photo chanteur magnum glace parodie
Quand on cherche à s’améliorer en photo, on pense souvent à investir dans du nouveau matériel, voire quand on a compris que ça ne servait pas souvent à grand-chose, dans des formations pour apprendre la photo. Mais on pense moins souvent à investir sur soi-même.
photo chat noir et blanc regard
Ce chat, lui, n’a pas de limite mentale. #humour
En effet, après avoir formé des milliers de photographes, et même au travers des questions qu’on me pose souvent par e-mail ou en commentaire, je le sais : au-delà des problèmes techniques et des connaissances photographiques, qui s’enseignent finalement assez facilement, et du matériel qui dans certaines situations peut être limitant, il y a une dernière grosse barrière qui bloque certains d’entre vous. On pourrait dire qu’elle est psychologique, et c’est en partie vrai, mais ce serait trop réducteur. En réalité, c’est plus large que ça : il s’agit simplement de comprendre qu’une fois le bon matériel entre les mains et la technique acquise, le facteur qui limite le plus votre progression, c’est vous. Non pas qu’il y ait quelque chose de fondamentalement mauvais chez vous bien sûr, mais simplement qu’on a tous des limites mentales innées ou acquises qui peuvent freiner notre progression et notre épanouissement en photo (et dans la vie en général, au passage).   Dans cet article, je vais donc pointer du doigt 7 axes d’amélioration de vous-même que vous pouvez travailler pour devenir un meilleur photographe. On sort du domaine photographique pur, mais c’est bien normal, ça doit arriver de temps en temps. On rentre ici un peu dans le développement personnel. Ca peut sembler un peu obscur, et les plus sceptiques pourraient dire que je vous suggère de changer qui vous êtes. C’est tout le contraire : l’idée du développement personnel, c’est de devenir un meilleur vous-même. Et évidemment, comme c’est personnel, ça veut dire que vous êtes tous différents, et que certains auront plus besoin de travailler leur créativité, et d’autres leur confiance en soi. Quoi qu’il en soit, je suis persuadé qu’au moins certains de ces axes de changement vous parleront. Et si vous n’y croyez pas et que vous passez cet article parce que vous pensez que ce n’est pas important, on reparle de vos photos dans quelques années 😉 Dernière chose avant de rentrer dans le vif du sujet : vous n’êtes pas obligé de devenir parfait dans tous ces domaines pour être un bon photographe. Ça dépend beaucoup de votre pratique photo et de vos objectifs : il est évident qu’un photographe animalier aura besoin de beaucoup plus de patience qu’un photographe de concert par exemple.
chien dans la rue vieil homme personne âgée maître noir et blanc
Oui, vous avez le droit d’avoir des défauts, comme par exemple faire une coupe à votre chien dans la rue 😀

