareil photo, parce que j’avais acheté un reflex et que, vraiment, c’est un gros cap entre un bridge et un reflex, je me suis réellement sentie perdue au début.

Savoir ce que faisaient tous les boutons, ça a été bénéfique. Et au-delà de ça, faire beaucoup plus attention à la composition. Je pense que c’est ce qui change le plus l’apparence des photos. Même si, techniquement, c’est bien de savoir comment faire. Justement, l’exposition ou la vitesse qu’on veut.

J’ai vraiment appris beaucoup de choses et ça m’a permis de m’y mettre sérieusement. Parce qu’avant, je ne faisais pas vraiment attention. Au fur et à mesure, je me suis plus appliquée dans mes compositions.

Aziz

Laurent : Merci. On va devoir passer au suivant, parce qu’on a une heure et que je ne voudrais pas trop dépasser sur le créneau d’Alban, qui va nous parler de photos de paysages.

 

J’accueille le deuxième élève de ma formation, aujourd’hui : Aziz, qui nous vient de loin.

Aziz, tu as eu combien d’heures d’avion pour venir en France ?

 

Aziz : Six heures.

 

Laurent : Six heures, c’est pas mal. Je pense que c’est celui qui vient du plus loin. J’ai eu quelqu’un, hier, qui m’a dit venir de Martinique pour nous voir. Je pense qu’il doit y avoir match.

Je te laisse te présenter et nous parler de tes images.

 

Aziz :

Bonjour, je suis Aziz Toure. Je suis photographe. Je suis d’abord directeur artistique en publicité dans une agence de pub, et je suis devenu, après la formation de Laurent, photographe pratiquement professionnel. En Côte d’Ivoire, je suis professionnel. C’est avec modestie et ce que je sais de moi qui font que je ne me targue pas encore, aujourd’hui, d’être un top pro.

Je viens de Côte d’Ivoire. Avec Laurent, j’ai fait la formation dès la première saison. La photo est d’abord une passion. J’ai voulu en faire un métier, mais je n’avais pas les moyens de financer et j’ai dû sursoir à ma passion pendant un moment, essayer de travailler dans la publicité ; ça m’a permis d’avoir des entrées et de repartir vers ma passion.

Je suis d’abord allé sur le blog où j’ai appris énormément, j’ai évolué très rapidement grâce au blog. Ensuite, j’ai vu qu’arrivé à un certain niveau, je stagnais dans certains domaines. Et il y a eu la formation qui est arrivée, et c’est une formation tout simplement géniale. Sincèrement, je te félicite pour ça, c’est vraiment exceptionnel ce que tu fais. J’ai fait pas mal d’autres trucs comme formation, mais la tienne est purement géniale.

Ça m’a permis de rentrer pratiquement de plain-pied dans l’univers professionnel.

Aujoud’hui, je fais un peu de tout, mais je suis plus spécialisé, en Côte d’Ivoire et en Afrique de l’Ouest, dans la photo de pub, évidemment puisque je suis dans la publicité.

Je vais vous présenter un peu ce que je ressens ; ce sera moins dans l’aspect technique parce que la formation le fait super bien déjà, mais plus dans mon ressenti, ce qui me pousse à faire ce que je fais. Et vous expliquer comment je perçois chaque domaine de la photo dans lequel j’évolue.

 

“Nature morte”. J’en fais très peu parce que, malheureusement j’ai très peu de temps, entre le boulot et le studio, pour faire des photos de nature.

Cette photo, je l’ai prise du haut de mon balcon, pendant la première séance de coaching commun qu’on a eu. On était en ligne avec lui, et il nous disait “Sortez, allez-y, n’hésitez pas, faites des photos, testez en RAW…”, il y a eu un début d’orage, le ciel s’assombrissait, super chargé. Je suis sorti, j’ai posé mon trépied, pris mon optique et j’ai shooté. J’ai eu quelques photos d’oiseau, etc., mais je les aime moins que celle-là que j’ai voulu vous présenter.

Voilà ce que ça donne quand on est motivé, qu’on a envie d’y aller. Et même dès le début, on n’est pas forcément au top niveau, mais on y va et on commence à prendre confiance en ce qu’on fait.

 

Celle-là, c’était à Bamako, dans un hôtel. J’ai été sollicité pour des photos sur la campagne de l’actuel président malien. J’étais à l’hôtel, on revenait d’un reportage.

Comme je le disais, pour moi, la photographie de nature morte, c’est du graphisme. Comment les choses s’entremêlent, comment la lumière prend un élément, comment on le voit et personne d’autre ne le voit ainsi et comment on arrive à le capter pour le montrer aux autres. C’est ce que je ressens, c’est comme du graphisme, comme Photoshop, une page blanche et rajouter des éléments et créer un univers. Et quand c’est réel, c’est encore plus beau.

