Le choix du matériel reste un des questionnements principaux des photographes amateurs, notamment en ce qui concerne la jungle des appareils photo et des objectifs. Mais pour certains accessoires, il est aussi compliqué de s’y retrouver, en particulier quand il s’agit d’investir plusieurs centaines d’euros et de faire durer cet investissement de longues années.

C’est le cas du trépied, un des premiers accessoires qu’on peut être amené à acheter. C’est pourquoi j’ai voulu vous rédiger un guide très complet sur le sujet.

Pour choisir un trépied, vous avez besoin de réfléchir à votre pratique photo (voyage, studio, randonnée, etc), pour faire le meilleur compromis entre stabilité, encombrement et prix.

Si vous préférez la vidéo, j’ai traité le sujet sous ce format ici 😉

Pourquoi utiliser un trépied ?

J’ai déjà écrit un article sur les bonnes raisons d’acheter un trépied auparavant, mais un petit rappel s’impose. Le trépied se révèle un accessoire indispensable dans plusieurs cas :

  • Dès que vous allez devoir utiliser des temps de pose 429 trop longs pour éviter le flou de bougé à main levée. Ce sera par exemple souvent le cas quand vous ferez de la photo de nuit, mais également dès que vous souhaiterez volontairement faire des poses longues, comme par exemple en utilisant un filtre ND, ou encore en photo d’orages.

Attention : n’oubliez pas que même en basse lumière, la pose longue n’arrange rien avec un sujet rapide, qui sera flou dans la photo.

  • Quand vous utilisez des longues focales (200mm ou plus) et que vous êtes en dessous de la vitesse minimale pour éviter le flou de bougé (plus lent que 1/200 à 200mm par exemple). Vous pouvez relire mon article sur la vitesse d’obturation pour vous rafraîchir la mémoire !
  • L’autoportrait bien évidemment (ou les photos de groupe avec les copains devant un beau point de vue, si vous en avez marre de ne jamais être sur les photos 😉 )
  • Certains effets créatifs qui supposent soit une pose longue, soit que vous ne soyez pas derrière l’appareil, comme par exemple le lightpainting.
  • L’utilisation de techniques d’assemblage en post-traitement : pour gérer les scènes contrastées (à grande dynamique), comme le HDR ou l’exposure blending, pour réaliser du focus stacking, et enfin pour créer des panoramas. D’ailleurs, si vous avez du mal à gérer les situations de lumières difficiles, j’ai créé une formation pour vous aider sur le sujet
  • Si vous vous faites attaquer par un grizzli, il peut vous servir d’arme.
    (aucun animal n’a été blessé pendant l’écriture de cet article :D)
  • Certaines disciplines dans lesquelles le trépied aide énormément, comme la macro 429 (pour stabiliser la mise au point), la photo animalière 429 parfois (pour porter le poids de mammouth du téléobjectif sans choper des crampes sur vos gros biceps), la photo de studio (pour avoir un cadre stable et que le modèle voie vos yeux plutôt que la grosse lentille de l’objectif), ou encore la photo de paysage 429 (pour préciser sa composition au maximum et attendre le meilleur moment pour déclencher).
Un bon exemple de ce qu'il est impossible de faire sans trépied !
Un bon exemple de ce qu’il est impossible de faire sans trépied !

Ce dernier point me donne l’occasion de souligner un effet secondaire positif très important du trépied : il incite vraiment à préciser sa composition, et améliore donc vos images.

Bref, le trépied sert dans énormément de domaines, et il y a de fortes chances que vous en ayez besoin un jour. Mais comment choisir parmi les centaines de modèles disponibles ? Voyons ensemble les critères qui vont vous permettre de justifier à madame ou monsieur que « si si, c’est vraiment utile de dépenser 350€ dans un kit trépied, regarde chéri(e) il est en carbone et il fait le café ! » 😉

Les critères de choix d’un trépied

Petite précision avant de rentrer dans le vif du sujet : sachez que le but numéro 1 d’un trépied (sans lequel il est aussi inutile qu’une navette spatiale entre les mains de votre grand-mère), c’est d’être stable. C’est le plus important. Les autres choses auxquelles vous allez penser sont en premier lieu son poids et son encombrement (il faut bien le porter !), et ensuite des aspects pratiques liés à vos besoins et votre pratique photo (paysage, macro, etc.), qui sont beaucoup plus variables. Votre budget va évidemment jouer sur les compromis que vous allez devoir faire.