1. La patience

Quasiment quel que soit le domaine photographique qui vous passionne, vous aurez besoin d’une certaine dose de patience, et ce à plusieurs niveaux. Pour commencer, quand vous apprenez la photo, et j’imagine que c’est votre cas, vu le nom du blog 😀 (sinon, vous pouvez allez sur je-suis-photographe-pro-et-je-veux-le-crier-au-monde-entier.com) Il va vous falloir accepter que vous n’allez pas faire des photos de rêve dès demain. Je pense qu’on peut apprendre assez rapidement quand on a la bonne méthode, mais ça demande de ne pas trop s’impatienter et de vouloir tout, tout cuit, tout de suite, et si possible sans travailler. S’améliorer en photo demande un minimum d’investissement en temps (et parfois en argent), mais même avec ça, vous n’allez pas atteindre le niveau que vous espérez du jour au lendemain. Vous verrez des améliorations assez rapidement, rassurez-vous, mais comme vos attentes vont augmenter avec le temps, vous allez peut-être piaffer d’impatience. Vivez avec, ça vaut le coup 🙂
coq horloge heure
Le coq le sait : il faudra quelques tours d’horloge !
Ce qui implique qu’il vous faudra aussi de la discipline dans votre travail photographique : pour progresser, il faudra tenir le coup et ne pas baisser les bras. Réfléchir et faire des exercices tant que vous ne maîtrisez pas un point fondamental. Ne pas abandonner à la première difficulté. Continuer à vous remettre en question, à chercher ce qui vous motive. En substance, ne pas abandonner.
Le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme. – Winston Churchill
Ensuite, à la prise de vue évidemment. De nombreux domaines exigent de ne surtout pas se contenter de l’approche « je déclenche et je me casse », l’erreur n’°1 des débutants et LA recette simple pour faire une mauvaise photo. Que ce soit :
  • en photo animalière où il vous faudra souvent attendre des heures dans un affût, parfois sous la pluie, pour espérer apercevoir un animal, et parfois rentrer bredouille ;
  • en photo de paysage où vous pouvez randonner 2 heures jusqu’à un point de vue génial et vous retrouver avec une lumière pourrie (j’ai passé 2 jours sur l’île de Skye l’été dernier et je suis rentré avec exactement ZERO photo : la météo était absolument horrible, on s’est carrément pris les restes d’un ouragan et rien n’était visible) ;
  • en photo de rue, où vous pouvez trouver un point de vue sympa et attendre longtemps que quelque chose se passe ;
  • en portrait, où vous pouvez mettre un bon moment à détendre suffisamment votre modèle pour qu’il ait un sourire moins crispé qu’un homme politique sur un selfie avec un enfant le jour du 14 juillet ;
  • en concert, où vous pouvez attendre 2 minutes complètes l’oeil dans le viseur avec 4kg de matos qui reposent sur les bras que le chanteur arrête enfin de bouffer son micro comme si c’était un Magnum double chocolat.
photo chanteur magnum glace parodie
Comment ça je le tiens à l’envers ? Je ne vois pas de quoi tu parles.
Bref, vous l’aurez compris, vous aurez parfois (souvent) besoin d’une bonne dose de patience pour avoir la photo dont vous avez envie. Et des fois, cette patience ne mènera à rien du tout, et vous rentrerez bredouille. Apprenez à vivre avec, ça fait partie du jeu, et ça ne rend les moments où elle est récompensée que plus précieux.  
exposition tableaux peintures prendre photo
Ne faites PAS ça !
Dernière chose : quand vous irez voir des expos (voir plus bas), vous aurez aussi besoin de patience, pour ne surtout pas faire comme le visiteur lambda : regarder une œuvre 3 secondes à travers l’écran de son portable pour en faire une mauvaise photo jaune et bruitée. Vous devrez vous laisser arrêter par des œuvres, et rester plusieurs minutes devant pour réellement vous laisser happer et en profiter. À l’heure de l’immédiat, vous passerez sans doute autant pour un extraterrestre que moi, quand je me suis assis par terre à l’expo Nick Brandt à Stockholm, pour vraiment apprécier mes images préférées (et que j’ai pleuré aussi, mais chut, il paraît que Boys don’t cry 😉 ).

