Si vous voulez vraiment profiter de votre appareil et contrôler vos images, utiliser les modes PASM est tout bonnement indispensable. Petit tour d’horizon de ces modes pour mieux comprendre et savoir quand les utiliser.

Si vous préférez la vidéo, j’explique tout sur les modes P.A.S.M. en 4 minutes dans cette vidéo, et en plus je fais quelques blagues 😉

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Molette de sélection des modes

Les modes élémentaires sont représentés par des icônes sur la molette de sélection des modes : ce sont les modes automatique, portrait, paysage, etc… Ils ne permettent pas de contrôler les paramètres de prise de vue et ne font qu’appliquer des réglages prédéfinis sur lesquels vous n’avez pas de contrôle.

Autant dire que si vous les utilisez, autant vous acheter un compact 3 fois moins cher que votre réflex 😉 Je parlerai donc des modes créatifs, qui laissent la part belle à votre créativité, comme leur nom l’indique : ce sont les modes Programme, priorité à l’ouverture, priorité à la vitesse et enfin manuel.

Le mode Programme (ou mode P)

Comment ça marche ?

Souvent décrié et présenté comme un équivalent du mode tout automatique, le mode programme présente un réel intérêt quand on débute pour découvrir les paramètres de l’exposition et surtout leur interaction.

En effet, on pense souvent que le mode programme n’est qu’un mode où l’on peut décider des ISO, du déclenchement ou non du flash, … et c’est tout. Or c’est un peu mieux que ça.

Dans les autres modes, quand vous tournez la molette principale, vous changez l’ouverture ou la vitesse d’obturation. En mode programme, tourner cette molette permet de sélectionner différents couples ouverture/vitesse.

C’est-à-dire que l’appareil mesure quelle est la lumière (en tenant compte du mode de mesure de la luminosité sélectionné), et ensuite détermine plusieurs couples ouverture/vitesse qui permettent une exposition correcte de l’image (c’est-à-dire une luminosité normale), et ensuite vous n’avez plus qu’à choisir.

Par exemple, là je règle les ISO sur 200, je pointe mon appareil dehors en mode P, et le couple par défaut est f/5.6 et 1/400ème. Mais en tournant la molette, je peux sélectionner d’autres couples comme :

  • f/2.8 et 1/1600
  • f/4 et 1/800
  • f/8 et 1/200
  • f/11 et 1/100
  • f/16 et 1/50

Tous ces couples ouverture/vitesse donneront la même exposition (= luminosité) à l’image. Mais bien sûr, selon l’ouverture vous aurez une profondeur de champ différente, et selon la vitesse d’obturation une perception du mouvement différente.

Dans quel cas l’utiliser ?

Je vois principalement une situation où cela peut être utile : vous débutez et vous n’êtes pas encore tout à l’aise avec les concepts d’ouverture, de vitesse d’obturation, de sensibilité ISO, et des relations qu’entretiennent ces trois paramètres. D’où son petit surnom de “mode panique” 😉

Il vous faut tout de même lire mes articles pour mieux comprendre, mais l’utilisation de ce mode vous permettra de visualiser plus facilement les relations entre les deux. C’est à mon sens une très bonne école pour débuter.

Quand vous serez plus familiers avec ces concepts, vous pourrez aisément passer aux autres modes.

Le mode priorité à l’ouverture (mode A ou mode Av)

Comment ça marche ?

C’est simple : vous réglez l’ouverture que vous souhaitez, et éventuellement les ISO, et l’appareil se charge de calculer tout seul la vitesse d’obturation nécessaire pour obtenir une exposition correcte, selon le mode de mesure de la luminosité que vous avez défini.

Cette vitesse s’affiche dans votre viseur, ce qui vous permet de savoir à l’avance si elle sera suffisante pour prévenir tout flou de bougé.

Dans quel cas l’utiliser ?

Tout d’abord si vous souhaitez contrôler au mieux la profondeur de champ, c’est le mode idéal. Associé avec le bouton de contrôle de profondeur de champ, vous pourrez aisément voir directement dans le viseur l’effet de vos changements d’ouverture sur la profondeur de champ.

Attention, c’est utile si vous souhaitez la minimiser (pour mettre en valeur un sujet comme dans un portrait par exemple), mais aussi pour la maximiser (pour avoir toute l’image nette, comme dans une photo de paysage par exemple).

Par ailleurs, c’est également un mode très utile dans une ambiance très sombre, comme en concert par exemple : si la lumière manque vraiment, vous allez de toute façon être forcé de recourir à l’ouverture maximale de votre objectif. Associé avec un réglage des ISO au maximum acceptable, vous obtiendrez la vitesse d’obturation la plus rapide possible pour exposer correctement l’image.

Le mode priorité à la vitesse (mode S ou mode Tv)

Comment ça marche ?

Sur le principe exactement inverse du précédent : vous réglez la vitesse et éventuellement les ISO, et vous laissez l’appareil décider de l’ouverture pour obtenir une exposition correcte, toujours selon le mode de mesure de la luminosité que vous avez sélectionné.

De la même façon, l’ouverture choisie par l’appareil apparaît dans le viseur, et vous pouvez également visualiser l’effet des modifications de la profondeur de champ grâce au bouton de contrôle du même nom.

Dans quel cas l’utiliser ?