1. La charge maximale acceptable

Trépied lourd pour vidéo
Sauf si tournez des séries pour Netflix,
vous n’aurez pas besoin de charger autant votre trépied

C’est le premier critère, et le plus important : comme je l’ai dit, si votre trépied n’est pas stable, il ne sert à rien. Il faut donc qu’il puisse accepter le poids de votre appareil sans sourciller, contre vents et marées (littéralement).

Prenez le poids de votre appareil + celui de votre objectif le plus lourd. Si vous ne les connaissez pas, vous n’êtes pas obligé de courir dans la cuisine utiliser une balance : faites une simple recherche Google ou regardez sur des sites de vente type Amazon, c’est indiqué (sur le manuel de votre appareil et objectif aussi).

Et ensuite, prenez un kit trépied qui supporte 1,5 à 2 fois ce poids : ça permettra à la fois de vous assurer d’une grande stabilité, et de prévoir le futur (si jamais le poids de votre matériel augmente, ce qui a tendance à se produire quand on monte en gamme). Ça vous évitera de racheter un trépied dans 1 an et demi !

En pratique, la charge maximale acceptable (et donc la stabilité) sont très liées au poids du trépied : plus il est lourd, puis celui-ci sera stable. Exception néanmoins pour la fibre de carbone (j’y reviendrai plus tard). Il va donc falloir penser à un compromis entre la stabilité et l’encombrement : un trépied très lourd sera toujours très stable, mais dur à transporter. Un trépied trop léger sera simple à transporter mais manquera de stabilité. Tout l’enjeu est de trouver le bon compromis entre les deux. Ce compromis dépendra beaucoup de votre besoin : si vous faites de la randonnée, il faudra essayer de réduire le poids (mais pas trop).  Par contre, si vous êtes dans un studio, vous pouvez vous lâcher sur le poids^^

2. La hauteur du trépied

La hauteur maximale

Vous avez typiquement deux hauteurs maximales : en utilisant la colonne centrale ou non. Un schéma vaut mieux qu’un long discours.

Replié, dépliés sans la colonne centrale, et déplié avec la colonne centrale.
Replié / déplié sans la colonne centrale / déplié avec la colonne centrale.

Notez qu’avec la colonne centrale dépliée, la stabilité est un peu moins bonne, donc évitez si possible de la déplier par grand vent. Certains modèles de trépied n’ont d’ailleurs pas de colonne centrale, ce qui améliore la stabilité mais rend l’ensemble moins compact.

Pour le confort de prise de vue, il faut dans l’idéal que le trépied vous arrive à peu près à l’épaule : en rajoutant la hauteur de l’appareil, vous aurez à peu près le viseur au niveau de l’œil et vous éviterez de vous pencher et de vous casser le dos. Cela dit, si vous faites 1m90 comme moi, ça peut se révéler difficile !

Quelle que soit votre taille, la hauteur maximale reste importante : plus elle est grande, plus vous aurez de possibilités pour choisir le niveau de l’appareil photo. Pensez aussi que si vous avez un joli paysage derrière un mur, si votre trépied est plus petit, vous l’avez dans l’os.

La hauteur minimale

La hauteur minimale à laquelle peut se placer le trépied est également importante : plus elle sera basse, plus vos possibilités créatives augmenteront. Par exemple, je m’en sers particulièrement en photo de paysage avec un ultra grand-angle afin d’en renforcer l’effet. C’est également un critère très important en macro, où il faut pouvoir photographier très près du sol.