2. La sensibilité

glaçon photo macro orange
Ne soyez pas comme ce glaçon.
Si vous voulez mon avis, et j’espère que oui, parce que vous lisez mon blog (sinon allez sur je-ne-veux-pas-lavis-de-laurent-breillat.com 😀), si vous voulez mon avis donc : une photo n’est pas bonne si elle ne provoque pas une émotion. J’étends cette définition à l’art tout entier, mais là encore c’est ma définition personnelle. Et pour qu’elle provoque une émotion chez le spectateur, la première étape est que vous ressentiez une émotion à la base, quand vous faites la photo. Si vous êtes froid comme un glaçon et que vous photographiez juste pour épater vos amis, je peux vous promettre que ça se ressentira dans votre image. On a chacun nos leviers émotionnels, des choses qui déclenchent des émotions particulières chez nous. Certaines sont presque universelles, et c’est pour ça que la photo de paysage résonne autant chez la plupart des gens : qui ne tombe pas dans une certaine fascination devant un paysage incroyable ? (surtout à l’heure où en voit de moins en moins) Le portrait aussi fait appel à notre empathie naturelle d’animal social. Les petits animaux mignons aussi (je m’étonne toujours à quel point on est programmés pour fondre devant une boule de poils).
photo de concert chanteur déguisement oiseau
Je me souviendrai toujours de ce concert.
D’autres le sont moins, comme l’ambiance particulière d’un concert, ou les premières notes de guitare de votre morceau préféré (je me rappellerai toujours le jour où je suis rentré dans la fosse pour photographer Dionysos sur le son de la marche impériale de Star Wars). zoo singe noir et blanc regardQuoi qu’il en soit, à vous de trouver ce qui fait vibrer vos cordes émotionnelles. Le retranscrire en photo est une autre paire de manches, mais commencez déjà par être ému. Par exemple, je me souviens d’une photo que j’ai prise très tôt dans ma pratique photo : celle d’un orang-outan au zoo de Paris. Je déteste les zoos, que je ressens vraiment dans ma chair comme des prisons pour des êtres sensibles. Tout ce que je vois, c’est qu’ils sont obligés de tourner dans un enclos minuscule toute leur vie, et je trouve ça infiniment triste. Imaginez être enfermé toute votre vie dans un 20m2, sans pouvoir sortir. Même avec un lit très confortable, c’est un putain de cauchemar (n’excusez pas mon langage). Bref, même si cette image est techniquement très imparfaite, je l’aime toujours, car elle retranscrit parfaitement l’émotion que j’ai ressentie à ce moment-là. Et je suis sûr que pour les personnes qui sont alignées avec moi concernant les zoos, c’est la même chose (même si vous, ça ne vous fait peut-être rien). Bon, je parle beaucoup, mais concrètement, comment on la développe cette sensibilité ? Et bien ce n’est pas facile (surprenant, je sais 😀). On ne part pas tous avec les mêmes cartes, et on se retrouve plus ou moins sensible à cause de facteurs peut-être un peu génétiques et sans doute beaucoup liés à la pression sociale et à son histoire personnelle. Ce ne sera pas facile de changer ça, mais vous allez forcément trouver quelque chose qui vous touche. Et quand ce sera le cas, ne vous retenez pas. N’essayez pas de bloquer l’émotion comme vous avez appris à le faire. Laissez venir, même si ça implique de pleurer. Ca peut être les enfants, les animaux, la nature sauvage, la souffrance, des actes héroïques, les grands mouvements populaires, la créativité humaine, … les possibilités sont infinies. Mais quelque chose vous touche, là, quelque part. Promis.   Du côté du spectateur, quand une œuvre d’art arrête un peu votre regard dans une expo, ne passez pas à la suivante. Arrêtez-vous. Asseyez-vous et prenez le temps de vous en imprégner. Regardez l’oeuvre globalement, puis en détail, pendant de longues minutes. Mettez un chrono sur votre portable réglé sur 10 minutes, et ne décollez pas vos yeux de cette œuvre tant qu’il n’a pas sonné. Faites-le vraiment, je vous promets que ça vous aidera en photo (voir mon article sur Van Gogh pour vous montrer comment).

3. La créativité

je suis la créativité photo chatAh, la créativité ! Le Saint-Graal qui doit vous permettre à la fois de trouver des idées de photos, de transmettre vos émotions en image, d’être original et de trouver votre propre style photographique. La pauvre créativité, quel boulot elle a !   Mais c’est quoi au juste la créativité ? Ce n’est pas simplement avoir des idées géniales et novatrices, même si ça en fait partie. C’est avant tout rester ouvert aux possibilités et expérimenter. Se dire sans arrêt « et si ? ». Si vous voulez vraiment vous pencher sur le sujet, je vous conseille plusieurs ressources : Ça prend des bouquins entiers donc, mais je peux quand même essayer de vous donner quelques pistes, à commencer par utiliser les outils techniques de la photo de manière plus créative :
  • Faites la mise au point sur autre chose que le sujet attendu (ce que j’appelle la mise au point « décalée »)
  • Faites un flou d’avant-plan au lieu d’un flou d’arrière-plan
  • Utilisez une vitesse d’obturation un peu lente pour flouter un sujet mobile
  • Exploitez votre propre mouvement combiné à une vitesse lente pour créer des effets étranges
  • Faites des images volontairement surexposées ou sous-exposées (ou disons plutôt très claires ou très sombres)
  • Osez photographier à contre-jour
  • Voyez les choses différemment en utilisant les reflets, les ombres, etc.
 
