J’ai beaucoup dit ces derniers temps de ne pas trop respecter les règles établies en photo, mais il n’en reste pas moins qu’il est parfois intéressant de connaître ce qui se fait classiquement. Rien de tel que de bien connaître les règles pour les transgresser intentionnellement ensuite.
Voyons donc ensemble les 5,5 différents types de cadrages utilisés classiquement pour le portrait, et qui fonctionnent bien pour mettre en valeur votre sujet.
(Oui, 5,5, il n’y a pas de faute de frappe, vous allez voir pourquoi 😉 )
Attention : ce ne sont bien évidemment pas les seuls cadrages possibles, et couper à tel ou tel endroit du corps ne garantit pas un bon portrait évidemment, de la même façon que ça ne vous empêche pas de trouver des poses un peu originales 😉
Prenez donc cette liste plutôt comme de grands principes que comme des règles à respecter absolument (comme d’habitude en fait, mais il vaut toujours mieux le rappeler 😉 ).
1. Le portrait en pied
Comme son nom l’indique, une photo en pied ou photo plein-pied consiste à photographier le sujet en entier, de la tête aux pieds. Ce type de cadrage peut être utile si vous souhaitez présenter votre sujet dans un certain contexte, quand vous souhaitez donner des informations sur le sujet grâce au décor.
Il est évident que le visage jovial d’une marchand de fleurs sur un marché aura un impact différent en très gros plan centré sur le visage que si vous donniez plus de contexte en cadrant également son étal. Mais vous n’êtes évidemment pas obligé de cadrer en entier comme ça 🙂
En effet, je trouve que le principal défaut de ce cadrage, c’est qu’en plus de saisir une bonne expression, il faut également une bonne position du corps d’une manière générale pour qu’il soit harmonieux, ou tout au moins qu’il ne gêne pas le regard. Si vous faites poser votre modèle, il faudra donc aussi gérer cet aspect.
Ça me fait penser à une leçon de la Masterclass d’Albert Watson, dans laquelle il explique comment il a réalisé ce portrait en pied de Jack Nicholson (vous savez, le fou à la hache dans le film Shining 🙂 )
Ce cadrage peut vous paraître facile à faire techniquement puisqu’il “suffit de cadrer large”, mais c’est en fait un des plus complexes à maîtriser, car en incluant plus d’éléments dans le cadre, il faut les ordonner, les agencer intentionnellement entre eux, sans parler de gestion de la posture du modèle comme je vous disais. Bref, peut-être pas le premier à tester si vous voulez vous lancer dans le portrait 🙂
2. Le plan américain
Le plan américain est un cadrage qui coupe le modèle à mi-cuisses, en photo ou au cinéma. Ce cadrage est appelé ainsi en raison de son utilisation dans le cinéma américain (pensez aux westerns).
C’est une option intermédiaire intéressante si vous souhaitez montrer l’environnement du modèle sans pour autant vous embêter avec la position des pieds et des genoux.
Vous pouvez aussi jouer avec pour faire passer un message particulier. Jouer sur un aspect western un peu caricatural pour ajouter un peu d’humour par exemple 🙂
Mais ce cadrage peut aussi convenir à mettre en valeur une silhouette féminine dont la taille et les hanches sont un élément important (vous allez me dire, les jambes aussi ^^).
En tout cas, si vous souhaitez cadrer un peu large, c’est une option à considérer sérieusement.
3. Le plan taille
Le plan taille est un peu moins courant et classique : le modèle est coupé à la taille, au niveau de la ceinture. Ce cadrage peut mettre en valeur une élégance naturelle (pensez à un homme qui porte très bien le costume) ou une silhouette intéressante à elle seule.
C’est un conseil qui vaut pour tous les cadrages, mais veillez bien à ne pas couper les mains. En effet, je trouve qu’on peut facilement le faire en cadrant comme ceci, les mains étant naturellement à peu près au niveau du bord du cadre. Pensez donc à guider votre modèle sur ce point, ou à attendre le moment décisif.