Plusieurs techniques permettent d’obtenir une bonne hauteur minimale :

  • des jambes pouvant se déplier à un angle très ouvert, au lieu du 45° habituel
  • une colonne centrale qui pivote et permet de rapprocher l’appareil du sol (utile pour la macro par exemple, mais attention à la stabilité !)
  • une colonne centrale inversable qui permet de bien rapprocher l’appareil du sol, mais il sera dans ce cas « la tête en bas »
Un angle très ouvert, une colonne orientable, et une colonne inversable.
Un angle très ouvert / une colonne orientable / une colonne inversable.

Ces différentes caractéristiques se combinent parfois pour offrir plus de flexibilité.

Pour ce critère, pensez bien à votre usage : si vous n’en avez pas spécialement besoin d’une petite hauteur minimale, contentez-vous de jambes qui peuvent se déplier avec un angle ouvert, ça suffira. Inutile de dépenser davantage pour une fonction dont vous n’avez pas besoin.

La hauteur du trépied une fois replié

Ce critère sera important pour le transport : en effet, plus le trépied sera petit replié, plus il sera facile de l’emmener en randonnée, ou de le caser dans une valise.

La hauteur repliée est principalement conditionnée par un facteur : le nombre de sections des jambes. En effet, plus il y a de sections, plus la taille repliée est petite (c’est logique, on divise par 4 ou 5 plutôt que par 3). Pour vous donner un repère, privilégiez un trépied à 4 ou 5 sections pour une bonne compacité.

Il y a évidemment un inconvénient : plus il y a de sections, moins le trépied est stable. Normalement, ça ne vous posera pas de souci si vous avez vu large en termes de charge maximale, sauf dans des conditions difficiles, comme par grand vent, où un trépied avec des jambes un peu minces peut trembler.

Trois et cinq sections
Trois et cinq sections

3. Autres critères de stabilité

Le matériau utilisé

Tout d’abord, je vous le dis tout de suite : ne pensez même pas aux trépieds en plastique (à part pour faire des vidéos chez vous). Ils ne seront pas assez stables pour un usage photo, et vous dureront sans doute environ 3 jours 😛 Je sais qu’ils peuvent être tentants car ils ne sont pas chers, mais vous allez regretter votre achat et juste perdre 30 euros. Concentrez-vous sur les 2 matériaux rois : l’aluminium, et la fibre de carbone.

L’aluminium est le matériau le plus employé : il offre un bon compromis entre stabilité, solidité, et coût.

La fibre de carbone est clairement un cran au-dessus : elle sera plus stable à poids égal (ou plus légère à stabilité égale), plus résistante aux vibrations, et d’une manière générale un peu plus durable (elle résistera notamment mieux au sel).

En gros, la fibre de carbone vous permet de faire moins de compromis stabilité/encombrement, et donc de simplifier infiniment votre choix.

La contrepartie est évidemment le prix : comptez 50 % à 100 % plus cher que le même modèle en aluminium. Si vous avez les moyens foncez, sinon un aluminium de bonne qualité vous donnera entière satisfaction, pas d’inquiétude 🙂

La fibre de carbone, matière noble... et chère !
La fibre de carbone, matière noble… et chère !

Le système de blocage des pieds

Quand vous dépliez les pieds, il existe 2 systèmes pour les bloquer :

  • Les clapets : vous tirez, vous débloquez, vous rappuyez, vous bloquez. C’est très simple et rapide à faire, le système est plus léger, mais il sera un peu moins durable (même si personnellement, j’ai un trépied avec ce système depuis 4 ans et qu’il tient très bien la durée).
  • Les vis : vous dévissez pour débloquer, vous vissez pour bloquer. A faire sur chaque section du pied, je trouve ça un peu plus long et fastidieux : c’est un peu embêtant si vous dépliez/repliez souvent le trépied. Le système est plus lourd, mais aussi plus stable et plus durable.

C’est une affaire de choix personnel : à vous d’essayer les 2 systèmes en magasin ou sur des évènements comme le Salon de la Photo pour voir ce que vous préférez.

Le système à clapets, et à vis.
Le système à clapets, et à vis.

4. La tête de trépied ou rotule

Non non, rien à voir ;D
Non non, rien à voir ;D

En plus des jambes du trépied, il faut bien quelque chose pour fixer l’appareil photo et le mouvoir aisément : ça s’appelle la rotule. Vous pouvez soit acheter un pied et une rotule compatible séparément, ou alors acheter les deux en kit.

