Exemples de plan poitrine photo portrait

J’ai beaucoup dit ces derniers temps de ne pas trop respecter les règles établies en photo, mais il n’en reste pas moins qu’il est parfois intéressant de connaître ce qui se fait classiquement. Rien de tel que de bien connaître les règles pour les transgresser intentionnellement ensuite.

Voyons donc ensemble les 5,5 différents types de cadrages utilisés classiquement pour le portrait, et qui fonctionnent bien pour mettre en valeur votre sujet.

(Oui, 5,5, il n’y a pas de faute de frappe, vous allez voir pourquoi 😉 )

Attention : ce ne sont bien évidemment pas les seuls cadrages possibles, et couper à tel ou tel endroit du corps ne garantit pas un bon portrait évidemment, de la même façon que ça ne vous empêche pas de trouver des poses un peu originales 😉

Prenez donc cette liste plutôt comme de grands principes que comme des règles à respecter absolument (comme d’habitude en fait, mais il vaut toujours mieux le rappeler 😉 ).

1. Le portrait en pied

Comme son nom l’indique, une photo en pied ou photo plein-pied consiste à photographier le sujet en entier, de la tête aux pieds. Ce type de cadrage peut être utile si vous souhaitez présenter votre sujet dans un certain contexte, quand vous souhaitez donner des informations sur le sujet grâce au décor.

portrait en pied

Il est évident que le visage jovial d’une marchand de fleurs sur un marché aura un impact différent en très gros plan centré sur le visage que si vous donniez plus de contexte en cadrant également son étal. Mais vous n’êtes évidemment pas obligé de cadrer en entier comme ça 🙂

La marchande de fleurs, 1968 (© Robert Doisneau)

En effet, je trouve que le principal défaut de ce cadrage, c’est qu’en plus de saisir une bonne expression, il faut également une bonne position du corps d’une manière générale pour qu’il soit harmonieux, ou tout au moins qu’il ne gêne pas le regard. Si vous faites poser votre modèle, il faudra donc aussi gérer cet aspect.

Ça me fait penser à une leçon de la Masterclass d’Albert Watson, dans laquelle il explique comment il a réalisé ce portrait en pied de Jack Nicholson (vous savez, le fou à la hache dans le film Shining 🙂 )

Portrait de Jack Nicholson par Albert Watson
© Albert Watson

Ce cadrage peut vous paraître facile à faire techniquement puisqu’il “suffit de cadrer large”, mais c’est en fait un des plus complexes à maîtriser, car en incluant plus d’éléments dans le cadre, il faut les ordonner, les agencer intentionnellement entre eux, sans parler de gestion de la posture du modèle comme je vous disais. Bref, peut-être pas le premier à tester si vous voulez vous lancer dans le portrait 🙂

2. Le plan américain

Le plan américain est un cadrage qui coupe le modèle à mi-cuisses, en photo ou au cinéma. Ce cadrage est appelé ainsi en raison de son utilisation dans le cinéma américain (pensez aux westerns).

Là normalement vous entendez la musique d’Ennio Morricone en arrière plan 🙂

C’est une option intermédiaire intéressante si vous souhaitez montrer l’environnement du modèle sans pour autant vous embêter avec la position des pieds et des genoux.

portrait plan américain

Vous pouvez aussi jouer avec pour faire passer un message particulier. Jouer sur un aspect western un peu caricatural pour ajouter un peu d’humour par exemple 🙂

Mais ce cadrage peut aussi convenir à mettre en valeur une silhouette féminine dont la taille et les hanches sont un élément important (vous allez me dire, les jambes aussi ^^).

En tout cas, si vous souhaitez cadrer un peu large, c’est une option à considérer sérieusement.

3. Le plan taille

Le plan taille est un peu moins courant et classique : le modèle est coupé à la taille, au niveau de la ceinture. Ce cadrage peut mettre en valeur une élégance naturelle (pensez à un homme qui porte très bien le costume) ou une silhouette intéressante à elle seule.

portrait plan taille

C’est un conseil qui vaut pour tous les cadrages, mais veillez bien à ne pas couper les mains. En effet, je trouve qu’on peut facilement le faire en cadrant comme ceci, les mains étant naturellement à peu près au niveau du bord du cadre. Pensez donc à guider votre modèle sur ce point, ou à attendre le moment décisif.

Cela dit ce n’est pas une règle rigide comme d’habitude : surtout ne jetez pas à la poubelle un portrait sous prétexte qu’une main est coupée ! Regardez ce portrait d’enfant réalisé par la célèbre portraitiste Dorothea Lange, il n’en est pas moins poignant malgré le cadrage qui coupe les mains.

Damaged Child, 1936 (© Dorothea Lange)

4. Le plan buste / poitrine

Le plan buste ou plan poitrine est un cadrage coupé à mi-bras, entre l’épaule et le coude. Très classique et efficace, ce cadrage sied à quasiment tous les modèles, et permet d’apprécier la corpulence et d’une manière générale l’attitude du modèle.

portrait plan buste

Il y a peu un ami m’a demandé une photo pour illustrer son CV, et après plusieurs essais c’est ce cadrage que j’ai choisi. En effet, le plan poitrine permet à la fois de visualiser suffisamment le visage et les yeux sans forcément le voir de trop près (pensez aux défauts de la peau), tout en donnant une idée de l’allure générale de la personne.

