Vous pensez que la perspective est contrôlée par la longueur focale ? Et bien je pensais comme vous à mes débuts, et je me trompais. Démontons ensemble cette idée reçue très courante.

Là, logiquement, vous devez vous étrangler. Depuis qu’on vous a expliqué la différence entre un grand-angle et un téléobjectif, vous pensez que le premier accentue les perspectives et que le second les tasse. Sauf qu’on oublie trop facilement un autre élément : le grand-angle a tendance à vous faire vous rapprocher de votre sujet, et le téléobjectif à vous en éloigner. Il n’y a donc pas que la longueur focale qui change, mais aussi la distance par rapport à votre sujet. Décryptons ensemble les effets de ces deux variables sur vos images.

Pourquoi devriez-vous lire cet article ?

La perspective, c’est-à-dire la relation entre les tailles de différents éléments de l’image situés à des distances différentes, peut considérablement modifier un cliché.

Et il est important de comprendre comment agir sur cet élément pour mieux contrôler le rendu de vos images. Faire paraître vos amis très grands ou au contraire tout petits à côté d’une montagne, ça vous intéresse ? Et bien si vous pensiez que ce n’était qu’une histoire de longueur focale, vous devriez continuer à lire 🙂

Changeons la longueur focale

Comme d’habitude, expérimentons pour mieux comprendre. Sur les 3 images suivantes, j’ai placé Groot (le petit arbre) et Axolot (tout rose) à la même distance de l’arrière-plan.

Voici à quoi ça ressemble vu de dessus.

Je n’ai pas bougé mon appareil (placé sur trépied), et je n’ai modifié aucun réglage. La première image est prise à 35mm (sur micro 4/3), la deuxième à 25mm, et la troisième à 12mm.

Mais comme changer la longueur focale modifie aussi le cadre (qui est plus étroit à 35mm qu’à 12, nous sommes d’accord), j’ai recadré les images prises à 25 et 12mm afin qu’elles présentent le même cadre. Ainsi, nous verrons mieux l’effet de la longueur focale sur la perspective.

(Le recadrage détériore forcément la qualité de l’image, mais elle suffit pour voir la taille des éléments les uns par rapport aux autres.)

La scène à 35mm.
La scène à 25mm recadrée.
La scène à 12mm recadrée.
Pour info, voici la scène complète en 12mm, si vous ne me croyez pas. (oui il y a un plaid et un oreiller sur le canapé :P)

Comme vous pouvez le voir, il n’y a aucun changement dans la perspective : la taille d’une figurine par rapport à l’autre n’a pas changé.

Ça vous en bouche un coin hein ? Ça m’a fait le même effet quand je l’ai découvert grâce à un commentaire sur le blog 😉 (au passage, merci de m’avoir donné une idée d’article ! :D)

Changeons la distance par rapport au sujet

Restons à 12mm, mais rapprochons suffisamment l’appareil pour obtenir le même cadre que sur l’image zoomée (c’est-à-dire que Groot prend à peu près la même place dans l’image) :

Voyez-vous la différence gigantesque dans la perspective ? Groot paraît plus grand qu’Axolot, alors qu’en réalité il fait 2/3 de sa taille !

On voit donc bien que ce n’est pas la longueur focale qui influence directement la perspective, mais plutôt la distance par rapport au sujet.

Et la relation entre les deux ?

Vous allez me dire :

Oui, mais avec une focale plus courte, on a forcément tendance à se rapprocher, et avec une grande focale à s’éloigner, en tout cas si on veut garder le même cadre.

Effectivement : la longueur focale influence indirectement la perspective dans l’image, parce qu’elle vous force à vous placer plus ou moins près de votre sujet. L’hypothèse habituelle “focale courte = plus de perspective” est donc relativement valable.

Mais prenons le problème à l’envers : si vous “zoomez avec vos pieds”, vous changez la perspective de votre image, et il faut y prendre garde. Notamment avec des focales fixes où vous n’allez faire que ça : il faut bien visualiser ces changements de perspective pour voir s’ils n’ont pas un effet désastreux sur votre image (je pense au portrait par exemple).

J’adore toujours les focales fixes évidemment, mais en y regardant bien, il y a différentes focales adaptées à différents types d’images si on ne veut pas trop avoir à se rapprocher de son sujet. Par exemple, 50mm (en équivalent 24×36, donc environ 35mm sur des boîtiers APS-C ou 25mm sur des micro 4/3) sera sans doute plus adapté pour du portrait en pied ou à l’américaine que pour du portrait serré, où 85 voire 100mm permettent de s’éloigner plus du sujet afin de moins forcer les perspectives, et donc moins déformer son visage (cas typique : lui faire un gros nez :P)

Voilà, j’espère que vous aurez mieux compris comment la perspective fonctionne et que vous pourrez y prendre garde et la contrôler quand vous ferez vos choix de composition.

Je vous encourage à poster un commentaire pour ajouter quelque chose à cet article ou pour approfondir un point qui reste obscur pour vous 😉 Pensez également à vous abonner à la newsletter si ce n’est pas encore fait pour recevoir mon guide gratuit “Faites-vous plaisir en photographiant” !
 
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Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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