Les kits sont parfois simplement un trépied + sa rotule vendus ensembles (et donc moins chers), mais parfois la rotule est indissociable du trépied. Ce n’est pas très grave si vous avez bien choisi dès le départ, mais c’est plus embêtant si vous souhaitez changer de rotule par la suite, car il faudra remplacer tout le trépied…

Il est souvent plus cher d’acheter les deux séparément, mais c’est plus évolutif. Personnellement, je vous conseille de bien choisir et prévoir vos besoins dès l’achat, et de trouver un kit, si possible où la rotule se dissocie du trépied (mais ce n’est pas indispensable à 100 %).

Il existe de nombreux types de rotules, mais je ne traiterai que les 2 qui nous intéressent pour la photo : la rotule 3D et la rotule ball. Les rotules 2D sont un véritable enfer sur terre car vous ne pouvez pas modifier l’inclinaison de l’appareil photo : si votre horizon n’est pas droit, vous devrez changer la longueur d’une jambe, c’est long et pénible. Les rotules vidéo à tête fluide sont quant à elles vraiment spécialisées pour un usage vidéo et ne conviennent pas vraiment pour la photo.

La rotule 3D

Rotule 3D

La rotule 3D possède 3 vis différentes pour régler les 3 dimensions (d’où son nom). L’avantage est que ce système est très précis : vous réglez tranquillement chaque axe de rotation indépendamment des autres. L’inconvénient est que ce n’est pas le plus rapide (même si avec de la pratique ça reste assez rapide).

Elle est à préférer dans les domaines où vous avez plus besoin de précision que de rapidité, comme le paysage par exemple.

Elle a le défaut de prendre un peu plus de place que la suivante, donc faites attention à ça si vous voulez plus de compacité !

La rotule balle

Rotule Sirui

Celle-ci joue sur un système complètement opposé : une seule vis permet de libérer la boule sur laquelle est fixé l’appareil.

Vous pouvez alors bouger votre boîtier dans les 3 dimensions, puis resserrer quand vous avez fini. L’avantage est une grande rapidité d’utilisation. Par contre, je trouve ça moins précis.

Les bonnes rotules balle ont une seconde vis qui sert à régler la friction : vous pouvez déterminer s’il y aura de la résistance ou non quand vous desserrerez la boule. Si le système est bien fait, ça enlève pas mal les inconvénients, mais personnellement je préfère toujours légèrement la 3D pour du paysage.

La balle se révèle par contre très pratique pour des disciplines où il faut souvent bouger un peu rapidement : photo animalière, de sport ou macro par exemple.

Le choix entre les deux est surtout une histoire de goût : je vous invite vraiment à essayer les deux systèmes en vrai avant de prendre votre décision, car vous pourriez ne pas être du tout d’accord avec moi ! 😉

Un mot sur les rotules pour la vidéo

Je ne parle pas quasi pas de vidéo sur le blog, mais je suis forcément amené à en faire beaucoup avec la chaîne YouTube (abonnez-vous ! :D).

Avec les années, j’ai donc utilisé pas mal de trépieds pour la vidéo, et si vous comptez vous en servir pour cet usage, vous aimeriez peut-être un mot là-dessus. Voici donc ce que j’en pense :

  • Si vous comptez simplement faire des vidéos en plan fixe chez vous, les deux types de rotule que je vous recommande au-dessus suffiront largement. J’ai un trépied avec rotule ball depuis des années, je pose la caméra dessus, et c’est parti.
  • Si vous comptez faire des plans plus mobiles avec votre caméra (par exemple suivre un sujet qui passe en faisant tourner l’appareil, sans pour autant qu’il pique du nez), il va vous falloir une tête fluide qui permet de faire des mouvements… fluides !
C’est UN PEU plus encombrant que les autres rotules. A réserver à un usage spécialisé donc.