Vous souhaitez figer un mouvement : il vous faut régler une vitesse d’obturation courte, et laisser l’appareil décider du reste. Attention, si vous choisissez une très grande vitesse (1/4000ème par exemple), et qu’il n’y a pas assez de lumière, vous pourriez avoir des clichés sous-exposés (trop sombres).

Pourquoi ? Et bien votre appareil choisira l’ouverture maximale, la sensibilité ISO maximale, mais ça pourrait bien ne pas suffire pour qu’il y ait assez de lumière. Que faire dans ce cas ?

Vous pouvez tenter de diminuer la vitesse d’obturation un peu tout d’abord. Vous n’êtes souvent pas obligés d’aller jusqu’à des valeurs de 1/4000ème pour figer un mouvement rapide. Si ça ne suffit pas, essayez une optique avec une ouverture maximale plus importante, ou utilisez un flash 😉

Vous souhaitez réaliser un flou de mouvement : si votre sujet bouge, vous pouvez vouloir mettre en valeur ce mouvement grâce à une pose longue. Je pense par exemple au classique exemple de la cascade.

Ce mode vous permettra de sélectionner une vitesse assez lente pour mettre en valeur le mouvement, et de laisser l’appareil fermer suffisamment le diaphragme pour ne pas que la photo soit sur-exposée (trop claire). N’oubliez pas d’utiliser un trépied évidemment 😉

Par ailleurs, à l’inverse du cas précédent, il se peut qu’il y ait trop de lumière : même en baissant la sensibilité au maximum (ISO 100) et en fermant au maximum (f/32 par exemple), en plein jour et par beau temps, il n’est souvent pas possible de faire des poses d’une seconde !

La solution est d’utiliser un filtre de densité neutre, mais je vous renvoie à l’article complet sur la pose longue si ça vous intéresse 😉

Le mode manuel (ou mode M)

Comment ça marche ?

Comme son nom l’indique, tout est manuel : vous contrôlez l’ouverture et la vitesse d’obturation, mais vous avez parfois la possibilité de laisser les ISO en automatique selon les appareils (mais si vous shootez en manuel, ce ne serait pas très cohérent).

Il vous faut donc évaluer vous-même si vos réglages permettront une exposition correcte du cliché. Oui, comme ça, à l’œil ! Il faut bien évidemment beaucoup d’expérience pour en être capable.

Mais j’exagère un peu : les capteurs de l’appareil sont toujours en marche, et vous indiquent si votre image sera surexposée ou sous-exposée grâce à l’indicateur de niveau d’exposition qui s’affiche dans le viseur (comme une sorte de réglette).

Le curseur se positionne au centre ? Indicateur de niveau d'exposition Gagné, l’exposition sera correcte (selon les capteurs de l’appareil) ! Si ce curseur se positionne avant ou après, l’image sera respectivement sous ou sur-exposée. Mais en général si vous avez besoin de bosser en manuel, vous savez assez ce que vous faites pour vous ignorer cette indication.

En effet, ce curseur n’indique que l’exposition “correcte” (dans le sens de standard), mais selon la situation et vos choix photographiques, vous pouvez souhaiter sous-exposer ou sur-exposer globalement l’image. J’ai développé ce sujet dans mon article «l’exposition parfaite n’existe pas », que je vous invite à lire pour mieux comprendre 😉

Dans quel cas l’utiliser ?

Et oui, car le mode manuel de nos jours s’utilise principalement pour dire “merde” à l’appareil si j’ose dire 😀 C’est-à-dire quand ses automatismes vous gênent pour la prise de vue. Prenons un exemple simple :

Je suis dans un bar sombre, très sombre, pour photographier un concert. Je me mets en mode priorité à l’ouverture, je règle à f/1.8 (ouverture maximale de mon objectif 50mm) et à 1600 ISO (la sensibilité maximale de mon boîtier). Je fais un cliché test : l’appareil a choisi 1/30ème. Autrement dit, flou de bougé assuré.

Comme je ne vais pas choisir de rentrer chez moi bredouille, je règle en manuel : toujours à f/1.8, toujours à 1600 ISO, mais je prends aussi le pas sur les automatismes en réglant la vitesse à 1/50ème ou plutôt 1/80ème pour totalement éviter le flou de bougé. Évidemment, mes photos seront souvent un peu sombres. Mais je pourrai rattraper cela en post-traitement (jusqu’à un certain point), et surtout je préfère des images un peu sombres que complètement floues.

Cela dit, si la lumière change, ça peut complètement changer ma photo (dans un sens ou dans l’autre). C’est pour ça que personnellement, je préfère largement utiliser le mode priorité à l’ouverture ou priorité à la vitesse, et utiliser la correction d’exposition en plus : ça fonctionne très bien et vous risques moins de mauvaises surprises !

J’ai également fait une vidéo où j’explique pourquoi je pense que vous pouvez complètement vous passer du mode Manuel (elle est volontairement au format coup de gueule, ce qui m’a valu quelques ennemis qui sont plus attachés au mode qu’on utilise plutôt qu’au résultat final de la photo, mais bon ! En vrai je suis calme :P) :

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Le mode manuel peut également s’utiliser dans un certain nombre de cas particuliers, mais vous y viendrez bien assez tôt 😉

Voilà, j’espère que vous êtes éclairés sur le fonctionnement et l’utilisation des différents modes. N’hésitez pas à poser vos questions en commentaire, et pensez à vous abonner à la newsletter si ce n’est pas encore fait, vous recevrez mon guide “Faites-vous plaisir en photographiant !” 😉

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Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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