Vous l’utilisez tout le temps. A chaque fois que vous appuyez à mi-course sur le déclencheur, votre appareil photo fait la mise au point tout seul comme un grand. Oui mais connaissez-vous vraiment toutes les ficelles de l’autofocus ? Je parie que non ! Voyons ensemble comment il fonctionne et comment en tirer parti au maximum !


Si jamais vous préférez ce format, sachez que j’ai aussi fait une vidéo où j’explique tout en 5 minutes, et où je fais quelques blagues (en espérant que je ne sois pas le seul qu’elles fassent marrer 😉 ) Sinon, vous pouvez continuer à lire l’article ci-dessous.

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Les collimateurs autofocus

Si vous avez lu le cours sur les différents modes de mesure de la luminosité, vous vous souvenez peut-être de ce schéma qui représente ce que vous voyez dans le viseur, à savoir un certain nombre de collimateurs :

Schéma des collimateurs autofocus canon
Les collimateurs autofocus (ici pour le reflex Canon 450D, mais vous avez peut-être des collimateurs sur tout le cadre si c’est un hybride 😉 )

Attention : ceci est surtout valable pour les reflex. Certains hybrides fonctionnent différemment en faisant simplement la mise au point là où vous l’indiquez sur l’écran tactile. Le reste de l’article est valable quand même, cela dit 😉

Les collimateurs sont donc ces carrés et rectangles avec un point au milieu, qui s’allume quand la mise au point est faite. Ils sont en fait la représentation dans le viseur des cellules électroniques qui servent à faire l’autofocus.

Et bien les collimateurs sont la base du système de mise au point automatique de votre appareil photo. On va essayer de ne pas trop rentrer dans les détails techniques inutiles, et on va se concentrer sur deux caractéristiques essentielles que vous devez connaître de ces collimateurs.

Les 3 types de collimateurs autofocus

Vous ne l’avez sûrement jamais remarqué, mais le collimateur central est en général un carré, et les collimateurs périphériques sont souvent des rectangles, dont certains sont orientés verticalement et d’autres horizontalement (tout au moins sur les reflex d’entrée de gamme ou de milieu de gamme). Et ceci a une importance.

Le collimateur central carré représente en fait une cellule en forme de croix (voire d’étoile sur les reflex hauts de gamme), qui peut ainsi faire l’autofocus quelle que soit l’orientation du sujet qu’elle a en face d’elle.

A l’inverse, les collimateurs rectangulaires ne peuvent faire la mise au point que sur des sujets orientés perpendiculairement à leur propre orientation. Je parle chinois ? 😀 Prenons chaque exemple un par un pour mieux comprendre :

  • Un collimateur rectangulaire vertical pourra aisément faire la mise au point sur un sujet horizontal, mais aura du mal voire n’arrivera pas du tout à la faire sur un sujet orienté verticalement.
  • A l’inverse, un collimateur rectangulaire horizontal pourra faire la mise au point sur un sujet vertical, mais aura plus de mal sur un sujet horizontal.
  • Pour finir, un collimateur carré (en croix) est une espèce de combinaison des deux, et pourra aisément faire la mise au point quelle que soit l’orientation du sujet.

Pour mieux comprendre, essayez de faire la mise au point avec les différents types de collimateurs sur les bords de votre écran d’ordinateur par exemple : vous verrez que les rectangles verticaux ne parviennent à mettre au point que sur les bords haut et bas de votre écran, et inversement.

Explication des différents types de collimateurs autofocus
Parce qu’une image vaut toujours mieux qu’un long discours 😉

Ainsi, ce qui fait la performance des systèmes d’autofocus sur les boîtiers reflex haut de gamme, c’est qu’ils sont composés en majorité (voire en totalité) de cellules en croix voir en étoile, donc de collimateurs carrés, qui n’ont aucun mal à faire la mise au point selon l’orientation du sujet. Sans compter qu’ils possèdent beaucoup plus de cellules de mise au point, ce qui aide un peu également 😀

La taille des cellules autofocus

Il me semble très utile de le préciser, car cela peut facilement vous jouer des tours : la cellule est en général plus grande que le collimateur qui est affiché. Cela veut dire que la mise au point n’est pas faite précisément sur le petit point qui clignote, mais quelque part dans le carré/rectangle, et même un peu au-delà. Quel problème cela peut-il poser ?