Voilà, je n’irai pas plus loin sur ce sujet, mais il fallait en toucher un mot 🙂

5. Les autres options utiles sur un trépied

Un système d’attache rapide

plateau-attache-rapide

D’autres options sur les trépieds peuvent être utiles selon votre usage.

La première n’est pas ce que je peux appeler une option. En effet, si elle n’est pas présente, n’achetez pas le trépied ! Il s’agit d’un système d’attache rapide : vous fixez un plateau sur votre appareil photo, et ce plateau se fixe ensuite à la rotule, et peut s’enlever très rapidement.

C’est absolument indispensable pour la rapidité d’installation et de désinstallation du trépied : si vous n’avez pas ça, vous allez très rapidement le ranger au placard tellement ce sera pénible.

La plupart des rotules proposent cette option, mais je vous le précise quand même au cas où vous croiseriez des modèles avec des technologies du XIXème siècle 😛

Au passage, si vous avez besoin d’avoir plusieurs trépieds (par exemple pour ceux qui font de la vidéo avec plusieurs plans), choisissez avec le même système d’attache, afin de pouvoir facilement passer un appareil d’un trépied à l’autre. Les plateaux ArcaSwiss sont par exemple ce qui se rapproche le plus d’une attache de trépied universelle. Elle n’est pas présente partout (par exemple Manfrotto utilise aussi des plateaux RC2, un autre type), mais c’est la plus fréquente sur les trépieds professionnels).

Plateaux rapides ArcaSwiss et RCS
Deux systèmes d’attaches rapides de forme différente : ArcaSwiss à gauche (la forme de la rainure est bien reconnaissable) et RC2 à droite. Le système est ensuite monté sur la rotule du trépied.

Un plateau L-bracket

C’est un système d’attache rapide comme le précédent, mais en forme de L avec deux positions de fixation. Il épouse la forme de votre appareil et vous permet de passer du format portrait (vertical) à paysage (horizontal) très rapidement. Cet accessoire est vendu séparément du trépied.

Un L-bracket compatible ArcaSwiss

L’avantage par rapport au système précédent est que votre appareil reste dans l’axe du trépied en position verticale, et gagne donc en stabilité. De plus, vous pouvez passer en position verticale beaucoup, plus vite, sans changer la composition (ni refaire le niveau).

L’inconvénient du L-bracket est qu’il rend votre boîtier plus volumineux, donc contrairement au système d’attache rapide classique, il ne se fait pas oublier sur votre boîtier 😕

Bref, ce système fait sens si vous avez un créneau de quelques minutes pour faire une photo, que vous avez envie de tester plusieurs cadrages sans perdre du temps à régler le cadre de l’image. Accessoire facultatif donc (personnellement je n’en ai pas, mais vos besoins peuvent être différents 🙂)

Des jambes indépendantes

Tant qu’on parle d’indispensable, ne prenez PAS un trépied avec des jambes non indépendantes : dans certaines conditions (beaucoup plus nombreuses que ce que vous croyez), vous aurez besoin d’avoir une jambe plus longue que les autres, ou une jambe avec un angle plus ouvert que les autres. Ce sera plus flexible, croyez-moi !

pieds-independants

Les autres options

Parmi les options, on peut donc citer :

  • Le niveau à bulle sur la rotule, qui permet de s’assurer que l’horizon est bien droit (inutile si votre appareil dispose déjà de cette option).
  • Le crochet de lestage sur la colonne centrale qui permet d’y attacher un poids pour améliorer la stabilité du trépied (attention à la prise au vent quand même !).
  • La colonne courte pour faciliter l’usage en macro.
  • Les pointes rétractables sur les pieds qui peuvent permettre de mieux tenir sur certains sols.
  • L’option monopode qui permet de détacher une jambe du trépied pour faire monopode (si vous cherchez les deux, ça peut vous économiser de l’argent !).

6. Quel prix espérer ?

L’un des critères essentiels sera bien sûr le prix. Autant vous le dire tout de suite, n’espérez pas de miracle en dessous de 100€, en tout cas pour supporter un reflex : je vous conseille un minimum de 100-150€ pour un trépied qui vous durera longtemps (200€ si vous le pouvez). Vous pouvez taper un peu en dessous si vous avez un système très léger (par exemple un hybride), mais vous ne descendrez pas à moins de 80€ je pense.