On arrivait d’un voyage à Tombouctou et Gao, au nord du Mali, pendant la période très chaude due à la guerre. Je sortais de 48 heures de reportage sans dormir, j’avais 4 700 photos à post-traiter et à rendre. Il faisait nuit, j’étais sur la table de travail et j’hésitais. Je me disais, je me couche, j’essaie de dormir un peu pour avoir des forces ou je continue. Et j’ai eu cette image qui m’a comme parlé et qui me disait : si tu veux être une grande lumière, tu restes là et tu bosses, si tu veux dormir, tu seras une petite. Et j’ai bossé jusqu’au matin, j’ai rendu les photos à temps et j’ai vite pris l’avion pour retourner dormir.

 

Un autre angle du même luminaire. Toujours du graphisme avec un petit désaxé qui me permet d’avoir cette belle sculpture et la lumière qui descend sur ce symbole typiquement africain, typiquement malien. C’était pour moi comme apporter la lumière sur cette zone de guerre, apporter de la lumière à ce pays en difficulté à ce moment-là.

 

Là, c’est à Dakar, au Sénégal. J’étais au balcon, je regardais et je voyais la ville à travers la rambarde. Au début, j’ai vu comme une fleur, ensuite j’ai vu comme un poisson, je voyais des choses différentes dans cette image et je me suis dit “je la capte quand même”. J’ai essayé de la récupérer du mieux que j’ai pu. Et voilà ce que ça donne quand on essaie de faire des choses, quand on ne s’arrête pas à ce qu’on croit savoir.

 

Ensuite, je fais du portrait. Pour moi, le portrait c’est de l’expression.

Ce portrait-là est celui de l’épouse d’un ami (ça moutonne un peu, désolé je n’ai pas pris la HD)

 

Laurent : c’est à cause de l’écran qui est un écran de télé. Pour avoir un grand écran on doit avoir un écran télé et la qualité baisse un peu. Il faut regarder d’un peu loin.

 

C’est le premier portrait que j’ai fait à l’ouverture de mon studio à Abidjan. Comme la naissance du studio, comme la naissance du petit bébé qui arrivait très bientôt. Mon studio, c’est mon bébé. C’est là que je passe 95% des 40% du temps qu’il me reste après le boulot, tous les jours. J’ai même pris un appartement au-dessus du studio pour pouvoir y être en permanence.

Techniquement, j’ai choisi ce clair-obscur pour l’arrivée de la lumière, l’arrivée du studio. Une lumière latérale, une box. J’avais pas beaucoup de matériel au début, c’était un kit à 500 euros avec 3 lumières, des box et un fond de studio, pas beaucoup d’argent pour avoir ce matériel de base.

Donc une lumière à gauche et une lumière pour éclairer le back-ground pour avoir cet effet de halo, que j’ai accentué au post-traitement.

 

Ça, c’est la petite vendeuse du marché à Bamako. C’est bizarre, mais cette photo m’a rendu un peu triste, je ne sais pas pourquoi. Pourtant elle était super joyeuse au moment où je devais la “capturer”. Ça m’a rendu un peu triste parce qu’à son âge, elle est obligée de travailler sous les 45° qu’il y avait à Bamako, pour aider sa famille. Ce n’est pas qu’elle soit maltraitée, mais parfois on est obligé de faire ou de subir quand on est de chez nous. Je l’ai prise en photo, elle était très heureuse, elle a regardé sa photo; ça m’a ému et en même temps rendu un peu triste.

J’ai choisi de la désaturer pour exprimer ce que moi je ressentais. Parce que le marché de Bamako est très coloré, des tonnes de couleurs qui s’entremêlent, donc ça pouvait être très beau en couleurs, mais j’ai choisi de la désaturer parce que c’est ce que je ressentais.

 

Là, c’est le même marché, très coloré. Ce portrait, c’est l’expression de la personnalité du Malien. Généralement, ce sont des commerçants, à 80 %. Là, c’est un vendeur de pagnes, une activité très sédentaire. Ils sont tout le temps posés là à attendre le client. Ce sont des gens très fiers de ce qu’ils sont, même quand c’est dur. Avec le maillot de foot qui représente son pays. Ils sont croyants. Je n’ai pas réussi, dans l’instant, à faire ressortir le chapelet qu’il a en main, mais là il est en train d’égrener son chapelet, caché entre ses jambes. Donc, en même temps très discrets sur ça. C’est aussi ce que cette photo veut exprimer. Et son regard pensif, tourné vers l’avenir, ça m’a beaucoup plu. Cette volonté qu’ils ont de pouvoir avancer et de sortir de leur situation actuelle.