Cela dit ce n’est pas une règle rigide comme d’habitude : surtout ne jetez pas à la poubelle un portrait sous prétexte qu’une main est coupée ! Regardez ce portrait d’enfant réalisé par la célèbre portraitiste Dorothea Lange, il n’en est pas moins poignant malgré le cadrage qui coupe les mains.
4. Le plan buste / poitrine
Le plan buste ou plan poitrine est un cadrage coupé à mi-bras, entre l’épaule et le coude. Très classique et efficace, ce cadrage sied à quasiment tous les modèles, et permet d’apprécier la corpulence et d’une manière générale l’attitude du modèle.
Il y a peu un ami m’a demandé une photo pour illustrer son CV, et après plusieurs essais c’est ce cadrage que j’ai choisi. En effet, le plan poitrine permet à la fois de visualiser suffisamment le visage et les yeux sans forcément le voir de trop près (pensez aux défauts de la peau), tout en donnant une idée de l’allure générale de la personne.
Ce plan peut également bien mettre en valeur une silhouette féminine aux jolies épaules (enfin d’une manière générale, mettez en valeur la silhouette de vos modèles 😉 ). J’avais l’habitude de beaucoup user du gros plan, mais avec les femmes je préfère dorénavant ce plan.
Avec des modèles féminins, il vous faudra faire attention à la poitrine et cadrer très précisément : vous le verrez vous-même si vous essayez, mais vous ne pouvez pas couper n’importe où sans risque que ça paraisse bizarre. Il est plus naturel de placer le bord du cadre nettement en dessous de la poitrine (on arrive presque au coude, à environ 2/3 du bras), ou alors de n’en laisser paraître que la naissance (environ 1/3 du bras).
Comme une image vaut mieux qu’un long discours, j’ai défiguré une photo pour vous montrer ce que je veux dire. En vert, les cadrages qui passent, et en rouge, celui qui paraît moins naturel (vous avez le droit de ne pas être d’accord, c’est juste un truc que j’ai remarqué par moi-même).
5. Le plan serré / très serré
Le plan serré et très serré sont des cadrages très proches, qui se différencient uniquement par la présence du haut des épaules dans le cadre ou non (respectivement).
Ces deux cadrages mettent surtout l’accent sur le regard, les traits du visage et l’expression faciale. Ils fonctionnent très bien sur les personnes aux traits marqués, que ce soit par l’âge, les conditions de vie, ou autre. Ce portrait d’Al Pacino par Albert Watson met en valeur le regard. D’ailleurs Albert Watson nous raconte dans sa Masterclass qu’il a carrément acheté le café préféré d’Al Pacino pour le mettre à l’aise sur ce portrait. En créant un compte gratuit sur maitres.photo (cliquez ici), vous pourrez voir une leçon gratuite, donc ne vous privez pas !
C’est assez fascinant de voir que le savoir faire pour réussir ce type d’image est loin de n’être que technique !
Mais attention, ce type de cadrage très serré a tendance à révéler tous les défauts du visage : à utiliser avec parcimonie donc selon vos modèles et le but de la photo.
Aussi, gardez à l’esprit que si ce type de cadrage peut être poignant, il y a un vrai risque de tomber dans le poncif photographique “ils sont pauvres, ils ont tant souffert, mais sont si dignes“, notamment avec les personnes d’un certain âge. Je ne vous dis pas ça pour que vous vous censuriez hein, juste pour vous suggérer d’y aller avec parcimonie 😉
J’attire également votre attention sur la focale à utiliser. En effet, avec une focale relativement courte (80mm équivalent 24×36, c’est-à-dire ce que vous obtenez en utilisant un 50mm f/1.8 sur un capteur APS-C), vous allez quand même pas mal vous rapprocher de votre modèle.
Comme je vous l’avais expliqué dans l’article sur les secrets de la perspective, plus vous vous rapprochez, et plus vous déformez les perspectives (en pratique, ça fait un gros nez à votre modèle :P).
C’est pour cette raison qu’on évite le plus souvent de faire des portraits au grand-angle, car il force à se rapprocher pour resserrer le cadrage.