Si vous avez besoin de réduire le poids, la fibre de carbone sera votre amie, et vous dépasserez probablement les 200€.

Pensez à cet achat comme un investissement sur le long terme : la technologie des trépieds évolue très peu, et un bon achat aujourd’hui vous suivra encore sans souci dans 10 ans.

7. Quelle marque de trépied choisir ?

C’est une grande question dès qu’il s’agit de choix du matériel : à quelle marque faire confiance ? Première chose : évitez comme la peste les marques chinoises inconnues vendues à Carrefour pour 30€.

Vous pouvez déjà regarder les modèles des 2 grands leaders du marché : Manfrotto et Vanguard. C’est là que vous aurez le plus de facilité à trouver un modèle pour vous (leurs gammes sont assez étendues), et également à essayer en magasin (elles sont répandues).

J’ai aussi une marque moins connue qui est un peu ma chouchoue personnelle : Sirui. C’est une marque asiatique bien établie en Allemagne, et ils ont des produits d’un excellent rapport qualité-prix, dont ils sont tellement sûrs qu’ils les garantissent 6 ans !

Ce que je vous conseille, c’est d’aller voir leur gamme sur leur site (malheureusement en anglais), et ensuite d’aller trouver leurs produits sur Amazon, Digit Photo ou encore Miss Numérique. Je n’en ai jamais vu dans des magasins physiques par contre, mais si vous savez ce que vous voulez, foncez !

Je vous mentionne aussi Leofoto une marque asiatique récemment arrivée sur la marché dont tous les trépieds sont en carbone avec une garantie de 10 ans. Rien que ça ! Même si je n’ai pas testé personnellement, j’en ai entendu beaucoup de bien. Le rapport qualité/prix reste bon, même s’ils sont généralement plus chers que les Sirui.

Enfin, il y l’outsider, Peak Design. Vous les connaissez peut-être pour leurs sacs photo et leurs sangles qui sont devenues très populaires, tout simplement par leur qualité et leur excellente conception.

Je ne vais pas faire semblant : je suis un grand fan de Peak Design, qui est pour moi une marque tenue par d’excellents ingénieurs, qui savent fabriquer le meilleur produit pour un besoin spécifique. On sent qu’ils sont eux-mêmes photographes et vidéastes, et connaissent les vrais besoins.

Ils ont donc sorti récemment un trépied de voyage, extrêmement compact et pratique, que j’ai immédiatement commandé. Je vais être direct : il est très largement mieux conçu que tous les trépieds que j’ai pu voir dans ma vie jusqu’à présent. En fait, c’est même rageant que de grosses marques comme Manfrotto, avec bien plus de moyens qu’une start-up californienne, n’aient pas réussi à être aussi innovantes en plusieurs décennies. A croire qu’ils n’investissent pas assez en Recherche et Développement…

Bref, si vous en avez les moyens (il n’est pas exactement entrée de gamme), vous pouvez y aller les yeux fermés, c’est un des produits les mieux conçus que j’ai eu dans les mains. Pour avoir une bonne idée, voici la vidéo promotionnelle :

Ok, il existe sans doute d’autres marques tout à fait valables (Benro, Rollei, etc), mais avez-vous vraiment le temps de chercher ? Est-ce que vous ne préférez pas dépenser un tout petit peu plus pour être sûr à 110 % que la marque est fiable ? De plus, il y a beaucoup plus de tests comparatifs dans ces marques-là si vous voulez aller plus loin, donc ce sera plus simple de trouver des avis.

