Oui, rien que ça, un meilleur photographe ! Il y a de ça un mois, j’ai acheté un objectif 50 mm f/1.8 et après 1 mois à l’expérimenter, je peux vous dire que ce caillou (comprenez objectif 😉 ) a fait de moi un meilleur photographe, et que si je ne devais garder qu’une optique, ce serait celle-là. Découvrons ensemble pourquoi !

Alors déjà, si pour vous « 50 mm f/1.8 » a autant de signification que טשתסנצ (ceci ne veut sans doute rien dire en hébreu, je ne le parle pas plus que vous :P), commencez par lire l’article sur le choix d’un objectif qui devrait vous éclairer sur ces caractéristiques. Surtout que c’est un objectif lumineux (ceci était une tentative de jeu de mots : si vous avez ri, vous avez le même humour pourri que moi, sinon vous pouvez quand même continuer à lire le blog, promis après j’arrête :D).

Pour résumer, c’est donc une focale fixe (ce qui veut dire qu’on ne peut pas changer sa distance focale, on ne peut pas zoomer quoi), qui possède une ouverture maximale très importante (f/1.8 alors qu’un 18-55 mm du kit ouvre en général à f/3.5), et qui a en plus l’amabilité d’avoir une excellente qualité d’image pour un prix modique (autour des 100€ !).

Ce caillou existe chez Canon et Nikon, mais aussi dans d’autres marques. Sur micro 4/3 par exemple, cherchez plutôt un 20 ou un 25mm pour avoir une équivalence. (on en reparle en fin d’article, pas d’inquiétude)

Voyons donc ce qui me pousse à faire un article complet sur cette optique tellement je la trouve géniale :

Indispensable en basse lumière

C’est l’avantage technique le plus évident : une grande ouverture suppose que plus de lumière peut entrer, et donc qu’il est possible de photographier dans des conditions de basse lumière.

Le premier exemple qui me vient à l’esprit est la photo de concert : il n’y a quasi pas de lumière, et à part dans les moments où les spots sont à fond, il vous sera très difficile d’obtenir une image correctement exposée avec l’objectif du kit, qui à 55 mm n’ouvre qu’à f/5.6 : la différence est tout simplement é-nor-me !

De plus, les musiciens bougeant en général beaucoup, il vous faut utiliser une vitesse d’obturation assez importante afin de figer le mouvement, d’où l’intérêt d’avoir une grande ouverture pour compenser. C’est donc une excellente optique pour le concert, le seul souci étant qu’il est un peu plus difficile de cadrer puisque vous ne pouvez pas zoomer.

Photo de concert guitariste basse lumière Furykane

La photo de concert est une chose, mais après tout vous n’aimez sans doute pas tous ça, ou n’êtes pas amenés à en faire régulièrement.

Mais les concerts ne sont pas la seule situation où la lumière est basse. Prenons une journée d’automne/hiver classique, genre avant-hier, où le soleil se couche vers 17h, et où il pleut des cordes. Bon ok je suis dans le Nord, mais quand même 😛

En gros, il fait très sombre toute la journée, et il fait nuit noire quasi dès 17h30. C’est une situation où vous atteignez déjà les limites techniques de l’objectif du kit, qui galère nettement à vous sortir une photo où on voit autre chose qu’un amas de pixels noirs.

Et bien un 50mm f/1.8 adore ça, tout simplement. Et avant-hier justement, j’étais bien content de prendre tranquillement des clichés sans me battre constamment avec les limites de mon optique. J’avais déjà suffisamment à faire en essayant de tenir le parapluie en même temps 😀

Par exemple je n’ai eu aucun problème à obtenir l’image ci-dessous, alors qu’il était 18h05 ! Elle est un peu sombre, mais c’était ma volonté, et j’aurais pu sans problème l’exposer un peu plus en post-traitement sans trop diminuer sa qualité.