 

Là, ça a été fait pour une carte de vœux, celle de mon agence de pub. C’est un trompe-l’œil. C’est aussi pour montrer que même si on n’a pas de matériel, il faut y aller, il faut essayer. Le résultat technique peut ne pas être parfait, mais l’idée ressortir parfaitement. Là, c’est un trompe-l’œil, il n’y a pas de montage. Sa main est juste derrière ses cheveux et c’est la projection de la lumière qui nous donne cette ombre, comme une main diabolique qui vient l’attaquer. C’est ce que j’ai voulu faire. Le thème de la carte c’était la double face, montrer sa vraie face au monde. Il y en a une autre. Voilà, dans le même style. Un trompe-l’œil, la lumière est latérale et projette l’ombre et on a cette chose-là. C’est pris en studio avec une toute petite lumière et j’ai eu du mal. Dans le temps, je n’avais qu’un 550 D.

 

Là, c’est le portrait d’un ami qui est photographe débutant. C’est quelqu’un qui, normalement, est très calme, très tranquille dans son coin, un bon chrétien croyant, mais qui là est presque diabolique sur ce portrait. J’essaie de prendre le contrepied de la personnalité de ce monsieur.

 

Là, c’est un portrait pour montrer toutes les beautés dont l’Afrique regorge. C’est mon épouse. Elle n’est pas guitariste, non.

 

Ici, c’est un jeune ingénieur du son venu au studio. Un jeune qui travaille très bien et que j’ai eu envie de prendre en photo. Lui, c’est plus son univers et sa personnalité que j’ai réussi à capturer et à transmettre.

 

Ce monsieur est un candidat aux législatives en Côte d’Ivoire. Ça faisait un peu peur, mais bon… finalement ça s’est bien passé pour lui. Ici, c’est plutôt de la difficulté technique dont je voulais parler. Parce que c’est un contre-jour au flash qu’il fallait faire. On était dehors, en contre-plongée, couché au sol, avec des flashs de studio qu’il fallait régler pour avoir et le ciel et le visage. Je devais avoir beaucoup plus de puissance en terme de flash et j’étais déjà passé à un niveau supérieur en matériel.

 

La mode. Pour moi, c’est beauté et créativité. C’est l’égérie de Trace TV Africa que j’ai prise en photo chez nous. Qu’elle soit belle ou pas, le résultat doit être beau.

Je fais des photos de mode avec des professionnelles, mannequins, top models très belles, mais j’en fais aussi avec des personnes qui n’ont rien à voir avec cet univers, qui n’ont pas forcément un physique attrayant, mais je le fais aussi quelquefois.

 

Comme je le disais, la beauté de l’Afrique. Beaucoup de retouches AIN en finitions, puisque je suis directeur artistique en publicité. J’ai aussi fait une formation sur les retouches professionnelles et voilà ce que ça donne.

 

Et voilà, une femme très forte, qui au final devient très belle dans un portrait de mode.

 

Là, j’ai figé une scène. C’était la première fois que je travaillais une scène, que je la prenais d’un bout à l’autre, c’est-à-dire depuis la direction artistique en terme d’idées, jusqu’à la réalisation, la retouche et le finis. C’est la scène du couturier qui est toujours en retard. En Afrique, c’est comme ça, il est toujours en retard et ne livre jamais dans les délais. Elle est presque nue et attend de pouvoir aller à la soirée. Mais ce qu’on montre en même temps, c’est qu’on a fait une création, que j’ai moi-même dessinée, de sous-vêtements en tissu de pagne. Et j’ai choisi ce post-traitement pour accentuer le côté anxiété de la scène, parce que le gars n’a pas terminé sa tenue.

 

Et ça se termine dos à dos. C’est toujours en tête à queue que ça se termine avec les couturiers.

 

Ça, c’est de l’afro street, comme je l’appelle. Des photos de mode comme en voit dans les magazines, mais typées africain. C’est dans la cour du studio, je n’ai pas cherché bien loin.

 

Là, c’est dans une commune que j’adore. On y trouve des couturiers chaque 10 mètres. Il y a plein de couturiers, plein de créativité dans cette commune, plein de couleurs. On a fait ce portrait de mode là-bas, une explosion de couleurs comme vous pouvez le voir. Beauté et créativité.

 

J’ai fait celle-ci pendant la même séance. Le ciel était clément. L’autre on a dû travailler au flash. Ici, pas besoin, on a eu un beau soleil, on était en golden hour, je n’ai même pas eu besoin de réflecteur, il y avait un mur orangé sur le côté qui débouchait les ombres et le soleil de l’autre et c’était parfait pour la scène.

 

La miss Côte d’Ivoire. Ici aussi, difficulté technique : on était dans une chambre d’hôtel pour le shooting, le balcon de la chambre d’hôtel fait 1 mètre et l’ouverture de la baie vitrée aussi, et même moins. Donc je n’avais pas la possibilité d’ouvrir et la shooter. Il fallait shooter à travers la vitre, au flash, en plus.