Comme les gammes sont un peu obscures, j’ai décidé d’en faire un rapide décryptage pour vous. Je me limite aux gammes les plus courantes et intéressantes pour le photographe amateur plus ou moins exigeant, le but n’est pas de faire le catalogue des marques à leur place 😉

Manfrotto

  • Série 055 : orientée vers les amateurs exigeants et les pros, cette série supporte des poids de 7-8kg pour un prix allant de 300€ (aluminium) à 600€ (carbone), avec rotule. Notez la série 057 qui est encore au-dessus, avec des charges maximales doubles.
  • Série 190 : la plus populaire pour la majorité des amateurs, elle supporte des poids de 4-7kg, pour un coût de 150-300€.
  • Série Befree : destinée aux photographes voyageurs exigeants, les trépieds sont plus compacts mais supportent quand même 4kg, pour 150 à 300€ selon le matériau.
Série 055, 190 et Befree
Série 055, 190 et Befree

Vanguard

  • Série Alta Pro : concurrent de la série 190 chez Manfrotto, avec une charge de 3 à 8kg selon les modèles, et des prix à partir de 150€.
  • Série Veo 2 Go : trépieds compacts pour le voyage pour un public d’amateurs éclairés avec des hybrides (charge de 3kg), et un prix doux comme un chaton à partir de 100€

Trépieds Vanguard Alta Pro et Veo 2 Go
Séries Alta Pro et Veo 2 Go

Sirui

L’avantage de la gamme Sirui, c’est qu’elle est très claire. Le plus simple est que vous regardiez leur page produits, et vous pourrez déjà voir quelles modèles sont pour vous, puis sur chaque page les caractéristiques précises des différents trépieds proposés.

Leur gros avantage est que le prix reste très contenu, et donc vous pouvez parfois avoir un trépied en carbone pour pas cher (autant que la concurrence en alu…).

Voici ce que j’ai sélectionné (uniquement les kits avec rotule incluse pour vous faciliter la vie) :

  • Série ET (Easy Traveler) : orientée vers les amateurs exigeants, dans une optique voyage mais pas spécialement léger, pour une charge de 8 à 12 kg selon les modèles, et un prix entre 140 et 300€ rotule comprise (à ce prix on a du carbone !).
  • Série ST (Superb Traveler): série de trépieds très légers conçue pour le voyageur, la charge maximale est de 5 à 12kg, et le prix va de 130 à 210€ pour la version carbone.
trépieds Sirui
Sirui : série ET et T-S

Et si vous voulez connaître mon choix personnel, j’ai personnellement pris un trépied T-1204X en carbone (il n’est plus en vente, mais un produit proche est le ET-1204 carbone, qui pèse 1,2 kg et accepte 8kg de matériel), et la rotule ball G-10X (90€, supporte 18kg). Il me suit depuis des années et n’a pas pris une ride !

Peak Design, l’outsider

Tout comme leurs trépieds, la gamme Peak design est minimaliste. Un seul modèle, le Travel Tripod, décliné en deux versions : aluminium (1,54 kg – 400€) et carbone (1,27 kg – 660€).

Peak Design Travel Tripod
Peak Design Travel Tripod, la crème de la crème (en français dans le texte^^)

Ces modèles sont vraiment le must si vous avez absolument besoin de compacité et de légèreté sans sacrifier la stabilité et la qualité. Et si vous pouvez investir un peu plus de budget.

Niveau compatibilité, l’attache rapide par défaut est compatible ArcaSwiss, et vous pouvez si besoin vous procurer une attache spéciale compatible à la fois ArcaSuiss et RC2 (le système d’attache de certains trépieds Manfrotto).

Je pense que pour la majorité des gens, le modèle en aluminium est largement suffisant, mais si vous faites des treks sur plusieurs jours avec sac à dos, un gain de 250g peut faire une différence (ça fait cher le prix au gramme, je vous le concède 😅). A vous de voir selon vos besoins et votre budget.

Vous trouverez la version aluminium comme la version carbone sur Digit Photo et Miss Numérique notamment.

Et si je n’ai pas envie de réfléchir ?

Je comprends que pour certains d’entre vous, fouiller dans les gammes de trépieds soit à peu près aussi tentant que de marcher sur des braises tout en mangeant des criquets vivants. Alors que choisir si vous n’avez pas envie de réfléchir du tout ?