On peut difficilement parler de grand-angle pour un équivalent 80mm, mais en se rapprochant pour un très gros plan, on peut voir une déformation (pas forcément flagrante, mais présente). C’est pourquoi je vous conseillerais d’utiliser une focale plus longue si vous le pouvez (100mm équivalent 24×36 devraient suffire), ou alors de faire attention à cette déformation (et peut-être de vous en tenir au plan poitrine, voire au gros plan).
Voilà, j’espère que ces cadrages “classiques” vous aideront à mettre en valeur vos modèles comme vous le souhaitez : ça peut vous être utile si vous débutez le portrait, car c’est toujours bien d’avoir quelques lignes à suivre pour se concentrer sur autre chose (détendre le modèle, saisir le bon instant, faire attention à la lumière, trouver des poses sympas, etc…).
En somme, se poser la question d’un choix de cadrage plutôt qu’un autre fait partie du processus photographique et vous aidera à faire des photos plus personnelles qui restituent mieux ce que vous voulez montrer.
Si vous voulez aller plus loin et vous former pour faire les portraits dont vous rêvez, découvrez notre formation “Maîtriser le portrait en lumière naturelle“. Vous y apprendrez comment :
- Trouver facilement des modèles avec lesquel(le)s la collaboration se passe bien
- Savoir mettre la personne en confiance et à l’aise pour obtenir un portrait naturel et expressif
- Savoir guider le modèle pour obtenir ce que vous voulez : poses originales ou classiques, orienter le regard, positionner les mains, …
- Gérer la lumière pour qu’elle mette en valeur le visage
- Bien isoler votre sujet de l’arrière-plan et de son environnement (même sans matériel coûteux)
- Savoir quand cadrer serré ou moins
Dans cette formation, vous verrez que 80% du savoir faire pour créer de bon portrait n’est pas technique. Si si je vous assure 🙂
Si ce n’est pas déjà fait, vous pouvez lire cet article pour savoir comment réussir un bon portrait (comme je vous ai dit, le cadrage et la technique ne font pas tout !)
Postez un commentaire si vous avez une question, une remarque, ou si vous êtes Albert Watson himself et que vous voulez nous raconter une anecdote inédite ^^
Et n’oubliez pas de partager l’article ! 🙂
vraiment merci ! j’en avais besoin pour un oral en EMC pour étudier un extrait de film. Ce site est très utile et nous permet d’approfondir certaine termes technique pour le cinéma.
Merci pour ces bons conseils.
Aurais tu une astuces pour fermer le bec aux pseudo photographes qui sourient dans leur moustache en regardant une expo d’amateurs…. dont je fais partie quoique quelques fois je me pose des questions. Très belle expo portrait à Vichy en ce moment. Nous on participe à une expo portrait à Clohars-Fouesnant en Bretagne près de Quimper. Mais je râle parce que j’ai osé mettre un portrait de pélican…. trop drôle… mais pourtant fort critiqué.
Le plein pied désigne un appartement ou une maison !!! Photographe en carton…
C’est à dire?« De plain-pied » ou « de plein pied » ? orthographe
PAR ADRIAN · PUBLIÉ 12/12/2019 · MIS À JOUR 21/05/2022
On écrit : « de plain-pied ». Cette locution invariable signifie « de même niveau ». Un « logement de plain-pied » est un logement qui a été construit au niveau du sol extérieur. Cette expression est parfois employée au sens figuré, où elle signifie « sans difficulté », « directement », « facilement » (on dit souvent « entrer de plain-pied » dans quelque chose, au sens aussi de : se lancer complètement, totalement). Ainsi, « être de plain-pied avec quelqu’un » (expression qui est sortie de l’usage aujourd’hui), c’est être à l’aise avec quelqu’un, être sur un pied d’égalité. « Plain », terme rare, vient du latin planus, « plan, de surface plane, plat, uni, égal », et qualifiait autrefois (XIIe siècle) une surface de tissu lisse, unie. L’étendue de pays plat était désigné par « plain », qui est devenu « plaine ».
En savoir plus sur : https://www.laculturegenerale.com/de-plain-pied-de-plein-pied/ ©
Le plan serré avec un flou est une très belle photo très bon article