Et bien quand vous travaillez à de faibles profondeurs de champ, si la mise au point ne se fait pas exactement là où vous le souhaitez, votre point focal peut se retrouver flou. Dommage pour un point focal, vous me l’avouerez 😉

D’autant plus que l’autofocus a tendance à choisir les zones contrastées pour faire la mise au point. Il peut donc faire la mise au point sur une zone contrastée proche de l’endroit exact où vous vouliez mettre au point.

Jessica, portrait de rue mise au point
J’aime beaucoup cette image, mais à y regarder plus près, il y a un petit défaut de mise au point qui me chiffonne…

C’est ce qui m’est arrivé pour un portrait à mes débuts : je jure que j’avais fait la mise au point sur l’œil, mais l’autofocus avait en réalité effectué la mise au point sur la mèche de cheveux proche. Et voilà, l’œil est flou, d’autant plus que je travaillais à f/1.8 !

Mauvaise mise au point recadrage
Recadrage de l’image à 50% : on voit bien que les cheveux sont nets, mais l’œil légèrement flou.

Dans ce genre de situation, il peut donc être utile de travailler en mise au point manuelle, mais encore faut-il distinguer précisément la netteté dans le viseur, ce qui n’est pas toujours évident !

Les différents modes d’auto focus

Deuxième composante essentielle de ce système : le mode de mise au point automatique. Et oui, les appareils photos ont plusieurs façons de mettre au point, et cela peut changer beaucoup de choses.

Le mode One Shot /AF-S

One Shot chez Canon, AF-S chez Nikon et beaucoup d’autres marques, ce mode est le plus simple, celui que vous connaissez tous et qui est défini par défaut sur l’appareil. Il s’utilise de la façon suivante :

  • Vous appuyez à mi-course sur le déclencheur : la mise au point automatique s’effectue. Le/les collimateurs qui ont mis au point clignotent, et un bip se fait entendre, afin de vous confirmer que l’autofocus a bien été fait.
  • Tant que vous gardez le doigt à mi-course, la mise au point ne bouge pas, quels que soient les mouvements que vous ou votre sujet pourrez faire.
  • Quand vous appuyez à fond sur le déclencheur, le cliché est pris avec cette mise au point.

Ce mode est parfait pour les sujets immobiles ou presque. Il est simple et intuitif, et c’est presque la première chose qu’on apprend à maîtriser sur un boîtier.

Le mode AI Servo /AF-C

Ce mode est plus complexe de compréhension, mais peut être indispensable dans certaines situations. Dans ce mode, l’autofocus ne s’arrête jamais. L’appareil photo met constamment au point en suivant les mouvements de votre sujet.

Autrement dit, vous n’avez jamais de confirmation visuelle (le point qui clignote) ou auditive (le bip) de la mise au point, puisqu’elle s’effectue en continu. Quand vous déclenchez, le cliché est donc pris avec la dernière mise au point effectuée.

C’est un mode quasi indispensable sur sujets mobiles, en particulier à des profondeurs de champ réduites où le moindre mouvement de votre sujet peut le rendre flou. Ce mode peut vous être utile pour photographier votre chien qui court vers vous par exemple.

Le guitariste de The Jim Jones Revue : vu sa vitesse, j’avais intérêt à faire l’autofocus de manière constante !

Un très bon exemple de son utilisation est la photo de concert : mettons que vous vouliez shooter dans un bar sombre le guitariste un peu agité du groupe de rock qui s’y produit. Ce mode répond à pas mal de problèmes :

  • Si le sujet bouge beaucoup, alors une mise au point en One Shot serait presque immédiatement foirée par ses mouvements.
  • Il y a peu de lumière : il est donc difficile de faire la mise au point, donc refaire le One Shot à chaque mouvement serait compliqué.
  • On shoote à grande ouverture (pour compenser le manque de lumière) et près du sujet : la profondeur de champ est faible, et donc il ne faut vraiment pas que le sujet ait bougé depuis le moment où vous avez éffectué la mise au point.

Les autres modes

Il existe un mode intermédiaire, AI Focus / AF-A, qui se comporte comme le mode One Shot, sauf quand il détecte un mouvement du sujet. Pour un sujet en mouvement, il vaut toujours mieux utiliser le mode précédent, car l’AI Focus / AF-A sera toujours plus lent à le détecter.