Ce n’est pas forcément évident à dire, car il y a beaucoup de critères qui rentrent en compte. Gardez donc en tête que ça reste une recommandation ultra simplifiée (simpliste ?) sur la base du rapport qualité/prix, mais qu’il y a d’autres choix tout à fait valables 🙂 Mais d’après les modèles que j’ai pu utiliser :

  • Le Manfrotto MT190XPRO3 (que je possède) convient très bien à tous les petits reflex et hybrides : il supporte 5kg, n’en pèse qu’1,8kg, et reste à un prix raisonnable. À prendre en kit avec la rotule MH804-3W.

Le Vanguard Alta Pro2+ 263 AB100 convient mieux aux reflex plus volumineux, grâce à une charge maximale de 7kg. À prendre en kit avec la rotule balle Alpha BH-100. Le prix est de plus franchement raisonnable (200€) vu la qualité.

  • Le Sirui ET-1204 carbone, livré avec sa rotule E-10 : il supportera n’importe quel matériel (8 kg), n’en pèse que 1,4, et est un peu au-dessus des 250€.
Sirui ET-1204 carbone
  • Le Peak Design Travel Tripod version aluminium, livré avec plateau rapide monté sur rotule. Il supportera jusqu’à 9kg de matériel. C’est tout simplement le plus compact et le plus polyvalent de trépieds. Il est cher mais vous ne pouvez pas être déçu (bon, ok, j’arrête de faire mon groupie).
Peak Design Travel Tripod

Quelques bonnes pratiques d’utilisation

Pour tirer profit au maximum de votre trépied, il y a trois petits réglages à faire sur votre appareil, surtout en pose longue. Vous allez voir, rien de bien compliqué :

  • Quand l’appareil est immobile sur votre trépied, la stabilisation du boîtier ou de l’objectif peut créer des micro-mouvements optiques parasites qui génèrent du flou de bouger. Apparemment, ça varie selon les marques, mais je vous conseille de désactiver la stabilisation pour avoir l’esprit tranquille. Au pire ça ne servira à rien^^
  • Le fait de presser le déclencheur de votre appareil va créer des micro-vibrations à l’origine d’un possible flou de bouger. Utilisez une télécommande ou bien activez le retardateur de votre appareil (2 ou 5 s suffisent).
  • Et si vous avez un reflex, le mouvement du miroir induit lui aussi des micro-vibrations. Pour y remédier, activez la fonction qui permet de relever le miroir quelques secondes avant le déclenchement de l’obturateur, pour laisser le temps aux vibrations de se dissiper.

En résumé

Comme je sais que tous ces critères peuvent carrément se mélanger dans votre tête, je vous ai fait un petit tableau récapitulatif selon le compromis stabilité/compacité.

FonctionStabilitéCompacité
Poids+
Charge maximale acceptableBonneFaible
Hauteur pliéeSans effetBonne
Aluminium
Fibre de carbone++
Système de blocageVisClapets
Crochet de lestage+Sans effet

Enfin, n’oubliez pas qu’un trépied est vraiment de l’investissement pur, car il va vieillir beaucoup mieux qu’un boîtier ou que des objectifs photos. Donc le prix que vous mettrez est à mettre en relation avec la durée de vie (plus de dix ans si vous êtes soigneux).

Je vous ai également concocté un petit pdf résumé à emmener sur votre portable ou à imprimer pour vous rappeler de tout ça en magasin.

 

Voilà, j’espère que ce (long!) article vous aidera à faire votre choix dans cette jungle. N’hésitez pas à poster un commentaire si vous avez des questions, et à partager avec vos pauvres amis qui eux aussi ont du mal à choisir un trépied 🙂

Avez-vous tout compris ? Testez-vous avec le quizz


 

 

Laurent Breillat
J'ai créé Apprendre.Photo en 2010 pour aider les débutants en photo, en créant ce que je n'avais pas trouvé : des articles, vidéos et formations pédagogiques, qui se concentrent sur l'essentiel, battent en brêche les idées reçues, tout ça avec humour et personnalité. Depuis, j'ai formé plus de 14 000 photographes avec mes formations disponibles sur Formations.Photo, sorti deux livres aux éditions Eyrolles, et édité en français des masterclass avec les plus grands photographes du monde comme Steve McCurry.
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