Et c’est un livre que tu m’as conseillé qui m’a permis de le faire. Un livre génial pour apprendre à maîtriser la lumière sur tout type d’objets. Après, c’est juste magique, démystifié. On peut faire ce qu’on veut avec sa lumière. Et j’ai réussi à traverser la vitre sans avoir de reflets.

 

Et quelques trucs de pub que je fais. En général en studio. Là aussi, difficulté : il fallait shooter devant un miroir avec des flashs, éclairer pour avoir l’impression que c’est la lumière ambiante qui est là.

 

Là, il fallait shooter la petite fille à l’envers. On l’a mise sur un truc à 45°, la tête en bas. Moi j’étais sur un truc à 45° au-dessus.

 

Cette photo c’est avec de la retouche et du montage. C’est lui qui a terminé le recompositing. On travaille ensemble depuis ces dernières années.

 

Là, c’est au Congo, j’ai pu shooter Monsieur Passy. Pas besoin de flash à ce moment-là, lumière ambiante. Il faut connaître les réglages qu’on apprend pendant la formation, ce que j’ai fait, et on a eu un portrait magnifique, aussi beau que ceux que je fais au flash.

 

Dernière anecdote : ce qui me fait kiffer, surtout dans la pub, c’est que j’étais dans l’avion pour venir et j’ai vu cette photo, cette pub dans le magazine que quelqu’un avait en mains. J’étais dans l’angle et de voir cette photo, là, c’était juste l’extase. J’arrive en France pour le salon de la photo et je trouve ma photo dans le magazine de l’avion.

C’est ce que j’aime dans la pub, c’est de sortir et de voir ses photos partout dans la ville.

 

Merci.

 

Laurent : Merci. Je crois qu’on peut l’applaudir. Il nous vient quand même de Côte d’Ivoire ! Juste pour le salon de la photo et pour nous parler de ses photos sur le stand. Pour l’anecdote, j’ai dû lui faire un papier pour que la France le laisse rentrer et j’étais un peu surpris.

Merci pour ton enthousiasme.

Comme on est clairement à la bourre, je ne vais pas prendre vos questions maintenant, mais si vous voulez parler avec Aziz après, n’hésitez pas, je pense qu’il sera prêt à répondre à vos questions.

Emilien

Bonjour, je suis Émilien Étienne. Pour ma part, je ne suis pas professionnel, je le précise. Je fais de la photo depuis moins d’un an, puisque j’ai commencé la formation avec Laurent en janvier 2014.

J’ai la chance d’avoir un métier qui me permet de voyager et donc, tout naturellement, mon travail photographique s’est orienté vers la photo de rue.

 

Là, on est à Bangkok, en février 2014, donc un mois après le début de la formation. Deux mois après avoir acheté mon premier reflex. Là, j’ai shooté avec l’objectif livré en kit, un 18/105 et je suis au maximum, à 105 mm.

Pour vous expliquer que les 5 premières photos que vous allez voir, où dans ce style photographique — la photo de rue — il est assez difficile de s’approcher des gens et d’avoir le courage de les photographier comme ça à la volée, de capturer l’instant sur le vif. Au début, ma démarche a été de me placer vraiment en retrait et d’utiliser le zoom à son maximum pour arriver à ce genre de clichés.

 

Toujours à Bangkok, au Lady’s market. Il faut savoir que c’est un endroit très fréquenté à Bangkok. On est en pleine semaine, il y avait un monde fou, et malgré la foule, j’avais repéré cette petite dame assise à même le sol, et ce qui était frappant sur cette scène, comme partout ai-je envie de dire, on peut juger de l’indifférence des passants à son égard. Il m’a fallu un petit moment avant de pouvoir la prendre en photo. J’ai essayé un peu tous les angles, mais avec l’affluence, j’avais à chaque fois beaucoup de monde qui passait devant l’objectif et il m’a fallu bien 20 minutes avant de me positionner correctement. Encore une fois, je suis très loin et j’utilise le zoom au maximum, je me suis accroupi pour être à son niveau, et par chance, juste au moment où elle a tourné la tête, personne n’est devant l’objectif, ce qui m’a perms de capturer cet instant.

 

Autre cliché. Là, on est à Los Angeles et c’est le jour où j’ai compris tout l’intérêt de garder son appareil photo allumé avec les réglages déjà choisis. J’étais à vélo, arrêté à un feu, le reflex en bandoulière et j’ai aperçu cette jeune fille en roller qui descendait de la rue venant de droite. Elle a grillé tous les feux et j’ai juste eu le temps d’attraper l’appareil. J’avais une vitesse rapide, sur 1/600e. Elle m’a vu, ce qui me vaut le petit signe de la main. Tout ça pour dire que la photo de rue, c’est aussi ça, garder son appareil constamment allumé pour pouvoir capturer ce genre de moments. Là, on est en mars 2014, donc 2 mois après le début de la formation. Et ça avait été un des thèmes, soit sur le blog soit dans la formation, abordés par Laurent dans cet exercice : garder son appareil allumé.