Ce plan peut également bien mettre en valeur une silhouette féminine aux jolies épaules (enfin d’une manière générale, mettez en valeur la silhouette de vos modèles 😉 ). J’avais l’habitude de beaucoup user du gros plan, mais avec les femmes je préfère dorénavant ce plan.

Avec des modèles féminins, il vous faudra faire attention à la poitrine et cadrer très précisément : vous le verrez vous-même si vous essayez, mais vous ne pouvez pas couper n’importe où sans risque que ça paraisse bizarre. Il est plus naturel de placer le bord du cadre nettement en dessous de la poitrine (on arrive presque au coude, à environ 2/3 du bras), ou alors de n’en laisser paraître que la naissance (environ 1/3 du bras).

Comme une image vaut mieux qu’un long discours, j’ai défiguré une photo pour vous montrer ce que je veux dire. En vert, les cadrages qui passent, et en rouge, celui qui paraît moins naturel (vous avez le droit de ne pas être d’accord, c’est juste un truc que j’ai remarqué par moi-même).

Exemples de plan poitrine photo portrait cadrage

5. Le plan serré / très serré

Le plan serré et très serré sont des cadrages très proches, qui se différencient uniquement par la présence du haut des épaules dans le cadre ou non (respectivement).

portrait photo plan serré

Ces deux cadrages mettent surtout l’accent sur le regard, les traits du visage et l’expression faciale. Ils fonctionnent très bien sur les personnes aux traits marqués, que ce soit par l’âge, les conditions de vie, ou autre. Ce portrait d’Al Pacino par Albert Watson met en valeur le regard. D’ailleurs Albert Watson nous raconte dans sa Masterclass qu’il a carrément acheté le café préféré d’Al Pacino pour le mettre à l’aise sur ce portrait. En créant un compte gratuit sur maitres.photo (cliquez ici), vous pourrez voir une leçon gratuite, donc ne vous privez pas !

Le célèbre portrait d’Al Pacino par Albert Watson

C’est assez fascinant de voir que le savoir faire pour réussir ce type d’image est loin de n’être que technique !

Mais attention, ce type de cadrage très serré a tendance à révéler tous les défauts du visage : à utiliser avec parcimonie donc selon vos modèles et le but de la photo.

Aussi, gardez à l’esprit que si ce type de cadrage peut être poignant, il y a un vrai risque de tomber dans le poncif photographique “ils sont pauvres, ils ont tant souffert, mais sont si dignes“, notamment avec les personnes d’un certain âge. Je ne vous dis pas ça pour que vous vous censuriez hein, juste pour vous suggérer d’y aller avec parcimonie 😉

© Glen Hodson

J’attire également votre attention sur la focale à utiliser. En effet, avec une focale relativement courte (80mm équivalent 24×36, c’est-à-dire ce que vous obtenez en utilisant un 50mm f/1.8 sur un capteur APS-C), vous allez quand même pas mal vous rapprocher de votre modèle.

Comme je vous l’avais expliqué dans l’article sur les secrets de la perspective, plus vous vous rapprochez, et plus vous déformez les perspectives (en pratique, ça fait un gros nez à votre modèle :P).

C’est pour cette raison qu’on évite le plus souvent de faire des portraits au grand-angle, car il force à se rapprocher pour resserrer le cadrage.

On peut difficilement parler de grand-angle pour un équivalent 80mm, mais en se rapprochant pour un très gros plan, on peut voir une déformation (pas forcément flagrante, mais présente). C’est pourquoi je vous conseillerais d’utiliser une focale plus longue si vous le pouvez (100mm équivalent 24×36 devraient suffire), ou alors de faire attention à cette déformation (et peut-être de vous en tenir au plan poitrine, voire au gros plan).

Voilà, j’espère que ces cadrages “classiques” vous aideront à mettre en valeur vos modèles comme vous le souhaitez : ça peut vous être utile si vous débutez le portrait, car c’est toujours bien d’avoir quelques lignes à suivre pour se concentrer sur autre chose (détendre le modèle, saisir le bon instant, faire attention à la lumière, trouver des poses sympas, etc…).

En somme, se poser la question d’un choix de cadrage plutôt qu’un autre fait partie du processus photographique et vous aidera à faire des photos plus personnelles qui restituent mieux ce que vous voulez montrer.

Si vous voulez aller plus loin et vous former pour faire les portraits dont vous rêvez, découvrez notre formation “Maîtriser le portrait en lumière naturelle“. Vous y apprendrez comment :

Dans cette formation, vous verrez que 80% du savoir faire pour créer de bon portrait n’est pas technique. Si si je vous assure 🙂

Si ce n’est pas déjà fait, vous pouvez lire cet article pour savoir comment réussir un bon portrait (comme je vous ai dit, le cadrage et la technique ne font pas tout !)

Postez un commentaire si vous avez une question, une remarque, ou si vous êtes Albert Watson himself et que vous voulez nous raconter une anecdote inédite ^^

Et n’oubliez pas de partager l’article ! 🙂

Êtes-vous sûr que vous avez tout compris ? Testez-vous avec le quizz !


Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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