Photo rue bâtiment basse lumière Hors du temps

Une profondeur de champ inédite

Dès le premier cliché que j’ai pris avec cette optique, j’ai su qu’avant ça je ne savais pas vraiment ce qu’était la profondeur de champ. En effet, comme vous le savez si vous avez lu l’article sur l’ouverture, plus l’ouverture est grande (= f petit), plus la profondeur de champ est faible.

Et à f/1.8, ça se voit vraiment. On voit une différence entre f/3.5 et f/8, mais on découvre réellement ce que c’est à f/1.8. C’est un peu compliqué à expliquer, c’est réellement un ressenti photographique que je trouve exceptionnel.

Pour essayer de vous montrer quand même, demandons un coup de main à notre ami Jack, qui avait déjà eu l’amabilité de se prêter au jeu pour un article sur les différents modes de mesure de la luminosité.

photo exemple profondeur de champ mode de mesure de la luminosité
f/1.8 VS f/5.6

La différence apparaît déjà nettement, mais utiliser un 50mm f/1.8 est sans doute la meilleure façon de s’en rendre compte.

Vous allez me dire que c’est bien joli, mais est-ce que ça change vraiment la vie ? Et bien, il est évident que vous avez ainsi plus de possibilités photographiques, plus d’amplitude pour créer l’image que vous souhaitez, notamment pour isoler le sujet de l’arrière-plan. Le meilleur argument est encore une image :

Alexandra photo isoler le sujet de l'arrière-plan

J’adore tout simplement ce portrait (modestement), car il montre bien comment cette grande ouverture permet d’utiliser le flou artistique pour créer une image forte. Je ne sais pas vous, mais moi j’adore voir ce visage qui se perd doucement dans un joli flou artistique. C’est réellement une optique excellente pour du portrait.

Vous êtes obligés de bouger

Ça ne vous aura pas échappé : cette optique est une focale fixe, ce qui veut donc dire que vous ne pouvez pas zoomer (La Palisse est mon ami). Tant que vous n’avez vécu qu’avec des zooms, ça peut vous paraître un handicap.

Ce que je pense, c’est que les zooms sont un handicap. Un handicap énorme. Quand vous utilisez un zoom, vous êtes soudainement cloués au sol, occupés à zoomer ou dézoomer au lieu de BOUGER vos fesses. Et quand je dis cloué au sol, je parle presque littéralement.

Pas plus tard qu’hier, j’ai dû changer d’optique car j’avais besoin d’une focale plus importante que 50mm. J’ai donc monté mon 55-250mm. Et bien je me suis retrouvé subitement immobile, occupé à zoomer et dézoomer. J’ai réellement dû faire un effort conscient pour me déplacer.

Vous allez me dire que vous ne trouvez pas de problème à rester pépères à zoomer/dézoomer. Bande de fainéants ! 😛 En réalité, le fait de travailler avec une focale fixe vous oblige à être créatifs : vous êtes forcés à travailler votre composition finement pour éliminer les éléments gênants, à adopter un point de vue original, à cadrer subtilement votre image. Vous êtes sans cesse mobiles : je me suis surpris à faire des pas de côté genre danseur pour mieux cadrer ! Ça doit être assez drôle à voir je vous l’accorde, n’empêche que mes images sont meilleures 😉

Photo exemple composition cadrage focale fixe point de vue original

Oui, rien que ça, je n’hésite pas à le dire. Pourquoi mes images sont meilleures ? Parce que cette optique me permet :

  • De pouvoir exprimer ma créativité dans un plus grand nombre de situations.
  • D’avoir un champ de possibilités plus grand en termes de profondeur de champ (selon moi l’élément fondamental d’une photo réussie est une profondeur de champ maîtrisée).
  • De renforcer ma créativité en me forçant à bouger avec mes pieds.
  • De travailler mes compositions plus finement.

C’est simple, sur une centaine de clichés pris lors de ce fameux jour d’automne avant-hier, j’en ai gardé huit. Sachant que j’en ai pris certains en 20 exemplaires en testant différents angles de vue. Ça peut paraître peu, mais c’est un ratio bien plus important qu’avant.