inspiration cathédrale lumière
L’inspiration, ce n’est pas ça.
Et puis quand on parle de créativité, on pense aussi parfois à l’inspiration. Ce n’est pas exactement la même chose, mais disons que l’inspiration alimente votre créativité. Mais contrairement à ce qu’on croit, l’inspiration ce n’est pas un moment soudain de grâce divine (avec lumière qui vient du plafond et notes d’orgue). L’inspiration, c’est simplement l’aboutissement du processus qui commence par « inspirer » des choses (du beau, des émotions), pour finir par les « expirer » sous une forme différente quand vous créez une image.
La créativité, c’est connecter des points. Mais avant ça, il faut les collecter. – David DuChemin
Une des choses importantes pour stimuler votre créativité et donc de vous soumettre à l’art, au beau, et aux émotions. On a tous nos médias préférés, et évidemment ceux liés au visuel sont les plus immédiats pour s’inspirer photographiquement. Le cinéma et la peinture sont les plus évidents, mais le design, l’architecture, et même la musique, la littérature et le théâtre auront des conséquences positives sur votre créativité. Pourquoi ? Parce qu’ils vont développer votre sensibilité, et fournir à votre cerveau beaucoup d’exemples visuels (ou non) de choses harmonieuses, qui vont se retranscrire dans vos photos, et notamment dans leur composition. Ça peut paraître perché comme ça, mais ça a une vraie influence. Promis.

4. L’estime de soi

Là, on rentre carrément dans le domaine du développement personnel « pur et dur », et je sens que je pourrais en perdre certains. Pourtant, vous n’imaginez pas à quel point c’est un point faible chez des tas de photographes débutants. Un manque d’estime de soi en photo peut conduire à énormément d’effets négatifs franchement néfastes pour votre pratique photo :
  • Dévaloriser en permanence son travail
  • Avoir peur du regard des autres (extrêmement courant !)
  • Ne pas oser photographier dans certaines conditions (dans la rue, etc.)
  • Avoir peur de montrer ses images pour la critique
L’estime de soi, c’est la vision que vous avez de vous-même (à ne pas confondre avec la confiance en soi, on en parle plus bas). Elle transpire dans tout ce que vous faites, dans votre comportement de tous les jours, et que la personne en face en soit consciente ou non, elle le sent. On peut souvent dire de quelqu’un qu’il a une faible ou forte estime de soi en général, mais il est quand même important de signaler qu’elle change selon les domaines : vous pouvez vous trouver bon dans votre job et ainsi trouver le courage de tenir tête à votre patron si vous pensez qu’il a tort sur quelque chose, et vous trouver mauvais photographe, et ne pas oser demander à quelqu’un un portrait. Je parlais de courage et d’oser, et ça c’est plutôt la confiance en soi, dont je parle après. Ce qu’il est important de comprendre, c’est que l’estime de soi est la source, le point d’origine : si vous vous trouvez fondamentalement mauvais, « pas valable », « pas capable », ou autre adjectif péjoratif du genre, ça va influencer toute votre pratique photo. C’est ce qu’on appelle une croyance limitante : à force de croire quelque chose, votre cerveau va agir comme si c’était vrai. Et je peux vous assurer que c’est réel dans tous les domaines, je l’ai constaté littéralement des centaines de fois sur moi ou sur les autres.
regard des autres photo parc guell banc amis barcelone
Vous croyez que le regard des autres les préoccupe ?
Paradoxalement, ça se traduit parfois par un certain narcissisme : par exemple penser que si on s’allonge par terre pour prendre une photo, tout le monde va nous regarder. Ou plus largement, que si quelqu’un rit dans la rue, c’est forcément de soi (alors qu’en fait son copain a juste raconté une blague Carambar). Ici, il va me falloir être un peu franc : honnêtement, tout le monde s’en fout de vous. Réellement. Les gens qui passent dans la rue n’en ont absolument rien à secouer de savoir ce que vous prenez en photo, comment, pourquoi, ou si vous êtes là depuis une heure à vous débattre avec vos réglages. Et s’ils portent un jugement sur vous sans vous connaître, c’est que ce sont des cons intolérants, donc franchement ne vous préoccupez pas d’eux. (n’excusez pas mon langage2 :D) Alors bosser l’estime de soi, je ne vais pas vous mentir, ça prend du temps. Beaucoup de temps. Des années. Mais ça vaut vraiment le coup (croyez-moi). Il y a des tas de livres sur le sujet, et il serait trop long d’en parler ici. Je peux juste vous dire qu’une des choses les plus efficaces pour l’augmenter et d’avoir des « accomplissements ». C’est-à-dire des preuves que vous valez quelque chose. Faire une expo. Vous faire payer pour faire les photos du nouveau-né de votre cousine. Au bout d’un moment, votre cerveau sera bien obligé d’admettre qu’il y a suffisamment de preuves rationnelles que vous valez quelque chose. Encore faut-il oser obtenir ces preuves…