 

Toujours Los Angeles, ce qui m’a amusé sur ce cliché — toujours pour vous expliquer ma démarche, je suis au début de ma formation, toujours cette difficulté d’approcher les gens donc je suis toujours au maximum du zoom à 105 mm — c’est cet alignement, dans la composition, des planches de surf. Ils étaient en train de poser pour une personne devant. C’était rigolo, ça m’a amusé, voilà. C’est un cliché qui m’a demandé 30 secondes.

 

Bienvenus dans le monde inexpliqué des enfants. Cette photo est rigolote et intrigante, car je n’arrive pas moi-même à me l’expliquer. On est à Mexico, toujours avec l’objectif 18/105, je suis au maximum à 105, ce petit garçon marchait devant moi avec sa maman, la main dans la main, et sa petite sœur, et tout d’un coup, ce petit garçon s’est arrêté, sa mère et sa sœur ont continué leur chemin. Je le dépasse et quand je me retourne, il s’était accroupi de cette façon. Je me suis mis à son niveau, tout simplement, zoom à fond pour qu’il occupe tout le cadre. À ce jour, je ne sais toujours pas ce qui lui a pris de s’accroupir comme ça. Et je l’ai appelée “The boy”.

 

Là, on passe dans un autre style, j’ai envie de dire. On est à New York, en mai 2014, première photo où j’expérimente une focale fixe 35 mm. Là, je me fais violence, puisqu’avec une focale fixe, il faut s’approcher des gens. Il pleuvait, j’avais repéré cette demoiselle sur le trottoir d’en face en train de regarder une vitrine. Je précise qu’il pleuvait, j’étais attiré par ses talons compensés et pour arriver à shooter cette position, je me suis tout simplement mis par terre. À genoux, les genoux mouillés, mais j’avais tout de suite eu en tête ce genre de clichés. Ce que m’a apporté aussi la formation de Laurent, c’est d’avoir l’intention photographique, avoir l’idée, le travail photographique qui mûrit dans la tête.

 

Voilà, je ne vous mentais pas, il pleuvait bien. La même période à New York. C’était peu de temps après, j’ai tout de suite vu la juxtaposition des matières, ce qui fait que je l’ai appelée “Tendance vichy”. Là aussi, ça ne m’a pas demandé beaucoup de temps, mais le modèle s’y prêtait, devant moi au bon moment.

 

Un peu plus tard à New York, en août 2014, j’avais repéré cet officier de police qui mettait une amende à cette voiture mal garée. Toute la difficulté résidait dans le fait que je voulais absolument avoir la plaque de la voiture et l’officier et je peux vous dire que là, je me suis fait violence. Non seulement parce qu’avec le 35 mm on est obligé d’être très proche, mais j’attendais que l’officier me regarde. Il a entendu le clic-clac de l’appareil, puisque je shootais en rafales et il a tourné la tête au bon moment et j’ai pu avoir son regard dans l’objectif.

Et il ne m’est rien arrivé.

 

Un autre cliché, toujours à New York. Cette ville est fascinante d’un point de vue photographique. Sur ce cliché, j’ai été attiré en premier lieu par une composition, le jeu des marquages au sol qui m’amenaient droit vers les travaux. On ne le voit pas, mais la rue était bouchée avec des travaux juste derrière, ce qui fait qu’on avait une rue très calme. J’ai d’abord été attiré par ces marquages au sol, et il m’a suffi d’attendre que quelqu’un passe sur le passage piéton, parce que je voulais faire intervenir une personne sur cette photo. Et j’ai envie de dire “par chance”, il tourne la tête du bon côté, pour moi, parce que je trouve que ça renforce l’idée, avec les contrastes en plus des buildings, d’être projeté vers ce qui se passe derrière, même si on ne le voit pas. “The walking man”.

 

Et enfin, le dernier cliché. Je dois dire que c’est mon plus gros succès sur les réseaux sociaux, car j’ai commencé à diffuser mes clichés sur les réseaux sociaux. Celui-ci m’a demandé, pas forcément beaucoup de travail, mais… On est à Singapour, dans un centre commercial à côté du fameux hôtel le Marina Bay Sand, en forme de bateau, et dans ce centre commercial il y a un très grand escalator qui n’en finit plus et quand je suis arrivé là, personne ne le descendait, le centre commercial était presque désert, et j’ai attendu plus de 20 minutes pour que quelqu’un le descende, parce que je voulais absolument qu’il y ait quelqu’un. J’avais l’image en tête et il a fallu que j’attende le bon moment. Je l’ai appelée “La descente”.