Un autre indice : cet objectif est resté monté quasi en permanence sur mon appareil photo depuis que je l’ai.

Je pense sincèrement que ce sont les 100€ que j’ai le mieux dépensé de ma vie. Et je n’en rajoute pas. Si vous souhaitez développer votre créativité, faire un peu d’art en photographie, c’est le premier achat à faire après votre boîtier muni de l’objectif du kit. Pour le prix, vous ne le regretterez pas ! Vous avez donc maintenant une idée pour écrire votre lettre au Papa Noël ! 🙂

Sélection d’objectifs 50mm pour toutes les marques

Pour vous aider, j’ai décidé de rajouter à cet article une sélection d’objectifs selon la marque de votre appareil. Je n’ai mis que les objectifs pas chers ici, le but étant d’obtenir tous ces avantages pour un petit prix.

Note : Depuis, j’ai écrit un article pour répondre à la question très courante : sur un capteur APS-C (comme celui de la plupart des reflex), faut-il choisir un 50mm ou bien un 35mm ? Vous devriez peut-être le lire avant de regarder cette sélection 🙂

Canon

Le Canon EF 50mm f/1.8 STM est vendu environ 130€, et il fera parfaitement le boulot.

Vous pouvez l’adapter sur tous les reflex Canon EOS, et aussi sur les hybrides Canon EOS R via l’adaptateur.

Canon RF 50mm f/1.8 STM

Si vous avez un hybride Full Frame Canon, regardez le Canon RF 50mm f/1.8 STM

Nikon

Le Nikon AF-S NIKKOR 50mm f/1.8G fera l’affaire pour tous les appareils reflex Nikon D ou hybrides Nikon Z.

Si vous avez un reflex Nikon à capteur APS-C, vous pourriez aussi être intéressé par un Nikon AF-S DX Nikkor 35mm f/1.8G, qui vous donnera un équivalent proche du 50mm monté sur un appareil à capteur plein format.

Nikkor Z 40mm f/2

Si vous avez un hybride Nikon Z à capteur Full Frame ou APS-C, regardez du côté du Nikkor Z 40mm f/2, bon optiquement et bien plus abordable que la version 50mm F/1.8

Sony

Sony FE 50mm F1.8

Le Sony FE 50mm F1.8 est un peu plus cher (dans les 180€), mais vous ne trouverez malheureusement pas moins cher. Vous pourrez l’utiliser sur la série des Sony A.

Sigma 30mm f/1.4 DC DN

Si vous êtes en APS-C (Sony E), regardez le Sigma 30mm f/1.4 DC DN qui est certes plus cher, mais Sony n’a pas de 35mm bon marché à l’heure actuelle, malheureusement.

Fujifilm

FUJINON XF35mmF2 R WR

Les hybrides Fujifilm n’étant dotés “que” de capteurs APS-C, je vous conseille le FUJINON XF35mmF2 R WR.

Malheureusement il coûte pas loin de 400€, on est loin d’un objectif pas cher.

Panasonic / Olympus (micro 4/3)

Sur format micro 4/3, c’est un peu particulier, car Panasonic et Olympus se sont mis d’accord sur un standard, et les optiques d’une marque sont adaptables sur les boîtiers de l’autre marque.

LUMIX G 25mm F1.7 ASPH

Panasonic propose donc le Panasonic LUMIX G 25mm F1.7 ASPH, pour 200€.

Olympus ne propose qu’un 25mm f/1.8 pour 360€ environ, donc ça ne rentre pas trop dans notre budget !

Voilà, j’espère que cet article vous aura aidé et vous fera découvrir le merveilleux univers des focales fixes 🙂 Si vous voulez poursuivre la lecture, je vous glisse une sélection des meilleurs appareils photo de 2023 par catégorie de besoins.

N’hésitez pas à poster un commentaire pour vous exprimer sur cette optique ou poser vos questions, et pensez à vous inscrire à la newsletter si vous souhaitez être mis au courant des prochains articles 😉

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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