5. La confiance en soi

Et c’est là qu’intervient la confiance en soi. (habile transition!) Je la différencie de l’estime de soi, bien qu’elle soit souvent liée, car c’est important de comprendre la différence. La confiance en soi, c’est la capacité à dépasser ses limites et affronter ses peurs. Par exemple, vous pouvez vous trouver bon photographe de portrait et pourtant avoir une peur panique de demander un portrait à quelqu’un dans la rue, parce que vous êtes un peu timide ou avez peur de déranger. La confiance en soi, ce n’est pas forcément annuler cette peur (ça n’arrive jamais totalement, même si ça se réduit avec le temps), c’est l’affronter. Alors comment faire ? Il n’y a pas 36 000 solutions : personne ne peut affronter une peur à votre place. Vous allez devoir vous faire violence un peu. Secouez-vous. Mais je comprends que ce ne soit pas facile, alors je peux quand même vous donner deux techniques qui peuvent fonctionner :
  • La technique du « grand plongeon » : l’idée, c’est de directement faire ce dont vous avez le plus peur, et si possible de manière intensive. Par exemple si c’est de demander pour un portrait, forcez-vous à le faire 10 fois dans une après-midi, et avec les personnes les plus difficiles pour vous. Si c’est de faire de la photo de rue, mettez-vous dans un endroit bondé et prenez 100 photos dans l’après-midi.
  • La technique des « pas de bébés » : l’idée, c’est de faire exactement l’inverse. De commencer par le plus facile pour vous « désensibiliser » et de graduellement passer au plus difficile. Par exemple, commencez par demander l’heure à un passant, puis votre chemin, puis si vous pouvez prendre une photo. Ou alors faire de la photo de rue d’abord de loin, ou dans des endroits touristiques, ou même dans les musées quand les gens sont de dos (excellent pour vous entraîner si vous avez la frousse 😉 ).
photo enfant de dos skate board rue noir et blanc
Vous pouvez commencer par photographier des gens de dos, par exemple.
Mais quoi qu’il en soit, à un moment il va falloir vous forcer un peu, et ça personne ne peut le faire pour vous. Alors, just doooo it ! 😀