 

Vous pouvez retrouver mon travail sur les réseaux sociaux, Facebook, Flickr, 500px.

 

Laurent : Merci Émilien. On peut l’applaudir bien fort. De belles images avec quelques leçons à retenir en terme de composition. Et de patience aussi, parce qu’attendre 20 minutes que quelqu’un passe.

Et souvent, faire de bonnes images c’est aussi faire un peu plus d’efforts que son voisin. Aller plus loin, attendre plus longtemps, ce genre de choses.

 

On va pouvoir passer à Yannis.

Et si vous voulez parler de ses images, après, avec Émilien, n’hésitez pas.

Yannis

Bonjour à tous, je m’appelle Yannis Marigot, j’ai commencé la photo il y a une quinzaine d’années avec de vieux reflex qu’avaient mes parents. J’ai racheté les mêmes lors d’un voyage en Australie avec mon épouse, il y a quinze ans. Je l’ai progressivement abandonné, car avec l’arrivée des enfants, je suis passé aux appareils numériques et ce qu’on appelle le point and shoot.

Pendant huit ans, j’ai évolué avec des appareils bas de gamme, et toujours une frustration et une envie de retourner à quelque chose de plus créatif et de plus manuel. Je suis arrivé avec un premier appareil, puis un deuxième, puis je suis passé au bridge, au compact expert jusqu’à ce qu’on décide de partir en Californie en 2011 pour les vacances d’été et je me suis dit “je ne peux pas partir avec un appareil comme ça, il faut que je passe à autre chose”. Je n’ai pas pris un reflex, mais un Sony, du mirrorless, un APS-C et au retour des vacances, j’avais encore une frustration parce que je n’étais pas pleinement convaincu de ce que j’avais fait, et c’est ce qui m’a valu, en cherchant sur les blogs, de tomber sur celui de Laurent. Et c’était tellement généreux chez lui, même son site (je ne sais pas si vous le connaissez), que j’ai décidé de suivre cette formation pour me remettre à niveau. Parce que j’avais des notions de base que mon père m’avait inculquées il y a longtemps et que j’avais apprise par moi-même parce que je travaillais avec de l’argentique et des focales fixes. Et que j’avais progressivement perdues.

Je suis parti sur la formation et ça m’a permis de me remettre à niveau sur des concepts de base, ne serait-ce que la profondeur de champ, que j’avais complètement oubliés. Et puis la composition, surtout.

Et puis j’ai abandonné cet appareil et je suis passé à du full frame récemment, parce que je fais pas mal de photos avec des zooms et des objectifs en kit et au final, je suis retourné sur des focales fixes manuelles. Ce sont des vieux cailloux qui datent des années 70/80, mais j’ai racheté un zoom y pas longtemps et je ne m’en sers pas. Je suis très fidèle à ces vieux cailloux et je trouve qu’on fait des choses magnifiques avec.

 

Cette photo a été prise au Brésil en début d’année. Au départ elle était en couleurs. J’ai eu un peu de mal à la prendre parce qu’il y avait beaucoup de soleil, déjà — j’en avais déjà fait plein avant aux chutes d’Iguaçu et c’est une des dernières que j’ai prises avant qu’on rentre. Elle est restée sur le disque dur pendant un bout de temps, en couleurs, et je ne savais pas trop quoi en faire. Jusqu’au jour où je me suis dit que j’allais essayer de la travailler différemment. Les autres je les avais travaillées en couleur, j’avais fait pas mal de travail en post-traitement et je suis parti pour un noir et blanc. Travail dans Lightroom. Je l’ai posté sur 500px et je me suis retrouvé en première page du site pendant une journée avec un taux de popularité de 99 %. Je n’en revenais pas, toute la journée je recevais des pop up. Elle a eu un niveau de popularité et je ne m’y attendais pas du tout. J’étais assez content du résultat, parce qu’au début il y avait du vert, du bleu, beaucoup de couleurs, et je trouve que le noir et blanc lui rend justice. J’ai eu du mal à faire la pose longue, parce que le sol était une terrasse en bois, il y avait pas mal de monde qui circulait autour de moi. Il a fallu que j’attende, que j’en prenne plusieurs, ça bougeait. J’ai dû descendre à 80 ISO, rajouter un filtre, d’avoir une D400 et j’ai dû mettre le polariseur derrière parce qu’il y avait beaucoup de soleil. Dans le tas, il y en avait une à peu près nette, que j’ai pu retravailler en noir et blanc.

