Que vous soyez au cœur des Alpes ou simplement lors d’un épisode neigeux en ville, vous avez sans doute déjà remarqué que la neige apparaît grise sur les photos par défaut, quand vous les regardez sur l’écran arrière de votre appareil.

En fait, ce n’est pas votre faute, et surtout ce n’est pas forcément intuitif, mais photographier la neige présente quelques difficultés, car elle met les automatismes de votre appareil à rude épreuve. Voyons comment relever le défi.

Pour photographier la neige, utilisez la correction d’exposition de votre appareil pour surexposer d’une valeur de +1 à +2 IL, en vérifiant l’histogramme. Par défaut, la neige sera trop sombre. De plus, la balance des blancs automatique de l’appareil peut rendre la neige trop bleutée. Photographiez en format RAW pour retrouver le rendu blanc de la neige en post-traitement en ajustant la balance des blancs.

Comme je vous le disais dans l’introduction, si vous avez déjà essayé de photographier un paysage enneigé, vous avez du réaliser que sans reprendre ainsi la main, le résultat pouvait être décevant : photo grisâtre, trop bleutée, … Pourquoi votre appareil se met-il tout d’un coup à n’en faire qu’à sa tête ?

Maîtriser l’exposition pour photographier la neige correctement

photo arbre neige sapin
Project365 – Day 8 – Jan 8, 2010 by Sandro Cuccia

La mesure de l’exposition n’a pas de cerveau (sans blague :P)

Pour bien comprendre, il faut savoir que la mesure d’exposition automatique de votre appareil (qui détermine l’exposition dans tous les modes sauf le mode manuel M), s’attend à voir en moyenne dans votre photo un “gris moyen” (ce qu’on appelle un gris 18%).

Cette mesure d’exposition va donc calculer les paramètres de l’exposition pour arriver à ce gris moyen, selon la luminosité de la scène (ou d’une partie de la scène, si vous avez utilisé un mode de mesure spot).

Donc si vous photographiez un paysage enneigé avec des parties sombres (des arbres, des skieurs, etc…), la plupart du temps votre appareil va s’en sortir correctement. Il va comprendre que tant de blanc est normal.

Mais si vous photographiez une scène entièrement enneigée, il va croire que tant de lumière, c’est anormal (la mesure d’exposition ne sait pas ce que c’est que la neige :P). Et donc va sous-exposer l’image en conséquence, pour atteindre ce fameux gris moyen. Et vous allez avoir une neige… grise moyenne, forcément.

Comment corriger l’exposition pour des photos de neige éclatantes ?

C’est simple : il faut “dire” à la mesure d’exposition : «tu te plantes complètement, tant de blanc est normal, t’as jamais vu la neige ou quoi ?». Et pour ça, l’outil le plus simple c’est la correction d’exposition. Comme j’en ai déjà parlé dans un article détaillé, je ne vais pas réinventer la roue, et je vous laisse le (re)lire.

Sachez juste qu’en général une valeur de +1 à +2 IL convient, mais que ça dépend beaucoup des scènes. A vous de voir sur l’écran, en utilisant plutôt l’histogramme, qui est plus sûr pour vérifier l’exposition.

Si vous n’avez pas la correction d’exposition sur votre appareil, vous pouvez utiliser la technique qui consiste à pointer votre appareil vers une zone contrastée (c’est-à-dire avec des vrais blancs et des vrais noirs), à appuyer à utiliser la mémorisation d’exposition avant de recomposer la scène et de déclencher, bien sûr.

Régler la balance des blancs pour une neige naturelle et non bleutée

Le problème de l’exposition est le problème principal qui peut se poser à vous, mais parfois la neige est non seulement grise, mais aussi bleutée.

Ce qui signifie que la balance des blancs automatique s’est plantée. Si vous shootez en RAW (si ce n’est pas le cas merci de vous flageller le dos avec des orties fraîches 😀), vous pouvez de toute façon la fixer en post-traitement.