6. L’objectivité par rapport à son travail

Quand on évalue son travail photographique (ou plus généralement soi-même), on peut tomber dans deux pièges diamétralement opposés :
  • se dévaloriser constamment, et penser qu’on est plus mauvais que la terre entière
  • être assez fier de soi et ne pas savoir se remettre en question et accepter la critique de ses images
Les deux sont toxiques pour la progression, car l’un décourage, et l’autre fait se reposer sur ses lauriers. Il faut donc essayer de tendre vers l’objectivité quand on s’évalue. Je dis « tendre », car vous ne serez jamais objectif. De toute façon, il est impossible de juger une image objectivement, car les préférences et le vécu de chacun rentrent en jeu. Mais dans un monde où on a accès à des milliards de photos, on se compare facilement, et on peut renforcer ses croyances par rapport à son travail en quelques minutes. En effet, je peux vous dire 2 vérités universelles :
  • Vous êtes mauvais. Je suis mauvais. Parce que Salgado, Cartier-Bresson et Nick Brandt existent, et qu’on ne leur arrive pas à la cheville.
  • Vous êtes bon. Je suis bon. Parce qu’il existe tout un tas de gens qui sont plus débutants que nous, et qui n’ont pas (encore) atteint notre niveau.
Bref, si vous vous comparez, vous pouvez croire ce que vous voulez. Je ne dis pas de ne pas le faire, car ça peut être un moteur de se dire « je veux atteindre ce niveau-là ». Mais le meilleur moyen d’être objectif sur votre travail, c’est de vous comparer… à vous-même. Vous-même il y a 6 mois, il y a 1 an, il y a 2 ans. Ce que vous devez rechercher c’est surtout la progression, plutôt que la perfection.
photo de ville coucher de soleil
Il y a 5 ans, j’étais incapable de faire ça, et c’est bien l’essentiel.
En plus de ça, il est évidemment très enrichissant de soumettre ses photos à la critique (vous trouverez des sections critique photo sur pas mal de forums photo). Le problème est que vous ne savez pas toujours ce que vaut la critique de la personne en face. Quelques astuces pour avoir les meilleurs résultats possible et trier le bon grain de l’ivraie :
  • Evitez de soumettre vos photos à la critique si vous avez 3 jours de pratique. Mettez-vous à la place des gens sur le forum qui prennent du temps gratuitement pour vous aider : ils n’ont pas envie de répéter pour la 412ème fois d’apprendre l’exposition. Donc au minimum, sachez exposer une photo correctement, faire la mise au point, maîtriser la profondeur de champ, et quelques principes simples de composition. De toute façon si ces choses ne sont pas maîtrisées, elles gâcheront trop vos photos pour que la critique soit plus poussée.
  • Méfiez-vous des critiques trop caricaturales :
    • Les gens qui trouvent le moindre coucher de soleil génial, ils sont un peu comme votre maman : ils diront toujours que c’est bien, mais ça ne vous fera pas avancer des masses.
    • Les frustrés qui ne trouvent le moyen d’exister qu’en descendant les autres systématiquement. On les reconnaît facilement : la critique est en général uniquement négative, souvent agressive et condescendante (« moi j’ai 567 ans de photo derrière moi, je SAIS et détiens la VERITE »), et surtout si vous regardez leurs autres messages, il y a zéro critique positive, et ils font ça avec tout le monde.
  • Concentrez-vous sur les critiques modérées et bien construites, avec des points positifs et négatifs, et des axes d’amélioration possibles pour vous.

7. L’optimisme

Je disais au début de l’article qu’il vous faut de la patience car vous n’allez pas devenir pro en 2 jours, et qu’il vous faudra de la discipline pour ne pas vous décourager. Mais ce qui est indispensable pour « aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme », c’est d’être optimiste. Mais c’est quoi être optimiste ? C’est simple. Voici un photographe pessimiste qui vient de rater une photo :
« Je suis vraiment nul, c’est de ma faute, je n’y connais rien, et puis en plus ça sera pareil la prochaine fois. Et de toute façon je suis nul dans tout et je n’arrive jamais à rien. »
Voici un photographe optimiste qui vient de rater une photo :
« C’est pas génial, mais bon c’est normal, je suis en basse lumière et c’est pas évident, et je ne maîtrise pas encore tout à fait ça. Mais c’est pas grave, la prochaine fois je ferai mieux parce que je sais qu’il faudra un peu changer mon approche. »
optimiste maracas concert photo
Ça n’a rien à voir, mais je trouve qu’il a une bonne tête d’optimiste 😀
Il ne s’agit pas de ne jamais penser que vous êtes responsable, mais simplement de ne pas faire un drame, et de réaliser que c’est normal d’échouer parfois, et qu’il suffit de persévérer intelligemment pour progresser, tout en sachant que ça ne va pas forcément être immédiat ni facile. C’est être optimiste de but (« je vais y arriver »), et pessimiste de chemin (« mais ça ne va pas forcément toujours être facile, surtout au début »). L’optimisme, c’est un sujet très vaste et passionnant, et il est même prouvé que c’est bon pour la santé. Je vous conseille vraiment de regarder cette vidéo de Philippe Gabilliet, qui a plus de 100 000 vues malgré une qualité vidéo pourrie, tant elle peut vous mettre la pêche ! Pour aller plus loin, je vous conseille vraiment de lire son livre Eloge de l’optimisme, ça ne pourra que vous faire du bien ! 😉   Voilà, j’en ai fini avec cet article fleuve, et j’espère qu’il vous aidera à progresser en photo d’une manière dont on parle habituellement très peu. Pensez à ajouter votre grain de sel en commentaire, et à partager l’article à vos amis photographes !

 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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