 

Ça, c’est au Brésil aussi. Le dernier jour avant de rentrer. C’est le musée d’art contemporain Niteroi dessiné par Niemeyer. C’était jour de carnaval, impossible d’aller en ville, l’avion à prendre à 16 heures. J’ai emmerdé tout le monde, je leur ai dit “il faut que j’aille le voir, il faut que je le photographie”, donc on a pris un taxi et on y est allés.

Il y a deux photos, en fait, c’est un panorama deux photos. C’est en 24 mm, deux cailloux Canon, deux photos. J’en ai pris plusieurs, j’ai essayé de le travailler sous différents angles, essayé de trouver quelque chose d’un peu original. Et au final, j’ai pris un peu de recul, j’ai pris deux photos que j’ai recollées dans Photoshop, et un peu de travail de base dans Lightroom et dans Silver reflex pour lui donner un petit côté magique.

 

Beaucoup de noir et blanc, en l’occurrence. Même objectif, Canon FD 24 mm. Sur un full frame, c’est déjà large, mais là encore il y a deux photos.

Je rentrais d’un rendez-vous professionnel à La Défense, et j’avais pris l’appareil avec moi. De temps en temps, ça me prend, on ne sait jamais. J’étais plutôt parti pour faire des photos à La Défense, et puis je ne l’ai pas fait. Je voyais le temps et les nuages qui commençaient à s’assombrir, une ambiance assez lourde dans le ciel de Paris, j’étais en voiture, pas loin du Pont Neuf. Je l’avais en tête, déjà, c’est une photo assez classique et j’avais envie de la faire. Je me suis arrêté, j’ai sorti le trépied, j’ai couru, le ciel était extraordinaire. J’ai posé le trépied sur la rambarde, une pose longue histoire d’avoir des nuages un peu étirés et la Seine la plus lisse possible. Il y a pas mal de retouches locales. J’ai fait un travail un peu à la façon de Jean-Michel Berts. Beaucoup de dodge and burn parce que la photo originale n’est pas aussi contrastée, énormément de travail de post-traitement. Hormis le collage dans Photoshop, c’est essentiellement un travail dans Lightroom.

 

Encore du noir et blanc. Je m’en rappelle très bien. Je revenais d’un voyage professionnel et entre-temps j’avais acquis sur Ebay ou Le Bon coin, un 35 mm F2 pour Canon, pareil, un vieux Canon FD, que j’ai pris avec moi quand on est allés faire un tour à La Villette. On se baladait et je suis tombé sur cette vision. Il y avait quelque chose de sombre, un peu spécial, limite science-fiction dans la scène, l’impression que la géode est en train de sortir derrière avec deux ou trois rescapés qui regardent ça. J’ai saisi l’instant, shooté comme je pouvais, puis travaillé ça en noir et blanc en essayant de respecter au mieux la symétrie, un peu de recadrage et voilà le travail.

 

Encore du noir et blanc. New York (j’ai vu qu’on était pas mal à y être allés); c’est vrai que cette ville est géniale, à tous les niveaux. Je l’avais déjà faite, celle-là, et j’y suis retourné cet été, je voulais la refaire et changer de point de vue. Là aussi il y a deux photos. Il y avait beaucoup de vent, j’avais du mal à stabiliser le trépied et il doit y avoir 25 à 30 secondes de pose. Voilà, 30 secondes de pose, un gros travail de post-traitement sur le noir et blanc. J’alterne beaucoup entre Lightroom et Silver reflex, en l’occurrence, mais il y a beaucoup de retouches locales ensuite.

 

Un peu de couleur. Là, j’avais récupéré sur Le Bon coin un objectif que je n’avais pas eu le temps d’essayer. Un zoom Minolta MD 35/70, un truc complètement manuel dont j’avais entendu beaucoup de bien. Je rentrais du boulot, j’étais sur les quais et le ciel était extraordinaire. J’ai trouvé le moyen de garer la voiture je ne sais pas comment, mais il fallait que je la prenne. J’ai pris l’appareil, j’ai couru pour choper le bon moment parce que la lumière commençait à tomber. Pas de trépied, j’ai rusé avec une rambarde juste en haut, j’ai posé l’appareil dessus en stabilisant au maximum et j’ai attendu qu’il y ait le moins de gens possible. Et à un moment donné, les lumières se sont allumées et c’était extraordinaire. Il y avait les lumières qui venaient d’apparaître, le ciel d’une couleur somptueuse. J’en ai fait plusieurs et j’étais très surpris du résultat, je ne m’attendais vraiment pas à ça. En rentrant à la maison, le soir même, un peu de Lightroom et c’est sorti tout de suite. Les couleurs ont explosé. Bon, ce que je n’ai pas dit, c’est que grâce à Laurent j’ai oublié le JPEG depuis longtemps, et fort heureusement d’ailleurs. C’est extraordinaire ce qu’on est capable de faire maintenant en RAW, surtout avec les appareils actuels. J’étais très content de celle-là. Il y a eu un peu de travail. Ce que j’ai fait, j’ai suivi les conseils d’un autre photographe, passer dans Photoshop, revenir sur Lightroom, double post-traiter la photo. Il y a un petit côté HDR, mais il n’y en a pas du tout, en fait.