Dans le cas contraire, vous devriez juste la régler sur les conditions que vous rencontrez : soleil, ombre ou nuageux. Ca suffit en général largement. Et sinon, et bah shootez en RAW ! 😛

Comment photographier les flocons de neige qui tombent : techniques et astuces

Eternelle question : comment photographier la neige qui tombe ? Je ne vais pas vous mentir : vous allez un peu galérer, surtout si les chutes de neige ne sont pas très importantes. Mais ce n’est pas désespéré, avec un peu de patience et d’expérimentations. Plusieurs paramètres vont influencer le rendu final de vos images.

Choisir la bonne distance focale pour capturer les flocons de neige

Comme vous le savez sans doute, une grande distance focale permet de “compresser” les distances.

En gros, si vous utilisez un téléobjectif, vous allez avoir plus de “couches” de flocons visibles sur la même image. C’est-à-dire que les flocons situés près de vous comme ceux situés loin de vous seront visibles. Certains seront sans doute flous en raison de la profondeur de champ réduite, mais vous en aurez plus sur la même image. Ca peut donc être utile en cas de chutes de neige légères.

Ici, à 200mm et f/2.8

Si vous voulez utiliser un grand-angle, il va vous falloir des chutes de neige importantes pour distinguer les flocons sur l’image.

Gérer l’ouverture pour créer des effets artistiques avec la neige

Evidemment, si vous ouvrez plus, la profondeur de champ va diminuer, et vous aurez donc moins de flocons nets. Ca peut créer un joli effet de “snokeh” (= snow bokeh. Oui j’ai volé cette blague sur un site américain 😛), en plus de bien flouter l’arrière-plan, ce qui permettra à vos flocons de bien se détacher.

A l’inverse, si vous fermez, vous aurez plus de flocons nets, mais attention à ne pas avoir un arrière-plan trop visible qui ne permettrait pas de bien distinguer les flocons. Sans compter que votre vitesse d’obturation ralentira (sauf si vous augmentez les ISO), et les flocons étant par définition en train de tomber, ils pourraient être plutôt des trainées que des flocons ponctuels.

Vitesse d’obturation : figer les flocons ou créer des traînées artistiques

Justement, parlons-en de la vitesse d’obturation. Si vous avez bien compris comment ça fonctionne (sinon relisez bien l’article sur le sujet), ça doit être assez intuitif pour vous :

  • vitesse d’obturation rapide = flocons figés
  • vitesse d’obturation lente = traînées

C’est uniquement un choix esthétique, tout dépend de ce que vous souhaitez représenter 😉

Ici à 1/100s au 24mm, la neige est tout juste assez floutée pour suggérer un mouvement

Composer avec la neige : au-delà de la technique

La neige est comme une toile vierge qui attend vos coups de pinceau (photographique, s’entend. Ne peignez pas vraiment sur la neige, ça serait bizarre 🙂 ).

Jouer avec les contrastes

Recherchez les éléments qui créent du contraste avec le blanc : branches d’arbres sombres, vêtements colorés des skieurs, façades de chalets en bois, montagnes au loin… Tout ce qui peut “casser” l’uniformité blanche et donner de la profondeur à votre image.

Traquer les détails insolites

Un glaçon suspendu à une branche, des empreintes d’animaux qui racontent une histoire, ou même ces cristaux de givre qui ont une texture inhabituelle, qu’on ne voit pas souvent… La neige révèle des détails que l’on ne remarque pas le reste de l’année.

Ajouter une touche humaine

Une silhouette lointaine, des traces de pas qui se perdent à l’horizon, ou même cette fameuse bataille de boules de neige immortalisée… L’élément humain donne souvent une échelle et une émotion à vos paysages enneigés.

Un skieur au milieu d'une étendue de neige blanche

Voilà, j’espère que ces quelques conseils vous aideront à mettre en valeur de jolis paysages enneigés, et n’oubliez pas d’essayer le noir et blanc, ça rend souvent bien avec la neige 😉

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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