Selon la gamme des boîtiers, il existe également des modes plus avancés que je n’évoquerai pas ici, mais qui sans doute décrits dans le manuel 😉 (que vous devez lire !)

Comment bien maîtriser la mise au point appareil photo et l’autofocus ?

(ou comment assembler les pièces du puzzle)

Ne pas utiliser la sélection automatique du collimateur

Si vous laissez le soin à votre appareil de décider où effectuer la mise au point, autant dire que vous lui laissez choisir un paramètre important. L’endroit où l’image va être la plus nette, c’est important non ? 😀

Bref, choisissez manuellement quel collimateur utiliser pour faire la mise au point.

Utilisez la molette pour sélectionner le collimateur

Pour sélectionner le collimateur, vous pouvez appuyer sur le bouton dédié puis naviguer entre les différents collimateurs avec la croix. Mais ça c’est bien quand vous avez le temps.

L’œil dans le viseur, vous aurez besoin d’une méthode plus rapide. Et bien il suffit d’appuyer sur ce même bouton et d’utiliser la molette : vous verrez dans le viseur s’illuminer les collimateurs au fur et à mesure que vous changerez votre sélection. Très pratique quand vous devez changer rapidement !

Notez que sur certains reflex plus hauts de gamme, vous aurez un mini joystick qui vous permettra de bouger le collimateur sans appuyer sur un autre bouton. Encore plus pratique et intuitif !

autofocus canon mise au point joystick
Le petit joystick ressemble à ça 🙂

Enfin, sur pas mal d’hybrides, vous pouvez bouger l’endroit de la mise au point grâce à l’écran tactile, et là c’est encore plus intuitif !

La technique de mise au point / recadrage

Si votre sujet n’est pas situé sur un de vos collimateurs, vous allez être obligé d’employer cette technique. Vous devez pour cela employer le mode One Shot / AF-S décrit plus haut. Il s’agit tout simplement de :

  • mettre au point sur votre sujet
  • verrouiller cette mise au point en gardant le doigt appuyé à mi-course sur le déclencheur
  • recadrer votre image comme vous le souhaitez avant de déclencher

Il est préférable d’employer le collimateur central qui est plus précis pour utiliser cette technique.

Attention : à des profondeurs de champ faibles, le fait de bouger l’appareil photo entre la mise au point et le déclenchement peut foirer votre mise au point. Dans ce cas, il vaut mieux faire la mise au point avec un collimateur plus proche de votre point focal, voire utiliser la mise au point manuelle.

La technique du “back button autofocus”

Je vous donne le terme anglais car c’est souvent celui que vous retrouverez dans vos recherches. En français, ça donne “autofocus avec le bouton arrière“.

L’idée est que les appareils photos ne fassent plus l’autofocus quand on appuie à mi-course sur leur déclencheur, mais seulement quand on appuie sur un autre bouton (en général situé sous le pouce droit, d’où le nom “bouton arrière”).

C’est une technique avancée, je vous la déconseille si vous êtes vraiment débutants en photo. Mais si vous avez un peu de pratique, vous pouvez essayer pour vous entraîner. Une fois maîtrisée, c’est une technique très efficace ! Personnellement je l’utilise systématiquement aujourd’hui.

J’ai fait un article complet sur cette technique du back button autofocus si vous souhaitez en savoir plus.

Voilà, j’espère que cet article vous aidera à maîtriser au mieux l’autofocus de votre appareil, et donc à obtenir des images correctement mises au point et les plus nettes possible !

Si vous sentez que vous ne maîtrisez pas encore suffisamment votre appareil pour bien comprendre les détails, ma formation phare Devenez un Photographe Accompli va vous permettre de vous mettre au niveau rapidement (et en vous amusant 🙂 ). Mais si vous préférez juste lire les articles, on reste en bons termes hein, pas de souci 🙂

N’hésitez pas à poster un commentaire si vous avez des questions, et pour ceux qui ne sont pas encore abonnés à la newsletter, attention, je vous ai dans le collimateur ! (oui, je suis parfaitement hilarant 😀)

Et n’oubliez pas de partager l’article ! 🙂

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Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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