 

Celle-ci, au Québec. Coucher de soleil, rien d’extraordinaire, mais la scène était magnifique. J’avais les enfants, tout le monde derrière moi, je courais, j’avais repéré l’heure et la position du soleil avec une application sur Photographer’s Ephemeris. C’était juste somptueux. Il y avait pas mal de personnes qui étaient là pour le photographier aussi, j’ai essayé de me positionner en amont pour éviter d’avoir des gens devant parce que ça gâchait un peu le spectacle. Il y avait ce bateau très bien positionné, quasiment sur la ligne des tiers, une lumière sublime, un paysage somptueux. Le fjord du Saguenay derrière, un moment magique à savourer et à photographier.

 

Encore New York. Il faut souvent lever la tête. J’en ai plusieurs dans ce style-là, j’ai choisi celle-là pour sortir un peu du noir et blanc. On reconnaît la nouvelle tour du One World Trade Center. Simplement, levez la tête et la magie opèrera toute seule. Au niveau de la composition, souvent il suffit de se déplacer un tout petit peu et essayer d’avoir un point de fuite que j’ai réussi à avoir ici, avec un ciel assez joli et le soleil qu’on entraperçoit également.

 

Ça, c’est l’Afrique du Sud. J’ai la chance d’y aller régulièrement pour le boulot, j’en profite un peu. J’étends mes séjours et je voyage un peu. La région du Cap, pour les photos c’est juste magique. Il y a de quoi faire à tous les niveaux. Ils ont une lumière somptueuse tous les jours, des levers et couchers de soleil à faire pâlir tous les photographes. Là, c’est un cliché assez commun, un vrai cliché, pour le coup. Il y a une plage qui s’appelle Muizenberg où il y a des maisons qu’on va retrouver sur beaucoup de cartes postales, et en général ces photos sont plutôt prises de face avec un ciel bleu et assez peu de relief. Je revenais de la pointe du Cape Point et du Cap de Bonne Espérance et j’avais l’idée de passer pour faire aussi cette photo. Il fallait la faire. Il commençait à pleuvoir, j’hésitais, et puis je me suis dit “j’y vais”. J’arrive sur place, il y avait ce ciel un peu menaçant, et le soleil qui éclairait la côte en face. Plutôt que de les prendre d’en face, je les ai prises de côté. J’ai dû prendre 3 clichés braquetés, forcément, parce que les conditions en terme de luminosité étaient un peu difficiles. Il y a un peu de travail HDR dessus, et j’en suis assez fier, je l’aime beaucoup.

 

Encore Le Cap. C’est un panorama pris de la Table Mountain, la fameuse formation géologique qui caractérise cette région et cette ville. Quand j’y étais, c’était au mois de mai/juin, il faisait relativement froid, et un peu nuageux. Et à un moment, vers 15/16 heures, le ciel s’est déchiré, les rayons du soleil ont commencé à sortir et la lumière était magnifique. Il y avait beaucoup de nuages. Là, il y a 3 ou 4 photos, que j’ai collées ensuite dans Photoshop, qui donnent l’étendue de la ville. On retrouve le téléphérique, le stade qui a été construit à l’autre bout à l’occasion de la Coupe du Monde. Le panorama qu’offre ce point de vue est extraordinaire. En fonction de la saison, on peut y aller plus ou moins tard et assister à des couchers de soleil. J’y suis retourné il n’y a pas longtemps, mais à cause du vent ils avaient fermé et j’ai dû redescendre. Et le coucher de soleil m’est passé sous le nez.

 

Et pour finir, une photo plus ancienne. J’ai pris ça avec mon ancien appareil. San Francisco, j’y étais pour le boulot, c’était un matin. C’est pris juste avant d’arriver sur le Golden Gate bridge, il y a un marine drive pier, et ce pier avec une maison. Je l’ai pris sous différents angles et celui-ci m’a sauté aux yeux. J’ai fait une pose longue sur trépied, avec cette perspective, c’est une composition que j’ai trouvé assez sympa.

 

Laurent : On peut l’applaudir bien fort. Merci Yannis, merci pour tes images et de les avoir partagées devant tout le monde. N’hésitez pas à aller voir Yanis pour lui poser des questions sur ses images ou pour échanger avec lui.

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
Télécharger l'article en PDF
Vous avez aimé cet article ?

Votez pour cet article

1 Etoile2 Etoiles3 Etoiles4 Etoiles5 Etoiles (1 notes, moyenne : 5,00 sur 5)
Loading...